L’étroite union entre l’âme et Dieu n’est jamais rompue.
Je poursuivais dans mon état habituel et mon aimable Jésus
se montra soudai-nement. Comme j’étais en train de me plaindre,
il me dit: «Ma fille, ma fille, ma pau-vre fille, si tu savais tout
ce qui doit arriver, tu souffrirais grandement. Aussi, pour t’épargner
d’aussi grandes souffrances, j’essaie de t’éviter.»
Quant à moi, j’ai poursuivi avec mes plaintes en disant: «Ma
Vie, je ne m’atten-dais pas à ça de toi. Toi qui sembles
incapable d’être sans moi, tu passes maintenant des heures et des
heures loin de moi; il semble parfois que tu veux laisser passer toute
la journée ainsi. Jésus, ne me fais pas cela! Comme tu as
changé!»
Il m’interrompit en disant: «Calme-toi, calme-toi! Je n’ai pas
changé, je suis immuable. Quand je me suis communiqué à
une âme, que je l’ai tenue contre moi, lui ai parlé et l’ai
comblée de mon Amour, cette communion entre elle et moi n’est jamais
rompue. Au plus, les manières changent. À un moment, je me
manifeste d’une manière, à un autre, d’une autre manière;
je sais toujours inventer de nouvel-les manières pour épancher
mon Amour. Ne vois-tu pas que si je ne t’ai rien dit le matin, je te parle
le soir?
«Quand les gens lisent les “applications” des Heures de ma Passion[1],
je remplis ton âme jusqu’à déborder et je te parle
de choses intimes dont je ne t’ai jamais parlé auparavant, de la
manière de me suivre dans mes voies. Ces “applications” sont le
miroir de ma vie intérieure et celui qui se modèle sur elles
reproduit ma vie en lui. Oh! comme elles révèlent mon Amour
et ma soif pour les âmes ressentis dans toutes les fibres de mon
Coeur, dans chacune de mes respirations, dans chacune de mes pensées,
etc.!
«En fait, je te parle plus que jamais mais, dès que j’ai
fini, je me cache et, ne me voyant pas, tu dis que j’ai changé.
J’ajouterai que lorsque tu ne répètes pas avec ta voix ce
que je t’ai dit intérieurement, tu empêches l’épanchement
de mon Amour.»
18 mars 1917
Effets bénéfiques dont profite celui qui se fond en Jésus.
Je priais en me fondant complètement en Jésus. Je voulais
avoir toutes les pensées de Jésus en mon pouvoir pour les
déposer dans les pensées des créatures et ainsi réparer
pour tout ce qui n’est pas selon son Coeur dans leurs pensées, et
ainsi de suite pour tout le reste. Mon doux Jésus me dit: «Ma
fille, pendant que j’étais sur la terre, mon Humanité unissait
toutes les pensées des créatures aux mien-nes. Ainsi, chacune
de leurs pensées se reflétait dans mon Esprit, chacun de
leurs mots dans ma voix, chacun de leurs battements de coeur dans mon Coeur,
chacune de leurs actions dans mes mains, chacun de leurs pas dans mes pieds,
et ainsi de suite. Ce faisant, je présentais des réparations
divines au Père.
«De plus, tout ce que j’ai fait sur la terre, je le continue
dans le Ciel: pendant que les créatures pensent, leurs pensées
se versent dans mon Esprit; quand elles voient, je sens leur regard dans
le mien, etc. Ainsi, entre elles et moi, un courant passe continuellement,
de la même manière que la tête est en continuelle commu-nication
avec les membres du corps. Je dis au Père: “Mon Père, ce
n’est pas seule-ment moi qui te prie, fais réparation et t’apaise,
mais il y a des créatures qui font avec moi ce que je fais. Par
leurs souffrances, elles remplacent mon Humanité main-tenant glorieuse
et incapable de souffrir.”
«Les âmes qui se fondent en moi répètent
ce que j’ai fait. Quand elles seront avec moi au Ciel, quel sera leur contentement,
elles qui ont vécu en moi et qui, avec moi, ont embrassé
toutes les créatures et réparé pour chacune! Elles
continue-ront leur vie en moi. Et quand les créatures encore sur
la terre m’offenseront dans leurs pensées, les pensées de
ces âmes se répercuteront dans l’esprit de ces âmes
blessées et continueront les réparations qu’elles faisaient
pendant qu’elles étaient sur la terre. Avec moi, elles seront des
sentinelles d’honneur devant le trône divin. Quand les créatures
sur la terre m’offenseront, elles feront les actes opposés dans
le Ciel. Elles seront les gardiennes de mon trône et auront les places
d’honneur. Elles seront celles qui me comprendront le mieux. Elles seront
les plus glorieuses. Leur gloire sera fondue dans la mienne et la mienne
dans la leur.
«Par conséquent, que ta vie sur la terre soit complètement
fondue dans la mienne. Ne fais aucune action sans passer par moi. Chaque
fois que tu te fonds en moi, je verse en toi des grâces nouvelles
et une lumière nouvelle. Je serai une senti-nelle vigilante de ton
coeur pour te préserver de l’ombre même du péché;
je te gar-derai comme ma propre Humanité et commanderai aux anges
de former une couronne autour toi, de sorte que tu sois défendue
contre tous et tout.»
28 mars 1917
Effets des “je t’aime” de Jésus. Jésus regarde à
la bonne volonté de l’âme.
J’étais dans mon état habituel et mon toujours aimable
Jésus se montra briève-ment. Il était si affligé
qu’il faisait pitié. Je lui ai dit: «Qu’est-ce qui ne va pas,
Jésus?» Il me répondit: «Ma fille, il surviendra
des choses soudaines et inattendues; des révolutions éclateront
un peu partout. Oh! comme les choses vont empirer!» Puis, tout accablé,
il resta silencieux.
Je lui dis: «Vie de ma vie, dis-moi une autre parole.»
En faisant comme s’il vou-lait souffler en moi, il me dit: «Je t’aime.»
Par ce “je t’aime”, il me sembla que cha-que être humain et chaque
chose recevaient une vie nouvelle. Je continuai: «Jésus, dis
encore une autre parole.» Il reprit: «Je ne peux pas te dire
une plus belle parole que “Je t’aime.” Venant de moi, ce “je t’aime” remplit
le Ciel et la terre. Il circule chez les saints qui en reçoivent
une gloire nouvelle. Il descend dans le coeur des pèlerins terrestres
dont quelques-uns reçoivent la grâce de la conversion et d’autres
celle de la sanctification. Il pénètre dans le purgatoire
et répand sur les âmes qui s’y trouvent une rosée bénéfique
et rafraîchissante. Même les éléments se sentent
investis d’une vie nouvelle dans leur fécondité et leur croissance.
Tous entendent le “je t’aime” de ton Jésus!
«Sais-tu quand l’âme attire vers elle un “je t’aime” de
ma part? Quand, se fon-dant en moi, elle prend l’attitude divine et fait
tout ce que je fais.» Sur ce, je dis à Jésus: «Mon
Amour, il est difficile de toujours avoir cette attitude divine.»
Il poursui-vit: «Ma fille, si l’âme ne peut pas toujours faire
ainsi dans ses actions courantes, elle peut le faire par sa bonne volonté.
Alors, je suis tellement content d’elle que je me fais la sentinelle vigilante
de toutes ses pensées, de tous ses mots, de tous ses batte-ments
de coeur, etc., les plaçant à l’intérieur et à
l’extérieur de moi comme escorte, les regardant avec amour comme
des fruits de sa bonne volonté.
«Quand, se fondant en moi, l’âme fait ses actions courantes
en union avec moi, je me sens si attiré vers elle que je fais avec
elle tout ce qu’elle fait, changeant ses actions en actions divines. Je
tiens compte de tout et récompense tout, même les plus petites
choses. Aucun de ses actes de bonne volonté ne reste sans récom-pense.»
2 avril 1917
La souffrance d’être privée de Jésus est une souffrance
divine.
Je me plaignais à mon toujours aimable Jésus à
propos de mon habituelle pri-vation de lui en lui disant: “Mon Amour, quelle
mort continuelle! La privation de toi est une mort et cette mort est d’autant
plus cruelle qu’elle ne conduit pas effective-ment à la mort. Je
ne comprends pas comment la bonté de ton Coeur puisse tolérer
de me regarder souffrir ces morts continuelles et de me laisser encore
vivante.»
Pendant que j’entretenais ces pensées, Jésus béni
vint et, me pressant ferme-ment sur son Coeur, me dit: «Ma fille,
presse-toi bien fort contre mon Coeur et reprends vie. Sache que la souffrance
qui me satisfait et me plaît le plus, qui est la plus puissante et
ressemble le plus à la mienne, est celle de la privation de moi,
car c’est une souffrance divine. Les âmes me tiennent tellement à
coeur qu’elles sont comme enchaînées à mon Humanité.
Et quand l’une d’elles se perd, la chaîne qui la retient à
moi est rompue et j’en ressens une douleur comme si un membre m’était
arraché.
«Et qui peut réparer cette chaîne rompue, réparer
la déchirure? Qui peut me ramener cette âme, lui redonner
vie? Les souffrances de la privation de moi, car ce sont des souffrances
divines. Mes souffrances causées par la perte des âmes sont
divines; les souffrances des âmes qui ne me voient pas et ne me ressentent
pas sont divines. Ces deux espèces de souffrances divines se rencontrent,
s’embrassent et ont une telle puissance qu’elles peuvent prendre les âmes
séparées de moi et les réunir de nouveau à
mon Humanité.
«Ma fille, est-ce que la privation de moi te coûte beaucoup?
Si oui, ne rends pas inutile une souffrance d’un si grand prix. Puisque
je te donne cette souffrance, ne la garde pas pour toi seule mais fais-la
circuler chez les combattants pour saisir les âmes au milieu de la
bataille et les enfermer en moi. Que ta souffrance circule dans le monde
entier pour sauver les âmes et me les rapporter toutes.»
12 avril 1917
Ce ne sont pas les souffrances qui rendent les âmes malheureuses,
mais quand quelque chose manque à leur amour pour Dieu.
Me trouvant dans mon état habituel, mon toujours aimable Jésus
vint. Comme je souffrais un peu, il me prit dans ses bras et me dit: «Ma
fille bien-aimée, ma chère petite fille, repose-toi en moi;
ne garde pas tes souffrances pour toi seule mais joins- les à ma
Croix comme escorte et soulagement à mes douleurs. Mes souffrances
se joindront aux tiennes et te soutiendront. Nos souffrances brûleront
dans un même feu. Je verrai tes souffrances comme si elles étaient
miennes. Je leur donnerai les mêmes effets et la même valeur
que les miennes quand j’étais sur la Croix; elles rempliront le
même office devant mon Père pour les âmes.
«Mieux encore, viens toi-même sur la Croix; comme nous
y serons heureux, même en souffrant! En fait, ce n’est pas la souffrance
qui rend la créature malheu-reuse; au contraire, souffrir la rend
victorieuse, glorieuse, riche et belle. Elle devient malheureuse quand
quelque chose manque à son amour. Unie à moi sur la Croix,
tu seras satisfaite en tout par l’amour. Tes souffrances seront amour,
ta vie sera amour et, ainsi, tu seras heureuse.»
18 avril 1917
Se fondre avec Jésus dans la Divine Volonté résulte
en une rosée bénéfique sur toute la Création.
Je me fondais en mon doux Jésus afin de pouvoir me diffuser
dans toutes les créatures et les fondre toutes en lui. Je voulais
me tenir entre Jésus et les créatures pour qu’elles soient
incapables d’offenser Jésus. Pendant que je faisais ainsi, Jésus
me dit: «Ma fille, quand tu te fonds avec moi dans ma Volonté,
un soleil est formé en toi. Pendant que tu penses, que tu aimes,
que tu répares, etc., les rayons de ce soleil se forment et, en
arrière-plan, ma Volonté couronne ces rayons. Ce soleil s’élève
dans le ciel et rayonne comme une rosée bénéfique
sur toutes les créatures. Plus tu te fonds en moi, plus tu formes
de tels soleils.
«Oh! comme il est beau de voir ces soleils qui, s’élevant,
se fondent dans mon propre Soleil et font descendre une rosée bienfaisante
sur tout! Combien de grâces les créatures ne reçoivent-elles
pas ainsi! J’en suis si saisi que, dès qu’une âme se fond
en moi, je fais pleuvoir sur elle des grâces en abondance, de manière
à ce qu’elle forme un soleil encore plus grand pour pouvoir ensuite
verser une rosée plus abondante sur tout.»
Par la suite, pendant que je me fondais en lui, j’ai ressenti la lumière,
l’amour et les grâces pleuvoir sur ma tête.
2 mai 1917
Jésus mourait continuellement sans mourir. Luisa
participe à cette souffrance de Jésus.
Me trouvant dans mon état habituel, je me plaignais à
mon doux Jésus d’être privée de sa présence
en disant: «Mon Amour, qui pourrait savoir à quel point la
privation de toi m’est pénible? Je me sens mourir petit à
petit. Chaque action que je fais est une mort que je ressens parce que
je ne trouve pas celui qui est ma vie. Mourir et vivre en même temps
est plus cruel que la mort; c’est une double mort.»
Mon aimable Jésus vint et me dit: «Ma fille, sois courageuse
et ferme en tout! Et puis, ne veux-tu pas m’imiter? Je suis également
mort petit à petit. Pendant que les créatures me heurtaient
dans mes pas, je sentais mes pieds se déchirer avec des spasmes
capables de me donner la mort. Cependant, même si je me sentais mourir,
je ne mourais pas. Quand les créatures m’offensaient par leurs actions,
je sentais la mort dans mes mains; je me sentais mourir, mais la Volonté
de mon Père m’empê-chait de mourir. Les mauvaises conversations
et les horribles blasphèmes des créa-tures retentissaient
dans ma voix; alors je me sentais suffoquer, je sentais la mort dans ma
voix, mais je ne mourais pas.
«Et mon Coeur torturé? Pendant qu’il palpitait, je sentais
les mauvaises vies des créatures et les âmes qui se détachaient
de moi; mon Coeur était sans cesse déchiré et lacéré.
Je mourais continuellement pour chaque créature, pour chaque offense.
Là encore, l’Amour et la Divine Volonté me contraignaient
à vivre. C’est la raison pour laquelle toi aussi tu meurs petit
à petit. Je te veux à mes côtés; je veux ta
com-pagnie dans mes morts. N’es-tu pas heureuse?»
10 mai 1917
Le souffle de Dieu donne vie et mouvement à toutes les créatures.
Poursuivant dans mon état misérable, j’essayais de me
fondre en mon doux Jésus selon mon habitude. Cependant, tous mes
efforts étaient inutiles; Jésus lui- même me distrayait.
En respirant bruyamment, il me dit: «Ma fille, la créature
n’est rien d’autre que mon souffle. Quand je respire, je donne vie à
tout. Toute vie est dans la respiration. Si la respiration manque, le coeur
ne bat plus, le sang ne circule plus, les mains deviennent inertes, l’intelligence
se meurt, et ainsi de suite. La vie humaine réside dans le don de
mon souffle et dans son acceptation.
«Cependant, alors que je donne vie et mouvement aux créatures
par mon saint souffle — par lequel je veux les sanctifier, les aimer, les
embellir, les enrichir, etc. — , celles-ci me répondent par leur
souffle chargé d’offenses, de rébellions, d’ingratitu-des,
de blasphèmes, etc. En somme, j’envoie un souffle pur et il me revient
un souf-fle impur; j’envoie un souffle de bénédictions et
il me revient un souffle de malédictions; j’envoie un souffle d’Amour
et je reçois dans le plus profond de mon Coeur un souffle d’offenses.
Mais mon Amour me fait continuer d’envoyer mon souffle pour maintenir les
machines de la vie humaine; autrement, elles ne fonction-neraient plus
et seraient détruites.
«Ah! ma fille, sais-tu comment la vie humaine est entretenue?
Par mon souffle. Quand je trouve une âme qui m’aime, comme son souffle
m’est doux! Comme elle me réjouit! Je me sens tout heureux. Entre
elle et moi se répercutent des échos har-monieux. Cette âme
est distincte de toutes les autres créatures et il en sera ainsi
au Ciel. Ma fille, je ne pouvais contenir mon Amour et je lui ai donné
libre cours avec toi.»
Je n’ai pas été capable de me fondre en Jésus
aujourd’hui, parce qu’il m’a tenue occupée par son souffle. Combien
de choses j’ai comprises que je ne sais pas exprimer; aussi, je m’arrête
ici.
12 mai 1917
Douter de l’Amour de Jésus et craindre
d’être damné attriste son Coeur.
Mon toujours aimable Jésus n’était pas venu et j’en étais
très affligée. Pendant que je priais, la pensée suivante
vint à mon esprit: «T’est-il jamais venu à l’esprit
que tu pourrais être damnée?» Vraiment, je ne pense
jamais à ça et j’étais un peu éton-née
que cette pensée vienne à mon esprit. Mon bon Jésus,
qui veille toujours sur moi, bougea en moi et me dit:
«Ma fille, cette pensée est une bizarrerie qui attriste
grandement mon Amour. Si une fille disait à son père: “Je
ne suis pas ta fille; tu ne me donneras pas une part de ton héritage;
tu ne veux pas me donner de nourriture, tu ne me veux pas dans ta maison”,
et qu’elle s’en affligeait, que dirait le pauvre père? Il dirait:
“Absurde! cette fille est folle!” Puis, avec amour, il ajouterait: “Si
tu n’es pas ma fille, la fille de qui es- tu donc? Tu vis sous mon toit,
tu manges à ma table, je t’habille avec l’argent gagné par
mon labeur; si tu es malade, je t’assiste et je te procure tous les soins
pour que tu guérisses. Pourquoi donc doutes-tu que tu es ma fille?”
«Avec beaucoup plus de raisons encore, je dirais à celui
qui douterait de mon Amour et craindrait d’être damné: “Qu’est-ce
à dire? Je te donne ma Chair à man-ger; tu vis de tout ce
qui m’appartient; si tu es malade, je te guéris avec les sacre-ments;
si tu es sale, je te lave avec mon Sang. Je suis toujours à ta disposition
et tu doutes? Veux-tu m’attrister? Et puis, dis-moi, aimerais-tu quelqu’un
d’autre? En reconnais-tu un autre comme père? Et tu dis n’être
pas ma fille?” Et s’il n’en est pas ainsi pour toi, pourquoi t’affliges-tu
et m’attristes-tu? L’amertume que les autres me donnent n’est-elle pas
suffisante? Veux-tu, toi aussi, mettre le chagrin dans mon Coeur?»
16 mai 1917
Les avantages que l’on trouve à se fondre en Jésus. Les
“Heures
de la Passion” mettent la Rédemption en action.
Me trouvant dans mon état habituel, je me fondais totalement
en mon doux Jésus et je me déversais dans toutes les créatures
dans le but de les remplir de lui. Mon aimable Jésus me dit: «Ma
fille, chaque fois que la créature se fond en moi, elle communique
les influences divines à toutes les créatures qui, selon
leurs besoins, sont ainsi visitées: ceux qui sont faibles ressentent
la force; ceux qui sont obstinés dans le péché reçoivent
la lumière; ceux qui souffrent reçoivent le réconfort;
et ainsi de suite.»
Après cela, je me suis retrouvée hors de mon corps au
milieu de beaucoup d’âmes. Il me semblait que c’était des
âmes du purgatoire et des saints. Ces âmes me parlaient d’une
personne morte récemment que je connaissais. Elles me disaient:
«Comme elle est contente que les âmes qui portent l’empreinte
des “Heu-res de la Passion” ne passent pas par le purgatoire! Escortées
par ces Heures, elles prennent position dans un endroit sécuritaire.
De plus, il n’est pas une âme qui vole au Paradis qui ne soit accompagnée
des “Heures de la Passion”. Ces Heures répan-dent continuellement
la rosée du Ciel sur la terre, dans le purgatoire et même
dans le Ciel.»
En entendant cela je me disais: «Peut-être que pour tenir
parole — à savoir que pour chaque mot des “Heures de la Passion”,
Jésus sauverait une âme —, mon bien-aimé Jésus
accorde qu’il n’y ait pas d’âmes sauvées qui ne le soient
par l’inter-médiaire de ces Heures.» Après, je suis
revenue dans mon corps et, ayant trouvé mon doux Jésus, je
lui ai demandé si cela était vrai. Il me dit: «Ces
Heures mettent en harmonie le Ciel et la terre et m’empêchent de
détruire le monde. Je sens mon Sang, mes Plaies, mon Amour et tout
ce que j’ai fait mis en circulation et se répan-dre sur tout pour
tout sauver. Quand on médite ces Heures de la Passion, je sens mon
Sang, mes Plaies et mes anxiétés pour le salut des âmes
mis en motion; je sens ma vie se répéter. Comment les créatures
peuvent-elles obtenir quelque bien si ce n’est par le truchement de ces
Heures? Pourquoi en doutes-tu? La chose n’est pas la tienne mais la mienne.
Tu as été le faible instrument.»
7 juin 1917
Quand Jésus trouve que tout dans une âme lui
appartient, il la fond en lui-même.
Me trouvant dans mon état habituel, je me plaignais à
propos de la privation de mon doux Jésus en lui disant: «Quelle
séparation amère! Tout est fini pour moi! Je suis devenue
la créature la plus malheureuse qui soit!»
M’interrompant, il me dit: «Ma fille, de quelle séparation
parles-tu? L’âme est séparée de moi seulement quand
elle permet à quelque chose qui ne m’appartient pas d’entrer en
elle. Quand j’entre dans une âme et que je trouve sa volonté,
ses désirs, ses affections, ses pensées, son coeur, etc.
entièrement à moi, je l’absorbe en moi par le feu de mon
Amour en maintenant sa volonté fondue avec la mienne de telle manière
que nous ne fassions qu’un.
«Je fonds ses affections, ses pensées et ses désirs
dans les miens; et quand j’en ai formé un seul liquide, je le verse
sur mon Humanité comme une rosée céleste se transformant
en autant de gouttelettes de rosée que je reçois d’offenses.
Ces goutte-lettes me baisent, m’aiment, me font réparation et parfument
mes Plaies rouvertes. Et comme je suis toujours à faire du bien
à toutes les créatures, cette rosée descend pour le
bien de tous.
«Mais si je trouve dans l’âme quelque chose qui ne m’appartient
pas, je suis incapable de fondre ses choses avec les miennes. Seulement
les choses similaires peuvent se fondre et avoir la même valeur.
Si, dans l’âme, il y a du fer, des épines et des pierres,
comment peuvent-elles se fondre ensemble? Il y a alors séparation,
insatisfaction. Si rien de cela n’existe dans ton coeur, comment puis-je
me séparer de toi?»
14 juin 1917
Plus l’âme se dépouille d’elle-même,
plus Jésus la revêt de lui-même.
Poursuivant dans mon état habituel, j’implorais mon aimable
Jésus de venir en moi pour aimer, prier et réparer à
ma place, étant donné mon incapacité de faire quoi
que ce soit par moi-même. Ému de compassion à cause
de mon néant, mon doux Jésus vint en moi pour aimer, prier
et réparer avec moi. Il me dit:
«Ma fille, plus l’âme se dépouille d’elle-même,
plus je la revêts de moi. Plus elle croit qu’elle ne peut rien faire
par elle-même, plus je travaille et fais tout en elle. Je ressens
que mon Amour, mes prières et mes réparations sont mis à
contribution par elle. Et, pour mon honneur, je regarde ce qu’elle veut
faire: Veut-elle aimer? Je viens et j’aime avec elle. Veut-elle prier?
Je prie avec elle. En somme, son annihila-tion et son amour, qui sont miens,
m’attachent à elle et m’obligent à faire avec elle ce qu’elle
veut; et je lui donne le mérite de mon Amour, de mes prières
et de mes réparations. Avec un immense contentement, je sens ma
vie se répéter et je fais des-cendre les fruits de mes actes
pour le bien de tous, parce qu’il ne s’agit pas de cho-ses de la créature
(cachée en moi), mais des miennes.»
4 juillet 1917
Toutes les souffrances des créatures ont été d’abord
vécues par Jésus. Celui qui vit dans la Divine Volonté
partage la vie
eucharistique de Jésus dans les tabernacles.
Poursuivant dans mon état habituel, je souffrais quelque peu.
En venant, mon adorable Jésus se plaça devant moi; il me
semblait y avoir plusieurs lignes de com-munication entre lui et moi. Il
me dit:
«Ma fille, chaque souffrance de l’âme est une communication
additionnelle entre elle et moi. C’est que toutes les souffrances que la
créature peut vivre ont été souffertes dans mon Humanité
et furent ainsi revêtues d’un caractère divin. Et puis-que
la créature ne peut pas les vivre toutes ensemble, ma bonté
les lui communique peu à peu. À travers ses souffrances,
l’union avec moi grandit; elle grandit non seu-lement à travers
ses souffrances, mais aussi à travers tout ce que l’âme fait
de bien. C’est ainsi que se développent des liens entre la créature
et moi.»
Un autre jour, je pensais à la chance que d’autres âmes
ont de pouvoir être devant le Saint Sacrement pendant qu’à
moi, pauvre petite chose, cela m’est refusé. Alors, mon Jésus
béni me dit: «Ma fille, quiconque vit dans ma Volonté
reste avec moi dans le tabernacle et prend part à mes souffrances
provenant des froi-deurs, des irrévérences et de tout ce
que les âmes font subir à ma présence sacra-mentelle.
«Quiconque vit dans ma Volonté doit exceller en tout et
la place d’honneur lui est réservée. Qui a le plus de profit:
celui qui est devant moi ou celui qui est avec moi? Pour celui qui vit
dans ma Volonté, je ne tolère même pas la distance
d’un pas entre lui et moi, ni de différence entre nous dans la douleur
ou la joie. Peut-être que je le placerai sur la Croix, mais je l’aurai
toujours avec moi.
«Voilà pourquoi je te veux toujours dans ma Volonté:
je veux te donner la pre-mière place dans mon Coeur sacramentel.
Je veux sentir ton coeur battre dans le mien avec le même amour et
les mêmes peines que moi. Je veux sentir ta volonté dans la
mienne de manière à ce qu’en se multipliant en chacun, elle
me donne, d’un simple acte, les réparations et l’amour de tous.
Je veux sentir ma Volonté dans la tienne qui, rendant mienne ta
pauvre humanité, la présente devant la Majesté du
Père comme une victime perpétuelle.»
7 juillet 1917
Les souffrances et les actions passées de l’âme qui vit
dans la
Divine Volonté sont toujours actuelles et agissantes.
Je me fondais dans mon doux Jésus, mais je me voyais si misérable
que je ne savais pas quoi lui dire. Pour me consoler, mon toujours aimable
Jésus me dit: «Ma fille, pour quiconque vit dans ma Volonté,
il n’existe ni passé ni futur, mais tout est présent. Tout
ce que j’ai fait ou souffert est actuel; ainsi, si je veux donner satisfac-tion
au Père ou faire du bien aux créatures, je peux le faire
comme si j’étais en train d’agir ou de souffrir. Les choses que
les créatures peuvent souffrir ou faire dans ma Volonté sont
jointes à mes souffrances et à mes actes avec lesquels elles
ne font qu’un.
«Quand une âme veut me dire son amour à l’aide de
ses souffrances, elle peut faire appel à ses souffrances passées
— qui sont toujours actuelles — pour renouve-ler l’amour et les satisfactions
qu’elle m’offre. Pour ma part, quand je vois l’ingé-nuité
de cette créature qui, pour me donner amour et satisfaction, met
ses actions et ses souffrances passées comme dans une banque pour
les multiplier et gagner des intérêts, alors, pour l’enrichir
plus encore et pour ne pas me laisser vaincre en amour, j’adjoins mes propres
souffrances et mes propres actes aux siens.»
18 juillet 1917
Celui qui vit dans la Divine Volonté vit aux dépens de
Jésus. Il a fait
les créatures pour que son Amour trouve en elles une issue.
Poursuivant dans mon état habituel, j’essayais de me jeter entièrement
dans la sainte Volonté de mon Jésus et je l’implorais de
se fondre entièrement en moi de manière à ce que je
ne me ressente plus moi-même, mais que je ne ressente que lui. Jésus
béni vint et me dit:
«Ma fille, quand une âme vit et agit dans ma Volonté,
je la ressens partout en moi. Je la ressens dans mon Esprit et ses pensées
se joignent aux miennes. Comme c’est moi qui diffuse la vie dans l’intelligence
des créatures, cette âme se diffuse avec moi dans l’esprit
des créatures; quand elle voit que des créatures m’offensent,
elle ressent ma peine. Je la ressens aussi dans les battements de mon Coeur;
en fait, je ressens un double battement dans mon Coeur et, quand mon Amour
s’épanche dans les créatures, elle s’épanche avec
moi; si je ne suis pas aimé, elle m’aime pour chacun, elle me console.
Dans mes désirs, je sens les désirs de cette âme; dans
mes travaux, je sens les siens, et ainsi de suite. En somme, on peut dire
que cette âme vit à mes dépens.»
Je lui dis: «Mon Amour, tu peux tout faire par toi-même
et tu n’as aucunement besoin des créatures. Pourquoi donc aimes-tu
tant que les créatures vivent dans ta Volonté?» Il
me répondit: «Il est vrai que je n’ai besoin de rien ni de
personne et que je peux tout faire par moi-même. Cependant, pour
vivre, l’Amour a besoin de débouchés. Prenons le soleil:
il n’a pas besoin de lumière, il se suffit à lui-même
et procure ses bienfaits aux autres. Cependant, il existe aussi d’autres
petites lumières et, sans s’arrêter au fait qu’il n’a pas
besoin d’elles, il les veut en lui comme compa-gnes et comme débouchés
à sa lumière afin d’agrandir leur petite lumière.
Quel mal les petites lumières ne lui feraient-elles pas si elles
refusaient sa lumière?
«Ah! ma fille, quand la volonté est seule, elle est stérile;
quand l’amour est seul, il languit et dépérit! J’aime tant
les créatures que je les veux unies à ma Volonté pour
les rendre fertiles et leur donner une vie d’amour; ainsi, mon Amour trouvera
un débouché. J’ai fait les créatures seulement pour
que mon Amour trouve en elles une issue et pour rien d’autre.»
25 juillet 1917
Les calamités présentes ne sont qu’un début. Jésus
purifie
l’âme qu’il veut admettre dans sa Volonté.
Poursuivant dans mon état habituel, je me plaignais à
Jésus et le priais de met-tre un terme à ses châtiments.
Il me dit: «Ma fille, tu te plains? Pourtant, tu n’as encore rien
vu. De grands châtiments viennent. Les créatures sont devenues
insup-portables. Sous les châtiments, elles se rebellent davantage
plutôt que de reconnaî-tre que c’est ma main qui frappe! Il
ne me reste pas d’autre recours que de les exterminer. Ainsi, je pourrai
enlever toutes ces vies qui infestent la terre et tuent les générations
montantes. N’attends donc pas la fin des maux, mais plutôt d’autres
encore pires. Il n’y aura aucune partie de la terre qui ne sera inondée
de sang.»
À ces mots, j’ai senti mon coeur se briser. Pour me consoler,
Jésus me dit: «Ma fille, viens dans ma Volonté pour
faire ce que je fais; tu pourras y agir pour le bien de toutes les créatures.
Par la puissance de ma Volonté, tu pourras les secourir à
partir du sang dans lequel elles nagent et me les ramener, lavées
dans leur propre sang.» Je lui répliquai: «Ma Vie, je
suis si mauvaise, comment puis-je faire cela?»
Il poursuivit: «Tu dois savoir que l’acte le plus sublime et
le plus héroïque qu’une âme puisse accomplir est de vivre
et d’agir dans ma Volonté. Quand une âme décide de
vivre dans ma Volonté, nos deux volontés se fondent en une
seule. Si l’âme est tachée, je la purifie; si les épines
de la nature humaine l’entourent, je les détruis; si les clous du
péché la transpercent, je les pulvérise. Rien de mauvais
ne peut entrer dans ma Volonté. Tous mes attributs investissent
l’âme et changent sa faiblesse en force, son ignorance en sagesse,
sa misère en richesse, etc. Chez les autres âmes, il y a toujours
quelque chose qui reste de soi, mais je remplis entière-ment de
moi cette âme toute dépouillée d’elle-même.»
6 août 1917
L’âme qui vit dans la Divine Volonté est heureuse,
même au milieu des plus grandes tempêtes.
Pendant que j’étais dans mon état habituel, mon toujours
aimable Jésus vint. Comme j’étais très affligée
à cause de la menace continuelle de grands châtiments et aussi
à cause de la privation de sa présence, il me dit:
«Ma fille, courage, ne perds pas coeur! Ma Volonté rend
l’âme heureuse même au milieu des plus grandes tempêtes.
L’âme atteint de telles hauteurs que les tempê-tes ne peuvent
la toucher, même si elle les voit et les entend. L’endroit où
elle vit n’est pas sujet aux tempêtes, mais il est toujours serein.
Le soleil sourit à cette âme car son origine est dans le Ciel,
sa noblesse divine et sa sainteté en Dieu; elle est gar-dée
par Dieu lui-même. Jaloux de la sainteté de cette âme,
Dieu la garde dans les profondeurs de son Coeur et lui dit: “Personne ne
te touchera, excepté moi, parce que ma Volonté est intangible
et sacrée. Tous doivent honorer ma Volonté.”»
14 août 1917
Sur la terre, Jésus vivait totalement abandonné à
la Volonté de son Père. La différence entre vivre
résigné à la Divine Volonté et
vivre dans la Divine Volonté.
Alors que j’étais dans mon état habituel, mon doux Jésus
vint et me dit: «Ma fille, sur la terre, je n’ai fait que me livrer
à la Volonté du Père. Ainsi, si je pensais, je pensais
avec l’Esprit du Père; si je parlais, je parlais avec la bouche
du Père; si je tra-vaillais, je travaillais avec les mains du Père;
même ma respiration se faisait en lui. Tout ce que je faisais était
selon qu’il le voulait, de telle sorte que je peux dire que toute ma vie
se déroulait en lui. Complètement immergé dans sa
Volonté, je ne fai-sais rien par moi-même. Ma seule pensée
était sa Volonté. Je ne faisais pas attention à moi-même.
Les offenses qu’on me faisait n’interrompaient pas ma course, mais je volais
toujours vers mon Centre. Ma vie terrestre prit fin quand j’eus accompli
la Volonté du Père en toute chose.
«Ainsi, ma fille, si tu t’abandonnes à ma Volonté,
tu n’auras plus aucune autre pensée que les miennes. Même
la privation de moi, qui te tourmente tant, trouvera le soutien et les
baisers cachés de ma vie en toi. Dans tes battements de coeur, tu
ressentiras les miens, enflammés et affligés. Si tu ne me
vois pas, tu me sentiras; mes bras t’embrasseront. Combien de fois ne ressens-tu
pas mon mouvement et mon souffle rafraîchir ton coeur?
«Et quand, alors que tu ne me vois pas, tu veux savoir qui te
tient de si près et souffle sur toi, je te souris, je te donne le
baiser de ma Volonté et je me cache en toi pour te surprendre de
nouveau et te faire avancer d’un autre pas dans ma Volonté. Ainsi,
ne me chagrine pas en t’affligeant, mais laisse-moi agir. Puisse l’envol
de ma Volonté ne jamais cesser en toi; autrement, tu obstrueras
ma vie en toi. Si je ne ren-contre aucun obstacle, je fais croître
ma vie en toi et je la développe comme je veux.»
Ceci dit, par obéissance, je dois dire quelques mots sur la
différence entre vivre résigné à la Divine
Volonté et vivre dans la Divine Volonté.
Selon ma pauvre opinion, vivre résigné à la Divine
Volonté, c’est se résigner en tout à la Volonté
de Dieu, autant dans la prospérité que dans l’adversité,
voyant en toute chose le règne de Dieu sur sa Création, suivant
lequel pas même un che-veu ne peut tomber de notre tête sans
la permission du Créateur.
L’âme se comporte comme un bon fils qui va où son père
veut qu’il aille et qui souffre ce que son père veut qu’il souffre.
Être riche ou pauvre lui est indifférent. Il est content de
ne faire que ce que veut son père. S’il reçoit l’ordre d’aller
quelque part pour s’occuper d’une affaire, il y va simplement parce que
son père le veut. Cependant, ce faisant, il se rafraîchit,
s’arrête pour se reposer, manger, échanger avec d’autres personnes,
etc. Ainsi, il se sert beaucoup de sa propre volonté, sans oublier
cependant qu’il va là parce que c’est ainsi que son père
le veut. En beau-coup de choses, il trouve l’occasion de faire sa propre
volonté. Ainsi, il peut être des jours et des mois loin de
son père sans que la volonté de son père lui soit
spécifiée en toutes choses.
Ainsi, pour celui qui ne vit que résigné à la
Divine Volonté, il est presqu’impos-sible qu’il ne fasse pas intervenir
sa propre volonté. Il est un bon fils, mais il ne par-tage pas en
tout les pensées, les paroles et la vie de son Père céleste.
Pendant qu’il va, revient et parle à d’autres personnes, son amour
est intermittent. Sa volonté n’est pas en communication continuelle
avec celle du Père et, ainsi, il entretient l’habitude de faire
sa propre volonté. Néanmoins, je crois que c’est là
le premier pas vers la sainteté.
Pour parler maintenant de ce qu’est vivre dans la Divine Volonté,
je vou-drais que la main de mon Jésus guide la mienne. Seulement
lui peut dire toute la beauté et la sainteté de la vie dans
la Divine Volonté! Pour ma part, je me sens inca-pable de le faire
et je n’ai pas beaucoup de concepts à l’esprit. Il me manque les
mots. Mon Jésus, verse-toi dans mes paroles et je dirai ce que je
pourrai.
Vivre dans la Divine Volonté signifie ne rien faire par soi-même
parce que, dans la Divine Volonté, l’âme se sent incapable
de quoi que ce soit par elle-même. Elle ne demande aucun ordre et
n’en reçoit pas, parce qu’elle se sent incapable d’aller seule.
Elle dit: «Si tu veux que je fasse quelque chose, faisons-le ensemble
comme une seule personne; si tu veux que j’aille quelque part, allons-y
ensemble comme une seule personne.»
Ainsi, l’âme fait tout ce que le Père fait. Si le Père
pense, elle fait siennes ses pensées; elle n’a aucune autre pensée
que les siennes. Si le Père regarde, parle, tra-vaille, marche,
souffre ou aime, elle regarde ce que le Père regarde, répète
les paro-les du Père, travaille avec les mains du Père, marche
avec les pieds du Père, souffre les mêmes souffrances que
le Père et aime ce qu’aime le Père. Elle ne vit pas à
l’extérieur mais à l’intérieur du Père et,
ainsi, elle est une parfaite réplique de lui, ce qui n’est pas le
cas pour celui qui vit seulement résigné. Il est impossible
de trouver cette âme sans le Père ou le Père sans cette
âme. Et cela n’est pas qu’extérieur: tout son intérieur
est entrelacé avec l’intérieur du Père, transformé
en lui. Oh! le vol rapide de cette âme!
La Divine Volonté est immense. Elle circule partout, ordonne
tout et donne vie à tout. L’âme qui s’immerge dans cette immensité,
vole vers tout, revigore tout et aime tout; elle agit et aime comme Jésus,
ce que ne peut faire l’âme qui est seule-ment résignée.
Pour l’âme qui vit dans la Divine Volonté, il est impossible
de faire quoi que ce soit par elle-même. Ses travaux humains, même
saints, lui donnent la nausée parce que les choses de la Divine
Volonté, même les plus petites, ont un aspect différent.
Elle acquiert une noblesse divine, une splendeur divine et une sainteté
divine, éga-lement une puissance divine et une beauté divine.
Ces qualités divines se multi-plient indéfiniment en elle
et, en un instant, elle fait tout. Après avoir tout fait, elle dit:
«Je n’ai rien fait, c’est Jésus qui a tout fait, et c’est
là mon bonheur. Jésus m’a fait l’honneur de me recevoir dans
sa Volonté, ce qui me permet de faire ce qu’il a fait.»
L’ennemi est incapable de troubler cette âme, qu’elle ait fait
son travail bien ou pauvrement, qu’elle ait fait peu ou beaucoup, parce
que tout a été fait par Jésus et elle ensemble. Elle
est paisible, non sujette à l’anxiété. Elle n’aime
pas une personne en particulier mais elle les aime toutes, divinement.
On peut dire qu’elle répète la vie de Jésus, qu’elle
est sa voix, les battements de son Coeur, la mer de ses grâces. En
cela seulement, je crois, consiste la vraie sainteté.
Pour qui vit dans la Divine Volonté, les vertus sont d’ordre
divin. Dans le cas contraire, elles sont d’ordre humain, sujettes à
l’estime de soi, à la vanité et aux pas-sions. Oh! combien
d’âmes faisant de bonnes actions et recevant les sacrements pleurent
parce que, n’étant pas investies de la Divine Volonté, elles
ne produisent pas de fruits! Oh! si tous comprenaient ce qu’est la vraie
sainteté, comme tout chan-gerait!
Beaucoup sont sur une fausse voie de sainteté. Beaucoup la mettent
dans les pratiques pieuses — et malheur à qui voudrait les faire
changer. Ces âmes se leur-rent. Si leur volonté n’est pas
unie à celle de Jésus et transformée en lui, alors,
avec toutes leurs pieuses pratiques, leur sainteté est fausse. Avec
une grande facilité, elles passent des pratiques pieuses aux défauts,
aux diversions, à la discorde, etc. Oh! comme est disgracieuse cette
fausse sainteté!
D’autres âmes mettent leur sainteté à se rendre
souvent à l’église et à assister à tous les
offices, mais leur volonté est loin de celle de Jésus; ces
âmes se préoccupent peu de leurs propres devoirs. Si elles
sont empêchées d’aller à l’église, elles sont
fâchées et leur sainteté s’évapore. Elles se
plaignent, désobéissent et sont encom-brantes dans leur famille.
Oh! quelle fausse sainteté!
D’autres âmes mettent leur sainteté à se confesser
souvent, à se faire diriger spirituellement dans les menus détails
et à se faire des scrupules sur tout. Elles ne se font cependant
aucun scrupule que leur volonté ne soit pas fondue avec celle de
Jésus. Malheur à qui les contredit! Elles sont comme des
ballons gonflés qui, quand un petit trou leur est fait, se dégonflent.
Ainsi, sous la contradiction, leur sainteté s’évapore. Elles
se plaignent d’être facilement tristes. Elles vivent toujours dans
le doute et aiment avoir un directeur spirituel juste pour elles, pour
les aviser en toutes choses, les réconcilier et les consoler; néanmoins,
elles demeurent toujours agitées. Pauvre sainteté que celle-là,
comme elle est falsifiée!
J’aimerais avoir les larmes de mon Jésus pour pleurer avec lui
sur ces fausses saintetés et faire connaître à tous
comment la vraie sainteté consiste à vivre dans la Divine
Volonté. Cette sainteté a des racines tellement profondes
qu’il n’y a aucun danger qu’elle vacille. L’âme qui a cette sainteté
est ferme, non sujette aux incons-tances et aux défauts volontaires.
Elle est attentive à ses devoirs. Elle est sacrifiée et détachée
de tout et de tous, même des directeurs spirituels. Elle grandit
au point que ses fleurs et ses fruits atteignent le Ciel! Elle est si cachée
en Dieu que la terre ne voit que peu ou rien d’elle. La Divine Volonté
l’a absorbée. Jésus est sa vie, l’artisan de son âme
et son modèle. Elle n’a rien en propre, tout étant en commun
avec Jésus. Sa passion et son trait caractéristique est la
Divine Volonté.
Par contre, le “ballon” de la fausse sainteté est sujet à
des inconstances conti-nuelles. L’âme semble voler à une certaine
hauteur, tant et si bien que plusieurs personnes, y compris des directeurs
spirituels, sont en admiration devant elle. Mais ils sont bientôt
désillusionnés parce que, pour dégonfler le ballon,
il suffit d’une humiliation ou d’une préférence du directeur
pour une autre personne. L’âme croit qu’on la vole, se croyant la
plus en besoin. Pendant qu’elle se fait des scrupules pour des bagatelles,
elle en vient à désobéir. La jalousie est la vermine
de cette âme; cette jalousie évente son ballon qui se dégonfle
et tombe par terre. Et si on examine la prétendue sainteté
qui était dans ce ballon, on trouve l’amour-propre, les ressen-timents
et les passions camouflés sous l’aspect du bien. On peut voir que
cette âme était le jouet du démon. Seulement Jésus
connaît tous les maux de cette fausse sain-teté, de cette
vie de dévotions sans fondement, basée sur la fausse piété.
Ces fausses saintetés correspondent à des vies spirituelles
sans fruits qui sont la cause des pleurs de mon aimable Jésus. Ceux
qui les pratiquent sont les grincheux de la société, le chagrin
de leur famille. On peut dire qu’ils dégagent un air impur qui nuit
à tout le monde.
Oh! comme est très différente la sainteté de l’âme
qui vit dans la Divine Volonté! Cette âme est le sourire de
Jésus. Elle est détachée de tous, même de ses
directeurs spirituels. Jésus est tout pour elle. Elle n’est le chagrin
de personne. L’air sain qu’elle dégage embaume tout. Elle inspire
l’ordre et l’harmonie pour tous. Jésus, jaloux de cette âme,
se fait en elle l’acteur et le spectateur en tout. Pas une seule de ses
respirations, une seule de ses pensées ou un seul de ses battements
de coeur qui ne soit régularisé par Jésus. Cette âme
est si absorbée par la Divine Volonté qu’elle en oublie presque
qu’elle vit en exil.
18 septembre 1917
Effets bénéfiques de la constance dans le bien.
Poursuivant dans mon état habituel, je souffrais beaucoup parce
que, m’étant apparue, ma céleste Maman était tout
en pleurs. Je lui ai demandé: «Ma Mère, pourquoi pleures-tu?»
Elle me répondit: «Ma fille, comment pourrais-je ne pas pleu-rer
quand le feu de la divine justice veut tout dévorer? Le feu du péché
dévore tout le bien dans les âmes et le feu de la justice
veut tout dévorer ce qui appartient aux créatures. Voyant
que le feu s’étend, je pleure. Alors, prie, prie!»
Je souffrais aussi à cause de la privation de Jésus.
Il me semblait que, sans lui, je ne pourrais plus tenir longtemps. Ému
de compassion pour ma pauvre âme, mon aimable Jésus vint et
me dit: «Ma fille, patience! La constance dans le bien met tout en
sécurité. Quand tu es privée de ton Jésus et
que tu combats entre la vie et la mort à cause de la douleur que
cela te cause et que, malgré cela, tu demeures cons-tante dans le
bien et ne négliges rien, tu es en plein combat.
«À travers ce combat, l’amour-propre et les satisfactions
naturelles te quittent, ta nature est laissée comme défaite
et ton âme devient pour moi un jus si pur et si doux que je le bois
avec beaucoup de contentement. Ensuite, je me ramollis et je te regarde
tout rempli d’amour et de tendresse, ressentant tes souffrances comme si
elles étaient miennes. Si tu es froide, aride ou autre chose et
que tu demeures cons-tante, combien de renoncements additionnels tu réalises;
tu formes encore plus de jus pour mon Coeur passionné.
«Il en est comme pour un fruit qui a une pelure épineuse
et dure, mais qui con-tient à l’intérieur une substance douce
et utile. Si la personne est constante à enle-ver les épines,
alors, en pressant le fruit, elle en savoure toute la substance. Le pauvre
fruit est ainsi vidé de son contenu et sa pelure épineuse
jetée. Pareillement, à travers la froideur et l’aridité,
l’âme rejette les satisfactions naturelles et se vide d’elle-même
dans la constance. Elle reste avec le fruit pur et doux du bien dont je
me délecte. Si tu es constante, tout contribuera à ton bien
et je te donnerai ma grâce en abondance.»
28 septembre 1917
Les actions faites dans la Divine Volonté sont des soleils illuminant
tout et mettant en sécurité ceux qui ont un minimum de bonne
volonté.
Poursuivant dans mon état habituel, mon doux Jésus me
dit: «Ma fille, les ténè-bres sont épaisses
et les créatures tombent de plus en plus. Dans ces ténèbres,
elles creusent le précipice où elles périront. L’esprit
de l’homme est demeuré aveugle; il n’a plus de lumière pour
voir le bien, il ne voit que le mal. Ce mal l’inondera et le fera périr.
Là où il pense trouver la sécurité, il trouvera
la mort. Hélas! ma fille, hélas!»
Il ajouta: «Les actions faites dans ma Volonté sont comme
des soleils illuminant tout. Tant que les actions de la créature
demeurent dans ma Volonté, de nouveaux soleils brillent sur les
esprits aveugles et les âmes qui ont un minimum de bonne volonté
trouvent la lumière pour échapper au précipice. Toutes
les autres périront. En ces temps de ténèbres si épaisses,
quel bien font les créatures vivant dans ma Volonté! Les
âmes qui survivront, le feront seulement à cause de ces créatures.»
Puis, il partit. Plus tard, il revint et ajouta: «Je peux dire
que l’âme qui vit dans ma Volonté est ma monture. Chez elle,
je tiens les rênes de tout: celles de son esprit, de ses affections
et de ses désirs; je ne laisse rien sous son pouvoir. Je m’assois
sur son coeur pour être plus confortable; ma domination est complète
et je fais ce que je veux. Je fais courir ma monture à un moment
et voler à un autre; elle me conduit au Ciel à un moment
et je fais le tour de la terre à un autre; je m’arrête à
un autre moment. Oh! comme je suis glorieux et victorieux; je gouverne
et règne!
«Mais si l’âme ne fait pas ma Volonté et vit dans
sa volonté humaine, ma mon-ture est ruinée. L’âme prend
les rênes et je reste sans domination comme un pauvre roi jeté
hors de son royaume. L’ennemi prend ma place et les rênes restent
à la merci de ses passions.»
4 octobre 1917
Les souffrances et le Sang de Jésus poursuivent
l’homme pour le guérir et le sauver.
Ce matin, mon toujours aimable Jésus me transporta hors de mon
corps. Il était dans mes bras, sa face tout près de la mienne.
Avec grande douceur, il me baisa, comme s’il ne voulait pas que je m’en
aperçoive. Comme il répétait ses bai-sers, je ne pus
m’empêcher de lui rendre la pareille. Pendant que je le faisais,
la pensée me vint de baiser ses très saintes lèvres
dans le but de lui enlever son amer-tume; qui sait s’il ne m’accorderait
pas cela! Je le lui ai demandé, j’ai essayé, j’ai mendié
qu’il verse en moi son amertume, j’ai sucé avec plus de force, mais
rien. On aurait dit qu’il souffrait des efforts que je faisais.
Ayant essayé une troisième fois, j’ai ressenti sa respiration
très amère venir en moi et j’ai vu une chose dure obstruant
sa gorge, empêchant son amertume de sor-tir pour se verser en moi.
Très affligé et presque en pleurant, mon Jésus me
dit: «Ma fille, ma fille, résigne-toi! Ne vois-tu pas l’accablement
dans lequel l’homme m’a plongé par le péché, au point
que cela m’empêche de faire participer à mon amer-tume celle
qui m’aime? Ne te souviens-tu pas que je t’ai dit: “Laisse-moi faire cela;
autrement, l’homme atteindra un tel point dans le mal qu’il épuisera
le mal lui- même.” Mais tu ne voulais pas que je le frappe.
«L’homme empire toujours; il a accumulé en lui tant de
pus que pas même la guerre ne fut capable de l’en départir.
La guerre ne l’a pas arrêté; plutôt, elle l’a rendu
plus osé. Les révolutions le rendront furieux, la misère
le rendra désespéré et il tombera dans les bras du
crime. Tout cela servira d’une manière ou d’une autre à le
dégager de sa pourriture. Ensuite, ma bonté le frappera,
non indirectement à tra-vers les créatures, mais directement
du Ciel. Ces châtiments seront pour lui comme une rosée bienfaisante
qui le tueront. Touché par ma main, il se rendra compte de son état,
se réveillera du sommeil du péché et reconnaîtra
son Créateur. Ma fille, prie pour que tout tourne pour le bien de
l’homme.» Jésus resta avec son amer-tume et j’étais
affligée parce que j’étais incapable de le soulager. J’ai
uniquement senti sa respiration, après quoi je me suis retrouvée
dans mon corps.
Cependant, je me sentais inquiète; les paroles de Jésus
me tourmentaient; je voyais dans mon esprit le terrible futur. Pour me
calmer et me distraire, Jésus revint et me dit: «Que d’Amour,
que d’Amour! Pendant que je souffrais, je disais: “Ma souffrance, cours,
va à la recherche de l’homme! Aide-le et sois sa force dans ses
souffrances.” Pendant que je répandais mon Sang, je disais à
chaque goutte: “Cours, cours, sauve l’homme pour moi! S’il est mort, donne-lui
la vie, mais une vie divine. S’il fuit, cours après lui, entoure-le,
confonds-le avec mon Amour jusqu’à ce qu’il se rende.” Pendant la
flagellation, alors que se formaient les Plaies de mon corps, je répétais:
“Mes Plaies, ne restez pas avec moi, mais cherchez l’homme. Si vous le
trouvez blessé par le péché, placez-vous comme un
pansement pour le guérir.”
«Ainsi, avec tout ce que j’ai dit et fait, j’ai entouré
l’homme pour le sauver. Toi aussi, par amour pour moi, ne garde rien pour
toi mais fais tout courir vers l’homme pour le sauver. Et je te regarderai
comme un autre moi-même.»
8 octobre 1917
La Rédemption se poursuit sur la terre à travers ceux
qui aiment Jésus; ces personnes servent d’humanité à
Jésus.
Pendant que j’étais dans mon état habituel et que je
souffrais beaucoup, mon aimable Jésus vint et me dit: «Ma
fille, tout ce que j’ai fait est éternel. Mon Humanité n’a
pas souffert que pendant un temps, mais sa souffrance se prolonge jusqu’à
la fin du monde. Comme mon Humanité au Ciel ne peut pas souffrir,
je me sers de l’humanité des créatures, les faisant participer
à mes souffrances et prolongeant ainsi mon Humanité sur la
terre. Et cela, je le fais avec justice car, lorsque j’étais sur
la terre, j’incorporais en moi-même les humanités de toutes
les créatures dans le but de les garder en sécurité
et de tout faire pour elles.
«Maintenant que je suis au Ciel, je diffuse dans les créatures
mon Humanité, mes souffrances et tout ce que mon Humanité
a fait pour le bien des âmes égarées. Je le fais spécialement
dans les âmes qui m’aiment afin de pouvoir dire au Père: “Mon
Humanité est au Ciel et aussi sur la terre, dans les âmes
qui m’aiment et qui souffrent. Ainsi, à cause des âmes qui
m’aiment et qui se substituent à moi, ma satis-faction est complète,
mes souffrances sont toujours actives.” Console-toi donc quand tu souffres,
parce que tu reçois l’honneur de te substituer à moi.»
20 octobre 1917
L’âme peut se faire hostie pour Jésus.
Ayant reçu mon Jésus dans la sainte communion, je pensais:
«Comment puis-je lui donner amour pour Amour, puisqu’il n’est pas
en mon pouvoir de me rapetisser comme lui le fait dans l’hostie par amour
pour moi?» Alors, mon bien-aimé Jésus me dit:
«Ma fille, si tu ne peux pas te réduire par amour pour
moi sous la forme d’une petite hostie, tu peux très bien te réduire
complètement dans ma Volonté, te faisant ainsi hostie dans
ma Volonté. À chaque action que tu feras dans ma Volonté,
tu seras une hostie pour moi et je me nourrirai de toi comme tu te nourris
de moi. Qu’est-ce que l’hostie? N’est-elle pas ma vie? Et qu’est-ce que
ma Volonté? N’est- elle pas la totalité de ma vie? Tu peux
faire de toi une hostie par amour pour moi. Autant tu fais d’actions dans
ma Volonté, autant tu peux former d’hosties pour me donner amour
pour Amour.»
23 octobre 1917
Le premier geste que fit Jésus quand il se
communia en instituant l’Eucharistie.
Ce matin, après avoir reçu Jésus béni,
je lui ai dit: «Jésus, ma Vie, dis-moi quel fut ton premier
geste après t’être reçu toi-même en instituant
l’Eucharistie?»
Il me répondit: «Ma fille, mon premier geste fut de multiplier
ma vie en autant de vies qu’il existera de vies humaines sur la terre.
Ainsi, chacun aura ma vie pour lui seul, une vie qui, sans cesse, prie,
remercie, satisfait et aime. Cela, au même titre que j’ai multiplié
mes souffrances pour chaque âme, comme si j’avais souffert pour elle
seule! À ce moment suprême de me recevoir sous la forme sacramentelle,
je me suis donné à chacun pour souffrir ma Passion dans chaque
coeur afin de le con-quérir à force de souffrance et d’Amour.
En donnant totalement ma Divinité, j’ai pris possession de tous.
«Hélas! mon Amour fut désappointé par beaucoup
et j’attends avec anxiété des âmes aimantes qui, en
me recevant, s’uniront à moi pour se multiplier en tous et vouloir
tout ce que je veux. Je recevrai de ces âmes ce que les autres ne
me don-nent pas et j’aurai le contentement d’avoir des âmes conformes
à mes désirs et à ma Volonté. Ainsi, ma fille,
quand tu me reçois, fais ce que j’ai fait et j’aurai le contente-ment
qu’il y a au moins une âme qui veut la même chose que moi.»
Pendant qu’il disait cela, il avait l’air très affligé.
Je lui dis: «Jésus, qu’est-ce qui t’afflige tant?» Il
me répondit: «Ah! quelles inondations il y aura! quels maux,
quels maux! L’Italie se dirige vers de bien tristes moments. Viens plus
près de moi et prie pour que les maux ne soient pas pires.»
Je repris: «Ah! mon Jésus! Que deviendra mon pays? Tu ne m’aimes
donc plus comme avant en n’épargnant pas les autres par amour pour
moi? Presque en sanglotant, il me répondit: «Non, je t’aime
beau-coup.»
2 novembre 1917
Plaintes de Jésus. Menaces de châtiments pour l’Italie.
Je poursuivais dans les privations, les souffrances et l’amertume à
cause de tant de maux dont j’entendais parler, en particulier l’entrée
d’étrangers en Italie. Je priais mon bon Jésus d’arrêter
les ennemis et je lui ai dit: «Est-ce cela l’inondation dont tu m’as
parlé il y a quelques jours?”
Le bon Jésus me dit: «Ma fille, c’est l’inondation dont
je t’ai parlé et elle se poursuivra; les étrangers continueront
d’envahir l’Italie. Cela n’est-il pas bien mérité? J’avais
choisi l’Italie comme seconde Jérusalem. Cependant, elle a ignoré
mes lois et refusé de me rendre ce qui m’est dû. Ah! je peux
dire qu’elle ne se con-duit pas à la manière des humains,
mais à la manière des bêtes! Même sous le pesant
fléau de la guerre, je ne suis pas reconnu et elle veut continuer
de se com-porter comme mon ennemi. C’est justice qu’elle ait subi la défaite;
je continuerai à l’humilier jusque dans la poussière.»
Je l’interrompis en disant: «Jésus, que dis-tu de ma patrie?
Ma pauvre patrie, comme tu seras lacérée! Jésus, aie
pitié, arrête ce flot d’étrangers!» Il poursuivit:
«Ma fille, à mon grand chagrin, je dois permettre l’avance
des étrangers. Toi, parce que tu n’aimes pas les âmes comme
moi, tu voudrais la victoire. Si l’Italie gagnait, ce serait la ruine des
âmes. Son orgueil arriverait à un tel degré qu’il anéantirait
le peu de bien qui reste dans la nation. Elle serait montrée comme
une nation qui peut se passer de Dieu.
«Ah! ma fille, les fléaux continueront, des villes seront
dévastées! Je vais les pri-ver de tout. Les pauvres et les
riches seront sur le même pied. Ils n’ont pas voulu reconnaître
mes lois. Tous se sont fait un dieu de la terre. En les dépouillant,
je leur montrerai ce qu’est la terre. Je purifierai cette terre par le
feu, car la puanteur qu’elle émet m’est intolérable. Beaucoup
seront brûlés par le feu et, ainsi, je ramè-nerai votre
terre à ses sens. Cela est nécessaire; le salut des âmes
le requiert. Je t’ai parlé de ces fléaux depuis longtemps.
Le temps est arrivé, mais pas complètement. D’autres maux
viendront; je ramènerai la terre à ses sens, je la ramènerai
à ses sens!»
Je lui dis: «Mon Jésus, apaise-toi. Assez pour maintenant!»
Il reprit: «Ah! non! Toi, prie et je rendrai l’ennemi moins cruel.»
20 novembre 1917
La raison des châtiments. Jésus fera réapparaître
la
sainteté dans la Divine Volonté.
Je poursuivais dans mon état de souffrances et mon aimable Jésus
venait et s’envolait immédiatement à la vitesse de l’éclair,
ne me laissant pas même le temps de le supplier pour les maux qu’endure
la pauvre humanité, spécialement ma chère terre natale.
Quel coup pour mon coeur que cette invasion d’étrangers chez nous!
Jésus me l’avait pourtant dit auparavant pour me faire prier. Mais,
quand je le prie, il me dit: «Je serai inexorable.»
Cette fois, j’insistai en disant: «Jésus, ne veux-tu pas
avoir pitié? Ne vois-tu pas que les villes sont détruites
et que les gens sont nus et affamés? Ô Jésus, comme
tu es devenu dur!» Il me répondit: «Ma fille, les villes
et les grandeurs de la terre ne comptent pas pour moi; ce sont les âmes
qui comptent pour moi. Après avoir été détruites,
les villes, les églises et les autres choses peuvent être
reconstruites. Au déluge, n’ai-je pas tout détruit? Tout
n’a-t-il pas été reconstruit par la suite? Mais les âmes,
si elles sont perdues, c’est pour toujours; personne ne peut me les redonner;
je pleure sur elles. On a renoncé au Ciel pour ne s’attacher qu’à
la terre: je détruirai la terre. Je ferai disparaître ses
plus belles choses qui, comme des pièges, capturent l’homme.»
Je lui dis: «Jésus, que dis-tu?» Il me rétorqua:
«Courage! Ne te déprime pas! Je vais procéder. Et toi,
viens dans ma Volonté et vis en elle; que la terre ne soit plus
ta demeure mais uniquement moi; ainsi, tu seras totalement en sécurité.
Ma Volonté a le pouvoir de rendre l’âme transparente et, quand
elle l’est, tout ce que je fais rayonne en elle. Si je pense, ma pensée
rayonne en son esprit et y devient lumière et, en tant que lumière,
sa pensée rayonne en la mienne. Si je regarde, parle, aime, etc.
comme autant de lumières, ces actes rayonnent en l’âme et,
de là, en moi. Ainsi, nous nous illuminons l’un l’autre continuellement,
nous sommes en perpé-tuelle communication d’amour réciproque.
«De plus, comme je suis partout, le rayonnement des âmes
vivant dans ma Volonté m’atteint au Ciel, sur la terre, dans l’hostie
sacramentelle et dans le coeur des créatures. Partout et toujours,
je leur donne ma lumière et elles me retournent cette lumière;
je leur donne de l’amour et elles me donnent de l’amour. Elles sont mes
demeures terrestres où je me réfugie pour échapper
à la nausée que me don-nent les autres créatures.
«Oh! comme il est beau de vivre dans ma Volonté! Cela
me plaît tellement que, dans les générations futures,
je ferai disparaître toutes les autres formes de sain-teté,
quelles que soient leurs vertus. Je provoquerai la sainteté dans
ma Volonté qui n’est pas une sainteté humaine, mais une sainteté
divine. Cette sainteté sera si haute que, comme des soleils, les
âmes qui la vivront éclipseront les étoiles qu’étaient
les saints des générations passées. C’est pourquoi
je veux purifier la terre: elle est indi-gne de ces prodiges.»
27 novembre 1917
La sainteté dans la Divine Volonté est exempte
d’intérêts personnels et de pertes de temps.
Je poursuis ces écrits par obéissance. Il me semble que
lorsque Jésus me parle de sa très sainte Volonté,
il oublie tout le reste et me fait aussi oublier tout le reste: l’âme
ne trouve rien de nécessaire, si ce n’est de vivre dans la Divine
Volonté.
Mécontent de moi par rapport à ce que j’ai écrit
sur sa Volonté ces vingt der-niers jours, Jésus me dit: «Ma
fille, tu n’as pas tout dit. Je veux que tu écrives tout ce que
je te dis concernant ma Volonté, même les plus petites choses.
Elles serviront aux générations futures.
«Chaque forme de sainteté a commencé avec des saints
qui en furent les initia-teurs. Ainsi, un saint a été l’initiateur
de la sainteté des pénitents, un autre de la sain-teté
de l’obéissance, un autre de la sainteté de l’humilité,
et ainsi de suite. Quant à toi, je veux que tu sois l’initiatrice
de la sainteté dans ma Volonté. Ma fille, toutes les autres
formes de sainteté ne sont pas exemptes de la recherche d’intérêts
person-nels ou de pertes de temps. Par exemple, pour les âmes qui
vivent complètement attentives à l’obéissance, il
y a beaucoup de pertes de temps; en parlant sans cesse, elles se distraient
de moi et mettent les vertus à ma place; elles n’ont de repos que
lorsqu’elles reçoivent des ordres. D’autres âmes s’arrêtent
beaucoup aux tentations. Oh! combien de temps elles perdent! Elles ne se
fatiguent jamais de raconter toutes leurs épreuves, mettant ainsi
les vertus à ma place. Ces diverses formes de sainteté se
brisent souvent en morceaux.
«La sainteté dans ma Volonté, par contre, est exempte
de la recherche d’inté-rêts personnels et de pertes de temps.
Il n’y a aucun danger que l’âme qui vit cette sainteté m’échange
pour les vertus. La sainteté dans la Divine Volonté fut celle
de mon Humanité sur la terre; j’ai tout fait pour chacun sans la
moindre ombre d’inté-rêt personnel. L’intérêt
personnel efface l’empreinte de la sainteté divine. L’âme
qui cherche son intérêt personnel ne peut être un soleil;
au mieux, elle sera une étoile. En ces temps si tristes, les créatures
ont besoin de ces soleils qui les réchauffent, les illuminent et
les fécondent. La générosité de ces anges terrestres,
qui font tout pour le bien des autres sans aucune ombre d’intérêt
personnel, ouvre dans les coeurs les chemins de ma grâce.
«Les églises sont peu nombreuses et, cependant, beaucoup
seront détruites. Souvent, je ne trouve pas de prêtres pour
me consacrer sous la forme eucharisti-que. Certains permettent que des
âmes indignes me reçoivent. Certaines âmes ne se donnent
pas la peine de me recevoir et d’autres ne le peuvent pas. Ainsi, mon Amour
est entravé. Voilà pourquoi je veux la sainteté dans
ma Volonté. Pour les âmes qui la vivront, je n’aurai pas besoin
de prêtres pour me consacrer, ni d’églises, ni de tabernacles,
ni d’hosties, parce que ces âmes seront tout ensemble prêtres,
tabernacles et hosties.[2] Mon amour sera plus libre. Quand je voudrai
me consacrer, je pourrai le faire à tout moment, jour et nuit, et
partout où ces âmes se trouveront. Oh! comme mon Amour trouvera
son complet déversement!
«Ah! ma fille, la génération présente mérite
d’être complètement détruite! Si je permets à
quelques personnes de rester, ce sera pour former ces soleils de sainteté
dans ma Volonté qui feront pour moi tout ce que les autres créatures,
passées, pré-sentes et futures, me doivent. Alors, la terre
me donnera une vraie gloire et mon “Fiat Voluntas tua” sur la terre comme
au Ciel connaîtra son total accomplisse-ment.»
6 décembre 1917
Jésus n’aime vraiment que les actes accomplis dans sa Volonté.
Après avoir reçu Jésus dans le Saint Sacrement,
je lui ai dit: «Je te baise du bai-ser de ta Volonté. Tu n’es
pas content si je te donne seulement mon baiser, mais tu veux aussi le
baiser de toutes les créatures. Ainsi, je te donne le baiser de
ta Volonté parce que là se trouvent toutes les créatures.
Sur les ailes de ta Volonté, je prends toutes les bouches des créatures
et je te donne le baiser de toutes. Je te baise, non pas avec mon amour,
mais avec ton propre Amour. Ainsi, tu sentiras le contente-ment, la douceur
et la gentillesse de ton propre Amour sur les lèvres de toutes les
créatures et tu seras forcé de donner ton baiser à
chacune.» Qui pourrait raconter toutes les autres idioties que j’ai
ainsi dites à mon aimable Jésus?
Il me dit: «Ma fille, comme il m’est doux de voir et de ressentir
une âme dans ma Volonté! Sans qu’elle s’en aperçoive,
elle se place au niveau de mes actions et de mes prières telles
que je les faisais quand j’étais sur la terre. Elle se met presque
à mon niveau. Dans mes plus petites actions, je portais toutes les
créatures passées, présentes et futures, de manière
à présenter au Père des actes complets au nom de toutes.
Pas une seule respiration des créatures ne m’échappait. Autrement,
le Père aurait trouvé des exceptions et n’aurait pas reconnu
toutes les créatures ou tous leurs actes. Il aurait pu me dire:
“Tu n’as pas tout fait pour chaque créature, ton tra-vail n’est
pas complet. Je ne peux reconnaître toutes les créatures parce
que tu ne les as pas toutes incorporées à toi et je ne veux
reconnaître que ce que tu as fait.” Ainsi, dans l’immensité
de ma Volonté, de mon Amour et de ma Puissance, j’ai tout fait pour
chaque créature.
«Les actions qui ne sont pas faites dans ma Volonté ne
peuvent me plaire, si belles soient-elles; elles sont basses, humaines
et limitées. Par contre, les actions fai-tes dans ma Volonté
sont nobles, divines et infinies, comme ma Volonté. Elles sont similaires
aux miennes et je les revêts de la même valeur, du même
Amour et de la même puissance. Je les multiplie en tous et les étends
à toutes les générations. Que m’importe qu’elles soient
petites; ce sont mes actions qui sont répétées et
cela suffit.
«L’âme se place alors dans son vrai néant, non pas
en attitude d’humilité où elle ressent toujours quelque chose
d’elle-même mais, en tant que rien, elle entre dans le Tout que je
suis et travaille avec moi, en moi et comme moi. Complètement dépouillée
d’elle-même, elle ne s’arrête ni à ses mérites
ni à son intérêt personnel. Plutôt, toute attentive
à me rendre heureux, elle me donne une domination absolue sur toutes
ses actions, sans chercher à savoir ce que j’en fais. Une seule
pensée l’occupe: vivre dans ma Volonté, me suppliant de lui
accorder cet honneur.
«C’est pourquoi je l’aime tant. Toutes mes prédilections
et tout mon Amour sont pour elle. Et si j’aime les autres, c’est en vertu
de l’Amour que je porte à cette âme; mon Amour pour eux passe
par elle, de la même manière que le Père aime les créatures
en vertu de l’Amour qu’il me porte.»
Je lui dis: «Comme il est vrai que, dans ta Volonté, l’âme
est habitée par l’ardent désir de répéter tes
actions et ne peut désirer rien d’autre! Tout le reste dis-paraît
et elle ne veut rien faire d’autre!» Jésus poursuivit: «Et
je lui fais tout faire et je lui donne tout.»
12 décembre 1917
Les actions faites dans la Divine Volonté ont une
grandeur comparable à celle du soleil.
Poursuivant dans mon état habituel, je me fondais dans la sainte
Volonté de mon doux Jésus. Je priais, aimais et faisais réparation.
Jésus me dit: «Ma fille, vou-drais-tu une comparaison concernant
les actions faites dans ma Volonté? Regarde les cieux. Tu y trouves
le soleil: une boule de lumière qui a ses limites et sa forme. Cependant,
la lumière qui provient de l’intérieur de ses limites remplit
toute la terre et tout l’espace, pas un espace limité, mais partout
où se trouve de la terre, des montagnes et des mers, les investissant
de sa lumière majestueuse et de sa chaleur bienfaisante. Il est
le roi des planètes; il a la suprématie sur toutes les choses
créées.
«Telles sont les actions faites dans ma Volonté, et même
plus. En faisant ses actions par sa propre volonté, la créature
agit de façon pauvre et limitée, mais si elle entre dans
ma Volonté, ses actions prennent des proportions immenses; elles
inves-tissent tout, donnent lumière et chaleur à tout, règnent
sur tout et acquièrent la suprématie sur toutes les actions
des créatures. Ainsi, l’âme gouverne, commande et conquiert.
Quoique petites en soi, les actions faites dans ma Volonté subissent
une incroyable transformation, chose qu’il n’est même pas donnée
aux anges de comprendre. Il n’y a que moi qui puisse mesurer la juste valeur
des actions faites dans ma Volonté. Elles sont le triomphe de ma
gloire, le déversement de mon Amour, le parachèvement de
la Création. Elles me récompensent pour la Création
elle-même. Par conséquent, ma fille, avance toujours plus
avant dans ma Volonté.»
28 décembre 1917
Tout ce que faisait Jésus servait à communiquer la vie
et il en va
ainsi pour celui qui vit dans la Divine Volonté.
Étant dans mon état habituel et souffrant un peu, ma
pensée était la suivante: «Comment se fait-il que je
ne puisse trouver le repos ni le jour ni la nuit? Plus je suis faible et
souffrante, plus mon esprit est éveillé et incapable de se
reposer.»
Mon doux Jésus me dit: «Ma fille, toi, tu ne sais pas
pourquoi, mais je vais te le dire. Mon Humanité n’avait pas de repos.
Même durant mon sommeil, je n’avais aucun répit; j’étais
intensément à l’oeuvre car, ayant à donner la vie
à chaque chose et à chacun, il m’était nécessaire
de travailler sans arrêt. Celui qui doit don-ner la vie doit être
continuellement en action. Si j’avais voulu me reposer, combien de vies
n’auraient pu surgir? Combien, sans mon action continuelle, n’auraient
pu se développer et seraient demeurées atrophiées?
Combien n’auraient pu entrer en moi parce que privées de l’acte
vital de celui qui, seul, peut donner la vie?
«Ma fille, te voulant dans ma Volonté, je te veux en action
continuelle. Ton esprit pleinement éveillé est action, le
murmure de ta prière est action, le mouve-ment de tes mains, les
battements de ton coeur, les clignotements de tes paupières sont
action. Tes gestes peuvent être petits, peu m’importe. Du moment
que tu bou-ges, que tu sèmes, j’unis tes actions aux miennes et
je les fais grandes; je leur donne la vertu de produire des vies.
«Beaucoup de mes actions étaient petites en apparence.
Par exemple, quand j’étais petit, je pleurais, je suçais
le lait de ma Mère, je m’amusais à la baiser, à la
caresser, à entrelacer mes petites mains avec les siennes. Un peu
plus grand, je cueillais des fleurs pour elle, je puisais de l’eau, et
ainsi de suite. C’était des actions petites mais, parce qu’elles
étaient unies à la Volonté de ma Divinité,
elles étaient capables de créer des millions de vies.
«Quand je pleurais, de mes pleurs surgissaient des vies de créatures.
Quand je suçais, baisais, caressais, c’était des vies que
je créais. Dans mes doigts entrelacés avec ceux de ma Mère,
des âmes coulaient. Quand je cueillais des fleurs et que je puisais
de l’eau, des âmes sortaient de mes battements de coeur amoureux.
J’agis-sais continuellement. C’est la raison de tes veilles. Quand je vois
tes veilles et tes actions dans ma Volonté, tantôt placées
à mes côtés, tantôt coulant dans mes mains, dans
ma voix, dans mon Esprit ou dans mon Coeur, je les fais couler pour le
bien et le salut de tous. Je leur donne la vertu de mes propres actions.»
30 décembre 1917
Le chagrin de Jésus à cause de l’affection qu’on lui
vole.
J’étais dans mon état habituel et mon toujours aimable
Jésus se montra très affligé, se plaignant de ceux
qui lui volent l’affection des créatures en prenant sa place dans
les âmes. Je lui dis: «Mon Amour, ce vice est-il laid au point
de tant t’affli-ger?»
Il me répondit: «Ma fille, cela est plus que laid, c’est
terrible! C’est le renverse-ment de l’ordre prévu par le Créateur.
La créature se place au-dessus du Créateur. Cela équivaut
à dire: “Je suis aussi bon que Dieu.” Que dirais-tu de quelqu’un
qui volerait un million de dollars à un autre en le plongeant dans
la pauvreté et le mal-heur?» Je lui répondis: «Il
devrait remettre l’argent volé ou bien être condamné.»
Jésus reprit: «Cependant, quand on me vole l’affection des
créatures, c’est plus que de me voler des millions. L’argent est
matériel et bas alors que l’affection des créa-tures est
spirituelle et grande. L’argent peut être restitué, mais l’affection
des créatu-res ne le peut jamais! C’est un vol irrémédiable.
Même si le feu du purgatoire purifie ce vol, il ne pourra jamais
remplir le vide d’une seule affection qui m’a été volée.
«Cela n’est aucunement pris en considération. Au contraire,
il y a des gens qui vendent leur affection; ils sont contents de trouver
quelqu’un pour l’acheter; ils me volent sans aucun scrupule. Il ont des
scrupules s’ils volent une autre créature, mais me voler moi-même
ne leur cause aucun scrupule. Ah! ma fille, j’ai tout donné aux
créatures en leur disant: “Prenez tout ce que vous voulez, mais
laissez-moi seule-ment votre coeur.” Non seulement elles me refusent leur
coeur, mais elles me volent l’affection des autres. De plus, cela ne vient
pas seulement des personnes séculières, mais aussi d’âmes
pieuses, d’âmes consacrées. Quel mal on me fait par une certaine
direction spirituelle à l’eau de rose, par certaines condescendances,
par tant de sentimentalité, par l’usage de séductions! Au
lieu de faire le bien aux âmes, on les plonge dans un labyrinthe.
«Quand je suis contraint d’entrer sous la forme sacramentelle
dans ces coeurs complaisants, j’aimerais fuir, voyant que leur affection
n’est pas pour moi, que leur coeur n’est pas mien. Et cela, de la part
de qui? De ceux qui devraient conduire les âmes vers moi! Plutôt,
ils ont pris ma place. Je ressens une telle nausée que je n’arrive
pas à m’accommoder de rester dans leur coeur, même si je suis
contraint de le faire jusqu’à ce que les accidents de l’hostie soient
consumés.
«Quel massacre d’âmes! Ce sont les vraies blessures de
mon Église! C’est pour-quoi il y a tant de mes ministres retranchés
de l’Église! Malgré toutes les prières qu’ils me font,
je ne les écoute pas; pour eux, il n’y a pas de grâces et
je leur dis avec mon Coeur chagriné: “Voleurs, partez, quittez mon
sanctuaire parce que je ne peux plus vous tolérer!”»
Effrayée, je lui dis: «Apaise-toi, Jésus. Regarde-nous
comme le fruit de ton Sang et de tes blessures, et change les châtiments
en grâces!» Jésus poursuivit: «Ces châ-timents
se continueront. Je vais humilier l’homme jusque dans la poussière.
Des incidents inattendus continueront d’arriver pour le confondre. Où
il espérera s’échapper, il trouvera un piège; où
il attendra la victoire, il trouvera la défaite; où il s’attendra
à la lumière, il trouvera les ténèbres. Alors,
il dira: “Je suis aveugle et je ne sais plus quoi faire!” L’épée
dévastatrice continuera son travail jusqu’à ce que tout soit
purifié.»
27 janvier 1918
Les choses vont empirer.
Les jours sont très amers pour moi. Le doux Jésus ne
vient presque plus. Quand il vient, il le fait brièvement comme
l’éclair et se laisse voir essuyant ses pleurs; puis, sans dire
pourquoi, il repart. Finalement, après beaucoup de priva-tions,
il me dit: «Ma fille, après avoir eu affaire à moi
si longtemps, n’as-tu pas appris à connaître mes manières
d’agir et la raison de mon absence? Pourtant, je te l’ai dit plusieurs
fois. Comme il est facile pour toi d’oublier! Les choses vont empirer.
C’est tout ce que j’ai à te dire.»
Ensuite, m’étant retrouvée hors de mon corps, j’ai vu
des gens qui disaient que deux ou trois nations seraient rendues incapables
de se défendre et que beaucoup de misère et de ruines s’ensuivraient
parce que d’autres nations allaient les oppres-ser jusqu’à s’emparer
d’elles!
31 janvier 1918
Se fondre en Jésus au point de pouvoir dire:
ce qui appartient à Jésus m’appartient.
Je m’abandonnais complètement à Jésus. Il me dit:
«Ma fille, fonds-toi en moi. Fonds ta prière dans la mienne
pour que nos prières ne fassent qu’une et qu’on ne puisse pas savoir
laquelle est la tienne et laquelle est la mienne. Tes souffrances, tes
actions, ta volonté et ton amour, fonds-les dans mes souffrances,
mes actions, ma Volonté et mon Amour. Fonds-les de telle manière
que tu puisses dire: “ce qui est à Jésus est à moi”
et que je puisse dire: “ce qui est à Luisa est à moi.”
Suppose que tu verses un verre d’eau dans une grande cuve d’eau. Après
coup, pourras-tu discerner l’eau qui provient du verre de celle qui se
trouvait dans la cuve? Certainement pas! Ainsi, pour ton plus grand bien
et mon plus grand con-tentement, répète souvent dans tout
ce que tu fais: “Jésus, je verse cela en toi pour accomplir ta Volonté
plutôt que la mienne.”»
12 février 1918
Raisons pour lesquelles les églises sont désertes
et les ministres dispersés.
Pendant que j’étais dans mon état habituel, mon toujours
aimable Jésus se montra très affligé et je lui dis:
«Mon Amour, qu’est-ce qui t’afflige tant?»
Il me répondit: «Hélas! ma fille, quand je permets
que les églises soient déser-tes, les ministres dispersés
et les messes en diminution, cela signifie que les sacrifices sont des
offenses pour moi, les prières des insultes, les adorations des
irrévérences, les confessions des passe-temps sans fruits.
Ne trouvant plus ma gloire mais plutôt des offenses en retour des
bénédictions que je donne, j’arrête ces dernières.
Ces départs de mes ministres indiquent aussi que les choses ont
atteint leur point culmi-nant. Les châtiments seront multipliés.
Comme l’homme est dur, comme l’homme est dur!»
17 février 1918
La chaleur de la Divine Volonté chasse les imperfections.
Je me sentais un peu distraite pendant que j’essayais de m’immerger
dans la sainte Volonté de Dieu et je demandais pardon à Jésus
pour mes distractions. Il me dit: «Ma fille, par sa chaleur, le soleil
détruit les vapeurs empoisonnées émanant de l’engrais
dispersé sur le sol pour fertiliser les plantes. Autrement, les
plantes pourri-raient et finiraient par sécher.
«Aussitôt que l’âme entre dans ma Volonté,
cette dernière détruit par sa cha-leur les infections que
l’âme a contractées par ses distractions. Par conséquent,
dès que tu remarques en toi la distraction, ne reste pas en toi-même
mais entre tout de suite dans ma Volonté pour que ma chaleur te
purifie et t’empêche de dépérir.»
4 mars 1918
La fermeté dans le bien conduit à l’héroïsme
et à une grande sainteté.
Poursuivant dans mon état habituel, je me plaignais à
Jésus au sujet de mon pauvre état. Il me dit: «Ma fille,
courage! Ne change en rien! La fermeté est la plus grande vertu.
Elle produit l’héroïsme et il est presqu’impossible que celui
qui pos-sède cette vertu ne devienne pas un grand saint. La répétition
des actes vertueux fait naître dans l’âme une fontaine d’amour
nouveau et croissant. La fermeté fortifie l’âme et met sur
elle le sceau de la persévérance finale. Ton Jésus
ne craint pas que ses grâces restent sans effet dans les âmes
fermes; il les lui distribue par torrents.
«On ne peut s’attendre à beaucoup chez l’âme qui
travaille à un moment et ne fait rien ensuite, qui fait une chose
à un moment et une autre au moment d’après. Elle n’a aucun
point d’appui: un jour, elle est jetée d’un côté et,
le jour suivant, de l’autre. Elle mourra de faim parce qu’elle n’a pas
la fermeté qui fait croître l’amour. Ma grâce craint
de se verser dans une telle âme parce qu’elle pourra en abuser ou
s’en servir pour m’offenser.»
16 mars 1918
Vivre dans la Divine Volonté est comme une nourriture
et un vêtement pour Jésus.
Je me sentais grandement dans le besoin et je m’en plaignais à
Jésus. Toute bonté, il vint de mon intérieur vêtu
d’un vêtement garni de diamants resplendis-sants. Il semblait sortir
d’un profond sommeil. Avec beaucoup de tendresse, il me dit:
«Ma fille, que veux-tu? Tes gémissements ont blessé
mon Coeur et je me suis réveillé pour venir immédiatement
m’occuper de tes besoins. Tu dois savoir que j’étais dans ton coeur
et que, pendant que tu faisais tes actions, tes prières et tes réparations,
que tu te versais dans ma Volonté et m’aimais, je prenais tout pour
moi et m’en servais pour me nourrir et décorer mon vêtement
de diamants précieux. Pendant que tu m’aimais, me priais, et ainsi
de suite, je n’ai pas jeûné comme si tu n’avais rien fait.
Je prenais tout puisque tu m’avais donné toute liberté. Quand
l’âme fait ainsi, je ne peux pas me reposer alors qu’elle est dans
le besoin; je me fais tout pour elle. Dis-moi alors ce que tu veux!»
En versant des larmes abondantes, jusqu’à mouiller ses saintes
mains, je lui par-lai de mes besoins extrêmes. Le doux Jésus
me pressa alors sur son Coeur et versa de son Coeur dans le mien une eau
très sucrée qui me rafraîchit complètement.
Il poursuivit: «Ma fille, ne crains pas, je serai tout pour toi.
Si les créatures te font défaut, je ferai tout, je t’attacherai
à moi et je te libérerai; je ne te délaisserai jamais,
tu m’es trop chère. Je t’ai fait grandir dans ma Volonté
et tu es une partie de moi- même. Je te garderai et dirai à
chacun: “Personne d’autre que moi n’y touche.” Aussi, calme-toi, parce
que ton Jésus ne te laisse jamais.»
19 mars 1918
Les dissensions entre les prêtres donnent la nausée à
Jésus.
Poursuivant dans mon état habituel, mon toujours aimable Jésus
vint et, tout affligé, me dit: «Ma fille, quelle nausée
je ressens à cause de la désunion chez les prêtres.
Cela m’est intolérable. Leur vie désordonnée est la
raison pour laquelle ma justice permettra que mes ennemis viennent sur
eux pour les maltraiter. Les méchants sont prêts à
attaquer et l’Italie est sur le point de commettre le plus grand des péchés,
celui de persécuter mon Église et de faire couler le sang
innocent.»
Pendant qu’il disait cela, il me fit voir nos nations alliées
dévastées, plusieurs endroits rasés et leur orgueil
terrassé.
26 mars 1918
Chaque action faite dans la Divine Volonté fait croître
dans
l’âme les qualités et la sainteté divine.
Alors que j’étais dans mon état habituel et que j’essayais
de me fondre dans la Divine Volonté, mon doux Jésus me dit:
«Ma fille, chaque fois que l’âme entre dans ma Volonté
et y prie, y travaille, y souffre, etc., elle acquiert de nouvelles beautés
divines; pour chaque action additionnelle faite dans ma Volonté,
l’âme acquiert plus de force, de sagesse, d’amour et de sainteté
divine.
«De plus, pendant que l’âme acquiert des qualités
divines, elle laisse les quali-tés humaines. Quand l’âme agit
dans ma Volonté, l’humain reste comme suspendu; la vie divine agit
et prend la place, et mon Amour a la liberté de déposer ses
attitu-des dans la créature.»
27 mars 1918
L’âme vivant dans la Divine Volonté partage la vie
eucharistique de Jésus.
Je me plaignais à Jésus de ne même pas pouvoir
assister à la sainte messe. Il me dit: «Ma fille, qui donc
effectue le divin Sacrifice? N’est-ce pas moi? Lorsque je suis sacrifié
à la messe, l’âme qui vit dans ma Volonté est sacrifiée
avec moi, pas seu-lement à une messe, mais à toutes les messes;
elle est consacrée avec moi dans tou-tes les hosties.
«Ne quitte jamais ma Volonté et je te ferai aller partout
où tu voudras. Il pas-sera un tel courant de communication entre
toi et moi que tu ne feras aucune action sans moi et que je ne ferai aucune
action sans toi. Par conséquent, quand il te manque quelque chose,
entre dans ma Volonté et tu trouveras rapidement ce que tu veux:
autant de messes, de communions et d’Amour que tu veux. Dans ma Volonté,
rien ne manque et tu y trouves tout sous une forme infinie et divine.»
8 avril 1918
La différence entre vivre simplement en union avec
Jésus et vivre dans sa Divine Volonté.
Pendant que je discutais sur ce que signifie vivre dans la Divine Volonté,
quelqu’un émit l’opinion que cela consiste à vivre en union
avec Dieu. Se montrant à moi, mon toujours aimable Jésus
me dit: «Ma fille, il y a une grande différence entre vivre
simplement uni à moi et vivre dans ma Volonté.»
Pendant qu’il disait cela, il tendit le bras vers moi et me dit: «Viens
un moment dans ma Volonté et tu verras la grande différence.»
Je me trouvai ainsi en Jésus; mon petit atome nageait dans la Volonté
éternelle. Comme cette Volonté est un acte simple comportant
tous les autres actes (passés, présents et futurs), je pris
part à cet acte simple, dans la mesure où cela est possible
pour une créature. J’ai même pris part à des actes
qui n’existent pas encore et qui existeront à la fin des siècles
et aussi longtemps que Dieu sera Dieu. Pour tout cela, je l’ai aimé,
remercié, béni, etc.
Il n’y avait aucun acte qui m’échappait et j’ai pu faire mien
l’Amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit, vu que leur Volonté
était mienne; et je leur ai donné cet Amour comme étant
mien. Comme j’étais heureuse! Eux, ils trouvaient un plein contentement
en recevant de moi leur propre Amour. Mais qui peut tout dire? Il me manque
les mots.
Jésus béni me dit: «As-tu vu ce qu’est vivre dans
ma Volonté? C’est disparaître et, dans la mesure où
c’est possible pour une créature, entrer dans la sphère de
l’Éternité, dans la Toute-Puissance de l’Éternel,
dans l’Esprit incréé, et prendre part à chaque acte
divin. C’est jouir de toutes les qualités divines alors même
que l’on est sur la terre. C’est haïr le mal d’une manière
divine. C’est tout couvrir sans s’épuiser, vu que la volonté
qui anime l’âme est divine. C’est la sainteté non encore connue
sur la terre et que je ferai connaître, la plus belle et la plus
brillante, qui sera la cou-ronne et l’achèvement de toutes les autres
saintetés.
«Par contre, celui qui vit simplement uni à moi ne disparaît
pas; deux êtres sont ensemble, non fondus en un seul. Quiconque ne
disparaît pas ne peut entrer dans la sphère de l’Éternité
pour prendre part à tous les actes divins. Réfléchis
bien et tu verras une grande différence.»
12 avril 1918
Savoir se reposer en Jésus. La pureté d’intention.
Me trouvant dans mon état habituel, je ressentais un besoin
extrême d’être avec Jésus, de me reposer en lui. Mon
doux Jésus vint et me dit: «Ma fille, repose- toi en moi.
Tu me trouveras toujours à ta disposition; je ne te ferai jamais
défaut. Plus tu te reposeras en moi, plus je me verserai en toi.
Souvent, ressentant le besoin de me reposer, je viendrai à toi et
je me reposerai en toi, me servant à moi-même le repos que
je t’accorde.»
Puis, il ajouta: «Quand les âmes font tout pour me plaire,
m’aimer et vivre aux dépens de ma Volonté, elles deviennent
comme des membres de mon corps en les-quels je me glorifie comme si c’était
les miens. Autrement, elles sont comme des membres disloqués qui
me font souffrir; elles font souffrir non seulement moi, mais aussi elles-mêmes
et leurs semblables. Elles sont des membres qui laissent échapper
des matières purulentes contaminant même le bien qu’elles
font.»
16 avril 1918
Les souffrances permettent de trouver Jésus.
Poursuivant dans mon état habituel, je ressentais mon pauvre
coeur oppressé et en grande souffrance — je ne dis pas ceci pour
me plaindre. Mon toujours aima-ble Jésus vint et me dit: «Ma
fille, j’envoie des souffrances aux créatures pour qu’elles me trouvent
à travers elles. Je suis comme enveloppé par ces souffrances
et si l’âme souffre avec patience et amour, elle brise l’enveloppe
qui me recouvre et me trouve. Autrement, je demeure caché dans ces
souffrances, l’âme ne me décou-vre pas et je ne puis me manifester
à elle.»
Il ajouta: «Je ressens un désir irrésistible de
me répandre dans les créatures. Je voudrais déposer
en elles ma beauté pour les rendre toutes très belles; mais,
par le péché, elles rejettent ma divine beauté et
se couvrent de laideur. Je voudrais les combler de mon Amour mais, aimant
ce qui n’est pas de moi, elles tremblent de froid et rejettent cet Amour.
J’aimerais leur communiquer tout de moi pour les cou-vrir de mes qualités,
mais elles me rejettent. Me rejetant, elles forment entre elles et moi
un mur empêchant toute communication entre le Créateur et
sa créature.
«En dépit de tout cela, je poursuis mes efforts, espérant
trouver au moins une âme qui veuille recevoir mes qualités.
L’ayant trouvée, j’augmente mes grâces en elle, les multipliant
par mille. Je me verse tout entier en elle pour en faire un pro-dige de
grâces. Enlève donc cette oppression de ton coeur. Verse-toi
en moi et je me verserai en toi. Jésus te l’a dit et cela suffit.
Ne te soucie de rien, je vais m’occu-per de tout.»
25 avril 1918
Jésus s’amuse avec Luisa.
Je disais à mon doux Jésus: «Ma Vie, comme je suis
cattiva! (en italien, cattiva signifie mauvais, faible), mais je sais que
tu m’aimes quand même.» Alors, mon bien-aimé Jésus
me dit:
«Ma petite cattiva, tu es indubitablement cattiva, mais tu as
captivé[3] ma Volonté. En ayant captivé mon Amour,
ma puissance, ma sagesse etc., tu as captivé une partie de moi.
Mais en ayant captivé ma Volonté, tu as captivé toute
la subs-tance de mon Être, tu m’as captivé en totalité.
C’est pourquoi je te parle souvent, non seulement de ma Volonté,
mais de la manière d’y vivre.
«Je veux que tu connaisses bien ces deux aspects afin que ta
vie soit parfaite-ment intégrée à la mienne. Et alors,
en connaissant les secrets de ma Volonté, peux- tu être encore
mauvaise?» Je repris: «Mon Jésus, tu blagues avec moi.
Je veux te dire que je suis réellement cattiva (mauvaise) et que
je veux que tu m’aides à deve-nir bonne!» Il répondit:
«Oui, oui!» et il disparut.
7 mai 1918
La Divine Volonté s’occupe de départir l’âme de
ce
qu’elle a d’humain pour mieux s’intégrer à elle.
J’étais dans mon état habituel et mon doux Jésus
me dit: «Ma fille, si tu ne me vois pas comme à l’accoutumée
pendant quelques jours, ne t’afflige pas. Les maux vont augmenter. Le Ciel
et la terre vont s’unir pour frapper l’homme et je ne veux pas t’affliger
en te faisant voir tant de maux.»
Je lui répondis: «Mon bon Jésus, la plus grande
souffrance pour moi, c’est d’être privée de toi. C’est la
mort sans mourir, c’est une douleur indescriptible et sans limite! Jésus,
Jésus, que dis-tu? Moi sans toi, sans vie? Ne me dis plus jamais
cela!»
Jésus poursuivit: «Ma fille, ne t’alarme pas. Je n’ai
pas dit que je ne viendrai pas du tout, mais pas souvent. Je te le dis
d’avance pour que tu ne t’inquiètes pas. Ma Volonté te fournira
tout pour que tu restes ferme en elle. Comme la pelure d’un fruit, j’enlèverai
l’humain de toi. Laisse la machine de ma Volonté te moudre afin
que rien d’humain ne reste en toi.»
20 mai 1918
Dieu fait tout et possède tout par un simple acte de sa Volonté.
Poursuivant dans mon état habituel, je disais à mon doux
Jésus: «Comme je voudrais posséder tes désirs,
ton Amour, tes affections, ton Coeur, etc., pour pou-voir désirer
et aimer comme toi!»
Alors, mon toujours aimable Jésus me dit: «Ma fille, je
n’ai ni désir, ni affection, tout est concentré dans ma Volonté.
Ma Volonté est tout pour moi. On désire une chose si on ne
l’a pas; cependant, dans ma Volonté, je peux tout faire. Celui qui
n’a pas l’amour peut désirer l’amour mais, dans ma Volonté,
se trouve la plénitude, la source de l’Amour. Étant infini,
je peux, par un simple acte de ma Volonté, disposer de tous les
biens et les répandre sur tous. Si j’avais des désirs, je
ne serais pas parfai-tement heureux, il me manquerait quelque chose; je
serais un être fini. Je possède tout et, par conséquent,
je suis heureux et je peux rendre chacun heureux.
«Être infini signifie être capable de tout faire,
de tout posséder et de rendre tout le monde heureux. Puisqu’elle
est finie, la créature ne possède pas tout et ne peut tout
embrasser. Elle a des désirs, de l’anxiété, des affections,
etc. qu’elle peut utiliser comme des marches pour monter vers son Créateur,
y courtiser les qualités divines et, ensuite, déborder sur
les autres. Si l’âme se fond totalement dans ma Volonté, elle
ne fait pas que courtiser mes qualités, mais, d’une seule gorgée,
elle m’absorbe complètement. Ses propres désirs ou affections
disparaissent et sont remplacés par ceux de ma Volonté.
23 mai 1918
Les envolées de l’âme dans la Divine Volonté.
Ce matin, mon doux Jésus n’est pas venu et j’ai passé
ce jour dans les soupirs, l’anxiété et l’amertume. Cependant,
j’étais tout immergée dans sa Volonté. La nuit venue,
je ne pouvais plus tenir et j’ai appelé Jésus avec véhémence.
Je ne pouvais fermer les yeux et j’étais agitée. Je le voulais
à tout prix. Il vint finalement et me dit:
«Ma colombe, qui pourrait dire les envolées que tu fais
dans ma Volonté, l’espace que tu parcours, l’air que tu inhales?
Personne ne peut le dire, pas même toi! Il n’y a que moi qui puisse
le dire, moi qui jauge tes fibres, qui compte tes pen-sées et les
battements de ton coeur. Pendant que tu voles, je vois les coeurs que tu
touches. Ne t’arrête pas! Vole vers d’autres coeurs, frappe et envole-toi
à nouveau. Sur tes ailes, apporte mes “je t’aime” à d’autres
coeurs pour me faire aimer; viens ensuite dans mon Coeur pour te reposer
afin que, par la suite, tu puisses recom-mencer avec des envols encore
plus rapides.
«Je m’amuse avec ma petite colombe et j’invite les anges et ma
Mère à s’amu-ser avec moi. Et je ne te dis pas tout! Le reste,
je te le dirai au Ciel. Que de choses surprenantes je te dirai!»
Puis, il plaça sa main sur mon front en ajoutant: «Je te laisse
le souffle de ma Volonté. Endors-toi.» Et je me suis endormie.
28 mai 1918
Jésus aime Luisa d’un amour jaloux. La Maman céleste
cherche à
apaiser Jésus pour qu’il ne châtie pas les hommes.
Me trouvant dans mon état habituel, je disais à mon bien-aimé
Jésus: «Jésus, aime-moi. J’ai plus que quiconque le
droit d’être aimée par toi, parce que je n’ai jamais aimé
personne d’autre que toi et que personne d’autre ne m’aime. Et s’il semble
que quelqu’un m’aime, c’est pour ce qu’il reçoit de moi et non pour
moi. En somme, entre mon amour pour toi et le tien pour moi, aucun autre
amour ne vient s’intercaler.»
Mon doux Jésus me répondit: «Ma fille, tu ne dois
voir là rien d’autre que mon très puissant Amour pour toi;
il est si grand que sa jalousie te tient loin de tout. Ma jalousie est
telle que je demeure aux aguets afin que pas même une ombre d’amour
des créatures ne vienne t’effleurer. Au plus, je tolère que
quelqu’un t’aime en moi, mais pas hors de moi; autrement, je le ferais
fuir. Ainsi, tu n’es entrée dans aucun autre coeur et aucun autre
coeur n’est entré en toi.»
Vers le soir, Jésus revint avec la Reine Maman. Ils m’interpellèrent
par mon nom comme s’ils voulaient que je les écoute. Comme c’était
beau de voir Jésus et sa Maman parler ensemble! La céleste
Maman disait: «Mon Fils, que fais-tu? C’est assez! J’ai mes droits
de Mère et je suis peinée de voir tant souffrir mes enfants.
Veux-tu te livrer aux punitions pour détruire les créatures
ainsi que leur nourriture? Veux-tu les inonder de maladies contagieuses?
Que feront-ils? Tu dis que tu aimes cette fille; si tu fais cela, combien
ne souffrira-t-elle pas? Pour ne pas la rendre amère, ne fais pas
cela!»
En disant cela, elle tira Jésus vers moi. Mais Jésus
répondit fermement: «Je ne le peux pas! J’éloigne beaucoup
de maux à cause d’elle, mais tout, non! Ma Mère, faisons
descendre sur l’humanité une tornade de malheurs de sorte qu’elle
se rende.» Ils se dirent beaucoup d’autres choses, mais je ne comprenais
pas bien. J’étais terrifiée et j’attendais que Jésus
s’apaise.
4 juin 1918
La nécessité de réparer.
Poursuivant dans mon état habituel, je disais à mon bien-aimé
Jésus: «Ne dédaigne pas mes prières; ce sont
tes propres mots que je répète, tes propres inten-tions que
je porte. Je veux gagner des âmes avec ta Volonté, comme toi.»
Alors, Jésus béni me dit: «Ma fille, quand je t’entends
répéter mes mots, mes prières, et vouloir ce que je
veux, je me sens attiré à toi comme par un puissant aimant.
Quelle joie je ressens dans mon Coeur! Je peux dire que c’est une fête
pour moi. Et pendant que je me réjouis, je me sens faiblir à
cause de ton amour pour moi et je n’ai pas la force de frapper les créatures.
Tu me lies avec les mêmes chaînes que j’ai utilisées
avec le Père pour le réconcilier avec les hommes. Ah oui!
répète ce que j’ai fait. Fais toujours ainsi si tu veux que
ton Jésus, qui vit tant d’amertume, reçoive de la joie des
créatures.»
Il ajouta: «Si tu veux être en sécurité,
fais toujours des réparations et fais-les avec moi. Fonds-toi en
moi de manière à ce qu’il ne monte de toi et moi qu’un uni-que
cantique de réparation. Quand l’âme répare, elle est
à l’abri, elle est protégée contre le froid, la grêle
et tout. Si elle ne répare pas, elle est comme quelqu’un qui se
trouve au milieu de la route, exposé aux éclairs, à
la grêle et à tous les maux. Les temps sont très tristes
et si le cercle des réparations n’est pas agrandi, il y a danger
que ceux qui ne sont pas protégés soient frappés par
les éclairs de la divine justice.»
12 juin 1918
Jésus a mis les créatures à l’abri en les recouvrant
de son Humanité, mais elles se placent à l’extérieur,
exposées aux coups.
Me trouvant dans mon état habituel, j’ai dit à mon toujours
aimable Jésus: «Comment est-ce possible? Tu as tout fait pour
nous; tu as satisfait pour tous; en toute chose, tu as rétabli la
gloire du Père au nom des créatures de telle sorte que tous
soient recouverts d’un manteau d’amour, de grâces et de bénédictions;
néan-moins, les châtiments tombent encore, détruisant
presque le manteau de protection dont tu nous as couverts.»
M’interrompant, mon doux Jésus me dit: «Ma fille, ce que
tu dis est vrai. J’ai tout fait pour les créatures. Pour être
sûr de les placer en sécurité, j’ai voulu les envelopper
du manteau de mon Amour comme à l’intérieur d’une armure
de défense. Mais, par des péchés volontaires, les
créatures ingrates brisent cette armure, échappant ainsi
à mes grâces et à mon Amour. Se plaçant à
l’extérieur, sans aucun abri, elles sont frappées par les
éclairs de la justice divine. Ce n’est pas moi qui frappe les hommes;
ce sont eux qui, par leurs péchés, se dressent contre moi
et reçoivent les coups. Prie, prie pour contrer le grand aveuglement
des créatu-res.»
14 juin 1918
Jésus veut que l’âme manifeste l’amour qu’elle reçoit
de lui afin
que les autres deviennent également amoureux de lui.
Un soir, après que j’eus fini d’écrire, mon doux Jésus
vint et me dit: «Ma fille, chaque fois que tu écris, mon Amour
éprouve un nouvel épanchement, un nou-veau contentement,
et je me sens plus porté à te communiquer mes grâces.
Sache cependant que je me sens trahi quand tu n’écris pas tout,
que tu omets de parler de mes intimités avec toi et de mes démonstrations
d’amour. C’est que, dans ces mani-festations amoureuses, je cherche non
seulement à t’inciter à me connaître et à m’aimer
davantage, mais je m’intéresse aussi à ceux qui vont lire
ces textes et dont je pourrai recevoir plus d’amour. Si tu n’écris
pas ces choses, je ne recevrai pas cet amour et je me sentirai trahi.»
Je lui répondis: «Ah! mon Jésus, ça me demande
un tel effort de mettre sur papier certains secrets et certaines intimités
entre toi et moi! Il m’apparaît que tu dévies avec moi des
voies usuelles que tu utilises avec les autres.» Il me répondit:
«Ah! c’est la faiblesse de beaucoup; par humilité ou par peur,
ils cachent l’amour que j’ai pour eux et, ce faisant, ils me cachent. Au
contraire, ils devraient manifester cet amour pour me faire aimer. Ainsi,
je suis trahi en amour, même par les bons.»
20 juin 1918
Jésus joue le rôle de prêtre pour ceux qui vivent
dans sa Volonté.
Me trouvant dans mon état habituel, mon doux Jésus se
manifesta plein d’attention. Il veillait sur moi en tout. Une corde partit
de son Coeur et se dirigea vers le mien. Si j’étais attentive, cette
corde restait fixée à mon coeur et mon bien- aimé
Jésus la faisait bouger et s’amusait avec elle. Il me dit: «Ma
fille, je suis tout attentif aux âmes. Si elles sont également
attentives à moi, la corde de mon Amour reste fixée à
leur coeur, je multiplie mes attentions et je m’amuse. Autrement, la corde
reste lâche et mon Amour se sent rejeté et attristé.»
Il ajouta: «Chez les âmes qui font ma Volonté et
vivent en elle, mon Amour ne rencontre pas d’obstacle. Je les aime et les
préfère tant que je m’occupe directe-ment de tout ce qui
les concerne. Je leur procure des grâces inattendues. Et je suis
jaloux si quelqu’un d’autre fait quelque chose pour elles; je veux tout
faire moi- même.
«J’atteins une telle jalousie d’amour que, à l’instar
du prêtre à qui je donne le pouvoir de me consacrer dans l’hostie
sacramentelle, je m’accorde le privilège de consacrer moi-même
ces âmes qui font leurs actions dans ma Volonté en laissant
tomber leur volonté humaine pour permettre à la Divine Volonté
de prendre toute la place. Ce que fait le prêtre pour l’hostie, je
le fais pour ces âmes, non seulement une fois, mais chaque fois qu’elles
répètent leurs actes dans ma Volonté. Elles m’attirent
comme de puissants aimants et je les consacre comme des hosties privilé-giées,
répétant sur elles les mots de la consécration.
«Je fais cela avec justice parce que les âmes qui vivent
dans ma Volonté se sacrifient davantage que les âmes qui reçoivent
la communion mais ne vivent pas dans ma Volonté. Les âmes
qui vivent dans ma Volonté se vident d’elles-mêmes pour me
donner toute la place en elles. Elles me donnent l’entière direction
et, si nécessaire, elles sont prêtes à souffrir toute
peine pour vivre dans ma Volonté.
«Aussi, mon Amour ne peut attendre que le prêtre juge convenable
de me donner à elles par le moyen de l’hostie sacramentelle. Je
fais tout moi-même. Oh! que de fois je me donne en communion avant
que le prêtre trouve que c’est le temps de me donner à ces
âmes! S’il n’en était pas ainsi, mon Amour resterait comme
enchaîné par les sacrements. Non, non, je suis libre! J’ai
les sacrements dans mon Coeur; j’en suis le propriétaire et je peux
les exercer quand je veux.»
Pendant qu’il disait cela, il semblait chercher partout pour voir s’il
ne trouverait pas une âme vivant dans sa Volonté afin de la
consacrer. Que c’était beau de voir mon aimable Jésus voyageant
en hâte pour accomplir l’office de prêtre et de l’entendre
répéter les paroles de la consécration sur les âmes
qui font sa Volonté et y vivent! Oh! comme elles sont belles ces
âmes bénies qui reçoivent ainsi la consé-cration
de Jésus!”
2 juillet 1918
Quand l’âme s’abandonne à Jésus, Jésus
s’abandonne lui-même à l’âme.
Je disais à mon aimable Jésus: «Je t’aime mais,
parce que mon amour est petit, je t’aime avec ton propre Amour. Je t’adore
avec ton adoration, je te prie avec tes prières, je te remercie
avec tes actions de grâces.»
Pendant que je priais ainsi, il me dit: «Ma fille, quand tu aimes
avec mon Amour, que tu adores avec mes adorations, que tu pries avec mes
prières et que tu remercies avec mes actions de grâces, ces
actes se fixent dans les miens où ils sont agrandis; je me sens
ainsi aimé, adoré, prié et remercié comme je
veux que les créa-tures le fassent.
«Ah! ma fille, un grand abandon à moi est nécessaire!
Quand l’âme s’aban-donne à moi, je m’abandonne moi-même
à elle et, la remplissant de moi, je fais à sa place ce qu’elle
devrait faire pour moi. Par contre, si la créature ne s’abandonne
pas à moi, ce qu’elle fait reste fixé en elle-même
plutôt qu’en moi et ses actions sont remplies d’imperfections et
de misère, ce qui ne peut me plaire.»
9 juillet 1918
Pour l’âme qui vit dans la Divine Volonté, tout se
transforme en amour.
Pendant que j’étais dans mon état habituel, mon doux
Jésus vint et me dit: «Ma fille, je suis tout amour. Je suis
comme une fontaine d’amour telle que tout ce qui entre en elle se transforme
en amour. Dans ma justice, ma sagesse, ma bonté, ma force d’âme,
etc., il n’y a qu’amour. Mais, qui contrôle cette fontaine d’amour?
C’est ma Volonté. Ma Volonté domine, gouverne et ordonne.
Toutes mes qualités portent l’empreinte de ma Volonté.
«L’âme qui se laisse dominer par ma Volonté, qui
vit en elle, vit dans ma fon-taine d’amour. Elle est inséparable
de moi et, pour elle, tout se change en amour. Ainsi, ses pensées,
ses paroles, ses battements de coeur, ses actions, ses pas, etc. sont amour.
Pour elle, il fait toujours clair. Par contre, pour l’âme séparée
de ma Volonté, c’est la nuit. Les misères, les passions et
les faiblesses l’envahissent et font leur travail, un travail à
faire pleurer.»
12 juillet 1918
Les fruits de la Passion de Jésus.
Je priais pour une âme mourante avec un peu de crainte et d’anxiété.
Mon aimable Jésus vint et me dit: «Ma fille, pourquoi crains-tu?
Quand une âme médite sur ma Passion, se rappelant mes souffrances
en entretenant des pensées de com-passion et de réparation,
des chemins s’ouvrent entre elle et moi et des beautés variées
viennent orner son âme. Cette âme a fait les “Heures de ma
Passion” et je la recevrai comme une fille de ma Passion, revêtue
de mon Sang et ornée de mes Plaies. Cette fleur fut cultivée
dans ton coeur et je la bénis et la reçois dans mon Coeur
comme une fleur de prédilection.»
Pendant qu’il disait cela, une fleur partit de mon coeur et s’envola
vers Jésus.
16 juillet 1918
L’âme qui veut faire du bien à tous doit vivre
dans la Divine Volonté.
Ce matin, mon doux Jésus est venu et m’a dit: «Ma fille,
ne reste pas en toi- même, dans ta propre volonté; entre plutôt
en moi, dans ma Volonté. Je suis immense et seulement celui qui
est immense peut multiplier ses actes autant qu’il le veut. Qui demeure
dans les hauteurs peut envoyer de la lumière plus bas. Vois le soleil:
parce qu’il est dans les hauteurs, il est lumière pour tous; chaque
homme a le soleil à sa disposition comme s’il était sa propriété
personnelle.
«Par contre, plus bas, les plantes, les arbres, les rivières
et les mers ne sont pas à la disposition de tous. Elles ne sont
pas comme le soleil qui pourrait dire s’il pouvait parler: “Si je le veux,
je peux m’approprier toute chose, ce qui n’empêche nulle-ment les
autres de profiter de moi.” En effet, toutes les choses plus bas bénéficient
du soleil: quelques-unes de sa lumière, d’autres de sa chaleur,
d’autres de sa fécon-dité, d’autres de ses couleurs.
«Je suis la Lumière Éternelle. Je suis au sommet
et, par conséquent, je me trouve partout, y compris dans les plus
grandes profondeurs. Je suis la vie de tous et chacun me reçoit
comme si je n’existais que pour lui seul. Quant à toi, si tu veux
faire du bien à tous, entre dans mon immensité et vis dans
les hauteurs, détachée de tout, y compris de toi-même.
Autrement, tu seras entourée de terre; tu seras capa-ble d’être
une plante, un arbre, mais jamais un soleil. Plutôt que de donner,
tu ne feras que recevoir et le bien que tu feras sera si limité
qu’il pourra être mesuré.»
1er août 1918
Quand l’âme gémit de se sentir froide, aride et distraite
dans sa
relation avec Jésus, ses souffrances réconfortent Jésus.
Je vivais l’anxiété et la privation de Jésus et
je me plaignais souvent à lui. Il vint et, me pressant fermement
sur son Coeur, il me dit: «Bois de mon côté.»
Je bus le Sang très saint qui jaillissait de la blessure de son
Coeur. Comme j’étais heureuse! Cependant, insatisfait de ce que
je n’aie bu qu’une seule fois, il me dit que je pou-vais boire une deuxième
fois, puis une troisième. J’étais ébahie de ce que,
sans que je le lui aie demandé, il m’ait offert à boire de
son Sang.
Il ajouta: «Ma fille, quand tu souffres d’être privée
de moi, ton coeur est blessé d’une blessure divine qui se reflète
sur mon Coeur et le blesse. Cette blessure m’est douce et est un baume
pour mon Coeur; elle a la vertu d’adoucir les blessures cruelles qui me
viennent de l’indifférence des créatures, de leur mépris,
et même de leur oubli total. Quand l’âme se sent froide, aride
et distraite et qu’elle en souffre à cause de son amour pour moi,
elle me blesse et je me sens réconforté.»
7 août 1918
Dans l’âme qui l’accueille, Jésus continue l’immolation
qu’il a soufferte sur la Croix.
Je gémissais à cause de la privation de Jésus
et je me disais: «Tout est terminé! Quels jours amers! Mon
Jésus a disparu; il s’est retiré de moi. Comment puis-je
vivre désormais?» Pendant que je me disais cela et bien d’autres
âneries, mon toujours aimable Jésus me dit dans une lumière
intellectuelle issue de lui:
«Ma fille, mon immolation sur la Croix continue encore dans les
âmes. Quand une âme est bien disposée et m’accueille,
je revis en elle comme dans ma propre Humanité, les flammes de mon
Amour me brûlent et je suis impatient de le prouver aux autres créatures.
Je leur dis: “Voyez combien je vous aime. Mon immolation sur la Croix ne
suffit pas à mon Amour, je veux aussi me consumer d’amour pour vous
en cette âme qui m’accueille.” Et je fais ressentir à cette
âme mon immolation. Elle se sent comme écrasée et en
agonie. Ne ressentant plus en elle la vie de son Jésus, elle se
sent consumée. Ressentant que ma présence en elle — avec
laquelle elle est habituée de vivre — lui manque, elle combat et
tremble un peu comme mon Humanité sur la Croix alors que ma Divinité,
la privant de sa force, la laissait mourir.
«Cette immolation de l’âme n’est pas humaine, mais totalement
divine et je reçois d’elle une satisfaction divine comme si une
autre vie divine était consumée par amour pour moi. De fait,
ce n’est pas la vie de cette âme qui est consumée, mais ma
propre vie, cette vie que l’âme ne ressent plus et ne voit plus;
il lui semble que je suis mort pour elle. Ainsi, je renouvelle les effets
de mon sacrifice pour les autres créatures et, pour cette âme,
je double les grâces et la gloire. Je ressens dans mon Humanité
un doux enchantement d’avoir fait ce que je voulais. Donc, laisse-moi faire
ce que je veux en toi et ma vie se développera en toi.»
Un autre jour où je me plaignais, je lui dis: «Comment
se fait-il que tu m’aies laissée?» Alors, d’un ton sérieux
et imposant, il me dit: «Sois calme et ne dis pas de sottises. Je
ne t’ai pas laissée; je reste dans les profondeurs de ton âme;
c’est pour cela que tu ne me vois pas. Quand tu me vois, c’est que je suis
à la surface de ton âme. Ne sois pas distraite; je te veux
toute attentive à moi, toujours disponible pour le bien de tous.»
12 août 1918
Jésus ne veut de Luisa que son abandon à sa Divine
Volonté. Pourquoi il veut qu’elle mange.
Poursuivant dans mon état habituel, je me disais que si le Seigneur
voulait quelque chose de moi, il n’aurait qu’à me faire un signe,
sans que j’aie à recourir à un prêtre. Alors, Jésus
béni se montra dans mon intérieur avec une balle à
la main, en position de la lancer par terre. Il me dit: «Ma fille,
tu désires que je te libère de l’embarras où ma Volonté
t’a placée. Je t’ai mise dans cette situation en considéra-tion
du monde entier afin que je ne le laisse pas tomber et que je ne le détruise
pas complètement. Si je te libérais de cette situation, ce
que tu pourrais faire de bien serait bien peu.»
Je lui répondis: «Mon Jésus, je ne te comprends
pas! Tu me laisses sans souf-france et il m’apparaît que tu m’as
départie de l’état de victime. Après, tu me dis que
tu m’utilises pour éviter que le monde soit détruit!»
Il reprit: «Il est faux que tu ne souffres pas. Au plus, tu ne
souffres pas des dou-leurs qui me désarmeraient complètement.
Si, parfois, tu es privée de la souffrance, ce n’est pas suivant
ton désir; autrement, ta volonté propre entrerait en jeu.
Ah! tu ne peux pas comprendre la douce violence que tu me fais quand tu
as la sensation d’être oubliée et que, ne me voyant pas comme
avant, tu poursuis sans rien négli-ger! Quoi qu’il en soit, je veux
être libre avec toi: quand cela me plaît, je te laisse; quand
cela me plaît, je t’attache. Je te veux à la merci de ma Volonté
sans que n’entre en jeu ta propre volonté.»
Une autre fois, je me sentais mal à cause de mes vomissements
continuels. Uni-quement pour obéir, j’ai dit à mon doux Jésus:
«Qu’est-ce que tu perdrais en m’accordant de ne plus sentir le besoin
de prendre de la nourriture puisque je suis ensuite contrainte de la vomir?»
Mon aimable Jésus me répondit: «Ma fille, que dis-tu?
Sois calme, sois calme, ne dis plus jamais cela! Tu dois savoir que si
tu n’avais jamais besoin de rien, je ferais mourir des gens de faim. Cependant,
en te laissant le besoin d’être servie, moi, par amour pour toi et
à cause de toi, je donne ce qui est nécessaire aux créatu-res.
Par conséquent, si je t’écoutais, je négligerais les
autres. En prenant de la nour-riture et en la vomissant ensuite, tu fais
du bien aux autres et, de plus, tes souffrances me glorifient. Quand tu
vomis ta nourriture, tu souffres; et comme tu souffres dans ma Volonté,
je prends ta souffrance et je la multiplie et la répands pour le
bien des créatures. Je suis heureux de cela et je me dis en moi-même:
“C’est le pain de ma fille que je donne à mes enfants.”»
19 août 1918
Jésus déplore les vilenies des prêtres.
Me trouvant dans mon état habituel, mon toujours aimable Jésus
se montra en moi comme à l’intérieur d’un cercle de lumière.
Me regardant, il me dit: «Voyons ce que nous avons fait de bien aujourd’hui.»
Et il regardait tout autour. Je crois que le cercle de lumière représentait
sa très sainte Volonté et que c’était à travers
mon union à elle qu’il me parlait.
Il poursuivit: «De toute façon, je suis fatigué
de la vilenie des prêtres. Je ne peux plus en prendre, je veux en
finir avec cela. Oh! que d’âmes dévastées, défigu-rées,
que d’idolâtries! Se servir des choses saintes pour m’offenser cause
mon plus amer chagrin. C’est le péché le plus abominable,
la marque de la ruine totale. Il attire les plus grandes malédictions
et brise les communications entre le Ciel et la terre. J’aimerais éradiquer
ces êtres de la terre. Pour cette raison, les châtiments continueront
et seront multipliés; la mort dévastera les villes et beaucoup
de foyers et de routes disparaîtront; il n’y aura plus personne pour
les habiter. Le deuil et la désolation régneront partout!»
Je le priai beaucoup. Il resta avec moi une bonne partie de la nuit
et il souffrait tant que je sentais mon coeur se briser de chagrin. J’espère
que mon Jésus s’apai-sera.
4 septembre 1918
Plaintes de Jésus au sujet des prêtres.
Alors que j’étais dans mon état habituel, mon aimable
Jésus vint brièvement et me dit: «Ma fille, les créatures
ne veulent pas céder, elles défient ma justice. En con-séquence,
ma justice se dresse contre elles. Les offenses proviennent de gens de
toutes les classes, y compris de ceux qui s’appellent mes ministres; peut-être
même plus d’eux que de bien d’autres. Quel venin ils portent! Ils
empoisonnent ceux qui s’approchent d’eux! Plutôt que de me déposer
dans les âmes, ils s’y placent eux- mêmes. Ils cherchent à
être entourés, à se faire connaître et ils me
mettent de côté.
«Par leurs contacts empoisonnés, ils distraient les âmes
plutôt que de les con-duire vers moi. Ils les rendent dissipées
plutôt que de les orienter vers les choses sérieuses. Ainsi,
celles qui n’ont pas de contact avec eux s’en tirent mieux. Je ne puis
me fier à eux. Je suis contraint de permettre que les gens s’éloignent
des églises et des sacrements afin que le contact avec ces ministres
ne les éloignent pas davan-tage de moi. Mon chagrin est grand. Les
blessures de mon Coeur sont profondes. Prie et unis-toi aux bons qui restent.
Compatis à mon chagrin.»
25 septembre 1918
Le châtiment appelé la “grippe espagnole”. Dieu fera disparaître
presque toute cette génération perverse de la terre.
J’étais très affligée et je sentais en moi un
grand désir de sortir de mon état habituel (l’état
de victime). Ô Dieu, quelle souffrance! Je vivais une angoisse mor-telle.
Seulement Jésus connaît ce tourment de mon âme; je n’ai
pas de mots pour le décrire. Pendant que je nageais dans cette amertume,
mon aimable Jésus vint. Tout affligé, il posa un doigt sur
ma bouche et me dit:
«Je t’ai contentée, sois calme! Ne te souviens-tu pas
combien de fois je t’ai fait voir de grandes tueries, des villes dépeuplées
et presque désertes? Alors, tu me disais: “Non, ne fais pas cela;
si tu veux le faire, permets au moins qu’ils aient le temps de recevoir
les sacrements.” Je fais comme tu me l’as demandé; que veux-tu de
plus? Le coeur de l’homme est dur; tout cela ne lui suffit pas! Il n’a
pas encore touché les profondeurs de tous les maux et, ainsi, il
n’est pas rassasié, il ne se rend pas. Il regarde avec indifférence
l’épidémie qui s’étend. Mais ce ne sont là
que les prémices; le temps viendra dans lequel je ferai presque
disparaître de la terre cette génération malveillante
et perverse.»
Je tremblais en entendant ces mots et je priais. Je voulais demander
à Jésus: «Et moi, que dois-je faire?» Mais je
n’ai pas osé. Jésus ajouta: «Ce que je désire,
c’est que tu ne quittes pas ton état par toi-même; cependant,
étant libre, tu peux le faire. Moi, je te veux à la merci
de ma Volonté. Ces derniers jours, c’est moi qui te forçais
à quitter ton état habituel. Je voulais étendre le
fléau de l’épidémie et je n’ai pas voulu te garder
dans cet état pour être plus libre d’agir.»
3 octobre 1918
La justice divine est équilibrée. La mort fait de
nombreuses victimes à travers divers fléaux.
Je suppliais mon Jésus béni de s’apaiser. Il vint brièvement
et je lui dis: «Jésus, mon Amour, qu’il est pénible
de vivre dans ces temps. Partout, on voit des larmes et des souffrances.
Mon coeur saigne. Si ta sainte Volonté ne me soutenait pas, je serais
incapable de vivre. Oh! comme la mort me serait douce!»
Mon doux Jésus me dit: «Ma fille, ma justice est équilibrée.
Tout en moi est équilibré. Le fléau de la mort touche
continuellement les créatures avec l’accompa-gnement de ma grâce,
de telle manière que presque toutes demandent les derniers sacrements.
L’homme est tel que c’est seulement quand il voit sa peau touchée
et qu’il se sent battu qu’il se réveille. Beaucoup de ceux qui ne
sont pas touchés vivent dans l’indifférence et continuent
leur vie de péchés.
«Il est nécessaire que la mort fasse sa récolte
afin de toucher ceux qui ne font que placer des épines sous leurs
pieds. Et cela, tant chez les religieux que chez les laïcs. Ah! ma
fille, ce sont des temps qui requièrent de la patience! Ne t’inquiète
pas. Prie pour que tout contribue à ma gloire et au bien de tous.»
14 octobre 1918
C’est seulement par Dieu que l’homme peut
arriver à une paix véritable et durable.
Je me trouvais dans mon état habituel, remplie d’amertume et
de privations. Mon doux Jésus vint et me dit: «Ma fille, les
gouvernements sentent le sol se dérober sous leurs pieds. J’userai
de tous les moyens pour les amener à se soumettre, à entrer
en eux-mêmes, et à comprendre que seulement par moi ils peuvent
arriver à une paix véritable et durable. Ainsi, j’humilie
tantôt l’un, tantôt l’autre; je les amène à être
tantôt amis, tantôt ennemis; je leur ferai manquer d’armes.
«Je ferai des choses inattendues pour les confondre et leur faire
comprendre l’instabilité des choses humaines. Je leur ferai comprendre
que seul Dieu est stable et que seulement par lui ils peuvent espérer
tous les biens. S’ils veulent la justice et la paix, ils doivent venir
à la fontaine de la vraie justice et de la vraie paix; autre-ment,
ils n’arriveront à rien et continueront à se battre.
«Bien sûr, ils continueront à s’agiter. Et s’ils
arrivent à s’entendent pour la paix, cela ne durera pas. Plus tard,
ils reprendront leurs batailles, et plus férocement encore. Ma fille,
seulement mon doigt tout-puissant peut arranger les choses et, au temps
voulu, je le ferai. Mais, au préalable, de grandes épreuves
sont à prévoir et il y en aura beaucoup dans le monde. Par
conséquent, une grande patience est nécessaire.»
Il ajouta d’un ton ému: «Ma fille, les plus grands châtiments
résulteront de l’action des pervers. Les purifications sont encore
nécessaires et, dans leur triom-phe, les pervers purifieront mon
Église. Plus tard, je pulvériserai ces pervers et les éparpillerai
comme poussière au vent. Par conséquent, ne sois pas impressionnée
par leur triomphe. Pleure plutôt avec moi sur le triste sort qui
les attend.»
16 octobre 1918
La “grande guerre” se termine. Jésus parle des nations
belligérantes et de ce qui arrivera à la fin.
Je me sentais très affligée à cause de la privation
de mon aimable Jésus. Mon esprit était profondément
assombri par la pensée que tout en moi était le travail de
ma fantaisie et de l’ennemi. Des rumeurs de paix et de triomphe couraient
dans l’Italie et je me souvenais que mon doux Jésus m’avait dit
que l’Italie serait humi-liée. Quelle peine, quelle supplice me
causait la pensée que toute ma vie avait été une duperie
continuelle! Je sentais que Jésus voulait me parler, mais je ne
voulais pas l’entendre et je le rejetais. J’ai ainsi lutté pendant
trois jours contre Jésus. Par-fois, j’étais si exténuée
que je n’avais plus la force de le rejeter et il me parlait. Tirant ma
force de ses paroles, je lui disais: «Je ne veux rien entendre!»
Finalement, Jésus entoura mon coeur de ses bras et me dit: «Calme-toi,
calme- toi; c’est moi, écoute-moi. Te souviens-tu que, dans les
mois passés, quand tu pleu-rais avec moi sur la pauvre Italie, je
t’ai dit: «Ma fille, qui perd gagne et qui gagne perd.» L’Italie
et la France ont déjà été humiliées
et elles le seront encore jusqu’à ce qu’elles soient purifiées
et qu’elles me reviennent librement, volontairement et paci-fiquement.
Dans le triomphe apparent dont elles jouissent, elles subissent l’humilia-tion
que non pas elles, mais des étrangers — pas même des européens
— sont venu expulser l’ennemi. Aussi, si cela peut être appelé
un triomphe — ce qui n’en est pas un —, il appartient aux étrangers.
«Mais cela n’est rien. Ils perdent plus que jamais, autant dans
le domaine spiri-tuel que dans le domaine temporel, parce que ces événements
les disposent à com-mettre de plus grands crimes, à vivre
des révolutions internes féroces, jusqu’à surpasser
même la tragédie de la guerre. Ce que je te dis ne concerne
pas seule-ment le temps présent, mais aussi le futur. Ce qui n’arrive
pas maintenant arrivera plus tard. Si quelqu’un trouve cela difficile ou
doute, cela signifie qu’il ne comprend pas ma manière de parler.
Ma Parole est éternelle, comme je le suis moi-même.
«Je veux maintenant te dire quelque chose de consolant. L’Italie
et la France perdent maintenant et l’Allemagne gagne. Toutes les nations
ont leurs zones obscu-res et toutes méritent d’être humiliées
et écrasées. Il y aura une agitation générale
et de la confusion partout. Je vais renouveler le monde par l’épée,
le feu et l’eau, avec des morts subites et des maladies contagieuses. Je
ferai des choses nouvelles. Les nations deviendront une sorte de tour de
Babel. Elles en arriveront à ne même plus se comprendre entre
elles; les gens se révolteront entre eux, ils ne voudront plus de
rois. Tous seront humiliés. La vraie paix ne viendra que de moi.
Et si tu les entends parler de paix, ce ne sera pas la vraie paix, mais
seulement une paix apparente.
«Quand j’aurai tout purifié, je poserai mon doigt d’une
manière surprenante et je donnerai la vraie paix. Toux ceux qui
furent humiliés me reviendront. L’Allema-gne sera catholique; j’ai
de grands desseins sur elle. L’Angleterre, la Russie et tous les pays où
le sang a coulé retrouveront la foi et seront incorporés
à mon Église. Ce sera un grand triomphe et une grande union
chez les peuples. Par conséquent, prie. La patience est nécessaire
parce que cela ne viendra pas bientôt, mais prendra du temps.»
24 octobre 1918
Jésus prépara les créatures à le recevoir
dignement dans l’Eucharistie
en plaçant toute sa vie dans chaque hostie.
Je me préparais à recevoir mon doux Jésus dans
le sacrement de l’Eucharistie en lui demandant de suppléer à
ma grande misère. Il me dit: «Ma fille, pour m’assu-rer que
la créature dispose de tous les moyens voulus pour me recevoir dans
l’Eucharistie, j’ai institué ce sacrement à la fin de ma
vie afin que ma vie tout entière se trouve dans chaque hostie et
puisse servir de préparation pour chaque créature qui me
recevrait.
«La créature n’aurait jamais pu me recevoir si elle n’avait
pas eu un Dieu pour l’y préparer. Comme mon Amour excessif m’amenait
à me donner à la créature et que celle-ci était
inapte à me recevoir, cet Amour excessif me conduisit à donner
la totalité de ma vie pour la préparer. Ainsi, j’ai placé
mes oeuvres, mes pas et mon Amour en elle. J’ai aussi placé en elle
les souffrances de ma Passion imminente pour la préparer à
me recevoir dans l’hostie. Donc, revêts-toi de moi, couvre-toi de
chacun de mes actes et viens me recevoir.»
Ensuite, je me plaignis à Jésus de ce qu’il ne me faisait
plus souffrir comme avant. Il me dit: «Ma fille, je ne regarde pas
tant à la souffrance de l’âme mais à sa bonne volonté
et à l’amour avec lequel elle souffre. Avec l’amour, la plus petite
souffrance devient grande, le néant prend vie dans le Tout et ses
actes acquièrent de la valeur. Ne pas souffrir est parfois plus
difficile que la souffrance elle-même. Quelle douce violence me fait
la créature quand elle veut souffrir par amour pour moi! Que m’importe
qu’elle ne souffre pas quand je vois que ne pas souffrir est un clou plus
piquant pour elle que la souffrance elle-même? Par contre, le manque
de bonne volonté, les choses faites de force et sans amour, aussi
grandes qu’elles puis-sent paraître, sont petites à mes yeux
et je ne les regarde pas. Plutôt, elles me pèsent.»
7 novembre 1918
Vivre dans la Divine Volonté emprisonne
Jésus dans l’âme et l’âme en Jésus.
Me trouvant dans mon état habituel, je disais à mon doux
Jésus: «Si tu veux que je laisse mon état habituel,
comment se fait-il qu’après tant de temps cela ne se réalise
pas?» Il me répondit: «Fille, l’âme qui fait ma
Volonté et vit en elle — non seulement pour un court moment, mais
pour une période de sa vie —, forme une prison pour moi dans son
coeur.
«En faisant ma Volonté et en essayant de vivre en elle,
elle érige les murs de cette prison divine et céleste et,
pour mon plus grand contentement, je reste prison-nier en elle. Puisqu’elle
m’absorbe en elle, je l’absorbe en moi. En somme, elle est emprisonnée
en moi et moi en elle. Et quand elle veut quelque chose, je lui dis: “Tu
as toujours fait ma Volonté, c’est juste que je fasse parfois la
tienne.” Par le fait qu’elle vit de ma Volonté, ce qu’elle veut
résulte de ma Volonté qui l’habite. Ne t’inquiète
donc pas. Quand il le faudra, je ferai ta volonté.»
15 novembre 1918
La différence entre celui qui se préoccupe de sa propre
sanctification et celui qui met toute son énergie à réparer
et à sauver des âmes.
Je m’interrogeais sur ce qui est le mieux: s’occuper de se sanctifier
soi-même ou ne s’occuper que de réparer et de sauver des âmes
aux côtés de Jésus. Jésus béni me dit:
«Ma fille, l’âme qui ne fait rien d’autre que de réparer
pour les péchés et de travailler au salut des âmes
vit aux dépens de ma sainteté. Elle se fait l’écho
de mes ardents battements de coeur et je perçois en elle les caractéristiques
de mon Humanité. Fou d’amour pour elle, je la fais vivre aux crochets
de ma sainteté, de mes désirs, de mon Amour, de ma force,
de mon Sang, de mes Plaies, etc. Je peux dire que je mets à sa disposition
ma sainteté, sachant qu’elle ne veut rien d’autre que ce que je
veux.
«Par contre, l’âme qui se préoccupe surtout de se
sanctifier vit aux dépens de sa propre sainteté, de sa propre
force et de son propre amour. Oh! comme elle grandit misérablement!
Elle sent tout le poids de sa misère et se bat continuellement contre
elle-même. Mais l’âme qui se tient accrochée à
ma sainteté vit en paix avec elle-même et avec moi. Son chemin
est paisible. Je veille sur ses pensées et sur cha-que fibre de
son coeur. Je veille jalousement à ce que chacune de ses fibres
ne se soucie que des âmes et soit toujours immergé en moi.
Ne ressens-tu pas la jalousie que j’ai pour toi?»
16 novembre 1918
Les humiliations sont des fissures par
lesquelles pénètre la lumière divine.
J’étais dans mon état habituel et mon doux Jésus
vint brièvement. Il semblait souffrir d’une grande douleur au coeur.
Demandant mon aide, il me dit: «Ma fille, quel déferlement
de crimes en ces jours! quel triomphe satanique! La prospérité
des impies en est le pire signe. La foi a disparu des nations qui restent
captives comme à l’intérieur d’une sombre prison. Cependant,
les humiliations causées par les impies sont autant de fentes à
travers lesquelles passe la lumière, amenant les nations à
entrer en elles-mêmes et à retrouver la foi. Les humiliations
les rendront meilleures, plus que toute victoire ou conquête. Quels
moments critiques elles traverseront! L’enfer et les méchants sont
consumés par la rage de poursuivre leurs complots et d’accomplir
leurs actes pervers. Mes pauvres enfants! Ma pauvre Église!»
29 novembre 1918
Quitter la Divine Volonté, c’est quitter la lumière.
Me trouvant dans mon état habituel, j’ai demandé à
mon toujours aimable Jésus d’accomplir en moi ce dont il m’avait
antérieurement parlé concernant les âmes qui font toujours
sa Volonté, à savoir qu’il fait parfois leur volonté.
Je lui ai dit: «Aujourd’hui, tu devrais faire ma volonté.»
Jésus vint et me dit: «Ma fille, sais-tu que sortir de
ma Volonté est pour l’âme comme un jour sans soleil, sans
chaleur, sans la vie des actes divins en elle?» Je repris: «Mon
Amour, que le Ciel me protège de faire cela. Je préférerais
mourir plu-tôt que de sortir de ta Volonté. Mets donc ta Volonté
en moi puis dis-moi: “C’est ma Volonté qu’aujourd’hui je fasse ta
volonté.”» Jésus reprit: «Ah! vilaine fille,
très bien, je vais te satisfaire! Je te garderai avec moi aussi
longtemps que je voudrai, puis je te laisserai.»
Oh! comme j’étais contente puisque, tout en faisant sa Volonté,
Jésus allait faire la mienne! Mon aimable Jésus passa donc
quelque temps avec moi. Il me sem-bla qu’il plongea le bout de son doigt
dans son Sang très précieux et qu’il en signa mon front,
mes yeux, ma bouche et mon coeur. Ensuite, il m’embrassa. En le voyant
si affectueux et si doux, j’eus envie de tirer de sa bouche l’amertume
de son Coeur, comme j’avais déjà fait. Mais Jésus
s’éloigna un peu et me laissa voir dans sa main un paquet de fléaux.
Il me dit:
«Vois, ce sont des fléaux prêts à être
déversés sur la terre; par conséquent, je ne verserai
pas mon amertume en toi. Les ennemis ont fait leurs plans pour la révolu-tion;
il ne leur reste plus qu’à les mettre à exécution.
Ma fille, comme mon Coeur est triste! Je n’ai personne sur qui décharger
mon chagrin. C’est pour cette raison que je veux le décharger sur
toi. Je veux que tu sois patiente en m’entendant souvent te parler de choses
tristes. Je sais que cela te fait souffrir, mais c’est l’Amour qui me pousse
à agir ainsi. L’Amour veut faire connaître sa douleur à
la personne aimée. Je ne peux presque pas m’empêcher de m’épancher
en toi.»
Je me sentis très mal de voir Jésus si amer. J’ai senti
son chagrin dans mon coeur. Pour me réconforter, il me fit goûter
un lait très doux. Puis il me dit: «Je me retire et te laisse
libre.»
4 décembre 1918
Les fruits de l’emprisonnement de Jésus pendant sa Passion.
J’ai passé cette nuit avec Jésus en prison. J’ai eu pitié
de lui. J’ai saisi ses genoux pour le réconforter. Il me dit: «Ma
fille, pendant ma Passion, j’ai voulu souf-frir la prison pour libérer
les créatures de la prison du péché. Oh! quelle horrible
prison est le péché pour l’homme! Ses passions l’enchaînent
comme s’il était un vil esclave; ma prison et mes chaînes
le libèrent.
«Ma prison forma pour les âmes aimantes des prisons d’amour
dans lesquelles elles peuvent être protégées de tout
et de tous. Je les ai détachées pour en faire des prisons
et des tabernacles vivants, aptes à me réchauffer de la froidure
des taberna-cles de pierres et davantage encore de la froidure des créatures
qui, me gardant pri-sonnier en elles, me font mourir de froid et de faim.
C’est pourquoi je laisse tant de fois les prisons des tabernacles et viens
dans ton coeur pour me réchauffer et me nourrir de ton amour. Quand
je te vois à ma recherche à travers les tabernacles des églises,
je te dis: “N’es-tu pas ma vraie prison d’amour? Cherche-moi dans ton coeur
et aime-moi!”»
10 décembre 1918
Effets bénéfiques des prières des âmes intimes
avec Jésus.
Je disais à mon doux Jésus: «Vois, je ne sais rien
faire et je n’ai rien à te donner; néanmoins, je te donne
mon néant. J’unis ce néant au tout que tu es et je te demande
des âmes: quand je respire, mes respirations te demandent des âmes;
accompagnés de larmes incessantes, les battements de mon coeur te
demandent des âmes; les mouvements de mes bras, le sang qui circule
dans mes veines, les cli-gnotements de mes yeux et les mouvements de mes
lèvres te demandent des âmes. Et je te fais cette demande
en m’unissant à toi, à ton Amour, dans ta Volonté.»
Pendant que je disais cela, mon Jésus bougea en moi et me dit:
«Ma fille, com-bien sont douces et plaisantes à mes oreilles
les prières des âmes intimes avec moi! Je sens en elles se
répéter ma vie cachée de Nazareth, sans apparence,
éloignée des foules, sans le bruit des cloches, à
peine connu. Je m’élevais entre le Ciel et la terre et demandais
des âmes. Chacun de mes battements de coeur, chacune de mes respirations
réclamaient des âmes. Ainsi, ma voix se répercutait
dans le Ciel et amenait l’Amour du Père à me donner des âmes.
«Que de merveilles n’ai-je pas accomplies pendant ma vie cachée!
Elles étaient connues seulement de mon Père dans le Ciel
et de ma Mère sur la terre. Il en va ainsi pour mes âmes intimes
quand elles prient; même si aucun son n’est entendu sur la terre,
leurs prières résonnent comme des cloches dans le Ciel, invitant
tout le Ciel à s’unir à elles pour implorer la divine Miséricorde
de se manifester sur la terre afin que les âmes se convertissent.»
25 décembre 1918
Jésus reproduit sa vie en Luisa.
Alors que j’étais dans mon état habituel, je me sentais
affligée pour diverses rai-sons. Compatissant avec moi, Jésus
béni me dit: «Ma fille, ne te déprime pas tant. Courage,
je suis avec toi et je continue ma vie en toi. À un moment, tu ressens
le poids de la justice divine — comme c’est le cas présentement
et ce dont tu voudrais être délivrée. À un autre
moment, tu te sens déchirée à cause des âmes
qui se per-dent. À un autre moment, tu te sens tourmentée
par le besoin de m’aimer pour tous et, voyant que tu n’as pas assez d’amour
en toi, tu te plonges dans mon Amour et tu en puises assez pour fournir
à chacun ce qu’il doit me donner; tu m’aimes pour cha-cun.
«Dans toutes ces choses, crois-tu que c’est toi qui agis? Pas
du tout! C’est moi. C’est moi qui répète ma vie en toi. Je
brûle d’être aimé par toi, pas avec un amour de créature,
mais avec mon propre Amour. En conséquence, je te transforme. Je
te veux dans ma Volonté afin que tu puisses compenser pour les autres.
Je te veux comme un orgue apte à émettre tous les sons que
je désire.»
Je répliquai: «Mon Amour, il y a des moments où
ma vie devient particulière-ment amère à cause des
conditions dans lesquelles tu me places.» Comprenant ce que je voulais
dire, Jésus poursuivit: «Que crains-tu? Je m’occupe de tout.
Quand je te donne quelqu’un pour te diriger, je lui donne les grâces
voulues. Ce n’est pas toi qu’il sert, c’est moi. Dans la mesure où
il apprécie mon action, mes paroles et mes enseignements, je suis
généreux avec lui.»
Je repris: «Mon Jésus, le confesseur a grandement apprécié
ce que tu m’as dit; tant et si bien qu’il a insisté pour que je
l’écrive. Que lui donneras-tu?» Il répondit: «Je
lui donnerai le Ciel en récompense et je le considérerai
comme remplissant l’office de saint Joseph et de ma Mère qui, pourvoyant
à ma vie sur la terre, ont eu à souffrir les difficultés
inhérentes à leur mission. Maintenant que ma vie est en toi,
je considère l’assistance et les sacrifices de ton confesseur au
même titre que si ma Mère et saint Joseph veillaient sur moi.
N’es-tu pas contente?» – «Merci, ô Jésus»,
ajoutai-je.
27 décembre 1918
Les paroles de Jésus sont comme des soleils. Luisa
doit les écrire pour le bien de tous.
Ces derniers jours, je n’ai rien écrit de ce que Jésus
me disait. J’étais particuliè-rement indisposée à
le faire. Jésus vint et me dit: «Ma fille, pourquoi n’écris-tu
pas? Mes paroles sont lumière. De même que le soleil éclaire
tous les yeux de manière à ce que chacun ait suffisamment
de lumière pour ses besoins, mes paroles sont aptes à éclairer
chaque esprit et à réchauffer chaque coeur. Chacune des paroles
que je te dis est un soleil émanant de moi. Elles te servent actuellement
mais, en les écri-vant, elles serviront aussi aux autres. En n’écrivant
pas, tu étouffes ces soleils, tu empêches mon Amour de se
manifester et tu prives les autres de tous les bienfaits que ces soleils
peuvent donner.»
Je lui répondis: «Mon Jésus, qui donc méditera
sur ces paroles de toi que je mets sur papier?» Il reprit: «Cela
n’est pas ton affaire, mais la mienne. Et même si elles n’étaient
pas méditées par d’autres — ce qui ne sera pas le cas —,
comme autant de soleils, elles s’élèveront majestueusement
pour être accessibles à tous. Si tu ne les écris pas,
tu empêcheras ces soleils de se lever et tu feras beaucoup de mal.
Si quelqu’un pouvait empêcher le soleil naturel de se lever dans
le ciel bleu, que de maux s’ensuivraient sur la terre! Le tort que la nature
subirait, toi, tu le fais aux âmes en n’écrivant pas.
«C’est la gloire du soleil de briller majestueusement et de baigner
la terre et tout ce qui s’y trouve de sa lumière. Le mal est pour
ceux qui n’en profitent pas. Il en va ainsi pour les soleils de mes paroles.
C’est ma gloire de faire se lever un soleil enchanteur pour chacun des
mots que je dis. Le mal est pour ceux qui n’en profi-tent pas.»
2 janvier 1919
Pendant sa Passion, tout était silencieux en Jésus. Dans
les âmes, tout doit être pareillement silencieux.
Ce matin, mon aimable Jésus se montra accablé sous une
pluie de coups. Il me regarda avec son doux regard et me demanda aide et
refuge. Je me suis élancée vers lui pour le soustraire à
ces coups et pour l’enclore dans mon coeur. Il me dit:
«Ma fille, mon Humanité demeura silencieuse sous les coups.
Non seulement ma bouche était silencieuse, mais aussi l’estime des
créatures, la gloire, la puissance, les honneurs, etc. Cependant,
dans un langage muet, ma patience, les humiliations que je subissais, mes
Plaies, mon Sang et l’annihilation de tout mon Être parlaient avec
éloquence. Mon Amour ardent pour les âmes me faisait embrasser
toutes ces souffrances.
«Tout doit être silencieux dans l’âme: l’estime des
autres, la gloire, les plaisirs, les honneurs, les grandeurs, la volonté
propre, les créatures, etc. Et s’il s’y trouve certaines de ces
choses, elles doivent y être comme n’y étant pas. À
la place, l’âme doit maintenir en elle ma patience, ma gloire, l’estime
de moi et mes souffrances. Tout ce qu’elle fait et pense ne doit être
qu’amour — identifié à mon Amour — et réclamation
d’âmes. Je recherche les âmes qui m’aiment et qui, prises de
la même folie d’amour que moi, souffrent et réclament des
âmes. Hélas! combien est petit le nombre de ceux qui entendent
ce langage!»
4 janvier 1919
Les souffrances de Luisa portent les mêmes
fruits que celles de Jésus.
Poursuivant dans mon état habituel, j’étais affligée
à l’extrême par la privation de mon doux Jésus. Néanmoins,
je faisais mon possible pour rester unie à lui en méditant
les “Heures de la Passion”. J’en étais à celle de Jésus
sur la Croix quand j’ai perçu Jésus en moi les mains jointes
et disant d’une voix articulée:
«Mon Père, accepte le sacrifice de cette fille et la douleur
qu’elle ressent à cause de la privation de moi. Ne vois-tu pas combien
elle souffre? Sa souffrance la laisse presque sans vie, à tel point
que je suis contraint de souffrir avec elle pour lui donner la force; autrement,
elle succomberait. Ô Père, accepte sa souffrance unie à
celle que j’ai ressentie sur la Croix quand j’étais complètement
abandonné, même par toi. Accorde que la privation de ma présence
qu’elle ressent soit lumière et vie divine pour les âmes et
leur procure tout ce que j’ai mérité par mon abandon!»
Cela dit, il disparut.
Je me suis sentie pétrifiée de douleur et, tout en pleurs,
j’ai dit à Jésus: «Jésus, ma Vie, oh! oui, donne-moi
des âmes! Que la douleur atroce que me donne la pri-vation de toi
te contraigne à me donner des âmes. Comme je vis cette souffrance
dans ta Volonté, que tous ressentent ma douleur, entendent mes cris
et se rendent.»
Vers le soir, mon Jésus blessé revint et me dit: «Ma
fille et mon refuge, quelle douce harmonie ta souffrance a causée
aujourd’hui dans ma Volonté! Ma Volonté est au Ciel et ta
douleur, se trouvant dans ma Volonté, a eu son écho dans
le Ciel et réclamé des âmes à la Très
Sainte Trinité. De plus, comme ma Volonté habite tous les
anges et les saints, ils ont tous ensemble réclamé des âmes
en criant: “Âmes, âmes!” Ma Volonté coula aussi dans
toutes les créatures et ta souffrance a touché tous les coeurs
en disant à chacun: “Sois sauvé, sois sauvé!” Comme
un soleil res-plendissant, ma Volonté, concentrée en toi,
s’est penchée sur tous pour les conver-tir. Vois quel grand bien
a résulté de tes souffrances vécues dans ma Volonté!»
8 janvier 1919
Tout ce qui entre dans la Divine Volonté
devient immense, éternel, infini.
Je me trouvais dans mon état habituel et j’étais profondément
attristée à cause de l’absence de mon doux Jésus.
Il vint à l’improviste, fatigué et affligé, voulant
se réfugier dans mon coeur pour oublier les offenses graves qui
lui sont faites. En sou-pirant, il me dit:
«Ma fille, cache-moi; ne vois-tu pas combien ils me persécutent?
Ils veulent me chasser ou encore me donner la dernière place! Laisse-moi
me déverser en toi. Il y a plusieurs jours que je ne t’ai ni parlé
du sort du monde ni des châtiments que les créatures m’arrachent
par leur méchanceté. Mon Coeur est accablé de douleur.
Je veux t’en parler afin que tu y participes, que nous portions ensemble
le sort des créatures, que nous priions, souffrions et pleurions
ensemble pour leur bien.
«Ah! ma fille, il y aura beaucoup de bagarres! La mort moissonnera
beaucoup de vies et même des prêtres! Oh! combien d’entre eux
ne sont que des simulacres de prêtres! Je veux les enlever avant
que la persécution de mon Église et les révolu-tions
ne débutent. Qui sait s’ils ne se convertiront pas au moment de
leur mort? Autrement, si je les laisse, ceux qui sont travestis en prêtres
enlèveront leur masque dans la persécution; ils s’uniront
avec les sectaires, deviendront des ennemis féroces de l’Église
et leur salut n’en sera que plus difficile.»
Grandement affligée, je lui ai dit: «Mon Jésus,
quelle souffrance de t’entendre parler ainsi! Les gens, que feront-ils
sans les prêtres? Ils sont déjà si peu nombreux et
tu veux en prendre d’autres? Alors, qui administrera les sacrements? Qui
enseignera tes lois?»
Jésus reprit: «Ma fille, ne t’afflige pas trop. Le petit
nombre n’est rien. Je don-nerai à un seul la grâce et la force
que je donne à dix, à vingt. Je peux compenser pour tout.
De plus, n’étant pas bons, beaucoup de prêtres sont le venin
du peuple. Au lieu de faire le bien, c’est le mal qu’ils font. Je ne ferai
rien d’autre que d’enlever les éléments qui empoisonnent
le peuple.»
Ensuite, il disparut et je suis restée avec un clou dans le
coeur: j’étais anxieuse en pensant aux souffrances de mon doux Jésus
et au sort des pauvres créatures. Plus tard, il revint et, entourant
mon cou de ses bras, il me dit: «Ma bien-aimée, cou-rage!
Entre en moi et jette-toi dans la mer immense de ma Volonté et de
mon Amour. Cache-toi dans la Volonté et l’Amour incréés
de ton Créateur. Ma Volonté a le pouvoir de rendre infini
tout ce qui entre en elle et de transformer les actes des créatures
en actes éternels.
«Tout ce qui entre dans ma Volonté devient immense, éternel
et infini, perdant ses caractéristiques d’être petit, d’avoir
eu un commencement et d’être fini. Et si tu cries très fort
“je t’aime!”, j’entendrai dans ce cri la musique de mon Amour éternel
et je sentirai l’amour créé caché dans l’Amour incréé;
je sentirai que je suis aimé d’un amour immense, éternel
et infini, donc d’un amour digne de moi, apte à me gratifier de
l’amour de tous.»
Je restai surprise et enchantée et je commentai: «Jésus,
que dis-tu?» Il poursui-vit: «Ma chère, ne t’étonne
pas. Tout est éternel en moi: rien n’a eu de commence-ment et rien
n’aura de fin. Toi et toutes les autres créatures étiez éternelles
dans ma pensée créatrice. L’Amour avec lequel j’ai réalisé
la Création, et dont j’ai doté cha-que coeur, est éternel.
Pourquoi donc t’étonner qu’en quittant sa propre volonté,
la créature puisse entrer dans la mienne? Ou encore qu’en s’attachant
à l’Amour qui l’a désirée et aimée de toute
éternité, elle puisse en acquérir la valeur et la
puis-sance éternelle, infinie? Oh! comme on sait peu de choses sur
ma Volonté! C’est pour cela qu’elle n’est ni aimée ni appréciée
et que la créature se contente de si peu et agit comme si elle n’avait
qu’un commencement temporel.»
Je ne sais pas si je m’exprime gauchement. Mon aimable Jésus
jette dans mon esprit une telle lumière sur sa très sainte
Volonté que non seulement je suis incapa-ble d’embrasser ces connaissances,
mais je manque de mots pour m’exprimer.
Pendant que mon esprit se perdait dans cette lumière, Jésus
béni me donna un exemple en me disant: «Pour mieux te faire
comprendre ce que je viens de te dire, imagine le soleil. Il irradie une
grande abondance de petites lumières qu’il diffuse sur toute la
Création, leur accordant la liberté de vivre dispersées
dans la Création ou de demeurer en lui. N’est-ce pas que les petites
lumières qui vivent dans le soleil — avec leurs actes et leur amour
— acquièrent la chaleur, l’amour, la puissance et l’immensité
du soleil? Demeurant en lui, elles en font partie, vivent à ses
dépens et vivent de la même vie que lui.
«En aucune manière, les petites lumières n’ajoutent
ou n’enlèvent quelque chose au soleil, parce que ce qui est immense
n’est pas sujet à augmenter ou à dimi-nuer. Le soleil reçoit
la gloire et l’honneur que les petites lumières lui procurent en
vivant une vie commune avec lui. Et tout cela est l’accomplissement et
la satisfac-tion du soleil. Le soleil, c’est moi; les petites lumières
qui se détachent du soleil sont les créatures; les lumières
qui vivent dans le soleil sont les âmes qui demeurent dans ma Volonté.
Maintenant, as-tu compris?»
Je répondis: «Je pense que oui.» Mais qui pourrait
dire ce que j’ai compris vrai-ment? J’aurais aimé me taire, mais
le Fiat de Jésus ne l’a pas voulu ainsi. Alors, dans sa Volonté,
j’ai écrit. Puisse Jésus être béni à
jamais!
25 janvier 1919
Luisa est comme une autre Humanité pour Jésus. Celui
qui vit dans
la Divine Volonté a la clé lui permettant de puiser en
Dieu.
Après des jours très amers passés dans la privation
de mon doux Jésus, ma Vie, mon Tout, mon pauvre coeur n’en pouvait
plus. Je me disais: «Quel rude sort s’abat sur moi! Après
tant de promesses, il m’a laissée. Où est son Amour? Qui
sait si je ne suis pas la cause de sa désertion, m’étant
rendue indigne de lui! Ah! c’est peut-être à la suite de cette
nuit où il voulait me parler des troubles du monde, où il
me disait que le coeur de l’homme est assoiffé de sang, que les
batailles ne sont pas termi-nées, vu que la soif de sang n’est pas
éteinte dans le coeur des hommes, et que moi je lui ai dit: «Jésus,
tu veux toujours me parler de ces troubles; mettons-les de côté
et parlons d’autre chose» alors que lui, affligé, devint silencieux.
Peut-être que je l’ai offensé! «Ma Vie, pardonne-moi,
je ne ferai jamais plus cela. Mais viens!»
Pendant que j’entretenais de telles pensées idiotes, je me suis
sentie comme perdant connaissance et j’ai vu à l’intérieur
de moi mon doux Jésus, seul et taci-turne, marchant d’un endroit
à l’autre, trébuchant ici et tombant là. J’étais
complè-tement confuse, je n’osais rien dire et j’ai pensé:
«Qui sait combien de péchés il y a en moi et qui font
trébucher Jésus!»
Mais lui, plein de bonté, me regardait. Il semblait fatigué
et en transpiration. Il me dit: «Ma fille, pauvre martyre, pas martyre
de la foi, mais martyre de l’Amour; non pas martyre humaine, mais martyre
divine! Ton martyre le plus cruel, c’est la privation de moi, ce qui met
le sceau du martyre divin sur toi! Pourquoi crains-tu et doutes-tu de mon
Amour? Comment pourrais-je te laisser? Je vis en toi comme dans mon Humanité.
Et comme je contiens en moi le monde entier, ainsi le monde entier est
en toi.
«N’as-tu pas remarqué que, pendant que je marchais, je
trébuchais à un moment et tombais à un autre? C’était
à cause des péchés et des âmes mauvaises que
je rencontrais. Quelle douleur dans mon Coeur! C’est à partir de
ton intérieur que je décide du sort du monde. Ton humanité
me sert d’asile comme ma propre Humanité servait d’asile à
ma Divinité. Si ma Divinité n’avait pas eu mon Humanité
pour lui servir d’asile, les pauvres créatures n’auraient eu aucune
échappatoire dans le temps et dans l’éternité; aussi,
la justice divine n’aurait pas pu regarder la créature comme la
sienne et comme méritant d’être préservée, mais
comme une ennemie méritant la destruction.
«Maintenant que mon Humanité est glorifiée, j’ai
besoin d’une humanité capa-ble de partager mes peines et mes souffrances,
d’aimer les âmes avec moi et d’expo-ser sa vie pour les sauver. Je
t’ai choisie. N’es-tu pas contente? Ainsi, je veux tout te dire concernant
mes souffrances et les châtiments que les créatures se méritent,
afin que tu prennes part à tout et ne fasses qu’un avec moi. Je
te veux dans les hauteurs de ma Volonté afin que ce que tu ne peux
pas atteindre par toi-même, tu le puisses par ma Volonté,
et que tu puisses posséder tout ce qu’il faut pour me tenir office
d’humanité. Par conséquent, n’aie pas peur que je t’abandonne.
J’ai assez de ces choses avec les autres créatures; veux-tu ajouter
à mes souffrances? Non, non! Sois sûre que ton Jésus
ne te laissera jamais.»
Il revint plus tard sous la forme d’un crucifié et, me transformant
en lui-même et me faisant ressentir ses souffrances, il ajouta: «Ma
fille, ma Volonté est lumière; l’âme qui vit en elle
devient lumière et, en tant que lumière, elle entre facilement
dans ma très pure lumière et possède la clé
pour y prendre ce qu’elle veut. Cepen-dant, pour fonctionner correctement,
une clé ne doit pas être rouillée ou sale; de plus,
la serrure doit être de fer. Pour ouvrir avec la clé de ma
Volonté, l’âme ne doit pas être souillée de la
rouille de sa propre volonté ou de la boue des choses terres-tres.
Seulement ainsi serons-nous capables de nous unir ensemble, de manière
à ce que tu puisses faire ce que tu veux avec moi et que je puisse
faire ce que je veux avec toi.»
Ensuite, j’ai vu ma mère et un de mes confesseurs décédés.
Je voulais leur par-ler de mon état lorsqu’ils me dirent: «En
ces jours, il y a eu grand danger que le Sei-gneur te suspende de ton état
de victime. Et nous, ainsi que tout le Ciel et le purgatoire, avons intercédé
beaucoup pour que le Seigneur ne te suspende pas. Tu peux comprendre de
cela que la justice s’apprête à faire descendre de graves
châti-ments. Par conséquent, prends patience et ne te lasse
pas.»
27 janvier 1919
Les trois blessures les plus douloureuses du Coeur de Jésus.
Me trouvant dans mon état habituel, mon toujours aimable Jésus
vint et me fit voir son adorable Coeur couvert de blessures sanglantes.
Plein de chagrin, il me dit: «Ma fille, parmi toutes les blessures
de mon Coeur, il y en a trois dont la douleur dépasse celle de toutes
les autres ensemble. Il y a, en premier, les souffrances de mes âmes
aimantes. Quand je vois une âme tout à moi souffrir à
cause de moi, tor-turée, piétinée et prête à
souffrir la plus douloureuse des morts pour moi, je ressens ses souffrances
comme si elles étaient miennes, et peut-être plus encore.
Ah! l’amour peut faire naître les déchirures les plus profondes
supplantant toute autre peine!
«Dans cette première blessure, ma Mère aimante
occupe la toute première place. Oh! combien son Coeur transpercé
à cause de mes souffrances débordait dans le mien et combien
mon Coeur ressentait toutes ses souffrances! En la voyant mourir à
cause de ma mort, quoique ne mourant pas, je ressentais dans mon Coeur
l’âpreté de son martyre. Je ressentais la peine que lui causait
ma mort et mon Coeur mourait avec le sien. Mes souffrances, unies à
celles de ma Mère, surpassaient tout. Il était juste que
ma céleste Maman ait la première place dans mon Coeur, autant
du point de vue de la souffrance que du point de vue de l’Amour, parce
que cha-que douleur qu’elle ressentait à cause de son Amour pour
moi faisait déborder de son Coeur des océans d’Amour.
«Dans cette blessure de mon Coeur entrent aussi toutes les âmes
qui souffrent pour moi et uniquement pour moi; tu entres dans cette blessure,
de sorte que si tous m’offensaient et ne voulaient pas m’aimer, je trouverais
en toi l’amour compensant pour chacun. Quand les créatures me chassent,
je viens rapidement me réfugier en toi comme dans ma cachette. Trouvant
là mon propre Amour, un amour souffrant uniquement pour moi, je
ne regrette pas d’avoir créé le Ciel et la terre et d’avoir
tant souffert. Une âme qui m’aime et souffre pour moi est mon réconfort,
mon bon-heur et ma récompense pour tout ce que j’ai fait. En oubliant
presque tout le reste, je me réjouis et m’amuse avec elle.
«Cette blessure d’amour de mon Coeur, qui est la plus douloureuse
de toutes, a deux effets simultanés: elle me donne à la fois
une douleur extrême et une joie intense, une amertume inénarrable
et une douceur indescriptible, une mort dou-loureuse et une vie glorieuse.
Ce sont là les excès de mon Amour, incompréhensi-bles
à l’esprit créé. Que de contentements mon Coeur n’a-t-il
pas trouvés dans les douleurs de ma Maman transpercée!
«La deuxième blessure mortelle de mon Coeur est l’ingratitude.
Par l’ingrati-tude, la créature bloque l’entrée de mon Coeur,
en prend la clé et la ferme à double tour. Alors, mon Coeur
se gonfle de chagrin parce qu’il voudrait déverser ses grâces
et son Amour et qu’il ne le peut pas. Il devient fou et perd espoir que
sa blessure soit guérie. L’ingratitude des âmes me donne une
souffrance mortelle.
«La troisième blessure mortelle de mon Coeur est l’obstination.
L’obstination détruit tout le bien que j’ai fait pour la créature.
Par elle, la créature déclare ne plus me reconnaître
et ne plus m’appartenir. Elle est la clé de l’enfer vers lequel
l’âme se précipite. Devant l’âme obstinée, mon
Coeur tombe en morceaux et je me sens comme si l’un de ces morceaux m’était
arraché. Quelle blessure mortelle est l’obsti-nation pour mon Coeur!
«Ma fille, entre dans mon Coeur et partage ces trois blessures
avec moi. Récon-forte mon Coeur déchiré et, ensemble,
souffrons et prions.» J’entrai dans son Coeur. Comme il était
à la fois douloureux et beau de souffrir et de prier avec Jésus!
29 janvier 1919
Les trois grandes époques et les trois grands
renouvellements du monde.
J’adorais les Plaies de mon Jésus béni et, à la
fin, j’ai récité le Credo avec l’intention d’entrer dans
l’immensité de la Divine Volonté où se trouvent les
actions des créatures passées, présentes et futures,
de même que les actions qu’elles auraient dû faire mais que,
par négligence ou malice, elles n’ont pas faites. J’ai dit à
Jésus: «Mon Jésus, mon Amour, j’entre dans ta Volonté
et je veux, par ce Credo, faire les actes de foi que les créatures
n’ont pas faits, réparer pour leurs doutes et donner à Dieu
l’adoration qui lui est due en tant que Créateur.»
Pendant que je disais cela et diverses autres choses, j’ai senti mon
intelligence se perdre dans la Divine Volonté et une lumière
investir mon intellect, dans lequel j’ai pu voir mon doux Jésus.
Cette lumière me parlait beaucoup. Mais qui pourrait tout dire?
Je sens que je vais m’exprimer confusément et ressens une extrême
répu-gnance à le faire. Si l’obéissance était
plus indulgente, elle ne m’imposerait pas de tels sacrifices. «Mais
toi, ma Vie, donne-moi la force et ne laisse pas la pauvre igno-rante que
je suis toute seule!»
Il me semble que Jésus m’a dit: «Ma fille bien-aimée,
je veux te faire connaître l’ordre de ma Providence. À tous
les deux mille ans, j’ai renouvelé le monde. À la fin du
premier deux mille ans, je l’ai renouvelé par le déluge.
À la fin du second deux mille ans, je l’ai renouvelé par
ma venue sur la terre où j’ai manifesté mon Humanité.
À travers elle, comme à travers un treillis, ma Divinité
s’est laissé devi-ner. Les bons et les très saints des deux
mille ans qui ont suivi cette venue ont vécu des fruits de mon Humanité
et ont joui un peu de ma Divinité.
«Actuellement, nous sommes près de la fin de la troisième
période de deux mille ans et il y aura un troisième renouveau.
C’est là la raison de la confusion géné-rale actuelle
qui n’est rien d’autre que la préparation au troisième renouveau.
Au second, j’ai manifesté ce que mon Humanité a fait et souffert,
mais j’ai très peu fait connaître ce que ma Divinité
y a fait.
«À ce troisième renouveau, après que la
terre aura été purifiée et une grande partie de la
génération présente détruite, je serai encore
plus magnanime pour les créatures. Je réaliserai le renouveau
en manifestant ce que ma Divinité a fait dans mon Humanité,
comment ma Divine Volonté a travaillé de concert avec ma
Volonté humaine, comment tout est lié en moi, comment j’ai
refait toutes choses, comment chaque pensée des créatures
fut refaite par moi et scellée par ma Divine Volonté.
«Mon Amour veut s’épancher en faisant connaître
les excès que ma Divinité a faits dans mon Humanité
en faveur des créatures, excès allant bien au-delà
de ce qui a pu paraître extérieurement. C’est pourquoi je
t’ai tant parlé de la vie dans ma Volonté, ce que je n’avais
manifesté à personne auparavant. Au plus, ils ont connu l’ombre
de ma Volonté, un aperçu des grâces et de la douceur
qu’on éprouve en l’accomplissant. Mais, la pénétrer,
embrasser son immensité, se multiplier avec moi et pénétrer
partout, autant sur la terre que dans le Ciel et dans les coeurs, abandon-ner
les voies humaines et travailler à la manière divine, cela
n’est pas encore connu. Aussi, cela apparaîtra étrange à
beaucoup. Quiconque n’a pas l’esprit ouvert à la lumière
de la vérité n’y comprendra rien. Néanmoins, petit
à petit, je montrerai la voie, manifestant une vérité
à un moment, une autre à un autre, de manière à
ce qu’on finisse par y comprendre quelque chose.
«La première manifestation de la vie dans ma Volonté
se fit à travers mon Humanité. Celle-ci, accompagnée
de ma Divinité, baigna dans la Volonté éternelle et
s’empara de toutes les actions des créatures pour donner au Père,
en leur nom, une gloire divine et donner à chacune de leurs actions
la valeur, l’Amour et le bai-ser de la Volonté éternelle.
Dans la sphère de la Volonté éternelle, j’ai vu tous
les actes que les créatures auraient pu faire, mais n’ont pas faits,
ainsi que leurs bonnes actions faites incorrectement; j’ai fait les choses
qui ont été omises et refait celles qui ont été
faites incorrectement. Les actions non accomplies ainsi que celles qui
ne furent pas accomplies pour moi seul restent suspendues dans ma Volonté
en atten-dant les créatures qui vivront dans ma Volonté pour
qu’elles répètent à leur endroit tout ce que j’ai
fait.
«Et je t’ai choisie comme maillon de jonction avec mon Humanité
afin que ta volonté, ne faisant qu’un avec la mienne, répète
mes actions. Sans cela, mon Amour ne saurait s’épancher totalement
et je ne pourrais recevoir des créatures la gloire pour tout ce
que ma Divinité a accompli à travers mon Humanité.
En consé-quence, la fin première de la Création ne
serait pas atteinte — cette fin qui se trouve dans ma Volonté et
qui doit y atteindre sa perfection —; ce serait comme si j’avais versé
tout mon Sang sans que personne ne l’ait su. Alors, qui m’aurait aimé?
Quel coeur aurait été ému? Personne! Dans aucun coeur
mon Humanité n’aurait trouvé son fruit.»
Sur ces mots, je l’interrompis en lui disant: «Mon Amour, si
vivre dans ta Divine Volonté résulte en tant de bien, pourquoi
n’as-tu pas manifesté cette vérité avant?»
Il poursuivit: «Ma fille, j’avais d’abord à faire connaître
ce que mon Humanité a fait et souffert extérieurement pour
préparer les âmes à connaître ce que ma Divi-nité
a fait intérieurement. La créature est incapable de comprendre
le sens de mes actes d’un seul coup et, par conséquent, je me manifeste
petit à petit. Au maillon de jonction avec moi que tu es seront
rattachés les maillons d’autres créatures. Ainsi, j’aurai
une cohorte d’âmes vivant dans ma Volonté qui referont tous
les actes des créatures; j’aurai la gloire de toutes les actions
en suspens faites seulement par moi, de même que celles faites par
les créatures, cette gloire venant de la part de toutes les catégories
de créatures: vierges, prêtres, laïques, chacun selon
son statut.
«Ces âmes ne travailleront plus humainement mais, immergées
dans ma Volonté, leurs actions se multiplieront pour tous d’une
manière complètement divine. Je recevrai de la part des créatures
la gloire divine pour tant de sacrements administrés et reçus
d’une manière humaine, ou profanés, ou couverts de la boue
des intérêts personnels, de même que pour tant de soi-disant
bonnes actions qui me déshonorent plus qu’elles m’honorent. Je languis
beaucoup après ce temps. Toi- même, prie et languis avec moi
et ne détache pas ton maillon de jonction avec moi, toi, la première.»
4 février 1919
La Passion intérieure que la Divinité fit souffrir à
l’Humanité
de Jésus tout au cours de sa vie terrestre.
Alors que j’étais dans mon état habituel et pendant à
peu près trois jours, j’ai senti mon esprit absorbé en Dieu.
Le bon Jésus m’entraîna plusieurs fois dans sa très
sainte Humanité où je pouvais nager dans l’immense océan
de sa Divinité. Oh! que de choses je pouvais voir! Comme je voyais
clairement tout ce que fit sa Divi-nité dans son Humanité!
Plusieurs fois, au milieu de mes surprises, Jésus me parla. Il m’a
dit entre autres:
«Vois-tu, ma fille, avec quels excès d’Amour j’ai aimé
les créatures? Ma Divinité était trop jalouse pour
confier à une créature l’accomplissement de la Rédemption;
ainsi, je me suis infligé à moi-même la Passion. Aucune
créature n’aurait été capa-ble de mourir autant de
fois qu’il y avait eu et allait y avoir de créatures à connaître
la lumière de la Création, de même que pour chaque
péché mortel commis par elles. Ma Divinité voulait
une vie pour chaque vie de créature et pour chaque mort causée
en elles par une faute mortelle. Qui aurait pu être assez puissant
pour me donner autant de morts sinon ma Divinité? Qui aurait pu
avoir assez de force, d’amour et de constance pour me voir mourir autant
de fois sinon ma Divinité? Une créature se serait lassée
et aurait abandonné.
«Et ne va pas penser que cette activité de ma Divinité
commença tardivement dans ma vie terrestre; elle commença
dès le moment de ma conception dans le sein de ma Mère qui,
plusieurs fois, fut elle-même consciente de mes souffrances et res-sentit
mon martyre et mes morts. Ainsi, même dans le sein de ma Mère,
ma Divinité joua le rôle de bourreau d’amour. À cause
de son Amour, ma Divinité fut inflexible au point où aucune
épine, aucun clou et aucun coup ne furent épargnés
à mon Humanité.
«D’autre part, ces épines, ces clous et ces coups n’étaient
pas comme ceux que les créatures m’ont donnés pendant ma
Passion, lesquels n’étaient pas multipliés. Les souffrances
infligées par ma Divinité furent multipliées pour
couvrir toutes les offenses: autant d’épines que de mauvaises pensées,
autant de clous que d’actions indignes, autant de coups que de plaisirs
mauvais, autant de souffrances que d’offenses.
«C’était des mers de souffrances, d’épines, de
clous et de coups. Devant cette Passion que m’a infligée ma Divinité
durant tout le cours de ma vie, la Passion que les créatures m’ont
fait subir dans les derniers jours de ma vie ne fut qu’une ombre, qu’une
image. Voilà à quel point j’aime les âmes! C’était
pour des vies que je payais. Mes souffrances sont inconcevables pour un
esprit créé. Entre dans ma Divinité, vois et touche
de tes mains ce que j’ai souffert.»
À ce moment, je ne sais comment, je me suis retrouvée
à l’intérieur de l’immensité divine. Là, étaient
érigés des trônes de justice, un pour chaque créa-ture,
devant lesquels le doux Jésus avait à répondre des
actions des créatures, payant et souffrant la mort pour chacune.
Comme un doux petit agneau, Jésus était tué par des
mains divines pour ensuite revenir à la vie et souffrir encore d’autres
morts. Ô Dieu, ô Dieu! Quelles douleurs incommensurables! Mourir
pour revenir à la vie et revenir à la vie pour mourir à
nouveau d’une mort encore plus cruelle!
Je me sentais moi-même mourir en voyant mon doux Jésus
être tué tant de fois. J’aurais voulu épargner ne fût-ce
qu’une mort à celui qui m’aime tant! Oh! comme j’ai bien compris
que seulement la Divinité pouvait faire souffrir autant le doux
Jésus et se vanter d’avoir aimé les hommes à ce point,
à travers de telles souf-frances! Ni les anges, ni l’homme n’auraient
eu cette capacité d’aimer jusqu’à cet héroïsme.
Seulement un Dieu le pouvait. Mais qui pourrait tout dire?
Mon pauvre esprit nageait ainsi dans cet océan de lumière,
d’amour et de souf-frances, et je restai comme interdite, sans savoir comment
partir. Si mon aimable Jésus ne m’avait pas attirée dans
sa très sainte Humanité, dans laquelle mon esprit était
un peu moins submergé, j’aurais été incapable de quoi
que ce soit. Par la suite, mon doux Jésus ajouta:
«Fille bien-aimée, nouvelle-née de ma vie, viens
dans ma Volonté et vois le nombre de mes actes qui sont en suspens
et attendent de profiter aux créatures. Ma Volonté doit être
en toi comme la roue principale d’une montre. Si celle-ci tourne, toutes
les autres tournent et la montre marque l’heure et les minutes. Tout résulte
du mouvement de la roue principale; si cette roue ne bouge pas, la montre
reste sans mouvement. La roue principale en toi doit être ma Volonté,
laquelle doit don-ner le mouvement à tes pensées, à
ton coeur, à tes désirs, à tout. Comme ma Volonté
est le centre de mon être, de la Création et de tout, ton
mouvement, éma-nant de ce centre, pourra se substituer aux mouvements
de toutes les créatures. En se multipliant pour tous, il amènera
les actions de tous devant mon trône, se substi-tuant pour chacune.
Par conséquent, sois attentive. Ta mission est grande et totale-ment
divine.»
6 février 1919
Comment l’âme peut offrir des hosties à Jésus.
Je me fondais totalement dans mon doux Jésus, faisant tout ce
que je pouvais pour entrer dans sa Divine Volonté, dans le but de
m’attacher à mon éternel Amour et de lui faire entendre mon
cri continuel pour les âmes. Je voulais greffer mon amour petit et
temporel à son Amour infini et éternel, voulant par là
lui donner un amour infini, des réparations infinies et me substituer
à tous, comme il me l’a ensei-gné.
Pendant que je faisais ainsi, mon doux Jésus vint précipitamment
et me dit: «Ma fille, j’ai très faim!» Puis, il sembla
prendre dans ma bouche de petites balles blanches et les manger. Puis,
comme s’il voulait satisfaire sa faim complètement, il entra dans
mon coeur et, de ses deux mains, prit plusieurs miettes, petites et gran-des,
et les mangea avidement. Puis, comme s’il avait assez mangé, il
s’appuya sur mon lit et me dit:
«Ma fille, quand l’âme s’immerge dans ma Volonté
et m’aime, elle m’empri-sonne dans son âme. Par son amour, elle dresse
les éléments qui m’emprisonnent et forme une hostie pour
moi. En souffrant, en faisant des réparations, etc., elle forme
des hosties pour me donner la communion et pour que je puisse me nourrir
d’une manière divine, digne de moi. Aussitôt que je vois les
hosties formées en elle, je vais les prendre pour m’en nourrir et
satisfaire ma faim insatiable, ma faim de recevoir amour pour Amour des
créatures. Ainsi, l’âme peut me dire: “Tu me communies et
moi aussi je te communie.”»
Je lui dis: «Jésus, mes hosties sont tes propres choses.
Ainsi, je suis toujours en reste avec toi.» Il me répondit:
«Pour qui m’aime vraiment, je ne sais ni ne veux tenir des comptes.
Par mes hosties eucharistiques, c’est Jésus que je te donne; par
tes hosties, c’est Jésus que tu me donnes. Veux-tu voir cela?»
Je lui répondis: «Oui.»
Alors, il étendit la main dans mon coeur et y prit une des petites
balles blanches qui s’y trouvaient. Il la brisa pour l’ouvrir et, de l’intérieur,
il en sortit un autre Jésus. Puis, il dit: «As-tu vu? Comme
je suis heureux quand la créature me communie! Fais-moi beaucoup
d’hosties et je viendrai me nourrir en toi. Tu renouvelleras pour moi le
contentement, la gloire et l’amour que j’ai éprouvés à
l’institution de l’Eucha-ristie, quand je me suis communié moi-même.»
9 février 1919
Missions spéciales confiées à la céleste
Mère,
à Luisa et à d’autres âmes.
Je poursuis sur ce que j’ai écrit le 29 janvier. Je disais à
mon doux Jésus: «Com-ment est-il possible que je sois le deuxième
maillon de jonction avec ton Humanité? Il y a des âmes qui
te sont si chères que je ne mérite même pas d’être
sous leurs pieds. Il y a d’abord ton inséparable Maman qui occupe
la première place à tout point de vue. Il me semble, mon
doux Amour, que tu veux blaguer avec moi. Quoi qu’il en soit, pour la plus
cruelle déchirure de mon âme, je suis contrainte par la sainte
obéissance à mettre cela sur papier. Mon Jésus, vois
mon martyre!»
Pendant que je disais cela, mon toujours aimable Jésus me dit
en me caressant: «Ma fille, pourquoi t’inquiéter? N’est-ce
pas mon habitude de prendre de la pous-sière et d’en former de grands
prodiges de grâces? Tout l’honneur est pour moi. Plus le sujet est
faible et petit, plus je suis glorifié. Ma Mère, quant à
elle, n’a pas le second rôle dans mon Amour, dans ma Volonté,
mais forme un unique maillon avec moi. Toutes les âmes me sont très
chères, mais cela n’exclut pas que j’en choi-sisse l’une ou l’autre
pour une haute fonction et à qui je veux donner la sainteté
nécessaire pour vivre dans ma Volonté. Les grâces qui
n’étaient pas nécessaires pour d’autres que je n’ai pas appelées
à vivre dans la sainteté de ma Volonté te sont nécessaires
à toi que j’ai élue à cet effet de toute éternité.
«En ces temps si tristes, je t’ai élue pour que, vivant
dans ma Volonté, tu me donnes un Amour divin, des réparations
et des satisfactions divines, lesquelles ne peuvent se trouver que chez
les âmes qui vivent dans ma Volonté. En ces temps, mon Amour
et ma Volonté veulent que je me répande davantage en Amour.
Ne suis-je pas libre de faire ce que je veux? Quelqu’un pourrait-il m’arrêter?
Non, non! Donc, calme-toi et sois-moi fidèle.»
10 février 1919
Jésus demande à Luisa un autre “oui” en vue de
lui faire franchir une nouvelle étape.
Alors que j’étais dans mon état habituel, mon toujours
aimable Jésus vint et, tenant mes mains serrées dans les
siennes, me dit avec une majestueuse affabilité:
«Ma fille, dis-moi, veux-tu vivre dans ma Volonté? Acceptes-tu
d’être le deuxième maillon de jonction avec mon Humanité?
Acceptes-tu mon Amour comme tien, ma Volonté comme vie? Acceptes-tu
de partager les souffrances infli-gées à mon Humanité
par ma Divinité, lesquelles je ressens le besoin irrésistible
de non seulement faire connaître, mais aussi de faire partager à
une créature — pour autant que cela soit possible? Je ne peux faire
connaître et partager ces choses qu’à une personne qui vit
dans ma Volonté, qui vit entièrement de mon Amour. Ma fille,
c’est ma coutume de demander le “oui” de la créature pour pouvoir
ensuite tra-vailler librement avec elle.»
Puis, il devint silencieux comme s’il attendait mon “FIAT”. J’étais
surprise et je lui ai dit: «Jésus, ma Vie, ta Volonté
est mienne. Toi seul unis nos deux volontés et en fais un seul fiat;
aussi, unie à toi, je dis “oui”. Je te prie d’avoir pitié
de moi. Ma misère est grande et, uniquement parce que tu le veux,
je dis: “FIAT, FIAT”.»
Oh! comme je me sentais annihilée et pulvérisée
dans les profondeurs de mon néant, d’autant plus que ce rien que
je suis était appelé à vivre dans le Tout qu’il est!
Mon doux Jésus joignit nos deux volontés et y grava le mot
FIAT. Mon “oui” entra dans la Divine Volonté et, parce qu’il avait
été prononcé en elle, il apparut non pas comme un
oui humain, mais un oui divin. Il se multiplia pour rejoindre toutes les
créatures, les amener toutes à Jésus et réparer
solennellement les refus adressés par elles à mon doux Jésus.
Il était marqué du sceau et du pouvoir de la Divine Volonté,
prononcé non par peur ou intérêt de sainteté
personnelle, mais seulement pour se fondre dans la Volonté de Jésus,
pour oeuvrer pour le bien de chaque créature et pour donner à
Jésus, au nom de chacune, une gloire divine, un amour divin et des
réparations divines.
Mon aimable Jésus sembla si content de ce “oui” qu’il me dit:
«Je veux mainte-nant te parer et te vêtir comme moi-même
afin que ton “oui” se joigne au mien pour accomplir ma propre fonction
devant la Majesté Éternelle.» Alors, il me vêtit
comme pour m’identifier à son Humanité et, ensemble, nous
nous sommes présen-tés devant la Majesté Suprême.
Je ne sais pas comment exprimer cela, mais cette Majesté me paraissait
comme une lumière inaccessible, immense et d’une beauté inimaginable,
de laquelle tout dépendait. Je restai perdue en elle et, comparative-ment,
l’Humanité même de mon Jésus paraissait petite. Le
simple fait d’entrer dans cette lumière rend la personne heureuse
et embellie. Je ne sais pas comment je puis continuer à écrire
là-dessus.
Mon doux Jésus me dit: «Dans l’immensité de ma
Volonté, adore avec moi la Puissance Incréée; ainsi,
non seulement moi, mais aussi une autre personne, une créature humaine,
adorera d’une manière divine celui qui a tout créé
et de qui tout dépend, et cela, au nom de tous ses frères
et soeurs de toutes les générations.»
Que c’était exaltant d’adorer aux côtés de Jésus!
Nous nous sommes multipliés pour tous. Nous nous sommes placés
devant le trône de l’Éternel comme pour le défendre
contre ceux qui ne reconnaissent pas la Majesté Éternelle
ou même qui l’insultent. Nous avons fait notre démarche pour
le bien de tous et pour faire con-naître la Majesté Suprême
à tous.
J’ai aussi fait d’autres choses avec Jésus, mais je ne sais
pas comment les décrire; mon esprit vacille et ne peut me fournir
les mots. Par conséquent, je ne continue pas. Si Jésus le
veut, je reviendrai sur ce sujet. Ensuite, mon doux Jésus me ramena
à mon corps, mais mon esprit restait attaché comme à
un point éternel que je ne pouvais quitter: «Jésus,
aide-moi à correspondre à tes grâces; aide ta fille,
ta petite étincelle!»
13 février 1919
Jésus demande à Luisa de remplir la même fonction
que lui dans la Divine Volonté.
Poursuivant dans mon état habituel, je cherchais anxieusement
mon toujours aimable Jésus. Il vint et, plein de bonté, me
dit: «Fille bien-aimée de ma Volonté, veux-tu venir
dans ma Volonté pour accomplir, d’une manière divine, tant
d’actions qui ont été omises par tes frères, de même
que pour convertir à l’ordre divin tant d’autres qui ont été
faites humainement, même celles dites saintes. J’ai tout fait dans
l’ordre divin, mais je ne suis pas encore satisfait. Je veux que la créature
entre dans ma Volonté et que, d’une manière divine, elle
épouse mes actes et se substitue à tous, comme je l’ai fait.
Viens, viens! Je le désire tant!
«Je célèbre quand je vois une créature entrer
dans l’environnement divin où, avec moi, elle se substitue à
tous ses frères d’une manière divine et qu’elle aime et répare
au nom de tous. Alors, je ne reconnais plus les choses humaines en elle,
mais mes propres choses. Par elle, mon Amour s’élève et se
multiplie, les réparations se multiplient à l’infini et les
substitutions sont divines. Quelle joie! Quelle fête! Même
les saints s’unissent à moi et célèbrent. Ils attendent
anxieusement qu’un des leurs convertisse à l’ordre divin leurs propres
actes, saints dans l’ordre humain, mais pas encore dans l’ordre divin.
Ils prient pour qu’immédiatement je fasse entrer des créa-tures
dans cet environnement divin et qu’ainsi toutes leurs actions soient immergées
dans la Divine Volonté et marquées de l’empreinte de l’Éternel.
Je l’ai fait pour tous; maintenant je veux que tu le fasses pour tous.»
Sur ce, je lui dis: «Mon Jésus, tes propos me confondent.
Je sais que tu suffis pour tout et que tout t’appartient.» Il poursuivit:
«Il est certain que je suffis pour tout et tous; cependant, ne suis-je
pas libre de choisir une créature et de lui donner ce rôle
à mes côtés, de la rendre suffisante pour tous? De
plus, que t’importe si tout m’appartient? Ne puis-je pas te donner ce qui
m’appartient? Tout te donner cause mon plein contentement. Si tu ne corresponds
pas et n’acceptes pas, tu me déplais, tu trahis cette chaîne
de grâces que j’ai déposée en toi à cet effet.»
Je suis donc entrée en Jésus et j’ai fait ce qu’il faisait.
Oh! comme je voyais clai-rement tout ce que Jésus venait de me dire!
Avec lui, je devins multipliée en tous, même en les saints.
Mais, une fois revenue à mon corps, quelques doutes s’élevè-rent
en moi. Jésus me dit: «Un seul acte de ma Volonté,
même d’un bref instant, est rempli de vie créatrice et quiconque
contient ma Volonté peut, en un instant, don-ner la vie à
tout et tout préserver. De ma Volonté, le soleil reçoit
l’existence, la lumière, la préservation de la terre, la
vie des créatures. Pourquoi donc doutes-tu? J’ai ma cour au Ciel
et j’en veux une autre sur la terre. Peux-tu deviner qui formera cette
cour?» Je lui répondis: «Les âmes qui vivent dans
ta Volonté.» Il reprit: «Bien dit. Ce sont les âmes
qui, sans l’ombre d’une recherche de sainteté personnelle mais totalement
divinisées, vivront pour le bénéfice de leurs frères,
ces âmes ne faisant qu’un seul choeur avec le Ciel.»
20 février 1919
Chaque chose créée est un canal de grâces et d’amour
entre
le Créateur et la créature. Luisa est appelée
à rendre
hommage à Dieu au nom de tous.
J’étais dans mon état habituel et Jésus était
avec moi. À un moment, il se mon-trait sous la forme d’un enfant
et, à un autre, sous la forme d’un crucifié. Me trans-formant
en lui-même, il me dit: «Ma fille, entre dans ma Divinité
et nage dans ma Volonté éternelle; tu y trouveras la Puissance
Créatrice dans l’acte même de mettre en marche la grande machine
de l’univers. Chaque chose créée était prévue
pour être un lien d’amour, un canal de grâces entre la Majesté
Suprême et les créatures.
«Mais ces dernières n’allaient pas faire attention à
ces liens d’amour et à ces canaux de grâces. En conséquence,
Dieu aurait dû suspendre la Création qui n’allait pas être
appréciée par les créatures. Cependant, en voyant
que mon Huma-nité allait si bien l’apprécier et, qu’au nom
de toutes les choses créées et de tous les humains, elle
allait présenter à l’Éternel toute la reconnaissance
et tout l’amour escompté, il ne se laissa pas arrêter par
les mauvais côtés de ses autres fils. Ainsi, pour son plus
grand contentement, il déploya le firmament, l’ornant d’étoiles
innombrables, gracieuses et variées qui allaient être comme
des canaux d’amour entre mon Humanité et l’Être Suprême.
«L’Éternel regarda le firmament et se réjouit en
voyant ses harmonies féeriques et les communications d’amour qu’il
entretiendrait entre le Ciel et la terre. Il pour-suivit en créant
d’un simple mot le soleil comme le porte-parole permanent de l’Être
Suprême, le munissant de lumière et de chaleur, le disposant
entre le Ciel et la terre en position pour tout dominer, tout féconder,
tout réchauffer et tout illumi-ner. Avec son oeil lumineux et chercheur,
le soleil semble dire à tous: “Je suis le prêcheur le plus
parfait de l’Être Divin. Observez-moi et vous le reconnaîtrez:
il est la lumière suprême et l’Amour infini; il donne vie
à tout; il n’a besoin de rien; per-sonne ne peut le toucher. Regardez-moi
bien et vous le reconnaîtrez. Je suis son ombre, le reflet de sa
majesté et son porte-parole perpétuel.”
«Oh! quels océans d’amour et de relations furent ouverts
entre mon Humanité et la Majesté Suprême! Ainsi, tout
ce que tu vois, même la plus petite fleur des champs, est un lien
d’amour entre la créature et le Créateur. Il était
donc juste que ce dernier attende la gratitude et beaucoup d’amour de la
part des créatures. Mon Humanité a tout assumé; elle
a reconnu et adoré la Puissance Créatrice au nom de tous.
Mais, devant tant de bonté, mon Amour n’est pas satisfait. Je veux
aussi que d’autres créatures[4] reconnaissent, aiment et adorent
cette Puissance Créatrice et, pour autant que ce soit possible pour
une créature, participent à ces relations que l’Éternel
a répandues dans l’univers et rendent hommage à la Puissance
Créatrice au nom de tous.
«Mais sais-tu qui peut rendre ces hommages? Les âmes qui
vivent dans ma Volonté. Dès qu’elles entrent dans ma Volonté,
elle y trouvent tous les actes de la Majesté Suprême. Et comme
ma Volonté se trouve en tout et en tous, ces actes sont multipliés
en tout et en tous et peuvent rendre gloire, honneur, adoration et amour
au nom de tous.»
Sans que je puisse dire comment cela a pu se faire, je suis entrée
dans cette Divine Volonté et, toujours avec mon doux Jésus,
je vis la Majesté Suprême dans l’acte de créer. Ô
Dieu, quel Amour! Chaque chose créée recevait l’empreinte
de l’Amour, la clé de la communication avec le Créateur et
le langage muet pour par-ler éloquemment de Dieu. Mais parler à
qui? À la créature ingrate!
Ma petite intelligence se perdait en voyant tant de moyens de communication
avec le Créateur, l’immense Amour qui en ressort et la créature
qui considère tous ces biens comme étrangers. Jésus
et moi, nous multipliant en chacun, nous ado-rions, remerciions et reconnaissions
la Puissance Créatrice au nom de tous et, ainsi, l’Éternel
recevait la gloire qui lui est due pour la Création. Ensuite, Jésus
disparut et je réintégrai mon corps.
24 février 1919
L’homme est le chef-d’oeuvre de la Création.
Je poursuivais dans mon état habituel et Jésus béni
vint et me dit: «Ma fille, tu n’as encore rien dit concernant la
création de l’homme, lui, le chef-d’oeuvre de la Création
en qui l’Éternel jeta tout son Amour, sa beauté et son savoir-faire,
pas goutte à goutte, mais par rivières. Dans l’excès
de son Amour, il se plaça lui-même au centre de l’homme. Cependant,
il voulait y trouver une habitation digne de lui. Que fit-il donc? De son
souffle tout-puissant, il le créa “à son image et à
sa ressem-blance” (Gn,1,26), le dotant de toutes ses qualités —
adaptées aux créatures —, fai-sant de lui un petit Dieu.
«Tout ce que tu vois dans la Création n’est absolument
rien comparé à l’homme. Oh! de combien de cieux, d’étoiles
et de très beaux soleils il a muni son âme! Que de beautés
variées et d’harmonies! Il trouva l’homme si beau qu’il tomba amoureux
de lui. Jaloux de ce prodige qu’il venait de créer, il se fit son
gardien et en prit possession en lui disant: “J’ai tout créé
pour toi; je te donne la gouverne de toutes choses; tout sera à
toi et tu seras à moi. Néanmoins, tu ne pourras pas tout
comprendre: les mers d’Amour dont tu es l’objet, tes relations exclusives
et intimes avec ton Créateur et ta ressemblance avec ton Créateur.”
«Ah! fille de mon Coeur, si la créature (l’être
humain) savait combien son âme est belle, combien de qualités
divines elle possède et à quel point elle surpasse tou-tes
les choses créées en beauté, en puissance et en lumière!
On pourrait dire que son âme est un petit Dieu et un petit univers.
Oh! si elle comprenait cela, combien s’apprécierait-elle davantage
et ne se salirait-elle pas par le péché, elle, une beauté
si rare, un prodige si représentatif de la Puissance Créatrice!
«Mais, presque ignorante en ce qui la regarde et encore plus
ignorante en ce qui regarde son Créateur, la créature continue
de se salir avec mille choses dégoû-tantes, défigurant
ainsi le travail de son Créateur, à tel point qu’on peut
à peine la reconnaître. Pense à ce qu’est mon chagrin.
Entre dans ma Volonté et viens avec moi devant le trône de
l’Éternel te substituer à tous tes frères si ingrats
et poser à leur place les actes de reconnaissance qu’ils devraient
adresser à leur Créateur.»
Alors, en un instant, nous nous sommes trouvés devant la Majesté
Suprême et, au nom de tous, nous lui avons exprimé notre amour,
nos remerciements et notre adoration, en reconnaissance de nous avoir créés
avec un tel excès d’Amour et de nous avoir dotés de tant
de qualités.
27 février 1919
Dans la Divine Volonté, l’Amour divin ne rencontre aucun obstacle.
Quand il vient, Jésus béni m’appelle presque toujours
à réparer ou à substituer des actes divins aux actes
des créatures. Aujourd’hui, il m’a dit: «Ma fille, quelle
puanteur s’échappe de la terre! Elle me contraint à la fuir.
Toi, cependant, tu peux me procurer de l’air frais. Sais-tu comment? En
agissant dans ma Volonté. Quand tu agis dans ma Volonté,
tu me fabriques une atmosphère divine où je peux respirer,
me trouvant ainsi une place sur la terre. Et comme ma Volonté circule
partout, je sens partout l’air que tu me fabriques; il dissipe l’air mauvais
que m’offrent les créa-tures.»
Un peu plus tard, il revint et ajouta: «Ma fille, quelle noirceur!
La terre m’appa-raît comme recouverte d’un manteau noir. Il y fait
si noir que les créatures ne voient pas: ou bien elles sont aveugles
ou bien elles n’ont pas de lumière pour voir. Je ne veux pas seulement
de l’air divin pour moi, mais aussi de la lumière. Par consé-quent,
que tes actes soient continuellement accomplis dans ma Volonté;
ils ne for-meront pas seulement de l’air pour ton Jésus, mais aussi
de la lumière. Tu seras ma réverbération, le reflet
de mon Amour et de ma propre lumière.
«Plus encore, en agissant dans ma Volonté, tu érigeras
des tabernacles pour moi et, par tes pensées, tes désirs,
tes mots, tes réparations et tes actes d’amour, plu-sieurs hosties
seront émises par toi, consacrées par ma Volonté.
Oh! quels épanche-ments trouvera ainsi mon Amour! J’aurai le champ
libre en toutes choses, ne ressentant plus d’obstruction. J’aurai autant
de tabernacles que je voudrai. Les hos-ties seront innombrables. À
chaque instant, nous communiquerons ensemble et je crierai: “Liberté,
liberté! Venez tous dans ma Volonté goûter à
la vraie liberté!”
«En dehors de ma Volonté, que d’obstacles l’âme
ne rencontre-t-elle pas! Dans ma Volonté, au contraire, elle trouve
la liberté. L’âme peut m’aimer autant qu’elle le désire
et je lui dis: “Laisse ce qui te reste d’humain, prends ce qui est divin.
Je ne suis pas mesquin ou jaloux de mes biens, je veux que tu prennes tout.
Aime-moi immensément. Prends tout mon Amour. Fais tiennes ma puissance
et ma beauté. Plus tu en prendras, plus ton Jésus sera content.”
«La terre ne m’offre que peu de tabernacles. Les hosties peuvent
presque être comptées. De plus, il y a les sacrilèges,
les irrévérences. Oh! comme mon Amour est offensé
et obstrué! Dans ma Volonté, cependant, rien n’est obstrué,
il n’y a pas une ombre d’offense et la créature me donne de l’amour
divin, des réparations divines et une totale correspondance. De
plus, avec moi, elle remplace par des actes divins ceux des créatures
pour réparer tout le mal de la famille humaine. Sois donc atten-tive
et ne quitte pas le lieu où je te veux.»
3 mars 1919
Les créatures qui vivent dans la Divine Volonté
sont dans un Éden divin.
Poursuivant dans mon état habituel, j’étais complètement
immergée dans la Divine Volonté. Mon toujours aimable Jésus
vint et, me pressant sur son Coeur, me dit:
«Tu es la fille première-née de ma Volonté.
Comme tu m’es précieuse! À tel point que j’ai préparé
pour toi un Éden divin, contrairement à ce qu’il en fut pour
tes premiers parents qui furent placés dans un Éden terrestre.
Dans cet Éden terres-tre, l’union entre les premiers parents était
humaine; ils pouvaient jouir des plus bel-les délices de la terre
et, à certains moments, de ma présence. Dans l’Éden
divin, l’union est divine; tu y jouis des plus belle délices célestes
et de ma présence autant que tu veux; je suis ta vie et nous partagerons
ensemble les douceurs, les joies et, si nécessaire, les souffrances.
«Dans l’Éden terrestre, l’ennemi a pu s’introduire et
le premier péché fut com-mis. Dans l’Éden divin, l’entrée
est fermée au démon, aux passions et aux faiblesses. Satan
ne veut pas s’y montrer, sachant que ma Volonté le brûlerait
plus que le feu de l’enfer; la simple sensation de ma Volonté le
met en déroute. D’autre part, les actions accomplies dans ma Volonté
sont immenses, infinies et éternelles; elles embrassent tout et
tous!»
Je l’interrompis en disant: «Mon Amour, plus tu me parles de
la Divine Volonté, plus je me sens confuse et effrayée; je
vis une telle annihilation que je me sens détruite et totalement
incapable de correspondre à tes desseins.» Plein de bonté,
il reprit: «C’est ma Volonté qui détruit l’humain en
toi et, plutôt que d’être effrayée, tu dois te jeter
dans son immensité. Mes desseins sur toi sont grands, nobles et
divins.
«L’oeuvre même de la Création se classe après
la vie dans ma Volonté. Cette vie n’est pas humaine mais divine.
Elle est le plus grand épanchement de mon Amour, cet Amour que je
verse à torrents sur ceux qui m’aiment. Je t’appelle dans ma Volonté
afin que ni toi ni ce qui t’appartient ne restent sans leur plein épanouis-sement.
Ma fille, ne perturbe pas l’action de ton Jésus par tes craintes.
Continue tes envols là où je t’appelle.»
6 mars 1919
Étapes à franchir pour en venir à vivre dans la
Divine Volonté.
J’étais toute captivée par ce que mon doux Jésus
me disait sur sa Divine Volonté et je pensais: «Comment est-ce
possible que l’âme en arrive à vivre davan-tage dans le Ciel
que sur la terre?» Jésus vint et me dit: «Ma fille,
ce qui est impossi-ble à la créature est très possible
pour moi. C’est vrai qu’il s’agit là du plus grand prodige de ma
Toute-Puissance et de mon Amour mais, quand je veux une chose, je peux
la faire. Ce qui peut te paraître difficile est facile pour moi.
Néanmoins, il me faut le “oui” de la créature et il faut
qu’elle se prête comme une cire molle à tout ce que je veux
faire d’elle.
«Tu dois savoir qu’avant d’appeler une créature à
vivre définitivement dans ma Volonté, je l’appelle d’abord
par intermittence, la dépouille de tout, et lui fait subir une sorte
de jugement. Dans ma Volonté, en effet, il n’y a pas de place pour
le juge-ment, tout étant immuable en moi. Tout ce qui entre dans
ma Volonté n’est pas sou-mis au jugement. Je ne me juge jamais moi-même.
«Souvent, je fais mourir corporellement la créature pour
la ramener ensuite à la vie; elle vit comme si elle ne vivait pas.
Son coeur est au Ciel et vivre sur la terre est son plus grand martyre.
Combien de fois n’ai-je pas agi ainsi avec toi. Il y a aussi la chaîne
de mes grâces, de mes visites répétées (comme
je t’en ai tant accordées); tout était pour te disposer à
vivre dans l’océan immense de ma Volonté. Donc, n’essaie
pas d’ergoter, mais continue ton envol.»
9 mars 1919
La Divine Volonté doit être le centre et la nourriture
de l’âme.
Alors que j’étais dans mon état habituel, mon toujours
aimable Jésus m’attira fortement dans l’abîme insondable de
sa Volonté. Il me dit: «Ma fille, regarde com-ment mon Humanité
baignait dans la Divine Volonté et comment tu dois m’imiter.»
À ce moment, il me sembla voir un soleil comme celui qui brille
à notre horizon, mais assez grand pour surpasser toute la surface
de la terre. On ne pouvait dire où il prenait fin. Ses rayons allaient
en haut et en bas, produisant une harmonie mer-veilleuse et pénétrant
partout. Au centre de ce soleil, je voyais l’Humanité de Notre-
Seigneur qui se nourrissait de ce soleil, lequel était toute sa
vie. Il recevait tout de lui et lui retournait tout. Comme une pluie bénéfique,
ce soleil se déversait sur la famille humaine tout entière.
Quelle vue enchanteresse!
Par la suite, mon doux Jésus me dit: «As-tu vu comment
je te veux? Le soleil représente ma Volonté dans laquelle
mon Humanité baigne comme dans son essence. Je reçois tout
de ma Volonté; aucune nourriture n’entre en moi — pas même
une pensée, un mot ou un souffle — qui ne provienne de ma Volonté.
Ainsi, il est juste que je lui retourne tout.
«De la même manière, je te veux au centre de ma
Volonté, de laquelle tu te nourriras uniquement. Garde-toi bien
de prendre quelqu’autre nourriture; tu per-drais ta noblesse et tu te dégraderais
comme une reine qui s’abaisserait à prendre une nourriture sale,
indigne d’elle. De plus, ce que tu prends, tu dois immédiate-ment
le retourner, de sorte que tu ne fasses que recevoir de moi et me redonner.
De cette manière, une harmonie enchanteresse se formera entre toi
et moi.»
12 mars 1919
La surface terrestre est l’image de l’âme qui
ne vit pas dans la Divine Volonté.
J’étais dans mon pauvre état quand mon doux Jésus
se présenta brièvement. Il me plaça tout près
de son Coeur et me dit: «Ma fille, si la terre n’était pas
mouvante et ne comportait pas de montagnes, elle jouirait beaucoup plus
du soleil, puisqu’elle serait toujours au plein jour. Sa chaleur serait
la même partout et, ainsi, elle serait plus féconde. Mais
parce qu’elle est en motion continuelle et formée de lieux élevés
et de lieux bas, elle ne reçoit pas uniformément la lumière
et la chaleur du soleil. Une partie de son sol reste dans le noir à
un moment et une autre partie à un autre moment; certaines parties
reçoivent très peu de lumière. De nombreux terrains
res-tent stériles à cause des montagnes qui empêchent
la lumière et la chaleur du soleil de les pénétrer
en profondeur. Et combien d’autres désavantages!
«Ma fille, l’âme qui ne vit pas dans ma Volonté
est à l’image de la surface ter-restre. Ses actions humaines la
maintiennent en mouvement continuel. Ses faibles-ses, ses passions et ses
défauts sont les montagnes et les enfoncements où se forment
des antres du vice. Ses mouvements causent en elle des zones d’obscurité
et de froi-deur; seulement une petite quantité de lumière
lui parvient parce que les monta-gnes de ses passions la bloquent. Que
de misères!
«Par contre, l’âme qui vit dans ma Volonté demeure
immobile. Ma Volonté aplanit les montagnes de ses passions de telle
sorte qu’elle est complètement nive-lée. Ainsi, le soleil
de ma Volonté brille sur elle comme il le veut; il n’y a pas d’endroits
cachés où sa lumière ne brille pas. Pourquoi donc
t’étonner que je rende l’âme qui vit dans ma Volonté
plus sainte en une seule journée que pendant cent ans pour l’âme
qui n’y vit pas?»
14 mars 1919
La portée des prières faites dans la Divine Volonté.
Luisa prend part
aux souffrances que l’Humanité de Jésus reçut
de sa Divinité.
Pendant que j’étais dans mon état habituel, je me suis
retrouvée hors de mon corps et j’ai vu un ancien confesseur décédé.
La pensée suivante traversa mon esprit: «À propos de
cette chose que tu n’as pas dite au confesseur, demande-lui si oui ou non
tu es obligée de la dire et de l’écrire.» Je lui ai
donc posé la question. Il me répondit: «Certainement,
tu es obligée!»
Après, il ajouta: «Une fois, tu as fait une belle intercession
pour moi. Si tu savais le bien que tu m’as fait, le rafraîchissement
que j’ai ressenti et les années que tu m’as enlevées!»
Je lui dis: «Je ne me souviens pas. Rappelle-moi ce que c’était
pour que je le refasse.» Il dit: «Tu t’es plongée dans
la Divine Volonté et tu as pris sa puis-sance, l’immensité
de son Amour, la valeur immense des souffrances du Fils de Dieu et toutes
les qualités divines, et tu les as versés sur moi. Je fus
alors plongé dans le bain d’Amour de l’Être Suprême,
dans le bain de sa beauté, dans le bain du Sang de Jésus
et dans le bain de toutes les qualités divines. Qui pourrait dire
le bien qui s’ensuivit pour moi? Refais-le pour moi, refais-le pour moi!»
Pendant qu’il me disait cela, je suis revenue dans mon corps.
Maintenant, pour me conformer à la sainte obéissance
et dans la confusion et la répugnance les plus totales, je dirai
ce que j’ai omis de dire et d’écrire. Je me sou-viens qu’un jour,
en me parlant de sa très sainte Volonté et des souffrances
que sa Divinité fit subir à sa très sainte Humanité,
mon doux Jésus me dit: «Ma fille, comme tu es la première
à vivre dans ma Volonté, je veux que tu prennes part aux
souffran-ces que, dans ma Volonté, mon Humanité reçut
de ma Divinité. Chaque fois que tu entreras dans ma Volonté,
tu trouveras les souffrances que ma Divinité me donna — pas celles
que me donnèrent les créatures, même si elles étaient
aussi voulues par l’éternelle Volonté. Par le fait qu’elles
me furent données par les créatures, ces souffrances-là
étaient finies. Donc, je te veux dans ma Volonté, dans laquelle
tu trouveras des souffrances innombrables et infinies. Tu auras des clous
innombra-bles, de multiples couronnes d’épines, des morts répétées,
des souffrances illimitées semblables aux miennes, divines et immenses,
qui s’étendront à toutes les créatures passées,
présentes et futures.
«Tu seras la première à être avec moi le
petit agneau sacrifiée par les mains du Père pour revivre
ensuite et être sacrifiée de nouveau — pas un nombre limité
de fois comme ceux qui ont partagé les plaies de mon Humanité,
mais autant de fois que ma Divinité l’a voulu pour moi. Tu seras
crucifiée avec moi par les mains éter-nelles, recevant l’empreinte
de mes souffrances immenses, éternelles et divines. Nous nous présenterons
ensemble devant le trône de l’Éternel avec, sur nos fronts,
écrit en caractères indélébiles: “Nous voulons
mourir pour donner la vie à nos frè-res; nous voulons souffrir
pour les libérer des peines éternelles.” N’es-tu pas con-tente?»
Je lui dis: «Mon Jésus, je me sens trop indigne et je
crois que tu fais une grande erreur en me choisissant, pauvre de moi. Pense
bien à ce que tu es en train de faire.» M’interrompant, il
ajouta: «Pourquoi crains-tu? Oui, oui, j’ai pris bien soin de toi
pendant ces trente-deux années où je t’ai gardée au
lit; je t’ai exposée à beau-coup d’épreuves, même
à la mort. J’ai tout pesé. Si je fais erreur, ce sera une
erreur de ton Jésus qui ne peut te faire aucun mal, mais uniquement
un bien immense. Plutôt, sache que j’aurai l’honneur et la gloire
de la première âme stigmatisée dans ma Volonté.»
18 mars 1919
Les souffrances de Jésus au moment de son Incarnation.
Luisa partage ces souffrances de Jésus.
Me trouvant dans mon état habituel, mon toujours aimable Jésus
m’attira dans l’immensité de sa très sainte Volonté
où il se fit voir dans le sein de sa céleste Maman à
l’instant de sa conception. Ô Dieu, quel abîme d’Amour!
Il me dit: «Fille de ma Volonté, viens prendre part aux
premières souffrances et aux premières morts que ma petite
Humanité reçut de la part de ma Divinité dès
l’instant de ma conception. À cet instant, j’ai conçu toutes
les âmes passées, présen-tes et futures ainsi que les
souffrances et les morts que j’allais avoir à endurer pour elles.
J’avais à tout incorporer en moi-même: les âmes, les
souffrances et la mort que chacune aurait à souffrir. Je voulais
pouvoir dire à mon Père: “Père, ne regarde pas aux
créatures, ne regarde que moi. En moi, tu les trouveras toutes;
je satisferai pour chacune. Je te donnerai autant de souffrances que tu
voudras. Si tu veux que je subisse une mort pour chacune, je le ferai.
J’accepte tout, pourvu que tu donnes la vie à toutes.”
«Et comme ma Volonté contient toutes les âmes et
toutes les choses — pas uni-quement d’une manière abstraite ou intentionnelle,
mais en réalité —, chacune était présente en
moi et identifiée à moi. Je suis mort pour chacune et j’ai
souffert les souffrances de chacune. Une Puissance et une Volonté
divines m’étaient néces-saires pour que je puisse vivre autant
de souffrances et de morts.
«Donc, au moment même où elle fut conçue,
ma petite Humanité commença à souffrir des douleurs
et des morts. Toutes les âmes nageaient en moi comme dans un vaste
océan, formant les membres de mes membres, le sang de mon Sang,
le coeur de mon Coeur. Que de fois ma Mère ne ressentit-elle pas
mes souffrances et mes morts et ne mourut-elle pas avec moi, elle qui avait
la première place dans mon Humanité! Qu’il m’était
doux de trouver dans l’amour de ma Mère l’écho du mien! Ce
sont là des mystères profonds où, incapable de les
comprendre, l’intelli-gence humaine se perd. Viens donc dans ma Volonté
prendre part aux souffrances et aux morts que j’ai endurées dès
l’instant de ma conception. Ainsi, tu pourras mieux comprendre ce que je
te dis.»
Je ne puis expliquer comment, mais je me suis trouvée dans le
sein de notre Reine Mère où j’ai pu voir le bébé
Jésus si petit et, néanmoins, contenant tout. Un dard de
lumière se détacha de son Coeur et se dirigea vers moi. Quand
ce dard me pénétrait, je sentais qu’il me donnait la mort
et, quand il se retirait, la vie me reve-nait. Chaque touche de ce dard
produisait en moi une douleur très aiguë au point que je me
sentais annihilée et réellement mourir. Puis, par la même
touche, je me sentais revivre. Je n’ai vraiment pas les mots appropriés
pour expliquer ces choses; par conséquent, je m’arrête ici.
20 mars 1919
Les souffrances et les morts imposées à Jésus
par la Divinité
n’était pas que des intentions, mais réelles. Luisa
prend part à ces souffrances de Jésus.
Je sentais mon pauvre esprit immergé dans les souffrances de
mon aimable Jésus. Comme on m’avait dit qu’il était impossible
qu’il ait subi autant de souffran-ces et de morts, mon Jésus me
dit: «Ma fille, ma Volonté peut tout faire; il suffit que
je veuille une chose pour qu’elle se réalise. S’il n’en était
pas ainsi, ma Volonté aurait une puissance limitée, contrairement
au fait que tout en moi est infini. Tout ce que je veux, je le fais. Ah!
combien je suis peu compris par les créatures et, en conséquence,
peu aimé! Viens dans mon Humanité et je te ferai voir et
toucher de tes mains ce que je te dis.»
Alors, je me suis retrouvée dans l’Humanité de Jésus,
inséparable de sa Divi-nité et de sa Volonté éternelle.
Sa Volonté répéta beaucoup de morts, de souffran-ces,
de coups sans fouet et de piqûres sans épine avec une très
grande facilité, au même titre qu’elle créa d’un seul
Fiat des millions d’étoiles, sans qu’elle ait eu besoin de prononcer
autant de Fiats qu’il devait y avoir d’étoiles. Seulement un Fiat
a suffi et le firmament fut orné de millions d’étoiles. Il
en fut ainsi dans le firmament de la très sainte Humanité
de Notre-Seigneur où, d’un seul Fiat, la Divine Volonté créa
des vies et des morts autant de fois qu’elle le voulait.
Donc, je me suis trouvée en Jésus au moment où
il souffrit la flagellation par les mains divines. Il a suffi que la Divine
Volonté le veuille pour que, d’une manière atroce et sans
coups de fouet, la chair de sa sainte Humanité tombe en morceaux
et subisse des déchirures profondes. Son Humanité fut lacérée
au point que la flagella-tion que les Juifs lui ont fait subir n’était
comparativement qu’une ombre. De plus, parce que la Divine Volonté
le voulait ainsi, son Humanité se recomposait au fur et à
mesure.
J’ai pris part à ces souffrances de Jésus et, oh!, comme
j’ai bien compris que la Divine Volonté peut nous faire mourir puis
revivre aussi souvent qu’elle le veut! Ô Dieu, ce sont là
des choses inexprimables, des excès d’amour et des mystères
pres-que inconcevables pour des esprits créés! Après
avoir subi ces souffrances, je me sentais incapable de revenir à
la vie et à l’usage de mes sens.
Mon Jésus béni me dit: «Fille de ma Volonté,
ma Volonté t’a donné des souf-frances et des morts et t’a
ramenée à la vie et à la capacité de te mouvoir
de nou-veau. Je vais souvent t’appeler dans ma Divinité pour que
tu prennes part aux nombreuses morts et souffrances que j’ai réellement
subies pour les âmes. Mes souf-frances pour les âmes étaient
réelles, contrairement à ce qu’on pourrait croire; elles
ne se passaient pas uniquement dans ma Volonté ou dans mon intention
de donner la vie à chacun. Ceux qui penseraient ainsi ne connaissent
pas mon Amour ni la puissance de ma Volonté. Toi qui as pu voir
la réalité de tant de morts endurées pour tous, n’aie
aucun doute. Plutôt, aime-moi, sois reconnaissante pour tout et sois
prête quand ma Volonté t’appelle.»
22 mars 1919
Toutes les choses créées résultent d’un Fiat de
Dieu.
Quand il créa l’homme, Dieu fit beaucoup plus
que pour le reste de la Création.
Étant dans mon état habituel, je me suis retrouvée
hors de mon corps et j’ai vu l’ordre des choses créées. Mon
doux Jésus me dit: «Ma fille, vois quel ordre, quelle harmonie
il y a dans la Création et comment toutes les choses sont venues
à l’exis-tence à partir d’un Fiat de l’Éternel! Tout
résulta d’un Fiat, de la plus petite étoile jusqu’au soleil
resplendissant, de la plus petite plante jusqu’au plus grand arbre, du
plus petit insecte jusqu’au plus gros animal. Toutes ces choses semblent
se dire entre elles: “Nous sommes de nobles créatures, puisque notre
origine est la Volonté éternelle. Toutes, nous sommes marquées
du sceau d’un Fiat divin. Il est vrai que nous sommes différentes
l’une de l’autre, que nos fonctions sont différentes, que nous différons
en lumière et en chaleur, mais cela ne compte pas. Notre valeur
est la même puisque nous résultons toutes d’un Fiat divin
— cause de notre existence et de notre conservation —, un Fiat de la Majesté
Éternelle.”
«Oh! combien la Création parle éloquemment de la
puissance de ma Volonté et enseigne que toutes les choses, de la
plus grande à la plus petite, ont la même valeur, puisqu’elles
résultent toutes de la Divine Volonté! Ainsi, une étoile
pourrait dire au soleil: “C’est vrai que tu possèdes beaucoup de
lumière et de chaleur, que ta fonction est grande, que tes biens
sont immenses, que la terre presque au complet dépend de toi, si
bien que je ne fais presque rien en comparaison de toi. C’est ainsi que
le Fiat de Dieu t’a fait. Mais puisque nous avons la même valeur,
la gloire que nous donnons à notre Créateur est la même.”»
Après, Jésus me dit d’un ton affligé: «Il
n’en fut pas ainsi pour la création de l’homme. Il résulte
lui aussi d’un Fiat divin mais, pour lui, ce fut spécial. Rempli
d’Amour, j’ai soufflé sur lui en lui infusant ma propre vie; je
l’ai pourvu de la raison; je l’ai fait libre et je l’ai constitué
roi de toute la Création. Comment a-t-il répondu à
tout cela? Dans toute la Création, seulement lui procura de la tristesse
à mon Coeur, seulement lui est devenu une note discordante.
«Et que dire sur la sanctification des âmes? J’ai mis à
la disposition des hommes non seulement mon souffle, mais ma propre vie,
ma propre sagesse et mon propre Amour. Cependant, que de refus et de défaites
pour mon Amour! Ma fille, viens dans ma Volonté pour atténuer
ma dure souffrance; substitue-toi à chaque être humain pour
me donner l’amour de chacun et soulager mon Coeur transpercé!»
7 avril 1919
Luisa donne à Dieu réparations et gloire au nom de tous.
Les désordres dans le monde et dans l’Église
sont causés par leurs chefs.
J’étais dans mon état habituel lorsque mon doux Jésus
vint. Très fatigué, il me demanda de l’aide. Plaçant
son Coeur près du mien, il me fit ressentir ses souffran-ces. Chacune
aurait pu me donner la mort, mais Jésus me donnait la force de ne
pas mourir. Me regardant, il me dit: «Ma fille, patience! À
certains jours, tes souf-frances me sont plus particulièrement nécessaires
afin que le monde ne soit pas mis à feu. En ce moment, je veux te
faire souffrir davantage.» Alors, avec une lance, il déchira
mon coeur. Je souffris beaucoup, mais je me sentais heureuse en pensant
que mon Jésus partageait ses souffrances avec moi et que, par le
soulagement qu’il en recevait, il épargnerait le peuple de fléaux
imminents et terribles prêts à survenir.
Après quelques heures de ces douleurs intenses, il me dit: «Ma
fille bien-aimée, tu souffres beaucoup! Viens te reposer dans ma
Volonté; nous prierons ensemble pour la pauvre humanité.»
Alors, je ne sais comment, je me suis trouvée dans l’immensité
de la Divine Volonté, dans les bras de Jésus, répétant
après lui tout ce qu’il me disait à voix basse. Je donnerai
une idée de ce qu’il m’a dit, car il m’est impossible de tout répéter.
Je me souviens que, dans sa Volonté, j’ai pu voir toutes ses pensées,
tout le bien qu’il nous a fait avec son intelligence et comment, de son
Esprit, toutes les intelligences ont été conçues.
Mais, ô Dieu, quels abus les créatures ont faits de leur esprit!
que d’offenses!
Je lui dis: «Jésus, je multiplie mes pensées dans
ta Volonté pour donner à cha-cune de tes pensées le
baiser d’une pensée divine, un acte d’adoration, une répara-tion
divine imprégnée d’Amour divin, comme si j’étais moi-même
un autre Jésus; et je veux faire cela au nom de tous les humains,
pour toutes leurs pensées, passées, présentes et futures.
Je veux, dans ta Volonté, suppléer pour ce que les créatures
ont négligé de faire et même pour les pensées
des âmes perdues. Je veux que la gloire qui te vient des créatures
soit complète, que rien ne manque.»
Après cela, Jésus me fit comprendre qu’il voulait des
réparations concernant ses yeux. Je lui ai dit: «Jésus,
je me fonds dans tes regards pour t’offrir autant de regards d’Amour divin
que tu en a eus pour les créatures. Je me fonds dans tes lar-mes
pour pleurer avec toi sur les péchés des créatures,
de manière à te donner au nom de chacune des larmes divines.
Je veux ainsi te donner une gloire et des répa-rations complètes
pour tous les regards des créatures.»
Ensuite, Jésus voulut que je continue à réparer
concernant sa bouche, son Coeur, ses désirs, etc., en me multipliant
dans sa Volonté. Décrire tout cela serait trop long. Aussi,
je m’arrête ici.
Puis, Jésus me dit: «Ma fille, pendant que tu faisais
tes actes d’amour et de réparation dans ma Volonté, beaucoup
de soleils furent formés entre le Ciel et la terre. Je ne peux regarder
la terre qu’à travers ces soleils; autrement, tant de choses me
dégoûtent sur la terre que je ne peux plus la regarder. Quoi
qu’il en soit, la terre ne reçoit que peu de lumière et de
chaleur de ces soleils, vu sa grande noirceur.»
Ensuite, Jésus me transporta parmi les créatures. Qui
pourrait dire tout ce que j’y ai vu? D’un ton de voix chagrin, il me dit:
«Quel désordre dans le monde! Ce désordre provient
des chefs ecclésiastiques autant que civils. Leur vie étant
remplie d’intérêts corrompus, ils n’ont pas la force de corriger
leurs sujets. Ils ferment les yeux sur leurs méfaits parce que,
vraiment, ils leur reprocheraient leurs propres méfaits. S’ils reprennent
leurs sujets, ce n’est que d’une manière superficielle. Ils ne sont
pas eux-mêmes habités par le bien; comment pourraient-ils
l’infuser chez les autres? Combien de fois n’ont-ils pas préféré
le mal au bien? Aussi, je les frapperai d’une manière particulière.»
J’ai dit à Jésus: «Jésus, épargne
les chefs de l’Église, ils sont déjà si peu nom-breux.
Si tu les frappes, nous manquerons de leaders.» Il me répondit:
«Ne te sou-viens-tu pas qu’avec douze apôtres, j’ai fondé
l’Église? De la même manière, ceux qui resteront seront
en nombre suffisant pour réformer le monde. L’ennemi est déjà
à leur porte; les révolutions sont déjà à
l’oeuvre; les nations nageront dans le sang et leurs chefs seront dispersés.
Prie et souffre pour que l’ennemi n’ait pas la liberté de tout précipiter
dans la ruine.»
15 avril 1919
Dieu a fait les choses mineures en premier, en préparation des
plus grandes. La Résurrection de Jésus est une
figure du règne de la Divine Volonté.
Je m’immergeais dans la sainte Volonté de mon toujours aimable
Jésus et, en sa compagnie, mon intelligence se portait sur l’acte
de la Création, adorant et remerciant la Majesté Suprême
pour tout et pour tous. Tout affable, mon doux Jésus, me dit:
«Ma fille, en créant le ciel, j’ai en premier lieu créé
les petits luminaires et ensuite le soleil comme grand luminaire, lui donnant
une lumière qui éclipse toutes les étoiles et le constitue
roi des étoiles et de toute la nature. C’est ma coutume de faire
d’abord les choses mineures et, ensuite, les choses majeures comme couron-nement
des premières. Le soleil, mon porte-parole, représente les
âmes dont la sainteté sera dans ma Volonté. Les saints
qui ont vécu dans le reflet de mon Huma-nité, dans l’ombre
de ma Volonté, seront les étoiles. Quoique venant après,
ceux qui auront formé leur sainteté dans ma Volonté
seront les soleils.
«J’ai procédé de cette manière concernant
la Rédemption. Ma naissance fut sans fanfare. Devant les hommes,
mon enfance n’eut pas la splendeur des grandes choses; ma vie à
Nazareth fut si cachée que j’étais ignoré de tous.
Je me suis astreint aux choses les plus petites et les plus communes de
la vie terrestre. Dans ma vie publique, il y eut quelque grandeur; cependant,
qui connut ma Divinité? Personne. Même pas tous les apôtres!
Je suis passé au milieu de la multitude comme un homme ordinaire,
tant et si bien que tous pouvaient m’approcher, me parler et même
me mépriser, comme c’est arrivé.»
J’interrompis Jésus en lui disant: «Jésus, mon
Amour, que ces temps étaient heureux! Quelle chance avaient les
gens qui, s’ils le voulaient, pouvaient t’appro-cher, te parler, être
avec toi!»
Jésus reprit: «Ah! ma fille, seulement ma Volonté
apporte le vrai bonheur. Elle seule procure tous les biens à l’âme,
la faisant reine du vrai bonheur. Seules les âmes qui auront vécu
dans ma Volonté seront reines auprès de mon trône parce
qu’elles seront nées de ma Volonté. Je dois te signaler que
les personnes de mon entourage n’étaient généralement
pas heureuses. Plusieurs me voyaient sans me connaître parce que
ma Volonté n’était pas le centre de leur vie. Seulement celles
qui ont eu le bonheur de recevoir la semence de ma Volonté dans
leur coeur se dis-posèrent à la joie de me voir ressuscité.
«L’apogée de la Rédemption fut ma Résurrection;
plus qu’un soleil resplendis-sant, ma Résurrection couronna mon
Humanité, faisant briller toutes mes actions, même les plus
petites; elle fut une merveille d’une telle splendeur qu’elle stupéfia
le Ciel et la terre. La Résurrection est le fondement et l’achèvement
de tous les biens; elle sera la couronne et la gloire de tous les saints.
Ma Résurrection est le vrai soleil qui glorifia mon Humanité;
elle est le soleil de la religion catholique, la gloire de tous les chrétiens.
Sans elle, la religion aurait été comme le ciel sans soleil,
sans cha-leur et sans vie.
«Ma Résurrection symbolise les âmes qui formeront
leur sainteté dans ma Volonté. Les saints des siècles
passés sont symbolisés par mon Humanité. Quoique abandonnés
à ma Volonté, ils n’agissaient pas continuellement en elle
et, ainsi, ils n’ont pas reçu l’empreinte du soleil de ma Résurrection,
mais plutôt celle des oeuvres de mon Humanité avant la Résurrection.
Ces saints sont nombreux. Comme des étoiles, ils formeront un bel
ornement dans le ciel de mon Humanité. Les saints dans ma Volonté,
symbolisés par mon Humanité ressuscitée, seront peu
nombreux.
«Mon Humanité avant ma mort a été vue par
les foules, mais peu ont vu mon Humanité ressuscitée, seulement
les croyants les mieux disposés et, je peux le dire, seulement ceux
qui possédaient le germe de la vie dans ma Volonté. S’ils
n’avaient pas eu ce germe, ils auraient manqué de la vision nécessaire
pour voir mon Huma-nité glorieuse et ressuscitée et, par
suite, pour être des spectateurs de mon ascen-sion au Ciel.
«Ma Résurrection symbolise les saints vivant dans ma Volonté
parce que cha-que action, chaque mot, chaque pas, etc., qu’ils font dans
ma Volonté est une résur-rection divine, une empreinte de
gloire, une sortie d’eux-mêmes et une entrée dans la Divinité.
Pourquoi donc s’étonner si ces âmes deviennent comme ressuscitées
et illuminées par le soleil de ma gloire? Hélas! peu se disposent
à cela parce que, même dans la sainteté, les âmes
veulent quelques biens provenant d’elles-mêmes. La sainteté
dans ma Volonté n’a rien qui soit propre à l’âme, mais
tout lui vient de Dieu. Être disposé à se dépouiller
de tout est très exigeant; en conséquence, il n’y aura pas
beaucoup d’âmes qui y parviendront. Toi, tu es du côté
des peu nom-breux. Sois toujours attentive à mes appels et dans
un envol continuel.»
19 avril 1919
La sainte Humanité de Jésus a rétabli l’harmonie
entre le Créateur et les créatures.
Me trouvant dans mon état habituel, j’étais très
affligée. Mon toujours aimable Jésus vint, m’embrassa et,
entourant mon cou de ses bras, me dit: «Ma fille, qu’est- ce qui
ne va pas? Ton affliction pèse sur mon Coeur plus que mon propre
chagrin. Pauvre fille, tant de fois tu m’as consolé et tu as pris
sur toi mes souffrances. Mainte-nant, je veux te consoler et prendre sur
moi tes souffrances.»
Me serrant sur son Coeur et me faisant quitter mon corps, il ajouta:
«Courage, ma fille, et viens dans ma Divinité pour mieux voir
et comprendre ce qu’a fait mon Humanité pour les créatures.»
Je ne sais pas très bien comment expliquer ce que j’ai compris,
il me manque les mots. Je vais dire seulement ce que mon doux Jésus
m’a dit:
«Ma fille, mon Humanité fut l’instrument qui rétablit
l’harmonie entre le Créa-teur et les créatures. J’ai fait
au nom de chaque créature tout ce qu’elle avait à faire envers
son Créateur, sans exclure les âmes perdues, parce que, pour
chaque chose créée, je devais donner au Père la gloire,
l’amour et la satisfaction complète. Certai-nes âmes en viennent
à satisfaire elles-mêmes à leur dette envers le Créateur
quoi-que, cependant, aucune en vient à la satisfaction complète.
Ces âmes unissent leur gloire à la mienne et tout ce qu’elles
font se greffe à ma gloire. Les âmes perdues, quant à
elles, restent comme des membres desséchés qui, privées
du fluide vital, ne sont pas aptes à accueillir la greffe que j’ai
voulue pour elles. Elles ne sont bonnes qu’à brûler dans le
feu éternel. C’est ainsi que mon Humanité restitua l’harmonie
entre le Créateur et les créatures, la scellant de son Sang
à travers des souffrances inouïes.»
4 mai 1919
Jésus établit son trône royal sur la terre dans
les
âmes de ceux qui vivent dans sa Volonté.
Je me sentais noyée dans les privations et l’amertume. Seule
la Volonté de mon Jésus, qui est ma force et ma vie, me permettait
de survivre. Pour un bref moment, mon doux Jésus se montra en moi.
Il était très affligé et pensif, et tenait son front
entre ses mains. Je lui ai dit: «Jésus, qu’est-ce qui ne va
pas, qui te rend si affligé et pensif?»
Me regardant, il me dit: «Ma fille, de l’intérieur de
ton coeur, je suis en train de décider du sort du monde. Mon trône
sur la terre est situé dans ton coeur. De ce trône, je vois
le monde, la folie des créatures, le précipice qu’elles se
creusent; je me sens mis de côté comme si je n’étais
rien pour elles. Ainsi, je suis contraint de leur retirer non seulement
la lumière de ma grâce, mais même celle de leur raison
natu-relle afin de les confondre et de leur faire toucher du doigt ce qu’est
l’homme et ce qu’il est capable de faire. De ton coeur, je vois l’homme
ingrat et je pleure et prie pour lui. Je te veux avec moi pour me consoler
et m’accompagner dans mes pleurs, mes prières et mes souffrances.»
Je lui dis: «Pauvre Jésus, comme je compatis avec toi!
Oh! oui! je pleurerai et prierai avec toi. Mais dis-moi, mon Amour, comment
est-ce possible que mon coeur soit l’emplacement de ton trône sur
la terre, alors qu’il y a tant de bonnes âmes en qui tu habites et
que, moi, je suis si mauvaise?»
Jésus reprit: «Je t’ai choisie comme point central parce
que je t’ai appelée à vivre dans ma Volonté. Quiconque
vit dans ma Volonté est capable de me contenir complètement
parce qu’il vit au centre de mon être et que je vis au centre du
sien. Je vis dans son être comme si c’était le mien. Par contre,
celui qui ne vit pas dans ma Volonté ne peut pas tout embrasser
de moi; au mieux, je réside en lui sans y éri-ger mon trône.
Ah! si tous comprenaient le grand bien qu’est vivre dans ma Volonté,
ils rivaliseraient pour y parvenir! Mais, hélas! si peu le comprennent;
ils vivent plus en eux-mêmes qu’en moi.»
8 mai 1919
Jésus souffrit sa Passion intérieurement de la part de
sa Divinité et
extérieurement de la part des hommes pour réparer à
la fois
les péchés intérieurs et les péchés
extérieurs de l’homme.
Me trouvant dans mon état habituel, je pensais aux souffrances
de mon adora-ble Jésus, spécialement à celles que
sa très sainte Humanité a subies de la part de sa Divinité
au cours de sa vie terrestre. Je me suis sentie attirée dans le
Coeur de mon Jésus et j’ai pris part aux souffrances que sa Divinité
fit souffrir à son très saint Coeur durant le cours de sa
vie terrestre. Ces souffrances sont très différentes de celles
qu’il souffrit de la part des Juifs pendant sa Passion. Ce sont des peines
indescripti-bles. Pour le peu auquel j’ai participé, je peux dire
que j’ai ressenti une souffrance aiguë et amère accompagnée
d’une déchirure du coeur qui me fit véritablement mourir.
Mais, par un prodige de son Amour, Jésus me ramena à la vie.
Ensuite, mon doux Jésus me dit: «Fille de mes souffrances,
sache que les souf-frances que les Juifs m’infligèrent ne furent
que l’ombre de celles que la Divinité me donna. Il en fut ainsi
pour que soit donnée à la Divinité une satisfaction
complète. L’homme qui pèche offense la Majesté Suprême,
non seulement extérieurement, mais aussi intérieurement.
Il défigure la partie divine infusée en lui quand il fut
créé. Le péché se forme en premier lieu dans
son intérieur et, ensuite, dans son extérieur. Très
souvent, c’est la plus petite partie qui est extérieure, la partie
majeure se trou-vant à l’intérieur.
«Les créatures étaient incapables de pénétrer
dans mon intérieur et de me per-mettre de satisfaire pour les offenses
faites au Père par leurs fautes intérieures. Ces offenses
blessent la partie la plus noble de leur être — leur intelligence,
leur mémoire et leur volonté —, là où est imprimée
l’image divine. Qui donc pouvait acquitter cette dette, puisque la créature
en était incapable? La Divinité elle-même. Pour cela,
il fut nécessaire qu’elle se fasse le bourreau amoureux de mon Humanité.
«La Divinité voulait que la satisfaction soit complète,
tant pour les fautes inté-rieures des créatures que pour
leurs fautes extérieures. Par la Passion que les Juifs m’ont fait
subir, j’ai pu redonner au Père la gloire extérieure dont
les créatures l’avaient privé par leurs fautes extérieures;
par la Passion que la Divinité m’a fait subir intérieurement
tout au long de ma vie terrestre, j’ai satisfait pour les fautes intérieures
de l’homme. Les souffrances que j’ai souffertes des mains de la Divinité
surpassent considérablement celles que les créatures m’ont
fait subir. Comprendre cela n’est pas facile pour l’esprit humain.
«Entre l’intérieur de l’homme et son extérieur,
il y a une grande différence. Cependant, la différence est
beaucoup plus grande encore entre les souffrances que m’infligea la Divinité
et celles que les créatures m’ont fait subir le dernier jour de
ma vie terrestre. Les souffrances qui me furent données par la Divinité
étaient des lacé-rations cruelles, des souffrances surhumaines
me donnant des morts répétées autant dans mon âme
que dans mon corps. Pas une seule fibre de mon être ne fut épar-gnée.
Les souffrances qui me furent données par les Juifs étaient
des souffrances amères, certes, mais elles n’étaient pas
des lacérations capables de me donner la mort à chaque instant.
Seule la Divinité avait le pouvoir et la volonté de faire
cela.
«Ah! combien l’homme m’a coûté! Cependant, il reste
indifférent et ne cher-che pas à comprendre à quel
point je l’ai aimé et j’ai souffert pour lui. Aucune créa-ture
ne peut comprendre tout ce que j’ai souffert dans la Passion que les Juifs
m’ont fait subir; à plus forte raison, aucune ne peut comprendre
les souffrances beaucoup plus grandes que j’ai subies de la part de la
Divinité. Voilà pourquoi j’ai tant tardé à
révéler ces dernières.
«Mon Amour veut trouver une issue chez l’homme et en recevoir
un retour d’amour. Ainsi, je t’appelle à t’immerger dans ma Volonté
où toutes mes souffran-ces sont agissantes. Je t’appelle, non seulement
à prendre part à mes souffrances mais, au nom de toute la
famille humaine, à les honorer et à me donner un retour d’amour.
Avec moi, supplée pour toutes les obligations des créatures,
même si, au grand chagrin de Dieu et pour leur plus grand malheur,
les créatures n’y accordent même pas une pensée.»
10 mai 1919
La vie divine habite la créature concurremment
à la Divine Volonté.
J’étais très affligée et un peu inquiète
de mon pauvre état. Voulant me distraire de mes pensées tournées
vers moi-même, Jésus me dit: «Ma fille, que fais-tu?
Tes pensées tournées vers toi-même te font sortir de
ma Volonté. Aussi longtemps que ma Volonté est en toi, la
vie divine est aussi en toi. Si ma Volonté cesse d’être en
toi, il en va ainsi de la vie divine et tu reviens à ta vie humaine.
Quel changement!»
Puis, en soupirant, il ajouta: «Ah! tu ne sais pas la destruction
qui va venir dans le monde. Tout ce qui est arrivé jusqu’à
maintenant peut être considéré comme un jeu en comparaison
des châtiments à venir. Je ne te laisse pas tout voir pour
ne pas trop t’oppresser. À la vue de l’entêtement des hommes,
je reste comme caché en toi. Et toi, prie avec moi et refuse de
tourner tes pensées vers toi-même.»
16 mai 1919
Comme le soleil, chaque acte fait dans la Divine
Volonté se multiplie pour le bien de tous.
Je pensais: «Comment se peut-il qu’un seul acte fait dans la
Divine Volonté se multiplie au point de faire du bien à tous?»
Alors, bougeant en moi, Jésus illumina mon esprit et me dit: «Ma
fille, tu trouveras une image de cela en observant le soleil. Il est unique
et, cependant, il sait se multiplier pour que sa lumière et sa chaleur
soient disponibles pour tout et tous. Par exemple, il éclaire les
actions et les pas de l’homme; si celui-ci modifie son action ou son trajet,
la lumière du soleil le suit.
«Il se multiplie aussi dans toute la nature, distribuant ses
bienfaits aux diverses choses suivant les circonstances. À son lever,
il embellit toute la nature et agit sur la fraîcheur de la nuit pour
former la rosée qui s’étend sur toutes les plantes comme
un manteau d’argent, donnant à cette nature un aspect et une beauté
qui étonnent et enchantent le regard humain; l’homme, avec toute
son ingéniosité, n’a pas le pouvoir de former une simple
goutte de rosée.
«Le soleil poursuit sa route et donne aux fleurs leur couleur
et leur parfum. Il ne donne pas une couleur et un parfum unique, mais il
fournit à chaque fleur sa cou-leur et son parfum particulier. Avec
sa chaleur et sa lumière, il donne aux fruits leur maturité
et leur saveur, une saveur distincte pour chaque fruit. Il féconde
et fait croître toutes les plantes. Malgré qu’il fait tout
cela, il reste un. C’est parce qu’il demeure dans les hauteurs que le soleil
peut être la vie de toutes les créatures qui se trouvent plus
bas.
«Il en va ainsi des actions faites dans ma Volonté: l’âme
agit alors dans les hau-teurs de ma Volonté. De là, plus
que le soleil, elle veille sur les créatures et leur transmet la
vie. En dépit du fait que son action est une, elle brille comme
un soleil sur les créatures: elle en embellit quelques-unes, en
féconde d’autres avec la grâce, en libère quelques-unes
du froid, adoucit le coeur de certaines, dissipe les ténèbres
chez d’autres, en enflamme et en purifie d’autres, donnant à chacune
l’appui dont elle a besoin en proportion de ses dispositions personnelles.
«Le soleil qui s’élève à votre horizon fait
de même: si la terre est stérile, il donne aux plantes peu
de développement; si la graine de la fleur est manquante, le soleil,
malgré toute sa lumière et toute sa chaleur, ne peut rien
faire lever; si l’homme ne se lève pas pour travailler, le soleil
ne peut rien lui faire gagner. En somme, le soleil produit des biens dans
la Création selon la fécondité de la terre et les
dispositions de l’homme.
«Ainsi, quoique les actes accomplis dans ma Volonté peuvent
être bénéfiques pour tous, ils opèrent selon
les dispositions de chacun ainsi qu’en proportion des bonnes dispositions
de l’âme qui agit dans ma Volonté. Quoi qu’il en soit, chaque
acte fait dans ma Volonté est un soleil de plus qui brille pour
toutes les créatures.»
Plus tard, je m’efforçai de m’immerger en mon Jésus,
dans sa Volonté, en mul-tipliant mes pensées dans les siennes
dans le but de réparer et de suppléer pour tou-tes les intelligences
créées, passées, présentes et futures. Avec
tout mon coeur, j’ai dit à Jésus: «Comme j’aimerais
te donner avec mon esprit toute gloire, tout honneur et toute réparation
au nom de toute la famille humaine, même des âmes perdues qui,
hélas! ne t’ont pas livré leur intelligence.»
Rempli de joie, Jésus me baisa le front en me disant: «Par
ce baiser, je scelle toutes tes pensées avec les miennes, de sorte
que je puisse toujours trouver en toi tous les esprits créés
et recevoir continuellement de toi, en leur nom, gloire, hon-neur et réparation.»
21 mai 1919
Dans l’ère de la vie dans la Divine Volonté, les créatures
procureront
la gloire de Dieu au nom de toute la Création.
J’étais dans mon état habituel et mon petit esprit était
perdu dans la sainte Volonté de Dieu. Sans que je sache comment,
j’ai compris que l’homme ne donne pas à Dieu la gloire qu’il doit
lui donner et je me sentais très amère à cause de
cela. Voulant m’instruire et me consoler, mon doux Jésus me dit
à travers une lumière intellectuelle:
«Ma fille, toutes mes oeuvres doivent être achevées.
En conséquence, le der-nier jour ne viendra pas avant que j’aie
reçu des créatures tout l’honneur et toute la gloire attendus,
tel qu’établi à l’origine. Ce que certaines créatures
ne me donnent pas, d’autres me le procureront. Chez ces dernières,
je doublerai les grâces que les premières avaient rejetées
afin qu’elles soient en mesure de me donner une double portion de gloire
et d’amour. À quelques-unes, en accord avec leurs dispositions,
je donnerai les grâces que je donnerais normalement à dix;
à d’autres, les grâces que je donnerais à cent; à
d’autres, les grâces que je donnerais à mille; à d’autres,
les grâces que je donnerais à une ville, voire à une
province ou même à un royaume tout entier. Et ces créatures
m’aimeront et me rendront gloire pour dix, cent, mille, etc. De cette façon,
ma gloire de la part de la Création sera complète.
«Quand je vois qu’en dépit de son bon vouloir, une créature
n’arrive pas à faire ce que j’attends d’elle, je l’attire dans ma
Volonté où elle découvre la vertu de multiplier une
simple action autant de fois qu’elle le désire, ce qui lui permet
de me donner toute la gloire, tout l’honneur et tout l’amour que les autres
créatures se sont abstenues de me donner. C’est ainsi que je suis
à préparer l’ère de la vie dans ma Volonté.
En cette ère se réalisera tout ce que les générations
passées n’ont pas fait concernant l’amour, la gloire et l’honneur
que la Création me doit. Je donnerai aux créatures des grâces
inouïes.
«Et à toi que j’appelle à vivre dans ma Volonté,
je suggère la prière suivante: “Jésus, je dépose
à tes pieds l’adoration et la sujétion de toute la famille
humaine; je dépose dans ton Coeur les “je t’aime” de tous; je dépose
sur tes lèvres mon baiser pour y sceller les baisers de toutes les
créatures de toutes les générations; je te serre dans
mes bras pour que tu sois serré par les bras de toutes les créatures
de toutes les générations. Je veux que te parvienne la gloire
de tous les travaux de toutes les créatures.” À la suite
de cette prière, je ressentirai en toi l’adoration, les “je t’aime”,
les baisers, etc. de toute la famille humaine. Comment alors ne pas te
donner l’amour, les baisers et les grâces prévus pour les
autres!
«Sache, ma fille, que ce que la créature fait sur la terre
constitue le capital qu’elle s’accumule pour le Ciel. Si elle fait peu,
elle aura peu; si elle fait beaucoup elle aura beaucoup. Si une créature
m’a aimé et glorifié pour dix, elle aura dix fois plus de
contentement et de gloire et elle sera aimée dix fois plus par moi.
Si une per-sonne m’a aimé et glorifié pour cent ou pour mille,
elle goûtera le contentement, l’amour et la gloire pour cent ou pour
mille. C’est ainsi que je donnerai à la Création tout ce
que j’avais prévu lui donner et que, réciproquement, la Création
me don-nera tout ce que j’avais prévu recevoir d’elle. Par conséquent,
ma gloire sera com-plète.»
24 mai 1919
Raisons pour lesquelles Luisa est privée
de la présence de Jésus.
Je me sentais très oppressée et affligée par la
privation de mon doux Jésus et je lui disais de tout mon coeur:
«Viens, ma Vie; sans toi je me sens mourir, pas seule-ment une fois,
mais continuellement. Viens! je n’en peux plus, je n’en peux plus!»
Mon doux Jésus bougea en moi et me fit percevoir qu’il baisait ardemment
mon coeur. Se laissant voir, il me dit: «Ma fille, je sens un besoin
irrésistible de donner libre cours à mon Amour pour toi.»
Je répliquai immédiatement: «Jésus, comme
tu me fais souffrir! La privation de toi me tue! Toutes mes autres souffrances
ne sont que des sourires et des baisers de toi, mais la privation de toi
est une mort impitoyable. Ah! Jésus, Jésus! comme tu as changé!»
M’interrompant, Jésus me dit: «Fille de mon Amour, ne
peux-tu pas te con-vaincre que je regarde le monde à travers toi?
Et comme j’habite en toi, tu es con-trainte de ressentir ce que le monde
m’envoie: dureté, obscurité, péché, fureur
de ma justice, etc. Par conséquent, plutôt que de fixer ton
attention sur la privation de moi, pense à me protéger des
maux que les créatures m’envoient et à amoindrir la fureur
de ma justice. Je vais rester à l’abri en toi et les créatures
seront moins châ-tiées.»
4 juin 1919
Pour que la Rédemption soit complète, Jésus a
dû subir l’injustice,
la trahison et les moqueries de la part des hommes.
Je méditais sur la Passion de mon toujours aimable Jésus,
en particulier sur l’avalanche de coups de fouet qui s’abattirent sur lui
durant sa flagellation. Je me posais la question: «Lesquelles des
souffrances de Jésus furent les plus grandes: cel-les que la Divinité
lui donna tout au long de sa vie ou celles reçues des mains des
Juifs à la fin de sa vie terrestre?»
Par l’illumination de mon intelligence, mon doux Jésus me dit:
«Ma fille, les souffrances qui m’ont été données
par la Divinité surpassent de très loin celles qui m’ont
été données par les créatures, autant en intensité
qu’en nombre et en durée. Et ces souffrances n’étaient pas
teintées de haine et d’injustice, mais plutôt accom-pagnées
d’un Amour immense et de la complicité des trois Personnes Divines
pour que mon Humanité souffre autant de morts qu’il allait y avoir
de créatures à voir la lumière de la Création,
ces créatures que le Père m’avait confiées avec tant
d’Amour.
«Comme, en la Divinité, l’injustice et la haine n’existent
pas et que, cependant, l’homme était gravement souillé par
ces fautes et d’autres du genre, je devais être accablé d’injustices,
de haine, de moqueries, etc., pour réparer ces fautes. C’est ainsi
qu’aux dernières heures de ma vie terrestre, j’ai souffert la Passion
de la part des créatures où les injustices, la haine, les
moqueries, les vengeances, les humilia-tions, etc., que les hommes m’ont
fait subir furent si grandes que ma pauvre Huma-nité devint l’opprobre
et le rebut de tous, à tel point que je n’avais plus l’air d’un
homme et que mes bourreaux en étaient eux-mêmes horrifiés.
«En somme, j’ai vécu deux Passions distinctes. Comme les
créatures étaient incapables de multiplier en moi les souffrances
et les morts — autant de morts que de pécheurs —, la Divinité
fit subir ces choses à mon Humanité tout au long de ma vie
terrestre, et cela, dans un Amour immense et en accord avec les trois Personnes
Divines. Comme, par ailleurs, la Divinité était incapable
d’injustices, etc., les créatu-res firent leur part en me faisant
souffrir ma Passion dans les dernières heures de ma vie terrestre.
Ainsi, la Rédemption fut totalement accomplie. Combien les âmes
m’ont coûté! C’est pourquoi je les aime tant!»
Un autre jour, je me disais: «Mon Jésus bien-aimé
m’a dit tant de choses; ai-je été vraiment attentive à
faire ce qu’il m’a enseigné? Oh! combien peu je m’efforce de lui
plaire! Comme je suis incapable de quoi que ce soit! Aussi, ses enseignements
seront ma condamnation.»
Bougeant en moi, mon doux Jésus me dit: «Ma fille, pourquoi
t’affliges-tu? Les enseignements de ton Jésus ne serviront jamais
à te condamner. Même si tu n’avais fait qu’une seule des choses
que je t’ai enseignées, tu aurais fixé une étoile
dans le ciel de ton âme. Tout comme j’ai déployé le
firmament au-dessus de vos têtes et que, de mon Fiat, je l’ai garni
d’étoiles, ainsi, j’ai déployé un ciel dans les profon-deurs
de ton âme et le “fiat” du bien produit par toi — car tout bien est
un fruit de ma Volonté — vient l’orner d’étoiles. Si l’âme
fait dix bonnes actions, il y place dix étoiles; pour un millier
de bonnes actions, un millier d’étoiles.
«En conséquence, répète mes enseignements
autant que tu le peux afin d’orner d’étoiles le ciel de ton âme
et que ce ciel ne soit pas inférieur au ciel qui s’étend
au-dessus de ta tête. Chacune de ces étoiles portera l’empreinte
de l’ensei-gnement de ton Jésus. Quel honneur tu me donneras!»
16 juin 1919
Il n’y a pas de sainteté sans la croix, pas de
vertu sans souffrance.
Je me disais: «Où sont les souffrances que mon doux Jésus
m’avait promises, alors que je ne souffre presque pas?» Mon toujours
aimable Jésus me dit: «Ma fille, comment se fait-il que tu
décides toi-même? Tu calcules les souffrances corporelles
et moi je calcule les souffrances corporelles et les souffrances morales.
Chaque fois que tu es privée de moi, c’est une mort que tu ressens
et tu répares ainsi les morts que les âmes me donnent par
leurs péchés. Quand tu souffres du froid, c’est une autre
petite mort que tu ressens et tu répares pour la froideur des créatures
en regard de mon Amour. Il en va de même pour toutes tes autres souffrances:
par tes petites morts, tu participes à mes morts.
«Ne sais-tu pas que lorsque ma justice est contrainte de verser
de nouveaux fléaux à cause des péchés des hommes,
je suspens tes souffrances? Le mal sera si grand qu’il suscitera l’horreur.
Je sais que cela est une souffrance pour toi, mais moi aussi j’ai connu
cette souffrance. J’aurais aimé libérer les créatures
de toute souf-france, autant dans le temps que dans l’éternité,
mais cela ne me fut pas accordé par la sagesse du Père. Ah!
ma fille, il n’y a pas de sainteté sans la croix, pas de vertu sans
union avec la souffrance! Sache, cependant, que je te rétribuerai
abondam-ment pour toutes les privations de ma présence dont tu souffres,
de même que pour les souffrances que tu aimerais avoir, mais que
tu n’as pas.»
27 juin 1919
Les vertus émanant du coeur des créatures se joignent
harmonieuse-ment à celles émanant du Coeur de Jésus.
J’étais dans mon état habituel et, me faisant voir son
très saint Coeur, Jésus me dit: «Ma fille, pour chaque
vertu pratiquée par mon Coeur, une source en jaillit. Cette source
se subdivise en d’innombrables ruisselets qui atteignent le Ciel, où
ils glorifient dignement le Père au nom de tous. Ils redescendent
ensuite vers la terre pour le bien des créatures.
«En pratiquant les vertus, les créatures forment elles
aussi de petites sources dans leur coeur, lesquelles se subdivisent également
en ruisselets; ceux-ci se joi-gnent aux miens et, fondus ensemble, ils
atteignent le Ciel où ils glorifient le Père Céleste,
pour ensuite redescendre sur la terre pour le bien de tous. Une telle harmo-nie
est ainsi formée entre le Ciel et la terre que les Anges eux-mêmes
sont étonnés de cette vision enchanteresse. Par conséquent,
sois attentive en pratiquant les ver-tus de mon Coeur pour ainsi me permettre
d’ouvrir les sources de mes grâces.»
11 juillet 1919
Les ciels de notre âme.
Je vis des jours très amers. Mon aimable Jésus ne se
laisse voir que très peu ou pas du tout, ou comme l’éclair.
Je me souviens qu’une nuit, il m’apparut exténué. Il portait
dans ses bras comme un paquet d’âmes. Me regardant, il me dit:
«Ah! ma fille, la tuerie qu’ils feront sera telle que seulement
ce paquet d’âmes que je tiens sera épargné! À
quelle folie les hommes en sont-ils arrivés? Toi, ne te trouble
pas! Sois fidèle pendant mon absence et, après la tempête,
je te paierai abondamment pour toutes tes privations, redoublant mes visites
et mes grâces.» Puis, presqu’en pleurant, il disparut. Inutile
de dire la torture de mon pauvre coeur!
Un autre jour, une illumination rapide de mon esprit me fit comprendre
que lorsque Jésus béni plaça le ciel au-dessus de
nos têtes, il plaça aussi un ciel dans notre âme, en
fait, plusieurs ciels. Notre intelligence est un ciel, notre vision est
un ciel, notre parler, notre agir, nos désirs, nos affections, notre
coeur sont des ciels, avec la différence que le ciel extérieur
ne change pas — les étoiles n’augmentent pas et ne diminuent pas
—, alors que les ciels de notre intérieur sont sujets à des
changements.
Si le ciel de notre esprit pense saintement, alors, pendant qu’elles
se forment, nos pensées créent des étoiles, des soleils
et de très belles comètes. Et quand notre ange les voit,
il les prend et les place dans le ciel de notre intelligence. Si le ciel
de notre esprit est saint, il en va ainsi de notre regard, de nos paroles,
de nos désirs et de nos battements de coeur. Ainsi, nos regards
deviennent des étoiles, nos paroles se changent en lumière,
nos désirs sont des comètes, nos battements de coeur for-ment
un soleil. Chacun de nos sens orne son propre ciel.
Par contre, si notre esprit est mauvais, rien de beau n’est formé,
plutôt une grande noirceur s’étend et vient obscurcir nos
autres ciels. Ainsi, notre regard envoie des éclairs d’impatience,
notre parler profère des blasphèmes, nos désirs jet-tent
des éclairs de passions brutales, notre coeur émet une grêle
dévastatrice sur les travaux des créatures. Pauvres ciels,
ils sont obscurs à faire pitié!
6 août 1919
L’abandon de l’âme à Dieu. Valeur des
actes faits dans la Divine Volonté.
Je vis des jours très amers. Mon pauvre coeur est paralysé
par la souffrance à cause de la privation de celui qui est ma vie
et mon tout. Quoique résignée, je ne peux pas m’empêcher
de me plaindre à mon doux Jésus quand il passe hâtivement
devant moi ou qu’il bouge en moi. Je me souviens qu’un jour, pendant que
je me plaignais, il me dit:
«L’abandon entre mes mains est comme deux torrents qui se rejoignent
avec une grande force; leurs eaux réunies forment des vagues si
hautes qu’elles parvien-nent jusqu’au Ciel, ce qui a pour conséquence
que leurs lits se vident. Le murmure de ces eaux atteignant le Ciel est
si beau et harmonieux que le Ciel se sent honoré et investi d’une
nouvelle beauté. Et les saints disent en choeur: “Cette harmonie
ravis-sante provient d’une âme qui s’est abandonnée à
Dieu. Que c’est beau, que c’est beau!”»
Un autre jour, il me dit: «De quoi as-tu donc peur? Abandonne-toi
à moi et tu seras entourée par moi comme d’un cercle, de
telle façon que si les ennemis, les occasions ou les dangers se
présentent, ils auront affaire à moi, pas à toi: je
répon-drai à ta place. Le vrai abandon à moi résulte
en un repos pour l’âme et un travail pour moi. Si l’âme est
nerveuse, cela signifie qu’elle n’est pas abandonnée à moi.
Pour celle qui veut vivre par elle-même, son agitation est sa juste
peine; elle me fait grand mal et se fait grand préjudice.»
Un autre jour où je me lamentais avec plus de force, mon aimable
Jésus me dit avec une grande bonté: «Ma fille, calme-toi!
Ce que tu vis est en vue des nouveaux châtiments qui viennent. Lis
bien ce que je t’ai fait écrire et tu trouveras que les châ-timents
ne sont pas tous arrivés. Beaucoup d’autres villes seront détruites!
Les nations continueront à s’opposer l’une à l’autre. Qu’en
sera-t-il de l’Italie? Ses nations amies deviendront ses plus féroces
ennemis. Patience donc, ma fille! Quand tout sera prêt pour rappeler
l’homme à l’ordre, je viendrai à toi comme auparavant et
nous pleurerons et prierons ensemble pour l’homme ingrat. Quant à
toi, ne quitte jamais ma Volonté. Puisque ma Volonté est
éternelle, tout ce qui est fait en elle acquiert une valeur éternelle
et infinie. C’est comme une monnaie qui prend sans cesse de la valeur et
ne s’écroule jamais. Les plus petites actions faites dans ma Volonté
s’inscrivent dans le Ciel en caractères indélébiles
en se disant: “Nous som-mes des actions éternelles parce qu’une
Volonté éternelle nous a formées.”
«C’est comme si de l’or liquide avait été versé
dans un vase d’argile et qu’à par-tir de cet or, un orfèvre
fabriquait des objets en or. Pourrait-on dire que cet or n’est pas de l’or
parce qu’il a été versé dans un vase d’argile? Certainement
pas! De l’or est toujours de l’or, quel que soit le contenant dans lequel
il se trouve. Dans cet exemple, le vase d’argile représente l’âme
et l’or, ma Volonté. Les actions de la créature agissant
dans ma Volonté lient ma Volonté à la sienne et les
deux se liqué-fient ensemble. À l’aide de ce liquide, moi,
l’orfèvre divin, je transforme les actes de l’âme en or éternel
de telle façon que je puisse dire que ces actes sont miens et que,
également, l’âme puisse dire qu’ils sont siens.»
3 septembre 1919
Savoir se fondre en Jésus afin de pouvoir faire
toutes les réparations requises.
Je me plaignais à mon doux Jésus de mon pauvre état
et aussi du fait que je suis un être inutile et incapable de faire
le bien. Et je me demandais quel est le but de ma vie. Mon aimable Jésus
me dit:
«Ma fille, le but de ta vie est une chose qui relève de
moi et non pas de toi. Sache cependant que le simple fait de te fondre
en moi plusieurs fois par jour est de nature à maintenir l’équilibre
concernant les réparations requises à l’égard de la
Divinité. En effet, seulement la personne qui sait se fondre en
moi et me prendre comme principe de toutes ses actions peut, au nom de
chacun et de chaque chose, maintenir l’équilibre concernant la gloire
du Père et toutes les réparations requises.
«Cela te semble-t-il banal? Ne ressens-tu pas que tu ne peux
pas t’arrêter de le faire et que je ne te laisse pas tant que tu
ne t’es pas substituée à chacun de mes membres pour présenter
en leur nom les réparations voulues? Essaie de réparer pour
tous autant que tu le peux. Si tu savais tout le bien que le monde reçoit
quand une âme, sans une ombre d’intérêt personnel et
seulement par amour pour moi, s’élève entre le Ciel et la
terre et, unie à moi, fait les réparations nécessaires
au nom de tous!»
13 septembre 1919
L’âme doit mourir à sa propre vie pour pouvoir
vivre de la vie même de Jésus.
Mon amertume augmentait et je me plaignais à mon toujours aimable
Jésus en lui disant: «Pitié, mon Amour, pitié!
Ne vois-tu pas à quel point je suis anéantie? Je me sens
comme si je n’avais plus de vie, ni de désir, ni d’affection, ni
d’amour; tout dans mon intérieur est comme mort. Ah! Jésus!
où sont en moi les fruits de tous tes enseignements?» Pendant
que je disais cela, j’ai senti Jésus tout près de moi qui
m’attachait et me rattachait avec de fortes chaînes. Il me dit:
«Ma fille, le signe le plus sûr que mes enseignements ont
produit du fruit en toi est que tu ne sens plus rien de toi-même.
La vie dans ma Volonté ne consiste-t-elle pas à se dissoudre
en moi? Pourquoi cherches-tu donc tes désirs, tes affections, etc.
si tu les as dissous dans ma Volonté? Ma Volonté est immense
et ça demande trop d’effort pour la cerner. Pour vivre en moi, il
vaut mieux ne plus vivre de sa propre vie; autrement, on montre qu’on n’est
pas heureux de vivre de ma vie et d’être complètement dissous
en moi.»
26 septembre 1919
Ce qu’entraîne l’état de victime.
Je me plaignais beaucoup auprès de mon aimable Jésus.
Il me dit: «Ma fille, l’âme victime est exposée à
recevoir tous les coups de la justice divine et à ressentir les
souffrances des autres. Oh! comme mon Humanité gémissait
sous les rigueurs de l’état de victime! Conséquemment à
ton état de privations, tu peux déduire com-ment les créatures
se comportent par rapport à moi et comment la justice divine se
prépare à les punir par de terribles fléaux. L’homme
a atteint l’état de la folie totale et, avec les insensés,
les plus durs coups de fouet sont nécessaires. Quant à toi,
ne change rien; tu verras ce que Jésus fera pour toi.»
8 octobre 1919
Fruits de la confiance en Jésus.
Poursuivant dans mon état habituel de souffrances et de privations,
je passais mon temps avec mon doux Jésus, complètement abandonnée
à lui et presque silen-cieuse, comme un petit enfant. Se montrant
en mon intérieur, il me dit:
«Ma fille, la confiance en moi est comme un nuage de lumière
dans lequel l’âme reste si bien enveloppée que toute crainte,
tout doute et toute faiblesse ont disparu. Cette confiance remplit l’âme
d’un pur amour et la rend si osée qu’elle s’attache à mon
sein et s’abreuve de mon lait; elle ne veut plus d’autre nourriture. Si
rien ne vient de mon sein, ce que je permets pour que la confiance augmente
au maximum, l’âme ne se décourage pas. Au contraire, elle
s’acharne, frappe sa tête contre ma poitrine alors que je souris
intérieurement et la laisse faire.
«L’âme confiante est mon sourire et mon amusement. Celui
qui a confiance en moi m’aime et croit que je suis riche, puissant et grand.
Par contre, celui qui n’a pas confiance en moi, ne m’aime pas vraiment;
il me déshonore et croit que je suis pau-vre, faible et petit. Quel
affront il me fait!»
15 octobre 1919
La vie dans la Divine Volonté met l’âme en sécurité.
Poursuivant dans mon état habituel, je pensais: «Comment
cela se fait-il? Je suis si mauvaise, si bonne à rien! La privation
de mon Jésus m’a réduite à un tel état que,
si on pouvait le voir, il ferait pleurer même une pierre et, par-dessus
le marché, aucun doute, aucune peur du jugement ou de l’enfer en
moi. Dans quel état horri-fiant je me trouve!»
Pendant que j’entretenais de telles pensées, mon aimable Jésus
bougea en moi et me dit: «Ma fille, dès que l’âme décide
de vivre dans ma Volonté, tout doute et toute peur disparaissent.
Cette âme ressemble à la fille d’un roi qui, alors que de
nombreuses personnes lui disent qu’elle n’est pas la fille du roi, elle
ne prête aucune attention à ces propos et, au contraire, elle
dit à tous fièrement: “Il est inutile d’essayer de semer
le doute et la peur en moi; je suis vraiment la fille du roi; le roi est
mon père; je vis avec lui et son royaume est à moi.”
«Parmi tous les bienfaits que procure à l’âme la
vie dans ma Volonté, il y a celui de la sécurité.
Comme l’âme fait sien tout ce qui est mien, comment peut-elle crain-dre
pour ses possessions? Ainsi, la crainte, le doute et la peur de l’enfer
sont absents; ils ne trouvent ni la clé, ni la porte, ni le chemin
pour entrer dans cette âme. Quand l’âme entre dans la Divine
Volonté, elle se dépouille d’elle-même et je la revêts
de moi-même et d’habits royaux, lesquels sont pour elle le sceau
qu’elle est ma fille et que mon royaume est à elle autant qu’à
moi. De plus, défendant nos droits, elle par-ticipe au jugement
et aux condamnations des autres. Pourquoi donc aller à la pêche
aux peurs?»
3 novembre 1919
Les souffrances de Luisa reproduisent celles que la très sainte
Humanité de Jésus vécut en tant que victime.
Je pensais à mon pauvre état. La souffrance de la privation
de Jésus me paraly-sait, mais je restais calme et tout abandonnée
à mon doux Jésus. Le Ciel semblait fermé pour moi.
Quant à la terre, ça faisait très longtemps que j’avais
perdu le con-tact avec elle. Et puisqu’elle était inexistante pour
moi, comment aurais-je pu en espérer de l’aide? Ainsi, je n’avais
même pas l’espérance d’avoir de l’aide des gens de ce pauvre
monde. Si je n’avais pas eu la douce espérance en mon Jésus,
ma vie, mon tout, mon unique soutien, je ne sais pas ce que j’aurais fait.
Voyant que je ne pouvais plus en prendre, mon toujours aimable Jésus
vint et, plaçant sa sainte main sur mon front afin de me donner
de la force, il me dit: «Pau-vre fille, fille de mon Coeur et de
mes souffrances, courage, ne perds pas coeur! Rien n’est terminé
pour toi. Au contraire, quand tout semble terminé, c’est alors que
tout commence. De tout ce que tu penses, rien n’est vrai. Ton état
présent n’est rien d’autre qu’un aspect de l’état de victime
que vivait mon Humanité. Oh! que de fois s’est-elle trouvée
dans cet état si douloureux!
«Ma Divinité, qui avait tous les pouvoirs et voulait que
j’expie pour toute la famille humaine, me fit ressentir le rejet, l’oubli
et toutes les corrections que la nature humaine s’était mérité.
C’était pour moi des souffrances très grandes. Comme j’étais
uni à la Divinité — mon Humanité et ma Divinité
ne faisant qu’un — , la séparation d’avec elle m’était un
véritable martyre. Être aimé et en même temps
me sentir oublié, être honoré et en même temps
me sentir trahi, être saint et en même temps me voir couvert
de tous les péchés, quels effrayants contrastes, quelles
souffrances extrêmes! Un miracle de ma Toute-Puissance m’était
nécessaire pour que je puisse porter toutes ces souffrances.
«Présentement, ma justice veut que ces souffrances soient
renouvelées. Et qui peut se prêter à ce renouvellement,
sinon celle qui s’est identifiée à moi, qui a eu l’honneur
d’être choisie pour vivre dans les hauteurs de ma Volonté,
d’où, comme de son centre, elle me fait réparation et m’aime
au nom de toutes les créatures? C’est ainsi qu’elle ressent l’oubli,
le rejet et la séparation d’avec celui qui est toute sa vie! Ce
sont là des souffrances que seulement ton Jésus peut évaluer.
«Aussi, calme-toi; cet état va finir pour que tu passes
à d’autres étapes de mon Humanité. Quand tu te sens
incapable d’en prendre plus, abandonne-toi encore plus à moi et
tu sentiras ton Jésus prier, souffrir et réparer alors que
toi, tu l’observe-ras: je serai l’acteur et toi la spectatrice. Quand tu
seras restaurée, tu reprendras le rôle d’actrice et je serai
le spectateur. Il y aura ainsi alternance entre nous deux.»
6 décembre 1919
Dans la Divine Volonté, l’âme peut donner à Dieu
l’amour que les
réprouvés lui refusent. Dieu créa l’homme libre
avec la
capacité de faire tout le bien qu’il veut.
Je ne me sens pas la force d’écrire ce qu’on me demande. Je
ne dirai que quelques mots de ce que je n’avais même pas pensé
de mettre sur papier et que mon doux Jésus m’a remémoré.
Un soir, j’adorais mon Jésus crucifié en lui disant:
«Mon Amour, dans ta Volonté et au nom de toute la famille
humaine, je t’adore, je te serre dans mes bras et je répare. Je
donne tes Plaies et ton Sang à tous afin que tous soient sauvés.
Et comme les âmes perdues ne peuvent plus profiter de ton Sang très
précieux et t’aimer, je le fais à leur place. Je veux qu’en
aucune manière ton Amour soit fraudé par les créatures.
Je veux t’aimer et compenser au nom de tous, du premier homme jusqu’au
dernier.»
Pendant que je disais cela et bien d’autres choses, mon doux Jésus
étendit ses bras autour de mon cou et me serra sur lui en me disant:
«Ma fille, écho de ma vie, pendant que tu priais, ma miséricorde
se raviva et ma justice perdit sa sévérité. Et cela,
pas seulement pour le temps présent, mais aussi pour les temps à
venir: tes prières dans ma Volonté resteront agissantes.
J’ai senti ton amour au nom des âmes perdues et, en conséquence,
mon Coeur a ressenti une tendresse spéciale envers toi. Trouvant
en toi l’amour que ces âmes me doivent, je t’ai versé les
grâces que j’avais prévues pour elles.»
Une autre fois, il me dit: «Ma fille, j’aime tant l’homme qu’en
le créant, je l’ai gratifié de la liberté, contrairement
à ce que j’ai fait pour les cieux, les étoiles, le soleil
et toute la nature — les cieux ne peuvent ni s’ajouter ni s’enlever d’étoiles;
le soleil ne peut ni s’ajouter ni s’enlever de lumière. Plus encore,
j’ai voulu que l’homme soit à mes côtés pour qu’en
faisant le bien et en s’exerçant aux vertus, il crée ses
propres étoiles et ses propres soleils pour l’ornementation du ciel
de son âme. Plus il fera de bien, plus d’étoiles il formera.
Plus son amour et ses sacrifices seront grands, plus il ajoutera de splendeur
et de lumière à ses soleils.
«Présent dans le ciel de son âme, je lui dis: “Mon
fils, plus tu deviens beau, plus tu me fais plaisir. J’aime tant ta beauté
que je te presse de te mettre à la tâche. Aus-sitôt
que tu t’y mettras, j’accourrai et je renouvellerai ta capacité
créatrice, te don-nant le pouvoir de faire tout le bien que tu voudras.
Je t’aime tant que je n’ai pas fait de toi un esclave, mais un homme libre.”
«Hélas! que d’abus concernant ce pouvoir que j’ai donné
à l’homme! Et il a l’audace de s’en servir pour sa ruine et pour
offenser son Créateur!»
15 décembre 1919
La Divine Volonté est la fontaine de tous les biens.
Je disais à mon toujours aimable Jésus: «Puisque
tu ne veux rien me dire, dis- moi au moins que tu me pardonnes si je t’ai
offensé.» Il me répondit: «En quoi as-tu besoin
de pardon? L’âme qui fait ma Volonté et vit en elle n’a plus
en elle la fon-taine du mal, parce que ma Volonté est la fontaine
éternelle, immuable et inviolable de tout bien et de toute sainteté.
Quiconque s’abreuve à cette fontaine est saint et le mal n’a pas
d’emprise sur lui; si le mal essaie de se manifester, il ne prend pas racine
parce que la fontaine à laquelle il s’abreuve est sainte.
«Quand ma justice me force à frapper les créatures,
il semble que je leur fais du mal; on va jusqu’à dire que je suis
injuste. Mais cela est impossible parce que la fon-taine du mal n’est pas
en moi. Tout au contraire, dans ces souffrances que j’envoie, il y a l’Amour
le plus tendre et le plus intense. C’est la volonté humaine qui
est la fontaine du mal; si elle semble faire quelque bien, ce bien est
infecté et quiconque y touche en devient également infecté.»
Après cela, je me suis substituée à chaque créature
comme Jésus me l’a ensei-gné. Par la suite, il m’a dit: «Ma
fille, quand tu répètes ce que je t’ai enseigné, je
me sens blessé par mon propre Amour. Quand je t’enseignais ces choses,
je te blessais de mon Amour et quand tu les répètes, tu me
blesses à ton tour. Même le simple fait de te remémorer
mes paroles et mes enseignements me blesse. Si tu m’aimes, blesse-moi toujours!»
26 décembre 1919
La vie dans la Divine Volonté est un sacrement surpassant tous
les sacrements institutionnels ensemble.
Je me disais: «Comment se peut-il que faire la Divine Volonté
surpasse même les sacrements?» Bougeant en moi, Jésus
me dit: «Ma fille, pourquoi les sacrements sont-ils nommés
sacrements? Parce qu’ils sont sacrés, qu’ils ont le pouvoir de confé-rer
la grâce et la sainteté. Néanmoins, ils agissent suivant
les dispositions de la créa-ture, si bien qu’ils sont parfois sans
fruits, incapables d’accorder les biens qu’ils contiennent.
«Ma Volonté, quant à elle, est sainte et sacrée;
elle comporte les vertus de tous les sacrements institutionnels ensemble.
Elle n’a pas à travailler pour disposer l’âme à recevoir
les biens qu’elle comporte: aussitôt que l’âme se dispose à
faire ma Volonté, au prix même de tous les sacrifices, elle
a automatiquement les dispositions requises et, voyant cela, ma Volonté
se communique à elle sans délai et y verse les biens qu’elle
contient. Elle forme ainsi les héros et les martyrs de la Divine
Volonté, le plus grand de tous les prodiges.
«Que font les sacrements, sinon d’unir l’âme à Dieu!
Et que fait ma Volonté? N’est-ce pas d’unir la volonté de
la créature à celle de son Créateur, de la dissoudre
dans la Volonté éternelle? Quand l’âme se fond dans
ma Volonté, c’est le néant qui s’élève vers
le Tout et le Tout qui descend vers le néant. C’est le plus noble,
le plus pur, le plus beau et le plus héroïque acte que la créature
puisse faire.
«Oh! oui! je te le confirme, ma Volonté est un sacrement
qui surpasse tous les sacrements institutionnels ensemble. Le sacrement
de ma Volonté agit d’une manière plus admirable, sans aucun
intermédiaire, sans rien de matériel; il opère entre
ma Volonté et la volonté de la créature. Les deux
s’unissent et forment le sacrement. Ma Volonté est vie et l’âme
en reçoit la vie; ma Volonté est sainteté et l’âme
en reçoit la sainteté; ma Volonté est force et l’âme
en reçoit la force; et ainsi de suite.
«Par contre, combien mes autres sacrements, ces canaux que j’ai
laissés à mon Église, doivent-ils travailler pour
disposer les âmes, si seulement ils y parviennent! Combien de fois
ils sont bafoués ou méprisés! Quelques-uns s’en servent
même pour leur gloire personnelle et pour m’offenser. Ah! si tu savais
les grands sacrilèges commis dans le sacrement de pénitence
et les abus horribles dans le sacrement de l’Eucharistie, tu pleurerais
avec moi!
«Oh! oui! seulement le sacrement de ma Volonté peut chanter
victoire. Il est complet dans ses effets et intouchable par les offenses
des créatures. C’est que, pour entrer dans ma Volonté, la
créature doit mettre de côté sa propre volonté
et ses passions; c’est seulement alors que ma Volonté l’investit
et accomplit en elle ses prodiges.
«Quand je parle de ma Volonté, je célèbre
sans arrêt, ma joie est complète. Quand entre en action le
sacrement de ma Volonté, aucune amertume ne se mani-feste entre
l’âme et moi. Pour les autres sacrements, par contre, mon Coeur nage
dans le chagrin; l’homme les a changés en fontaines d’amertume alors
que je les avais institués comme des fontaines de grâces.»
1er janvier 1920
Chaque action faite dans la Divine Volonté
se transforme en une hostie éternelle.
Je me trouvais dans mon état habituel. Venant de mon intérieur,
mon aimable Jésus se montra tout baigné de larmes. Même
ses vêtements et ses mains très sacrées étaient
baignés de larmes. Cette vue me plongea dans un profond chagrin.
J’en fus secouée. Il me dit: «Ma fille, quels bouleversements
connaîtra le monde! Les châtiments déferleront plus
douloureux qu’avant, si bien que je ne cesserai de pleurer sur le triste
sort du monde.»
Il ajouta: «Ma Volonté est comme un cercle; celui qui
y entre est pris au piège de sorte qu’il ne peut plus trouver le
moyen d’en sortir. Tout ce qu’il y fait reste fixé au point éternel
et se répand dans le cercle de l’éternité.»
Il ajouta encore: «Sais-tu de quoi est fait le vêtement
de celui qui vit dans ma Volonté? Il n’est pas fait d’or, mais de
la plus pure lumière. Il est comme un miroir montrant à tout
le Ciel les actions de cette âme. Il est orné de plusieurs
miroirs et, dans chacun d’eux, on peut me voir entièrement. Ainsi,
de partout où on regarde l’âme, de l’arrière, de l’avant,
du côté gauche ou du côté droit, on me voit multiplié
autant de fois que l’âme a fait d’actions dans ma Volonté.
Je ne pourrais pas donner un plus beau vêtement à cette âme.
Ce vêtement est la distinction exclusive des âmes vivant dans
ma Volonté.»
Ces paroles me laissèrent un peu perplexe. Jésus ajouta:
«Pourquoi doutes-tu? La même chose ne se produit-elle pas concernant
les hosties sacramentelles? S’il y a un millier d’hosties, il y aura un
millier de Jésus qui se communiqueront à un millier d’âmes;
s’il y a une centaine d’hosties, il n’y a qu’une centaine de Jésus
qui ne se donneront qu’à une centaine d’âmes. Par chaque action
faite dans ma Volonté, l’âme m’encercle et me scelle à
l’intérieur de sa volonté.
«Les actes faits dans ma Volonté sont des hosties éternelles
dont les espèces ne sont pas sujettes à être consommées
(contrairement à ce qu’il en est pour les hosties sacramentelles,
où ma vie sacramentelle cesse dès que les espèces
sacramentelles sont consommées). Dans les hosties de ma Volonté,
il n’y a pas de farine ou d’autre matière; leur substance est ma
Volonté éternelle unie à la volonté de la créature
qui, fondue dans la mienne, est devenue éternelle; ces deux volontés
ne sont pas sujettes à être consommées.
«Qu’y a-t-il de surprenant à ce que la totalité
de ma personne soit multipliée autant de fois qu’il y a d’actions
faites dans ma Volonté? Pour chacune de ces actions, je suis scellé
dans l’âme et l’âme est scellée en moi. Ce sont là
des prodiges de ma Volonté. N’est-ce pas assez pour t’enlever tout
doute.»
9 janvier 1920
Chaque chose créée manifeste l’Amour
de Dieu pour les créatures.
Je priais et, par la pensée, je me fondais dans la Volonté
éternelle. M’étant pla-cée devant la Majesté
Suprême, je lui disais:
«Éternelle Majesté, je viens à tes pieds
au nom de toute la famille humaine, du premier homme jusqu’au dernier,
pour t’adorer profondément. À tes pieds très saints,
je dépose l’adoration de tous. Au nom de tous, je te reconnais comme
le Créateur et le Souverain de tous. Je t’aime pour tous. Au nom
de tous, je te retourne l’amour que tu nous manifestes à travers
les choses créées, en lesquelles tu as mis tant d’amour que
les créatures ne pourront jamais te retourner tout cet amour. Néanmoins,
dans ta Volonté, où tout est immense et éternel, je
trouve cet amour et je te le redonne au nom de tous. Je veux t’aimer pour
chaque étoile que tu as créée, pour chaque rayon de
lumière et chaque intensité de chaleur que tu as placés
dans le soleil, etc.» Il serait trop long de rapporter ici tout ce
que j’ai dit et, par conséquent, je m’arrête.
Une pensée me vint ensuite à l’esprit: «Comment,
dans chaque chose créée, Notre-Seigneur a-t-il pu placer
de telles rivières d’amour à l’adresse des créatures?»
Une réponse me vint dans une lumière intérieure:
«C’est vrai, ma fille, que mon Amour pour les créatures
s’est répandu à torrents dans toutes les choses créées.
Je te l’ai déjà dit et je te le répète: quand
mon Amour créa le soleil, il y plaça des océans d’Amour;
par chacun de ses rayons qui inonde les yeux, les pieds, les mains, la
bouche etc. de la créature, j’offre à celle-ci mon bai-ser
éternel débordant d’Amour. En plus de sa lumière,
le soleil prodigue sa chaleur. Impatient de recevoir l’amour des créatures,
je leur dis par cette chaleur un intense “je t’aime”. Et quand, avec sa
lumière et sa chaleur, le soleil féconde les plantes, c’est
mon Amour qui fait ses courses pour nourrir l’homme. Le firmament déployé
au-dessus de vos têtes vous rappelle continuellement mon Amour. Chacun
des cli-gnotements d’étoiles qui, pendant la nuit, réjouissent
l’oeil de l’homme, lui dit de ma part: “Je t’aime.”
«Ainsi, chaque chose créée manifeste mon Amour
à l’homme. S’il n’en était pas ainsi, la Création
n’aurait aucun but, ce qui serait une absurdité puisque je ne fais
jamais rien sans but. Tout a été fait pour l’homme. Hélas!
il ne le reconnaît pas et il est devenu une source de chagrin pour
moi!
«Ma fille, si tu veux adoucir ma souffrance, viens souvent dans
ma Volonté et prodigue-moi de l’adoration, de l’amour, de la gratitude
et des remerciements au nom de toute la Création.»
15 janvier 1920
Quiconque veut aimer, réparer et se substituer à tous,
doit vivre dans la Divine Volonté.
Je me fondais totalement dans la Divine Volonté avec l’intention
de me substi-tuer à chaque créature pour présenter
en son nom tout ce qu’elle doit offrir à la Majesté Suprême.
Pendant que je faisais ainsi, je me disais: «Où puis-je trouver
assez d’amour pour le donner à mon doux Jésus au nom de tous?»
Jésus me dit intérieurement: «Ma fille, dans ma
Volonté, tu trouveras en sura-bondance l’amour nécessaire
pour remplacer celui que toutes les créatures me doi-vent, car quiconque
entre dans ma Volonté y trouve des sources impétueuses où
l’on peut puiser tant que l’on veut sans jamais les épuiser le moindrement.
Il y a la fontaine de l’Amour qui, impétueusement, jette ses vagues;
plus on y puise, plus elle augmente son débit. Il y a la source
de la beauté qui ne s’affadit jamais; elle émet des beautés
toujours nouvelles. Il y a aussi les fontaines de la sagesse, du bonheur,
de la bonté, de la puissance, de la miséricorde, de la justice
et de tous mes autres attributs.
«Chaque fontaine déborde chez ses voisines. Par exemple,
la fontaine de l’Amour remplit d’amour la beauté, la sagesse, la
puissance, etc.; la fontaine de la beauté donne de la beauté
à l’amour, à la sagesse, à la puissance, etc. Tout
cela s’accomplit avec une telle intensité que tout le Ciel en est
ravi. Ces diverses fontai-nes présentent une telle harmonie, créent
une telle joie et offrent un tel spectacle que tous les bienheureux en
sont enchantés et ne veulent plus s’en détacher.
«Ainsi, ma fille, pour quiconque veut, au nom de tous, aimer,
réparer et se substituer à tous, il est absolument nécessaire
qu’il vive dans ma Volonté, de laquelle tout jaillit, où
les choses se multiplient autant de fois que l’on veut et sont marquées
de l’empreinte divine. Cette empreinte forme les fontaines dont les vagues
s’élèvent au point de tout inonder et de faire du bien à
tous. Par conséquent, reste toujours dans ma Volonté. C’est
là que je t’attends, là que je te veux.»
24 janvier 1920
Dieu créa l’homme pour qu’il lui tienne compagnie.
Poursuivant dans mon état habituel, je m’unissais à Jésus,
le priant de me tenir compagnie. Bougeant en mon intérieur, il me
dit: «Ma fille, si tu savais à quel point j’aime la compagnie
des créatures! Quand j’ai créé l’homme, j’ai dit:
“Il n’est pas bon que l’homme soit seul, créons une autre créature
semblable à lui pour lui tenir compagnie, afin qu’ils soient la
joie l’un de l’autre.” Avant de créer l’homme, je me suis dit à
moi-même des paroles semblables: “Je ne veux pas être seul;
je veux des créatures pour me tenir compagnie, pour que je puisse
me réjouir avec elles, pour qu’elles puissent partager mon bonheur.
Avec elles, je donnerai libre cours à mon Amour.” C’est pour cela
que j’ai fait les créatures à ma ressemblance.
«Quand leur intelligence pense à moi, elles tiennent compagnie
à ma sagesse. Si leur regard se porte vers moi ou vers les choses
créées pour m’aimer, je sens la compagnie de leur regard.
Si leur langue prie ou enseigne ce qui est bien, je sens la compagnie de
leur voix. Si leur coeur m’aime, je sens la compagnie de leur amour, etc.
Mais, si les créatures font l’opposé, je me sens seul, comme
un roi destitué. Hélas! combien me laissent seul et m’ignorent!»
14 mars 1920
Le martyre d’amour surpasse tous les
autres martyres ensemble.
Mon état était de plus en plus douloureux. Pendant que
j’étais noyée dans l’océan de la privation de mon
doux Jésus, ma vie et mon tout, je ne pouvais pas m’empêcher
de me plaindre et même de dire des idioties. Bougeant en moi, mon
doux Jésus me dit en soupirant:
«Ma fille, tu es le plus dur martyre de mon Coeur. Chaque fois
que je te vois gémir, paralysée par la douleur de la privation
de moi, mon martyre devient plus pénible. Ma douleur est si grande
que je gémis en disant: “Ô homme, combien tu me coûtes!
Tu as formé le martyre de mon Humanité qui, folle d’amour
pour toi, prit sur elle-même toutes tes souffrances. Et tu continues
en faisant le martyre de celle qui, saisie d’amour pour moi et pour toi,
s’est offerte comme victime à cause de toi.» Ainsi, mon martyre
est continuel. Je le sens plus vivement parce que c’est le martyre de quelqu’un
qui m’aime et que le martyre d’amour surpasse tous les autres martyres
ensemble.”»
Puis, approchant sa bouche près de l’oreille de mon coeur, il
dit en gémissant: «Ma fille, ma fille, ma pauvre fille! Seul
ton Jésus te comprend et est rempli de com-passion pour toi, parce
que je sens dans mon Coeur ton martyre.»
Il ajouta: «Écoute, ma fille: si, avec le châtiment
de la guerre, l’homme s’était humilié et était entré
en lui-même, aucun autre châtiment ne serait nécessaire.
Mais il s’est déchaîné encore plus. Ainsi, pour le
faire entrer en lui-même, des châtiments pires que la guerre
sont nécessaires et viendront. Ma justice aménage mon absence.
C’est ainsi que je m’abstiens de venir vers toi. Car, si je viens vers
toi, tu t’empares de ma justice et, par tes souffrances, tu combles les
vides que l’homme se fait par ses péchés. N’as-tu pas fait
cela pendant de nombreuses années? L’entêtement de l’homme
le rend indigne de ce grand bien et c’est pourquoi je te prive souvent
de moi. En te voyant martyrisée à cause de moi, mon chagrin
est si grand que j’en délire; je suis contraint de te cacher mes
gémissements et de ne pas les verser en toi, de manière à
ne pas te donner encore plus de souffrances.»
19 mars 1920
Vivre dans la Divine Volonté, c’est vivre départi de
sa
propre vie et embrasser toutes les vies.
Je me plaignais à mon toujours aimable Jésus en lui disant:
«Comme tu as changé! Est-ce possible qu’il n’y ait plus de
souffrance pour moi? Tous souffrent; je suis la seule à être
indigne de cela! C’est vrai que je surpasse tout le monde en méchanceté
mais, je t’en prie, aie pitié de moi; ne me refuse pas au moins
les miet-tes des souffrances que tu distribues en abondance aux autres.
Mon Amour, dans quel état terrifiant je me trouve! Aie pitié
de moi, aie pitié!»
Pendant que je disais cela, mon doux Jésus bougea en moi et
me dit: «Ma fille, calme-toi! Sinon, tu ouvriras plus profondément
les déchirures de mon Coeur! Veux-tu me surpasser dans la souffrance?
Moi aussi j’aurais voulu porter en moi tou-tes les souffrances de toutes
les créatures. Mon Amour envers elles était si grand que
j’aurais voulu qu’aucune ne souffre. Cependant, je n’ai pas pu obtenir
cela; j’ai dû me soumettre à la sagesse et à la justice
du Père. Quoiqu’il m’ait permis de prendre sur moi la plus grande
part des souffrances des créatures, il n’a pas voulu que je les
prenne toutes afin que soient préservés les droits et l’équilibre
de sa justice.
«Mon Humanité aurait voulu souffrir assez pour que soit
mis un terme à l’enfer, au purgatoire et à tous les châtiments,
mais la Divinité ne l’a pas voulu ainsi. La jus-tice a dit à
l’Amour: “Tu as voulu tes droits? ils t’ont été concédés;
la justice a aussi ses droits.” Je me suis ainsi résigné
à la sagesse du Père, mais mon Humanité en res-sentit
beaucoup de peine, vu les grandes souffrances qui allaient tomber sur les
créatures. Tes plaintes de ne pas souffrir font écho à
mes propres plaintes sur le même sujet. Je viens fortifier ton coeur,
sachant combien cette souffrance est péni-ble. Sache, cependant,
que cela est aussi une souffrance pour ton Jésus.»
Par amour pour mon Jésus, je me suis résignée
à ne pas souffrir, mais le tour-ment de mon coeur en fut très
grand. Plusieurs idées parcouraient mon esprit, spé-cialement
en ce qui concerne ce qu’il m’a dit concernant sa Divine Volonté.
Il me semblait que je ne pourrais jamais voir en moi les effets de ses
paroles sur cette question. Jésus ajouta aimablement:
«Ma fille, quand je t’ai demandé si tu consentirais à
vivre dans ma Volonté, tu as accepté en disant: “Je dis oui,
non pas dans ma volonté mais dans la tienne, afin que mon oui ait
toute la puissance et toute la valeur d’un oui divin.” Eh bien! sache que
ce oui prononcé par toi existe et existera toujours, tout comme
ma Volonté. Avec ce oui, ta vie personnelle a pris fin. Ta volonté
ne doit plus vivre par elle- même. Comme toutes les créatures
sont dans ma Volonté, tu es venue au nom de toute la famille humaine
déposer au pied de mon trône, d’une manière divine,
les pensées de toutes les créatures que tu portais dans ta
propre pensée, pour me don-ner la gloire pour toutes ces pensées.
Dans ton regard, dans ton parler, dans tes actions, dans la nourriture
que tu manges, et même dans ton sommeil, fais de même en me
donnant la gloire pour les actions correspondantes des créatures.
«Ta vie doit tout embrasser. Si, oppressée par la privation
de moi, tu n’unissais pas toute la famille humaine à tes actions,
je te réprimanderais. Et si tu ne m’écou-tais pas, je te
dirais tout affligé: “Si tu ne veux pas me suivre, je ferai les
choses seul.” Vivre dans ma Volonté, c’est vivre départi
de sa vie personnelle, départi de ses réflexes personnels;
c’est embrasser toutes les autres vies. Sois attentive à cela et
ne crains pas.»
23 mars 1920
Luisa aimerait être totalement cachée des regards humains,
mais Jésus la veut comme une lampe sur son lampadaire.
Je disais à mon doux Jésus: «J’aimerais me cacher
des yeux de tous pour que tous m’oublient comme si je n’existais plus sur
la terre. Comme il m’est pénible d’avoir affaire aux gens! Je sens
la nécessité d’un profond silence.» Alors, bougeant
en moi, Jésus me dit: «Tu veux te cacher, mais moi je te veux
comme une lampe sur son lampadaire qui donne sa lumière à
tous, cette lampe étant alimentée par mon éternelle
lumière. Si tu te caches, ce n’est pas toi que tu caches, c’est
moi-même, ma lumière et ma Parole.»
Puis, j’ai continué de prier et, je ne sais comment, je me suis
retrouvée hors de mon corps en compagnie de Jésus. J’étais
petite et Jésus très grand. Il me dit: «Ma fille, grandis-toi
pour devenir égale à moi; je veux que tes bras atteignent
les miens et que ta bouche atteigne la mienne.» Je ne savais vraiment
pas comment faire. Jésus plaça ses mains dans les miennes
et répéta: «Grandis-toi, grandis-toi.»
J’ai essayé et je me suis sentie comme un ressort de telle sorte
que, si je le vou-lais, je pouvais me grandir. Je me suis donc allongée
avec facilité et j’ai posé ma tête sur l’épaule
de Jésus, pendant qu’il continuait de garder ses mains dans les
mien-nes. Par ce contact avec ses mains, je me suis souvenue de ses très
saintes Plaies et je lui ai dit: «Mon Amour, puisque tu me veux de
ta grandeur, pourquoi ne me don-nes-tu pas tes souffrances? Donne-les moi!
Ne me les refuse pas!»
Jésus me regarda et me serra très fort sur son Coeur,
comme s’il avait voulu me dire beaucoup de choses. Après, il disparut
et je me suis retrouvée dans mon corps.
3 avril 1920
Le désir de Dieu en créant l’homme était que,
petit
à petit, il développe la vie divine en lui pour
être ensuite amené aux joies du Ciel.
J’étais dans mon pauvre état et j’ai senti en moi mon
aimable Jésus qui s’unis-sait à ma prière. Il me dit:
«Ma fille, ce que je désirais en créant l’homme, c’était
qu’il fasse ma Volonté en toute chose et que, petit à petit,
par des actes répétés dans ma Volonté, le soleil
de ma vie se forme en lui. Ainsi, le soleil de ma vie aurait trouvé
en lui ce même soleil et les deux se seraient fondus en un seul.
Alors, je l’aurais amené aux joies du Ciel.
Hélas! l’homme n’a pas donné suite à ce projet
divin; il n’accomplit pas ma Volonté ou ne l’accomplit que partiellement.
Ma vie en lui, obscurcie par ses actions humaines, ne reçoit pas
suffisamment de nourriture pour croître jusqu’à maturité.
Ainsi, il est en opposition continuelle avec le but de la Création.
Comme ils sont nombreux ceux qui, en vivant la vie des passions et du péché,
forment en eux une vie diabolique!»
15 avril 1920
L’amour des âmes est la cause des souffrances
de Jésus et de celles de Luisa.
Je me plaignais à mon doux Jésus à propos de mon
état lamentable en lui disant: «Dis-moi, mon Amour, où
es-tu? Dis-moi par quel chemin tu m’as quittée pour que je te retrouve.
Laisse-moi voir les traces de tes pas pour que, pas à pas, j’arrive
jusqu’à toi. Ah! Jésus, sans toi je ne peux continuer! Cependant,
même si tu es loin, je t’envoie mes baisers. Je baise cette main
qui ne me serre plus, cette bou-che qui ne me parle plus, cette face que
je ne vois plus, ces pieds qui ne marchent plus vers moi, mais qui se dirigent
ailleurs. Ah! Jésus, que mon état est triste! Quelle fin
cruelle m’attendait!»
Pendant que je disais cela et bien d’autres balivernes, mon doux Jésus
bougea en moi et me dit: «Ma fille, calme-toi car, pour celui qui
vit dans ma Volonté, tous les endroits sont des lieux sûrs
pour me trouver. Ma Volonté remplit tout; quel que soit le chemin
qu’on emprunte, on ne doit pas craindre de ne pouvoir me trouver. Ah! ma
fille, je ressens ton état douloureux dans mon Coeur. Je vois que
le courant de chagrin qui passait entre ma Mère et moi se répète
entre toi et moi. Elle était cru-cifiée à cause de
mes souffrances et j’étais crucifié à cause de ses
souffrances.
«Mais, quelle était la cause de tout cela? Notre Amour
pour les âmes. Par amour pour les âmes, ma chère Mère
porta toutes mes souffrances et même ma mort; par amour pour les
âmes, je portais toutes ses peines, y compris sa peine d’être
privée de moi. Oh! combien il en a coûté à mon
Amour de priver mon insé-parable Mère de moi et combien elle
en a souffert! Mais l’amour des âmes triompha de tout.
«C’est également par amour des âmes que tu as accepté
ton état de victime, que tu as accepté toutes ces souffrances
qui se sont présentées durant ta vie. Si ce n’était
pas de cet amour des âmes, ton exil serait terminé, tu n’aurais
pas le chagrin d’être privée de moi et je n’aurais pas non
plus le chagrin de te voir torturée à cause de cette privation.
Ainsi, prends patience et que l’amour des âmes triomphe jusqu’à
la fin en toi.»
1er mai 1920
La vie dans la Divine Volonté procure une
gloire permanente à Dieu.
Ma misère se faisait sentir de plus en plus et je me disais:
«Mon Jésus, quelle vie est la mienne!» Immédiatement,
Jésus me dit: «Ma fille, pour l’âme qui vit dans ma
Volonté, la sainteté n’a qu’un seul but: un continuel “Gloire
au Père” suivi de “Comme il était au commencement, comme
il est maintenant et comme il sera dans les siècles des siècles.”
Il n’y a rien par lequel cette âme ne rende pas gloire à Dieu.
Sa sainteté n’est pas sujette à des reculs, mais elle règne
toujours. Son fondement est le “Gloire au Père” et sa prérogative
le “Comme il était au commencement, etc.”»
8 mai 1920
Celui qui vit dans les hauteurs de la Divine Volonté doit
porter les souffrances de ceux qui “vivent en bas”.
Je continuais de me plaindre à propos de la privation de Jésus.
Je me plaignais aussi du fait qu’il me prive de souffrances alors qu’il
en donne abondamment aux autres. Il vint en sortant de mon intérieur
et, appuyant sa tête sur mon épaule, il me dit tout affligé:
«Ma fille, l’âme qui vit dans ma Volonté vit dans
les hauteurs et, de ce fait, elle voit mieux ce qui se passe en bas. Elle
doit participer aux décisions, aux afflictions et à toute
autre chose propre à ceux qui vivent dans les hauteurs. Vois ce
qui se passe dans la vie familiale courante: seulement le père et
la mère, et parfois un fils plus âgé, participent aux
décisions et aux souffrances inhérentes à la vie familiale.
Quand la famille est dans les difficultés, les petits enfants ne
savent rien de cela. Plutôt, ils jouent et vivent leur vie ordinaire.
«Il en va ainsi dans l’ordre de la grâce. Ceux qui sont
petits et qui grandissent encore vivent en bas. Mais ceux qui vivent dans
les hauteurs de ma Volonté doivent soutenir ceux qui vivent en bas,
voir les dangers qui les guettent, les aider à prendre les bonnes
décisions, etc.
«Par conséquent, calme-toi. Nous aurons une vie commune
dans ma Volonté et, ensemble, nous participerons aux difficultés
et aux chagrins de la famille humaine. Tu veilleras sur les grandes tempêtes
qui se lèveront et, pendant que ceux d’en bas joueront au milieu
des dangers, nous pleurerons sur leur infortune.»
15 mai 1920
La Divine Volonté effectue la crucifixion
complète dans l’âme.
Je me plaignais à mon doux Jésus en lui disant: «Où
sont tes promesses? Je n’ai plus de croix ni de similarité avec
toi; tout s’est écroulé; il ne me reste qu’à pleurer
sur mon triste sort.» Bougeant en moi, Jésus me dit: «Ma
fille, ma crucifixion fut complète. Veux-tu savoir pourquoi? Parce
qu’elle s’est réalisée dans la Divine Volonté de mon
Père. Dans cette Volonté, ma Croix se fit assez longue et
assez large pour embrasser tous les siècles et pénétrer
tous les coeurs, passés, présents et futurs. La Divine Volonté
mit des clous partout en moi: dans mes désirs, mes affections et
mes battements de coeur.
«Je peux dire que je ne vivais pas ma propre vie, mais celle
de la Volonté éter-nelle qui enferma en moi toutes les créatures
pour lesquelles il voulait que je réponde. Ma crucifixion n’aurait
jamais pu être complète et embrasser toutes les créatures
si la Volonté éternelle n’en avait pas été
l’auteur.
«En toi aussi, je veux que la crucifixion soit complète,
qu’elle embrasse toutes les créatures. C’est la raison de l’appel
continuel que je te fais d’amener la famille humaine tout entière
devant la Majesté Suprême et de faire au nom de chaque créature
les actes qu’elle ne fait pas. L’oubli total de toi-même et l’absence
totale d’intérêt personnel sont des clous que ma Volonté
met en place en toi. Ma Volonté ne sait pas faire des choses petites
ou incomplètes. Entourant l’âme, elle la veut totalement en
elle et y met son sceau.
«Ma Volonté vide l’intérieur de la créature
de tout ce qui s’y trouve d’humain et le remplace par du divin. Elle scelle
l’intérieur de l’âme avec autant de clous qu’il s’y trouve
d’actions humaines pour leur substituer des actions divines. Ainsi, elle
forme la vraie crucifixion de l’âme, pas seulement pour un temps,
mais pour sa vie entière.»
24 mai 1920
Les actions faites dans la Divine Volonté sont des défenseurs
du
trône divin, pas seulement dans le temps présent,
mais jusqu’à la fin des siècles.
Étant dans mon état habituel, mon toujours aimable Jésus
me dit: «Ma fille, les actions faites dans ma Volonté dissolvent
les actions humaines qui, transformées en actions divines, s’élèvent
dans le Ciel, circulent en toutes les créatures et embras-sent tous
les siècles. Ces actions demeurent en permanence dans ma Volonté.
Elles sont les défenseurs de mon trône contre chaque offense
des créatures et cela, non seulement pour le temps présent,
mais jusqu’à la fin des siècles.
«Les actions faites dans ma Volonté ont la vertu de se
multiplier pour ma gloire suivant les besoins et les circonstances. Quel
sera le bonheur de l’âme quand, par-venue au Ciel, elle verra que
ses actions faites dans ma Volonté sont devenues les défenseurs
de mon trône en neutralisant les offenses venant de la terre!
«Au Ciel, le bonheur de l’âme qui aura vécu dans
ma Volonté pendant qu’elle était sur la terre sera différent
de celui des autres bienheureux. Les autres recevront de moi tout leur
bonheur, alors que ces âmes, non seulement recevront de moi leur
bonheur, mais elles auront leurs propres petites rivières de bonheur
puisées dans ma propre mer de bonheur.
«Pendant qu’elles vivaient sur la terre, ces âmes formaient
leurs propres riviè-res de bonheur à partir de ma mer. Il
est juste qu’au Ciel elles disposent aussi de ces rivières de bonheur,
lesquelles se déverseront sur tous les bienheureux. Qu’elles sont
belles ces rivières prenant leur source dans la mer infinie de ma
Divine Volonté! Elles se versent en moi et je me verse en elles.
Elles sont un spectacle enchanteur devant lequel tous les bienheureux sont
extasiés.»
28 mai 1920
L’âme qui vit dans la Divine Volonté est consacrée
avec Jésus
dans chaque hostie. Les actions faites dans la Divine
Volonté supplantent toutes les autres.
C’était pendant le saint sacrifice de la messe et je me fondais
en Jésus afin d’être consacrée avec lui. Bougeant en
moi, il me dit: «Ma fille, entre dans ma Volonté pour pouvoir
te trouver dans toutes les hosties, non seulement actuelles mais aussi
futures. Ainsi, tu recevras autant de consécrations que moi-même.
Dans chaque hostie consacrée, j’ai déposé ma vie et
j’en veux une autre en échange; je me donne à l’âme,
mais, très souvent, l’âme refuse de se donner à moi
en retour. Ainsi, mon Amour se sent rejeté, bafoué.
«Viens donc dans ma Volonté pour être consacrée
avec moi dans chaque hos-tie. Ainsi, en chacune, je trouverai ta vie en
échange de la mienne. Et cela, pas seu-lement pendant que tu es
sur la terre, mais aussi quand tu seras dans le Ciel. Et comme je recevrai
des consécrations jusqu’au dernier jour, toi aussi tu recevras avec
moi des consécrations jusqu’au dernier jour.»
Il ajouta: «Les actions faites dans ma Volonté excellent
au-dessus de toutes les autres. Elles entrent dans la sphère de
l’éternité et laissent derrière toutes les actions
humaines. Ce n’est pas important que ces actions soient faites à
telle époque ou à telle autre, ou qu’elles soient petites
ou grandes; il suffit qu’elles soient faites dans ma Volonté pour
qu’elles aient la priorité sur toutes les autres actions humaines.
«Les actions faites dans ma Volonté sont comme de l’huile
mêlée avec d’autres matières: qu’il s’agisse de choses
de grande valeur comme, par exemple, de l’or ou de l’argent, ou de mets
relevés, ou de choses ordinaires, toutes restent au bas, l’huile
prévaut sur toutes, elle n’est jamais au-dessous. Même en
petite quantité, elle semble dire: “Je prévaux sur tout.”
«Les actions faites dans ma Volonté se convertissent en
lumière, une lumière qui se fond avec la lumière éternelle.
Elles ne restent pas dans la catégorie des actions humaines, mais
elles passent dans la catégorie des actions divines. Elle ont la
suprématie sur toutes les autres actions.
2 juin 1920
À l’instar de Jésus, Luisa ressent la douleur de la
séparation de l’homme d’avec la Divinité.
Poursuivant dans mon état habituel et m’absorbant dans la prière,
j’ai vu en moi un abîme dont je ne pouvais découvrir ni la
profondeur ni la largeur. Au milieu de cet abîme, j’ai vu mon doux
Jésus, affligé et taciturne. Je le sentais très loin
de moi, comme s’il n’était pas là pour moi. Mon coeur était
torturé d’une mort cruelle qui se répétait sans cesse
à cause de cet abîme me séparant de mon tout, de ma
vie.
Pendant que mon coeur dégouttait le sang, mon toujours aimable
Jésus, sor-tant de cet abîme, se plaça derrière
mon dos et, entourant mon cou avec ses bras, me dit: «Ma fille bien-aimée,
tu es mon portrait. Que de fois mon Humanité gémis-sante
vécut ces tortures! Mon Humanité était unie à
ma Divinité, les deux ne faisant qu’un. Cependant, alors que ma
Divinité m’enveloppait intérieurement et extérieu-rement,
que j’étais fondu en elle, je me sentais loin d’elle. Par cette
souffrance, mon Humanité payait le prix de la séparation
de l’homme d’avec la Divinité par le péché, afin de
le réunir de nouveau à la Divinité. Chaque instant
de cette séparation entre ma Divinité et mon Humanité
était pour moi une mort sans merci.
«Voilà la raison de tes souffrances et de l’abîme
que tu vois. En ces temps tumultueux où l’humanité s’éloigne
de moi avec précipitation, tu dois ressentir la douleur de cette
séparation pour la ramener à moi. Ton état est très
douloureux, mais c’est aussi une douleur de ton Jésus. Pour te donner
de la force, je te soutiens par derrière, de manière à
ce que tes souffrances soient plus intenses. En fait, si je te soutenais
par devant, le simple fait de voir mes bras près de toi couperait
tes souf-frances de moitié et ta ressemblance avec moi tarderait.
10 juin 1920
Comme l’Humanité de Jésus, l’âme doit
vivre entre le Ciel et la terre.
Je me sentais très affligée, seule et sans soutien. Mon
doux Jésus me prit dans ses bras, me leva dans les airs et me dit:
«Ma fille, quand mon Humanité était sur la terre, je
vivais entre le Ciel et la terre, ayant la terre tout entière sous
moi et le Ciel tout entier au-dessus de moi. En vivant de cette manière,
j’essayais d’attirer la terre tout entière et le Ciel tout entier
en moi afin de faire d’eux une seule chose. Si j’avais vécu au niveau
de la terre, je n’aurais pas été capable de tout attirer
à moi; j’aurais attiré au plus quelques points de la terre.
Il est vrai que vivre ainsi me coû-tait beaucoup, parce que je n’avais
pas d’endroit où me reposer ni personne sur qui m’appuyer. Seulement
les choses strictement nécessaires étaient fournies à
mon Humanité. Pour le reste, j’étais toujours seul et sans
confort.
«Cela était nécessaire, premièrement à
cause de la noblesse de ma personne pour laquelle vivre en bas et avec
de vils et mauvais soutiens humains n’était pas convenable et, deuxièmement,
à cause de ma mission de Rédempteur qui devait avoir la suprématie
sur tout. C’est pourquoi il convenait que je vive plus haut, au- dessus
de tous.
«De même, ceux que j’appelle à ma ressemblance,
je les mets dans les mêmes conditions que mon Humanité. Je
les fais vivre dans mes bras entre le Ciel et la terre. Seulement les choses
strictement nécessaires les atteignent. Ils sont tout à moi,
détachés de tout. Pour eux, les choses humaines qui ne sont
pas absolument nécessaires sont viles et dégradantes. Si
un soutien humain leur est offert, ils y sen-tent la puanteur de l’humain
et s’en éloignent.»
Il ajouta: «Dès que l’âme entre dans ma Volonté,
sa volonté se lie à la mienne. Même si elle n’y pense
pas, tout ce que fait ma Volonté, sa volonté le fait également
et elle court avec moi pour le bien de tous.»
22 juin 1920
La sainteté de l’Humanité de Jésus était
dépourvue
d’intérêt personnel.
Suivant mon habitude, j’amenais toute la famille humaine à mon
doux Jésus en priant et en réparant au nom de tous, et en
me substituant à tous afin d’accom-plir en leur nom tout ce qu’ils
ont l’obligation de faire. Pendant que je faisais ainsi, une pensée
me vint à l’esprit: «Pense et prie pour toi-même! Ne
vois-tu pas dans quel triste état tu es?» J’allais faire ainsi
quand, bougeant en moi, mon doux Jésus me dit:
«Ma fille, pourquoi veux-tu t’écarter de ma ressemblance?
Mon Humanité n’a jamais pensé à elle-même. Ma
sainteté était marquée d’un total désintéressement;
je n’ai jamais rien fait pour moi-même; je faisais et souffrais tout
pour les créatures. Mon Amour peut être qualifié de
vrai parce qu’il était fondé sur un total désintéres-sement.
Où il y a de l’intérêt personnel, la source de la vérité
ne se trouve pas. L’âme totalement désintéressée
est celle qui avance le plus; l’océan de mes grâces l’atteint
par derrière et la submerge complètement sans même
qu’elle ait à s’en sou-cier.
L’âme tournée vers elle-même, par contre, se tient
derrière; l’océan de ma grâce se trouve en avant d’elle
et elle doit le traverser par la force de ses bras, si seu-lement elle
y parvient. Le souci d’elle-même lui crée beaucoup d’obstacles,
entre autres, la peur de nager dans mon océan; elle court le risque
de demeurer sur la rive.»
2 septembre 1920
Le martyre d’Amour que cause à Jésus la privation
de la compagnie des créatures.
Je vis dans la privation presque continuelle de Jésus. Au mieux,
il se laisse voir brièvement, puis il disparaît comme l’éclair.
Ah! lui seul connaît le martyre de mon pauvre coeur!
Je pensais à l’Amour avec lequel mon toujours aimable Jésus
a tant souffert pour nous. Il me dit: «Ma fille, mon premier martyre
fut l’Amour, lequel donna nais-sance à mon second: la souffrance.
Chacune de mes souffrances était précédée d’une
mer d’Amour. Quand mon Amour s’est vu seul et abandonné par la majorité
des créatures, il devint délirant. Ne trouvant pas à
qui se donner, il se concentrait en lui-même; cela me donnait une
telle souffrance que, en comparaison, mes autres souffrances étaient
des soulagements. Ah! quand mon Amour trouve de la compa-gnie, je me sens
heureux.
«L’Amour en compagnie d’un autre amour est heureux, même
s’il ne s’agit que d’un petit amour, parce qu’il trouve à qui se
donner, à qui donner la vie. Quand l’Amour se trouve auprès
de quelqu’un qui ne l’aime pas ou le méprise, il est très
malheureux. La beauté à côté de la laideur se
sent déshonorée; les deux se fuient parce que la beauté
déteste la laideur et que la laideur se sent plus laide encore à
côté de la beauté. Ce qui est beau est heureux d’être
auprès de ce qui est beau; les deux se communiquent réciproquement
leur beauté.
«À quoi sert à l’enseignant de s’être tant
instruit s’il ne trouve aucun élève à qui enseigner?
À quoi sert au médecin d’avoir étudié l’art
de la médecine si personne ne se présente à lui pour
recevoir ses soins? Quel avantage un homme riche retire- t-il de sa richesse
s’il est toujours seul et ne trouve personne avec qui partager sa richesse?
La compagnie rend heureux, permettant au bien de se communiquer et de croître.
L’isolement rend malheureux et stérile. Ah! ma fille, combien mon
Amour souffre de son isolement! Les quelques personnes qui me tiennent
compa-gnie sont ma consolation et mon bonheur.»
21 septembre 1920
Les actions accomplies dans la Divine Volonté
sont scellées en elle.
J’agissais dans la très sainte Volonté de mon Jésus.
Bougeant en moi, il me dit: «Ma fille, les actions faites dans ma
Volonté sont scellées en elle. Par exemple, si l’âme
prie dans ma Volonté, sa prière est scellée dans ma
Volonté; ainsi, l’âme reçoit le don de la prière,
c’est-à-dire qu’elle n’a plus d’effort à faire pour prier.
Celui qui a des yeux sains n’a pas d’effort à faire pour voir; il
voit naturellement les objets et en jouit. Mais, pour celui dont l’oeil
est malade, regarder lui demande beaucoup d’efforts.
«Si l’âme souffre dans ma Volonté, elle sent en
elle le don de la patience; si elle travaille dans ma Volonté, elle
sent en elle le don de travailler saintement. Les actions scellées
dans ma Volonté perdent leur faiblesse et sont affranchies de leur
aspect humain; elles sont imprégnées de vie divine.»
25 septembre 1920
La vérité est lumière.
Me trouvant dans mon état habituel, j’ai vu mon toujours aimable
Jésus placer un globe de lumière en mon intérieur
en me disant: «Ma fille, mes vérités sont lumière.
Quand je les communique aux âmes, qui sont des êtres limités,
je les com-munique sous un éclairage restreint, puisqu’elles sont
incapables de recevoir une grande lumière. Cela se passe comme avec
le soleil: alors qu’il apparaît comme un globe limité, la
lumière qu’il répand investit, réchauffe et féconde
toute la terre. Il est impossible à l’homme de dénombrer
les plantes rendues fructueuses, les terres éclairées et
réchauffées par le soleil. Alors que, d’un simple coup d’oeil,
on peut voir le soleil dans les hauteurs, on ne peut voir où prend
fin sa lumière ni tout le bien qu’il fait.
«Il en va ainsi pour mes vérités. Elles apparaissent
limitées mais, quand elles sont manifestées, combien d’âmes
ne rejoignent-elles pas? Combien d’esprits n’illu-minent-elles pas? Que
de biens ne font-elles pas? J’ai placé en toi un globe de lumière;
il représente les vérités que je te communique. Sois
attentive en les rece-vant et plus attentive encore en les communiquant,
afin de favoriser leur propaga-tion.»
Par la suite, étant revenue à la prière, je me
suis retrouvée dans les bras de ma Maman céleste qui me caressa
et me serra sur son sein. Mais, je ne peux expliquer pourquoi, j’ai rapidement
oublié ce fait et je me plaignis que tous m’avaient aban-donnée.
Passant furtivement, Jésus me dit: «Il y a un instant, ma
Mère était ici et t’a serrée dans ses bras avec beaucoup
d’amour.» Alors, je me suis souvenu. Il poursui-vit: «C’est
arrivé aussi avec moi. Combien de fois je suis venu et tu l’as oublié.
Devrais-je peut-être ne pas venir? Je fais comme une mère
quand son bébé dort; elle le baise et le caresse, mais le
bébé ne sait rien de cela. Et quand il s’éveille,
il pourrait se plaindre que sa mère ne le baise pas et ne l’aime
pas.»
Que Jésus soit loué, lui l’artisan de tant de stratagèmes
amoureux.
12 octobre 1920
Celui qui vit dans la Divine Volonté reçoit son aide
de Jésus
uniquement, mais il donne son aide aux autres.
Je me sentais accablée, seule et sans aucune espérance
de recevoir ne fût-ce qu’une parole d’aide ou d’encouragement. Quand
quelqu’un vient à moi, même s’il s’agit d’une personne sainte,
il me semble que ce ne peut être que pour obtenir de l’aide, du réconfort,
ou pour se départir de ses doutes. Mais, pour moi, rien!
Pendant que j’étais dans ces sentiments, mon toujours aimable
Jésus me dit: «Ma fille, celui qui vit dans ma Volonté
est dans la même condition que moi. Si j’affirmais avoir besoin des
créatures — ce qui est impossible, puisque les créatures
ne peuvent aider leur Créateur —, ce serait comme si le soleil demandait
de la lumière et de la chaleur à d’autres créatures.
Que feraient celles-ci? Confuses, elles diraient au soleil: “Quoi, tu nous
demandes de la lumière et de la chaleur, toi qui remplis le monde
et fécondes toute la terre par ta lumière et ta chaleur?
Notre lumière s’évanouit totalement devant toi! C’est plutôt
toi qui dois nous donner ces choses.”
«Il en va ainsi pour celui qui vit dans ma Volonté. Puisqu’il
partage ma condi-tion et que le soleil de ma Volonté est en lui,
il doit procurer lumière, chaleur, aide, assurance et réconfort
aux autres. Je suis son seul aide et lui, à partir de ma Volonté,
il aide les autres.»
15 novembre 1920
Chaque bonne action accomplie pour Jésus est une
chaîne qui attache l’âme à Jésus.
Mon état était toujours plus douloureux. Seule la Divine
Volonté pouvait m’aider. Mon doux Jésus me dit: «Ma
fille, chaque action que l’âme accomplit pour moi, chaque pensée,
chaque parole, chaque prière, chaque souffrance et même un
simple souvenir de moi, devient une chaîne attachant l’âme
à moi. Sans violenter la volonté humaine, ces chaînes
ont le pouvoir de forger la persévérance qui est le dernier
pas avant que l’âme prenne possession de la gloire éternelle.»
28 novembre 1920
Quand Jésus veut donner, il commence par demander.
Effets de la bénédiction que Jésus donna à
Marie.
Je méditais sur l’épisode où, avant de s’engager
dans sa douloureuse Passion, Jésus se rendit chez sa Maman pour
lui demander sa bénédiction. Il me dit: «Ma fille,
combien de choses révèle ce mystère. J’ai voulu me
rendre chez ma chère Maman pour lui demander sa bénédiction
afin de lui fournir l’occasion de me demander ma propre bénédiction.
Les souffrances qu’elle devait traverser allaient être si grandes
qu’il était approprié que je la fortifie par ma bénédiction.
«Quand je veux donner, c’est mon habitude de demander d’abord.
Ma Maman comprit cela tout de suite et me demanda de la bénir d’abord.
Ce fut seulement après qu’elle me bénit.
«Pour créer l’univers, j’ai prononcé un Fiat par
lequel j’ai disposé, ordonné et décoré le ciel
et la terre. En créant l’homme, je lui infusai la vie par mon Souffle
tout-puissant. Au début de ma Passion, j’ai béni ma Mère
par ma Parole créatrice et toute-puissante. Ce ne fut pas seulement
elle que j’ai bénie; à travers elle, j’ai béni toutes
les créatures. Ma Mère détenait la suprématie
sur tous et, en elle, j’ai béni tous et chacun. Plus encore, j’ai
béni chaque pensée, chaque parole, chaque action, etc. des
créatures; j’ai également béni toutes les choses mises
à leur disposi-tion.
«Au même titre que le soleil, issu de mon Fiat tout-puissant,
poursuit sa course sans jamais que sa lumière et sa chaleur ne diminuent
le moindrement, ma bénédic-tion, jaillie de ma Parole créatrice
au début de ma Passion, demeure toujours agis-sante. Par elle, j’ai
renouvelé la Création.
«J’ai appelé mon Père céleste à bénir
lui aussi les créatures pour leur commu-niquer son pouvoir. J’ai
également voulu que le Saint-Esprit participe à cette béné-diction
pour que soient communiqués aux créatures la sagesse et l’Amour
et, qu’ainsi, soient renouvelées leur mémoire, leur intelligence
et leur volonté, et que soit restaurée leur souveraineté
sur tout.
«Quand je donne, je veux aussi recevoir. Ainsi, ma chère
Maman m’a béni, pas seulement en son nom personnel, mais au nom
de toutes les créatures.
«Oh! si tous étaient attentifs, ils ressentiraient ma
bénédiction dans l’eau qu’ils boivent, dans le feu qui les
réchauffe, dans la nourriture qu’ils prennent, dans les souffrances
qui les affligent, dans les gémissements de leurs prières,
dans leurs remords pour leurs fautes, dans leur abandon entre mes mains.
À travers toute chose, ils entendraient ma Parole créatrice
leur dire: “Je vous bénis au nom du Père, de Moi-même
et du Saint-Esprit. Je vous bénis pour vous aider, vous défen-dre,
vous pardonner, vous consoler et vous rendre saints!” De plus, tous feraient
écho à ma bénédiction en me bénissant
eux-mêmes.
«Ce sont là les effets de ma bénédiction.
Mon Église, instruite par moi, fait écho à ma bénédiction
dans presque toutes les circonstances. Elle bénit dans l’adminis-tration
des sacrements et en beaucoup d’autres occasions.»
18 décembre 1920
Action de grâces rendue à Jésus pour tout ce
qu’il a fait en la Très Sainte Vierge.
Le coeur affligé par l’absence de mon doux Jésus, j’étais
en prière. Soudain, je l’ai senti près de moi. Il me dit:
«Ah! ma fille, les choses empirent. Comme une tor-nade, je viendrai
tout ébranler; ça durera le temps d’une tornade et ça
se terminera comme une tornade. Le gouvernement italien sent le sol se
dérober sous ses pieds et il ne sait que faire: c’est la justice
de Dieu en action.»
Ensuite, j’ai senti que j’étais hors de mon corps, très
près de mon doux Jésus, si près que je ne pouvais
pas même voir sa divine personne. Je lui ai dit: «Mon doux
Jésus, pendant que je suis tout près de toi, je veux te manifester
mon amour, ma gratitude et te rendre tout ce que les créatures te
doivent pour avoir créé notre Reine Maman Immaculée,
la plus belle, la plus sainte, l’ayant enrichie de tous les dons et ayant
fait d’elle notre Mère. Je te fais cette prière d’action
de grâces au nom de toutes les créatures passées, présentes
et futures. Je veux m’emparer de chaque action, chaque parole, chaque pensée,
chaque battement de coeur et chaque pas des créatures et, par chacun,
te dire au nom de tous que je t’aime, te remercie, te bénis et t’adore
pour tout ce que tu as fait en ta céleste Maman et la nôtre.»
Jésus se montra très content de ma prière. Il
me dit: «Ma fille, j’attendais avec impatience cette prière
au nom de toutes les générations. Ma justice et mon Amour
ressentaient le besoin de ce retour, parce que les grâces qui descendent
sur tous par ma chère Maman sont très grandes. Et on ne m’a
jamais donné une parole, un merci à ce sujet.»
Un autre jour, je disais à mon aimable Jésus: «Tout
est terminé pour moi: les souffrances, les visites de Jésus,
tout!» À l’instant, il me dit: «Aurais-tu par hazard
cessé de m’aimer et de vivre dans ma Volonté?» Je repris:
«Non! Et que cela ne soit jamais!» Il reprit: «Si ce
n’est pas le cas, rien n’est terminé.»
22 décembre 1920
La Puissance Créatrice se trouve dans la Divine Volonté.
Les morts qui donnent vie.
Je pensais à la très sainte Volonté de Dieu et
je me disais: «Quel enchante-ment, quel pouvoir, quelle force magique
possède la Divine Volonté!»
Pendant que je réfléchissais ainsi, mon aimable Jésus
me dit: «Ma fille, les sim-ples mots “Divine Volonté” désignent
la Puissance Créatrice. Par conséquent, ils dési-gnent
le pouvoir de créer, de transformer et de faire couler de nouveaux
torrents de lumière, d’amour et de sainteté dans les âmes.
Si le prêtre peut me consacrer dans l’hostie, c’est en vertu du pouvoir
que ma Volonté conféra aux paroles qu’il pro-nonce sur l’hostie.
Tout provient du Fiat prononcé par la Divine Volonté. Si,
à la simple pensée de faire ma Volonté, l’âme
se sent apaisée, renforcée et changée — parce qu’en
pensant à faire ma Volonté, elle se place sur le chemin de
tous les biens — qu’en sera-t-il quand elle vivra en elle?»
À ce moment, je me suis souvenue que plusieurs années
auparavant, Jésus m’avait dit: «Nous nous présentons
devant la Majesté Suprême avec écrit sur nos fronts
en caractères indélébiles: “Nous voulons la mort pour
donner la vie à nos frè-res; nous voulons des souffrances
pour les libérer des souffrances éternelles.”» Et je
me suis dit: «Comment puis-je faire cela s’il ne vient pas? Je pourrais
le faire avec lui, mais seule, je ne vois pas comment. Et puis, comment
puis-je souffrir autant de morts?»
Bougeant en moi, Jésus béni me dit: «Ma fille,
tu peux le faire à chaque instant puisque je suis toujours avec
toi et que je ne te laisse jamais. Je vais te parler de divers genres de
morts que l’on peut subir. Je souffre la mort quand ma Volonté veut
du bien pour une créature et que celle-ci tourne le dos à
la grâce que je lui offre. Si la créature est disposée
à correspondre à ma grâce, c’est comme si ma Volonté
multipliait une autre vie; si, au contraire, la créature hésite,
c’est comme si ma Volonté souffrait une mort! Oh! que de morts ma
Volonté a à souffrir!
«La créature subit une mort quand je veux qu’elle fasse
un bien et qu’elle ne le fait pas; alors sa volonté meurt à
ce bien. La créature qui n’est pas dans l’acte conti-nuel de faire
ma Volonté subit une mort pour chacun de ses refus. Elle meurt à
cette lumière, à cette grâce, à ce charisme
qu’elle aurait reçus si elle avait fait ce bien.
«Je veux aussi te parler des morts par lesquelles tu peux donner
la vie à nos frè-res. Quand tu te sens privée de moi,
que ton coeur est lacéré et que tu sens une main de fer le
serrer, tu subis une mort, et même plus qu’une mort, parce que mou-rir
serait vivre pour toi. Cette mort est apte à donner la vie à
nos frères, parce que cette souffrance, cette mort sont remplies
de vie divine, sont une lumière immense, une force créatrice
comportant une valeur éternelle et infinie. Ainsi, combien de vies
peux-tu donner à nos frères? Je souffre ces morts avec toi,
leur donnant la valeur de ma propre mort.
«Vois combien de morts tu subis: chaque fois que tu me veux et
que tu ne me trouves pas, c’est une véritable mort que tu subis,
c’est un martyre. Ce qui est mort pour toi est vie pour les autres.»
25 décembre 1920
La Mère céleste confirme Luisa dans tout son être.
La situation de
Jésus nouveau-né dans la grotte de Bethléem était
moins
sévère que sa situation dans l’Eucharistie.
J’étais hors de mon corps et je prenais une longue marche pendant
laquelle je marchais un bout avec Jésus et un bout avec ma Reine
Maman. Quand Jésus dispa-raissait, je me trouvais avec Maman et,
quand elle disparaissait, je me trouvais avec Jésus. Jésus
et Marie étaient très affables et me disaient beaucoup de
choses. J’avais tout oublié: mes souffrances et même mes privations.
Je pensais que je n’allais plus jamais perdre cette compagnie enchanteresse.
Oh! comme il est facile d’oublier le mal quand on est en face du bien!
À la fin de la marche, la céleste Maman me prit dans
ses bras. J’étais très petite. Elle me dit: «Ma fille,
je veux te renforcer en tout.» Il me sembla que, de ses saintes mains,
elle écrivait sur mon front et y mettait un sceau; de même,
elle écrivit sur mes yeux, ma bouche, mon coeur, mes mains et mes
pieds en mettant un sceau à chaque endroit.
Je voulais savoir ce qu’elle écrivait sur moi, mais je n’arrivais
pas à le lire. Cependant, sur ma bouche, j’ai compris quelques lettres
qui disaient “annihilation de tout goût” et, immédiatement,
j’ai dit: «Merci, ô Maman, de m’enlever tout goût qui
n’est pas de Jésus.» Je voulais comprendre le reste, mais
ma Mère me dit: «Il n’est pas nécessaire que tu le
saches. Aie confiance en moi; j’ai fait le nécessaire.» Elle
me bénit et disparut, après quoi je me retrouvai dans mon
corps.
Plus tard, mon doux Jésus revint. Il était un tendre
petit bébé pleurant et grelot-tant de froid. Il se jeta dans
mes bras pour être réchauffé. Je l’ai serré
sur moi et je me suis fondue dans sa Volonté afin de prendre les
pensées de tous, de les ajouter aux miennes et d’en entourer Jésus
grelottant. Je lui présentai aussi les adorations de toutes les
intelligences créées. Ensuite, je me suis emparé des
regards de tous et je les ai dirigés vers Jésus pour le distraire
de ses pleurs; je m’emparai également des bouches, des paroles et
des voix de toutes les créatures, afin que toutes le bai-sent pour
qu’il ne pleure plus et qu’il soit réchauffé par leur haleine.
L’enfant Jésus cessa de pleurer puis, comme s’il se sentait
réchauffé, il me dit: «Ma fille, as-tu compris ce qui
me faisait trembler de froid et pleurer? C’était l’aban-don des
créatures. Tu les as toutes placées autour de moi et j’ai
senti que toutes me regardaient et m’embrassaient. C’est ainsi que j’ai
cessé de pleurer.
«Sache que ce que je souffre dans mon sacrement d’Amour est plus
dur encore que ce que je souffrais dans la crèche en tant qu’enfant.
La grotte, quoique froide, était spacieuse; j’y trouvais de l’air
pour respirer. L’hostie est froide elle aussi, mais elle est si petite
que j’y manque d’air. Dans la grotte, j’avais une mangeoire et un peu de
paille comme lit. Dans ma vie sacramentelle, même la paille me manque
et, pour lit, je n’ai qu’un dur et froid métal.
«Dans la grotte, j’avais ma chère Maman qui me prenait
très souvent avec ses mains très pures et me couvrait de
ses chaleureux baisers afin de me réchauffer et d’apaiser mes pleurs;
elle me nourrissait de son lait très doux. Dans ma vie sacra-mentelle,
c’est tout l’opposé: je n’ai pas ma Maman et, si on me prend, je
ressens souvent la touche de mains indignes qui sentent la terre et le
fumier. Oh! comme je sens leur puanteur plus que le fumier que je sentais
dans la grotte! Plutôt que de me couvrir de baisers, ils me couvrent
d’actes irrévérencieux; plutôt que du lait, ils me
donnent l’amertume de leurs sacrilèges, de leur indifférence
et de leur froideur. Dans la grotte, saint Joseph ne me privait jamais
d’un peu de lumière ou d’une petite lampe pendant la nuit. Dans
le sacrement, combien de fois je reste dans le noir, même la nuit!
«Oh! comme ma situation sacramentelle est souffrante! Combien
de larmes cachées qui ne sont vues de personne! Combien de gémissements
qui ne sont pas entendus! Si ma situation comme nourrisson te porte à
la pitié, combien devrais-tu être émue de pitié
pour ma situation sacramentelle.»
5 janvier 1921
Vivre dans la Divine Volonté consiste à mouler
sa vie dans celle de Jésus.
J’étais dans mon état habituel et je m’efforçais
de m’immerger dans la Divine Volonté. Sachant que rien ne lui échappe,
ni du passé, ni du présent, ni du futur, je m’emparai de
tout ce qui se trouve dans cette Divine Volonté et, au nom de tous,
j’offris nos hommages, notre amour, nos réparations, etc. à
la Majesté Suprême. Bougeant en moi, mon toujours aimable
Jésus me dit:
«Ma fille, pour l’âme, la vraie manière de vivre
dans ma Volonté est de mouler sa vie dans la mienne. Durant ma vie
terrestre, je faisais voler dans ma Volonté tou-tes mes actions,
tant intérieures qu’extérieures. Je faisais voler mes pensées
au-des-sus des pensées des créatures. Mes pensées
devenaient comme la couronne de leurs pensées et offraient en leur
nom les hommages, l’adoration, l’amour et la réparation à
la Majesté du Père. Je faisais de même avec mes regards,
mes paroles, mes mouvements et mes pas.
«Pour vivre dans ma Volonté, l’âme doit donner à
ses pensées, à ses regards, à ses paroles et à
ses mouvements la forme de mes propres pensées, regards, paroles
et mouvements. En faisant ainsi, l’âme perd sa forme humaine pour
acquérir la mienne. Elle donne des morts continuelles à l’humain
en elle pour le remplacer par du divin. Sinon, la forme divine ne sera
jamais réalisée complètement en elle.
«Ma Volonté éternelle permet de tout trouver et
de tout accomplir. Elle réduit le passé et le futur à
un simple point dans lequel se trouvent tous les coeurs, tous les esprits,
tous les travaux des créatures. En faisant sienne ma Volonté,
l’âme fait tout, satisfait pour tous, aime pour tous, fait du bien
à tous, comme si tous ne faisaient qu’un.
«Qui pourrait arriver à autant hors de ma Volonté?
Aucune vertu, aucun héroïsme, pas même le martyre, ne
peuvent se comparer à la vie dans ma Volonté. Par conséquent,
sois attentive et laisse ma Volonté régner totalement en
toi.»
7 janvier 1921
Le sourire de Jésus provoqué par les premiers
enfants de la Divine Volonté.
Comme je me trouvais dans mon état habituel, mon toujours aimable
Jésus vint et entoura mon cou de ses bras. Ensuite, venant près
de mon coeur et serrant sa poitrine avec ses mains, il la pressa en direction
de mon coeur et des ruisseaux de lait en sortirent. Il remplit mon coeur
de ce lait et me dit:
«Ma fille, vois-tu combien je t’aime? J’ai rempli complètement
ton coeur du lait de mes grâces et de mon Amour afin que tout ce
que tu diras et feras ne soit rien d’autre qu’un déversement des
grâces et de l’Amour dont je t’ai remplie. Tu n’auras qu’à
placer ta volonté à la disposition de ma Volonté et
je ferai tout moi-même. Tu seras le son de ma voix, la porteuse de
ma Volonté, la destructrice des vertus prati-quées de manière
humaine et l’instigatrice des vertus pratiquées de manière
divine, lesquelles sont situées à un point immense, éternel
et infini.» Ayant dit cela, il dispa-rut.
Un peu plus tard, il revint et je me suis sentie complètement
annihilée en pen-sant à certaines choses qu’il n’est pas
nécessaire de dire ici. Mon affliction était extrême
et je me suis dit: «Comment cela est-il possible? Mon Jésus,
ne le permets pas! Peut-être en as-tu l’intention, mais ne passe
pas à la réalisation de ce sacrifice. Dans le dur état
où je me trouve, je n’espère rien d’autre que de partir pour
le Ciel.» Sortant de mon intérieur, Jésus éclata
en sanglots. J’ai pu entendre résonner ces sanglots dans le Ciel
et sur la terre. Après ces sanglots, il esquissa un sourire qui,
tout comme ses sanglots, se répercuta dans le Ciel et sur la terre.
Je fus ravie de ce sourire et mon doux Jésus me dit: «Ma
fille bien-aimée, à la suite du grand chagrin que les créatures
me donnent en ces temps si tristes, assez pour me fair pleurer — et comme
ce sont des larmes d’un Dieu, elles résonnent dans le Ciel et sur
la terre —, un sourire apparaîtra qui remplira de bonheur le Ciel
et la terre. Ce sourire apparaîtra sur mes lèvres quand je
verrai les premiers fruits, les premiers enfants de ma Volonté,
ne vivant pas à la manière humaine, mais à la manière
divine. Ils seront marqués du sceau de ma Volonté immense,
éternelle et infinie.
«Ce point éternel, qui ne se trouve présentement
que dans le Ciel, apparaîtra sur la terre et façonnera les
âmes par ses sources infinies, son action divine et la multiplication
des actes à partir d’un seul acte. La Création, sortie de
mon Fiat, sera parachevée par ce même Fiat. Les enfants de
ma Volonté accompliront tout dans mon Fiat. Dans ce Fiat, ils me
donneront, d’une manière complète et au nom de tout et de
tous, l’amour, la gloire, les réparations, les actions de grâces
et les louan-ges. Ma fille, les choses reviendront à leur origine.
Tout est sortit de mon Fiat et, par ce Fiat, tout me reviendra. Ils pourront
être peu mais, par mon Fiat, ils me donne-ront tout.»
10 janvier 1921
Le “fiat” de la Très Sainte Vierge. Jésus veut
un second “fiat”, celui de Luisa.
Je m’interrogeais sur ce qui est écrit plus haut et je me disais:
«Je ne sais pas ce que Jésus veut de moi. Néanmoins,
il sait combien je suis mauvaise et bonne à rien.» Remuant
en moi, il me dit: «Ma fille, te souviens-tu, il y a quelques années,
je t’ai demandé si tu voulais vivre dans ma Volonté et, le
cas échéant, de prononcer ton “fiat” dans ma Volonté.
Et c’est ainsi que tu as fait. Ton fiat est situé au centre de ma
Volonté et est entouré de mon immensité infinie. S’il
voulait en sortir, il pourrait difficilement trouver le chemin. Aussi,
je m’amuse de tes petites oppositions et de tes manifestations de mécontentement.
«Tu es comme une personne qui, de par sa propre volonté,
se trouve dans les profondeurs de l’océan et qui, voulant quitter
ce lieu, ne voit que de l’eau tout autour d’elle. Alors, voyant l’ennui
que lui causerait sa sortie et voulant demeurer tranquille et heureuse,
elle s’enfonce encore plus profondément dans l’océan. Ainsi,
ennuyée par l’embarras de sortir de ma Volonté et voyant
que tu en es incapable, liée que tu es par ton propre fiat, tu t’enfonces
encore davantage dans les profon-deurs de ma Volonté. Cela m’amuse.
Crois-tu que c’est une chose facile et simple de quitter ma Volonté?
Tu aurais à déplacer un point éternel. Si tu savais
ce que c’est que de déplacer un point éternel, tu tremblerais
de peur.»
Il ajouta: «J’ai demandé un premier fiat dans ma Volonté
à ma chère Maman. Oh! la puissance de ce fiat dans ma Volonté!
Aussitôt que le fiat de ma Mère ren-contra le Fiat divin,
ils devinrent un. Mon Fiat éleva ma Mère, la divinisa, l’inonda
puis, sans aucune intervention humaine, elle conçut mon Humanité.
C’est seule-ment dans mon Fiat qu’elle a pu concevoir mon Humanité.
Mon Fiat lui communi-qua d’une manière divine l’immensité,
l’infinité et la fécondité et c’est ainsi que l’Immense,
l’Éternel et l’Infini put être conçu en elle.
«Dès qu’elle eut dit son fiat, non seulement prit-elle
possession de moi, mais son être couvrit toutes les créatures
et toutes les choses créées. Elle ressentit en elle la vie
de toutes les créatures et commença à agir comme Mère
et Reine de tous. Combien de prodiges comporta ce fiat de ma Mère?
Si je voulais te les raconter tous, tu ne finirais plus d’en entendre parler!
«Puis, j’ai demandé un second fiat dans ma Volonté.
Quoique tremblante, tu l’as prononcé. Ce fiat dans ma Volonté
accomplira ses prodiges; il aura un accom-plissement divin. Toi, suis-moi
et enfonce-toi plus profondément dans l’immense mer de ma Volonté
et je m’occuperai de tout le reste. Ma Mère ne s’est pas interro-gée
sur la manière dont je m’incarnerais en elle; elle n’a que prononcé
son fiat et je me suis occupé de la manière de m’incarner
en elle. C’est ainsi que tu dois faire.»
17 janvier 1921
Les trois fiats: le Fiat de la Création, le fiat de la Vierge
Marie relatif à la Rédemption et le fiat de Luisa
relatif au règne la Divine Volonté.
Je sentais mon pauvre esprit complètement immergé dans
l’immense mer de la Divine Volonté. Je percevais l’empreinte du
divin Fiat dans chaque chose créée. J’ai perçu cette
empreinte dans le soleil. Il me semblait que le soleil nous transmet-tait
l’Amour divin qui darde, blesse et illumine. Sur les ailes de cette empreinte,
je me rendis vers l’Éternel en lui apportant, au nom de toute la
famille humaine, l’Amour divin qui darde, blesse et illumine. Je lui ai
dit: «C’est dans ton Fiat que tu me donnes cet Amour qui darde, blesse
et illumine, et c’est dans ton Fiat que je te le retourne.»
J’ai ensuite regardé les étoiles et j’ai perçu
que, dans leur doux scintillement, elles transmettent aux créatures
un Amour pacifique, doux, caché et compatissant dans la nuit du
péché. Et moi, à travers cette empreinte du divin
Fiat, j’ai apporté au trône de l’Éternel, au nom de
tous, un amour pacifique pour que règne la paix céleste sur
la terre, un amour doux comme celui des âmes amoureuses, un amour
caché comme celui des âmes effacées et un amour humble
comme celui des créa-tures qui reviennent vers Dieu après
le péché. Comment pourrais-je rappeler tout ce que j’ai compris
et dit en percevant ces empreintes du divin Fiat dans la Créa-tion?
Ce serait trop long et je m’arrête ici.
Ensuite, mon doux Jésus prit mes mains dans les siennes et,
les serrant forte-ment, il me dit: «Ma fille, mon Fiat est plein
de vie; mieux encore, il est vie. Toute vie et toute chose proviennent
de mon Fiat. La Création provient de mon Fiat. Dans chaque chose
créée, on peut voir son empreinte. La Rédemption résulte
du fiat de ma chère Maman, prononcé dans ma Volonté,
et portant le même pouvoir que mon Fiat créateur. Par conséquent,
tout, dans la Rédemption, contient l’empreinte du fiat de ma Mère.
«Même ma propre Humanité, mes pas, mes paroles et
mes travaux portent l’empreinte de son fiat. Mes souffrances, mes blessures,
mes épines, ma Croix et mon Sang portent l’empreinte de son fiat,
parce que les choses portent l’empreinte de leur provenance. Mon origine
dans le temps porte l’empreinte du fiat de ma Mère Immaculée.
Ce fiat se retrouve dans chaque hostie sacramentelle. Si l’homme renaît
après le péché, si le nouveau-né est baptisé,
si le Ciel s’ouvre pour recevoir les âmes, c’est par suite du fiat
de ma Mère. Oh! la puissance de ce fiat!
«Je veux te dire maintenant pourquoi je t’ai demandé ton
fiat, ton oui dans ma Volonté. Le “Fiat Volontas tua sicut in Coelo
et in terra” (“que ta Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel”),
que j’ai enseigné et qui est récité depuis tant de
siècles par tant de générations, je veux qu’il ait
son total accomplissement. C’est pourquoi j’ai voulu un autre fiat qui
soit aussi investi de la Puissance créatrice, un fiat qui s’élève
à chaque instant et se multiplie en tous. Je veux voir dans une
âme mon propre Fiat qui s’élève jusqu’à mon
trône et qui, par ma Puissance créatrice, apporte à
la terre la réalisation du “que ta Volonté soit faite sur
la terre comme au Ciel.”»
Surprise et anéantie par ces propos, j’ai dit à Jésus:
«Jésus, que dis-tu? Tu sais combien je suis mauvaise et incapable
de quoi que ce soit!» Il reprit: «Ma fille, c’est ma coutume
de choisir des âmes parmi les plus incapables et les plus pauvres
pour mes oeuvres les plus grandes. Même ma propre Mère n’avait
rien d’extraordinaire dans sa vie extérieure: aucun miracle, aucun
signe pour la distinguer des autres femmes. Sa seule distinction était
sa vertu parfaite, à laquelle personne ne porta attention. Et si
j’ai donné la distinction des miracles à certains saints
et que j’en ai orné quelques-uns de mes Plaies, à ma Mère,
rien. Cependant, elle était le prodige des prodiges, le miracle
des miracles, la vraie et parfaite crucifiée. Personne d’autre ne
fut comme elle.
«J’agis habituellement comme un maître qui a deux serviteurs.
L’un semble être un géant herculéen, capable de tout;
l’autre est petit et incapable et il semble ne pas savoir faire quoi que
ce soit. Si le maître le garde, c’est plutôt par charité,
et aussi pour son amusement. Ayant à envoyer un million de dollars
quelque part, que fait-il? Il appelle le petit, l’incapable, et lui confie
le gros montant, en se disant: “Si je confie le magot au géant,
tous le remarqueront et les voleurs pourraient bien l’atta-quer et le voler.
Et s’il devait se défendre avec sa force herculéenne, il
pourrait être blessé. Je sais qu’il est capable, mais je veux
le protéger; je ne veux pas l’exposer à un danger évident.
D’un autre côté, personne ne prêtera attention au petit,
le con-naissant comme un parfait incapable. Personne ne pensera que je
puisse lui confier un montant aussi important. Aussi, il reviendra de sa
mission sain et sauf.”
«Le pauvre et incapable est étonné que son maître
lui fasse confiance alors qu’il aurait pu se servir du géant et,
tout tremblant et humble, il va livrer le gros montant sans que personne
ne daigne même lui accorder un regard. Puis, il revient sain et sauf
vers son maître, plus humble et tremblant que jamais.
«C’est ainsi que je procède: plus le travail à
accomplir est grand, plus je choisis des âmes pauvres et ignorantes,
sans aucune apparence extérieure pouvant attirer l’attention et
les exposer. L’état effacé de l’âme sert de précaution
de sécurité à mon entreprise. Les voleurs remplis
d’estime de soi et d’amour-propre ne feront pas attention à elle,
connaissant son incapacité. Et elle, humble et tremblante, accom-plit
la mission que je lui ai confiée, sachant bien qu’elle ne fait rien
par elle-même, mais que je fais tout à sa place.»
24 janvier 1921
Le troisième Fiat doit mener à leur achèvement
les
Fiats de la Création et de la Rédemption.
Je me sentais anéantie en pensant à ce fiat et mon aimable
Jésus voulait aug-menter encore ma confusion. Il semblait vouloir
s’amuser en me proposant des choses surprenantes et carrément incroyables,
prenant plaisir à me confondre et à m’anéantir encore
davantage. Et, ce qui est pire, je suis contrainte, par l’obéissance
et pour mon plus grand tourment, à mettre cela par écrit.
Pendant que je priais, Jésus pencha sa tête sur la mienne
en tenant son front dans sa main. Une lumière irradiait de son front.
Il me dit: «Ma fille, le premier Fiat, qui a trait à la Création,
fut prononcé sans l’intervention d’aucune créature. Pour
le second, qui a trait à la Rédemption, j’ai voulu l’intervention
d’une créature et ce fut ma Mère qui fut choisie. Un troisième
Fiat est prévu pour l’achèvement des deux premiers et, cette
fois encore, une créature doit y participer. Et c’est toi que j’ai
choisie. Ce troisième Fiat doit mener à leur achèvement
les Fiats de la Création et de la Rédemption. Il amènera
sur la terre la réalisation du “que ta Volonté soit faite
sur la terre comme au Ciel”. Les trois Fiats sont inséparables,
chacun complétant les deux autres. Ils sont un reflet de la Très
Sainte Trinité, ne faisant qu’un et étant dis-tincts entre
eux.
«Mon Amour et ma gloire réclament ce troisième
Fiat. Ma Puissance créatrice dont sont issus les deux premiers Fiats
ne peut plus se contenir et veut que le troi-sième Fiat s’avance
pour compléter le travail déjà fait. Autrement, les
fruits de la Création et de la Rédemption demeureront incomplets.»
En entendant ces mots, je ne fus pas seulement confuse, mais littéralement
assommée. Je me suis dit: «Cela est-il possible? Il y a tant
d’autres personnes! Et si c’est vraiment moi qu’il a choisie, je reconnais
bien la folie coutumière de mon Jésus. Alors, que puis-je
faire, confinée que je suis à un lit, à demi infirme
et tout à fait médiocre? Puis-je faire face à la multiplicité
et à l’infinité des Fiats de la Création et de la
Rédemption? Si ce troisième Fiat est comme les deux premiers,
je devrai courir avec eux, me multiplier et m’entremêler avec eux.
Jésus, pense à ce que tu fais; je ne suis vraiment pas la
personne qu’il te faut!» Qui pourrait raconter tous les non-sens
que j’ai ainsi dits?
Mon doux Jésus revint et me dit: «Ma fille, calme-toi.
Je choisis qui je veux. Tu dois savoir que le début de la plupart
de mes oeuvres se passe entre moi et une créature. Par la suite,
il y a développement, expansion. Qui fut le premier spectateur du
Fiat de ma Création? Adam d’abord et Ève ensuite. Ils n’étaient
donc pas une multitude! Par la suite, avec les années, les multitudes
ont été les spectateurs de la Création.
«Dans le deuxième Fiat, ma Mère fut la seule spectatrice.
Même saint Joseph n’en sut rien. Ma Mère était dans
une condition semblable à la tienne. La Puissance créatrice
qu’elle ressentait en elle était si grande que, toute confuse, elle
ne trouvait pas en elle la force d’en parler à quiconque. Si, par
la suite, saint Joseph apprit la chose, ce fut moi-même qui la lui
révéla. Plus tard, mon Humanité se fit connaître
davantage, mais pas à tous. Ce second Fiat germa comme une semence
dans le sein virginal de Marie, y forma un épi apte à se
multiplier et à conduire à la lumière du jour cette
grande merveille.
«Il en ira ainsi pour le troisième Fiat. Il germera en
toi et l’épi s’y formera. Seu-lement le prêtre le saura, puis
quelques âmes; ensuite ce sera la diffusion. Il se diffu-sera en
suivant le même chemin que les Fiats de la Création et la
Rédemption. Plus tu te sentiras anéantie, plus l’épi
se développera et sera fécondé. Par conséquent,
sois attentive et fidèle.»
2 février 1921
Les trois Fiats ont la même valeur et la même puissance.
Étant dans mon état habituel, je m’immergeais profondément
dans la Divine Volonté en disant à Jésus: «Mon
Jésus, je voudrais qu’il y ait en moi tant d’amour que je puisse
compenser pour les manques d’amour de toutes les générations
pas-sées, présentes et futures. Mais où trouver autant
d’amour? Comme ta Volonté comporte la Force créatrice, en
elle je le peux. En elle, je veux créer assez d’amour pour égaler
et même surpasser tout l’amour que les créatures doivent à
leur Créa-teur.»
Ensuite, je me suis dit: «Que de sottises je suis en train de
raconter!» Alors, bou-geant en moi, mon doux Jésus me dit:
«Ma fille, bien sûr que dans ma Volonté se trouve la
Puissance créatrice. D’un seul Fiat de ma Volonté sont sorties
des millions d’étoiles. Du fiat de ma Mère, duquel ma Rédemption
tient son origine, sont sorties pour les âmes des millions de grâces,
plus belles, plus brillantes et plus variées que les étoiles.
De plus, alors que les étoiles sont fixes et ne se multiplient pas,
les grâces se multiplient à l’infini, courent sans cesse,
attirent les créatures, les rendent heureu-ses, les fortifient et
leur communiquent la vie. Ah! si les créatures pouvaient perce-voir
l’aspect surnaturel des choses, elles entendraient des harmonies si belles
et verraient un spectacle tellement enchanteur qu’elles se croiraient rendues
au Para-dis.
«Le troisième Fiat doit lui aussi courir avec les deux
autres. Il doit se multiplier à l’infini, produire autant de grâces
qu’il y a d’étoiles dans le ciel, de gouttes d’eau dans la mer,
de choses créées issues du Fiat de la Création.
«Les trois Fiats ont la même valeur et la même puissance.
Tu dois disparaître et ce sont les Fiats qui agiront. Par conséquent,
tu peux dire dans mon Fiat tout-puis-sant: “Je veux créer autant
d’amour, d’adoration et de bénédictions et procurer autant
de gloire à mon Dieu qu’il faut pour compenser pour toutes les créatures
et toutes les choses.” Tes actes rempliront le Ciel et la terre, se multiplieront
en paral-lèle avec les actes de la Création et celles de
la Rédemption. Tous ne feront qu’un.
«Ces choses peuvent paraître surprenantes et incroyables.
Ceux qui en dou-tent, c’est de mon Pouvoir créateur qu’ils doutent.
Quand on a compris que c’est moi qui le veux, qui donne ce pouvoir, tous
les doutes cessent. Ne suis-je pas libre de faire ce que je veux et de
donner à qui je veux? Toi, sois attentive; je serai avec toi. Avec
ma Force créatrice, je serai ton ombre et j’accomplirai ce que je
veux.»
8 février 1921
Pendant que le monde veut l’évincer de la surface de la terre,
Jésus prépare une ère d’Amour, celle de son troisième
Fiat.
Ce matin, après avoir reçu la sainte communion, j’ai
entendu en moi mon tou-jours aimable Jésus qui disait: «Ô
monde inique, tu fais tout pour m’évincer de la surface de la terre,
pour me bannir de la société, des écoles et des conversations.
Tu conspires pour démolir les temples et les autels, pour détruire
mon Église et tuer mes ministres. De mon côté, je prépare
pour toi une ère d’Amour, l’ère de mon troisième Fiat.
Pendant que tu tenteras de me bannir, je viendrai par derrière et
par devant pour te confondre par l’Amour. Partout où tu m’auras
banni, j’érigerai mon trône et je régnerai plus qu’avant
et d’une manière qui te surprendra, jusqu’à ce que tu tombes
au pied de mon trône, foudroyé par mon Amour.»
Il ajouta: «Ah! ma fille, les créatures se précipitent
toujours plus dans le mal. Que de machinations elles ruminent et de ruines
elles préparent! Elles iront jusqu’à épuiser le mal
lui-même. Mais, pendant qu’elles poursuivront ainsi leur chemin,
je verrai à ce que le “que ta Volonté soit faite sur la terre
comme au Ciel” arrive à son complet accomplissement. Je prépare
l’ère du troisième Fiat dans laquelle mon Amour se manifestera
d’une manière merveilleuse et complètement nouvelle. Oh!
oui! je vais confondre l’homme par l’Amour! Quant à toi, sois attentive.
Je te veux avec moi pour préparer cette céleste et divine
ère d’Amour. Nous y travaillerons la main dans la main.»
Ensuite, il s’approcha de ma bouche et, pendant qu’il y envoyait son
souffle tout-puissant, j’ai senti qu’une nouvelle vie m’était infusée.
Puis, il disparut.
16 février 1921
Pour entrer dans la Divine Volonté, il suffit de le vouloir.
Pendant que je réfléchissais sur la Divine Volonté,
mon doux Jésus me dit: «Ma fille, pour entrer dans ma Volonté,
il n’y a ni chemin, ni porte, ni clé, parce que ma Volonté
est partout. On la trouve sous ses pieds, à droite, à gauche,
au-dessus de sa tête, absolument partout. Pour y accéder,
il suffit de le vouloir. Sans cette décision, même si la volonté
humaine se trouve dans ma Volonté, elle n’en fait pas partie et
ne jouit pas de ses effets; elle s’y trouve comme une étrangère.
Dès l’instant que l’âme décide d’entrer dans ma Volonté,
elle se fond en moi et moi en elle; elle trouve tous mes biens à
sa disposition: force, lumière, aide, tout ce qu’elle veut. Il suffit
qu’elle le veuille et le tour est joué; ma Volonté prend
charge de tout, donnant à l’âme tout ce qui lui manque et
qui puisse lui permettre de nager à son aise dans l’océan
infini de ma Volonté.
«C’est le contraire pour qui procède par l’acquisition
des vertus. Que d’efforts sont nécessaires, que de combats, que
de longs chemins à parcourir! Et quand il semble que la vertu sourit
enfin à l’âme, une passion un peu violente, une tentation,
une rencontre fortuite la ramène au point de départ.»
22 février 1921
Le troisième Fiat fera descendre tant de grâces sur les
créatures
qu’elles retrouveront presque leur état originel.
J’étais dans mon état habituel et mon doux Jésus
était complètement silen-cieux. Je lui dis: «Mon Amour,
pourquoi ne me dis-tu rien?» Il me répondit: «Ma fille,
c’est mon habitude de garder le silence après avoir parlé;
je veux me reposer dans les paroles que j’ai dites, c’est-à-dire,
dans le travail sorti de moi. J’ai fait ainsi concernant la Création.
Après avoir dit “Fiat lux” (“que la lumière soit”) et que
la lumière se fut manifestée, et avoir dit “Fiat” à
toutes les autres choses et qu’elles trouvèrent l’existence, j’ai
voulu me reposer. Ma lumière éternelle se reposa dans la
lumière venue dans le temps; mon Amour se reposa dans l’amour dont
j’avais investi la Création; ma beauté se reposa dans l’univers
que j’avais modelé suivant ma propre beauté; ma sagesse et
ma puissance se reposèrent dans l’oeuvre que j’avais ordonnée
avec tant de sagesse et de puissance qu’en la regardant, je me suis dit:
“Comme elle est belle cette oeuvre sortie de moi; je veux me reposer en
elle!” Je fais de même avec les âmes: après leur avoir
parlé, je me repose et jouis des effets de mes paroles.»
Ensuite, il dit: «Disons “Fiat” ensemble.» Par suite de
ce Fiat, le Ciel et la terre furent remplis d’adoration à la Majesté
Suprême. Il répéta encore “Fiat” et, cette fois, le
Sang et les Plaies de Jésus se multiplièrent à l’infini.
Une troisième fois, il dit “Fiat” et ce Fiat se multiplia dans toutes
les volontés des créatures pour les sanctifier. Après,
il me dit: «Ma fille, ces trois Fiats sont ceux de la Création,
de la Rédemption et de la Sanctification.»
Puis, il ajouta: «En créant l’homme, je l’ai doté
de trois puissances: son intelli-gence, sa mémoire et sa volonté.
Par mes trois Fiats, je l’assiste dans sa montée vers son Dieu.
Par mon Fiat créateur, l’intellect de l’homme est ravi en voyant
toutes les choses que j’ai créées pour lui et qui lui manifestent
mon Amour. Par le Fiat de la Rédemption, sa mémoire est touchée
par les excès de mon Amour manifesté à tra-vers tant
de souffrances pour le délivrer de son état de péché.
Par mon troisième Fiat, mon Amour pour l’homme veut se manifester
encore davantage. Je veux assaillir sa volonté en plaçant
ma propre Volonté comme soutien de la sienne. Et puisque ma Volonté
le supportera en toute chose, il sera presque incapable de s’en échapper.
«Les générations ne prendront pas fin avant que
ma Volonté n’ait régné sur toute la terre. Mes trois
Fiats s’entremêleront et accompliront la sanctification de l’homme.
Le troisième Fiat donnera à l’homme tant de grâces
qu’il reviendra presqu’à son état originel. Seulement alors,
quand je verrai l’homme tel qu’il est sorti de moi, mon travail sera complété
et je prendrai mon repos perpétuel! C’est par la vie dans ma Volonté
que l’homme sera restauré dans son état originel. Sois attentive
et aide-moi à compléter la sanctification de la créature.»
En entendant ces choses, je lui ai dit: «Jésus, mon Amour,
je suis incapable de faire comme toi et comme tu me l’as enseigné;
j’ai presque peur de recevoir tes reproches si je ne fais pas bien ce que
tu attends de moi.» Toute bonté, Jésus me répondit:
«Je sais très bien que tu n’es pas capable de faire parfaitement
ce que je te demande, mais ce que tu ne peux pas atteindre, je le ferai
à ta place. Cependant, il est nécessaire que je te séduise
et que tu comprennes bien ce que tu as à faire; même si tu
ne peux pas tout faire, tu feras ce que tu peux. Ta volonté est
enchaînée à la mienne; il suffira que tu veuilles faire
ce que je te demande; je considérerai cela comme si tu avais tout
fait.»
Je repris: «Comment cette vie dans la Divine Volonté pourra-t-elle
être ensei-gnée aux autres et qui sera disposé à
y adhérer?» Il poursuivit: «Ma fille, même si
personne n’avait été sauvé par ma descente sur la
terre, la glorification du Père aurait quand même été
complète. Pareillement, même si personne d’autre que toi ne
voulait recevoir le bien de ma Volonté — ce qui ne sera pas le cas
—, toi seule suffirais à me donner la gloire complète que
j’attends de toutes les créatures.»
2 mars 1921
Jésus modifie ses attentes concernant Luisa en vue de la
préparation de l’ère de sa Volonté.
Me trouvant dans mon état habituel, mon toujours aimable Jésus
vint et me dit: «Ma fille, le troisième Fiat, le “que ta Volonté
soit faite sur la terre comme au Ciel”, sera comme l’arc-en-ciel apparu
dans le ciel après le déluge et qui était un signe
de paix annonçant que le déluge était terminé.
Quand le troisième Fiat sera connu, les âmes aimantes et désintéressées
y entreront pour y vivre. Elles seront comme des arcs-en-ciel de paix qui
réconcilieront le Ciel et la terre en écartant le déluge
des péchés qui inondait la terre.
«Mon “que ta Volonté soit faite” trouvera son achèvement
en ces âmes. Alors que le second Fiat me fit descendre sur la terre
pour que je vive parmi les hommes, le troisième Fiat fera descendre
ma Volonté dans les âmes où elle régnera “sur
la terre comme au Ciel”.»
Voyant que j’étais triste à cause de ma privation de
lui, Jésus ajouta: «Ma fille, sois consolée; viens
dans ma Volonté. Je t’ai choisie parmi des milliers et des milliers
afin que ma Volonté règne complètement en toi et que
tu sois un arc-en-ciel de paix qui, avec ses sept couleurs, attirera les
autres à vivre eux aussi dans ma Volonté. Laissons de côté
la terre. Jusqu’à maintenant, je te gardais avec moi pour apaiser
ma justice et empêcher que de plus sévères châtiments
s’abattent sur les hommes. Laissons maintenant le courant d’iniquité
des humains suivre sa course. Je te veux avec moi, dans ma Volonté,
pour préparer l’ère de ma Volonté.
«Pendant que tu marcheras dans les chemins de ma Volonté,
l’arc-en-ciel de paix se dessinera en toi et tu deviendras un maillon de
connexion entre la Divine Volonté et la volonté humaine.
Par ce maillon, le règne de ma Volonté connaîtra ses
débuts sur la terre en réponse à ma prière
et à celle de toute l’Église: “Que ton Règne vienne
et que ta Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel”.»
8 mars 1921
Par son amour, la Vierge amena le Verbe à s’incarner dans son
sein.
Par son amour et en se fondant dans la Divine Volonté,
Luisa amène la Divine Volonté à s’établir
en elle.
Pendant que je priais et que je m’immergeais dans la Divine Volonté,
mon doux Jésus sortit de mon intérieur, mit ses bras autour
de mon cou et me dit: «Ma fille, par son Amour, ses prières
et son annihilation, ma Mère me fit descendre du Ciel pour que je
m’incarne dans son sein. Toi, par ton amour et en vivant dans ma Volonté,
tu amèneras ma Volonté à s’établir dans ton
intérieur et, par la suite, dans les autres créatures.
«Cependant, sache qu’en venant dans son sein par un acte unique
qui ne sera jamais répété, j’ai enrichi ma Mère
de toutes les grâces et je l’ai dotée d’amour au point de
surpasser l’amour dont sont dotées toutes les autres créatures
ensemble. Je lui ai donné la primauté dans les privilèges,
la gloire et tout le reste. La totalité de l’Éternel se déversa
en elle par torrents.
«En ce qui te concerne, ma Volonté descend en toi par
un acte également uni-que et, pour le décorum, je dois déverser
en toi tant de grâces et d’Amour que tu surpasseras toutes les autres
créatures en ces domaines. Comme ma Volonté a la suprématie
sur tout, qu’elle est éternelle, immense et infinie, je dois placer
ces pré-rogatives en celle qui a été choisie, pour
que la vie de ma Volonté trouve en elle son commencement et son
achèvement, la dotant des qualités de ma Volonté,
lui donnant la suprématie sur tout. Ma Volonté éternelle
prendra le passé, le présent et le futur, les réduira
à un point unique et les versera en toi. Ma Volonté est éternelle
et veut s’établir là où elle trouve l’éternité;
elle est immense et veut s’établir là où elle trouve
l’immensité; elle est infinie et veut s’établir là
où elle trouve l’infini. Com-ment puis-je trouver tout cela en toi
si je ne l’y dépose pas d’abord?»
En entendant ces paroles, je devins terrifiée. Je n’ai d’ailleurs
écrit ces choses que par obéissance. J’ai dit à Jésus:
«Jésus, que dis-tu? Tu veux vraiment me con-fondre et m’humilier
jusque dans la poussière! Je me sens tout à fait incapable
de tolérer ce que tu dis; je sens en moi une frayeur extrême.»
Il reprit: «Ces choses sont nécessaires pour la sainteté
et la dignité de ma Volonté. Je ne puis m’abaisser à
habiter où je ne trouve pas ce qui m’appartient. Tu ne seras rien
d’autre que la dépositaire d’un bien extrêmement grand que
tu devras garder jalousement. Prends ton courage à deux mains et
n’aie pas peur.»
12 mars 1921
Jésus est le blé qui devient nourriture et Luisa
la paille qui habille et protège ce blé.
Je me disais: «Ma Reine Maman fournissait le sang pour former
l’humanité de Jésus qu’elle portait dans son sein; et moi,
qu’est-ce que je dois fournir pour que la Divine Volonté se forme
en moi?» Mon aimable Jésus me dit: «Ma fille, tu seras
la paille permettant au blé qu’est ma Volonté de se former.
Je donnerai le blé de ma Volonté comme nourriture à
toutes les âmes qui voudront s’en nourrir. Tu seras la paille pour
sa préservation.»
En entendant cela, j’ai dit: «Mon Amour, mon rôle de servir
de paille est disgra-cieux parce que la paille est jetée et brûlée
et n’a aucune valeur.» Jésus reprit: «Cependant, la
paille est nécessaire au blé. S’il n’y avait pas la paille,
le blé ne pour-rait pas mûrir ni se multiplier. La paille
sert de vêtement et de défense pour le blé. Si le soleil
brûlant frappe l’épi de blé, la paille le défend
des excès de chaleur qui pour-raient le faire sécher. Si
le gel, la pluie ou autre chose essaie d’endommager le blé, la paille
prend tous ces maux sur elle. Ainsi, on pourrait dire que la paille est
la vie du blé. La paille est jetée et brûlée
seulement quand elle est détachée du blé.
«Le blé de ma Volonté n’est pas sujet à
augmenter ni à diminuer. Même si on en prend beaucoup, il
ne diminue aucunement, pas même d’un seul grain. Ainsi, ta paille
m’est nécessaire; elle me sert de vêtement, de défense.
Il n’y a donc aucun danger que tu sois séparée de moi.»
Plus tard, il revint et je lui dis: «Jésus, ma Vie, si
les âmes qui vivront dans ta Volonté seront des arcs-en-ciel
de paix, quel seront leurs couleurs?» Toute bonté, il me dit:
«Leurs couleurs seront éblouissantes et totalement divines.
Elles seront: amour, bonté, sagesse, puissance, sainteté,
miséricorde et justice. Ces couleurs seront comme des lumières
dans les ténèbres de la nuit; elles feront se lever le jour
dans les esprits des créatures.»
17 mars 1921
Jésus fait passer Luisa du rôle que son Humanité
jouait sur la terre
au rôle que sa Volonté jouait par rapport à son
Humanité.
Je disais à mon doux Jésus: «Je ne comprends pas.
Plus tu me dis que tu me donnes beaucoup par ta sainte Volonté,
plus je me sens misérable et laide, alors que je devrais plutôt
me sentir meilleure.»
Jésus me répondit: «Ma fille, plus le blé
de ma Volonté grandira en toi, plus tu sentiras la misère
de ta paille. Quand l’épi commence à se former, le blé
et la paille sont une seule et même chose; mais quand l’épi
se développe, que le blé mûrit, la paille en devient
comme séparée et reste seulement pour défendre le
blé. Donc, plus tu te sens misérable, plus le blé
de ma Volonté se forme en toi et approche de sa pleine maturité.
La paille en toi n’est rien d’autre que ta faible nature qui, vivant en
compagnie de la sainteté et de la noblesse de ma Volonté,
ressent sa misère de plus en plus.»
Il ajouta: «Ma bien-aimée, jusqu’à maintenant,
tu as occupé à mes côtés le rôle que mon
Humanité jouait sur la terre. Je veux dorénavant te donner
un rôle plus noble et plus vaste: celui que ma Volonté jouait
par rapport à mon Humanité. Vois combien ce rôle est
plus haut, plus sublime. Mon Humanité eut un commencement, mais
ma Volonté est éternelle; mon Humanité était
circonscrite dans l’espace et le temps, mais ma Volonté n’a aucune
limite. Je ne pourrais pas te donner un rôle plus noble.»
En entendant cela, je lui ai dit: «Mon doux Jésus, je
ne vois aucune raison pour laquelle tu veux me donner ce rôle. Je
n’ai rien fait qui aurait pu me mériter une faveur si grande!»
Il reprit: «Les raisons sont mon Amour, ta petitesse, ta vie dans
mes bras comme un bébé qui ne pense à rien d’autre
qu’à son seul Jésus, et aussi le fait que tu ne m’as jamais
refusé un sacrifice. Je ne me laisse pas impressionner par les grandes
choses, parce que dans les choses qui apparaissent grandes, il y a tou-jours
de l’humain; je me laisse plutôt impressionner par les petites choses,
petites en apparence, mais grandes en fait!
«D’ailleurs, tu aurais dû te douter que j’allais te donner
une mission spéciale dans ma Volonté, étant donné
que je te parle continuellement d’elle sous toutes ses facettes, ce que
je n’ai fait avec personne d’autre jusqu’à maintenant. Je me suis
comporté avec toi comme un maître qui veut que son disciple
devienne parfait dans sa discipline: il semble qu’il ne peut pas parler
d’autre sujet.
«C’est ainsi que j’ai fait avec toi. J’ai pris l’attitude du
professeur en te parlant de la Divine Volonté comme si j’ignorais
tout le reste. Après t’avoir bien instruite, je t’ai manifesté
ta mission et comment l’accomplissement du “Fiat Voluntas Tua” sur la terre
aura son commencement en toi. Courage, ma fille! N’aie pas peur, tu auras
ma Volonté en toi comme aide et soutien.»
Pendant qu’il me parlait, il caressait ma tête, ma figure et
mon coeur avec ses mains, comme pour confirmer ce qu’il me disait. Ensuite,
il disparut.
23 mars 1921
La Divine Volonté rend l’âme petite. Luisa
est la plus petite de toutes.
Étant dans mon état habituel, je me suis retrouvée
hors de mon corps aux côtés de Jésus. Je lui ai dit:
«Mon Amour, j’aimerais que tu prêtes attention à ma
manière d’entrer dans ta Volonté, afin que tu puisses me
dire si cela te plaît ou non.» Après, j’ai dit ce que
j’ai l’habitude de dire quand j’entre dans sa Volonté, ce que je
ne crois pas nécessaire de répéter ici, l’ayant dit
ailleurs.
Après cela, Jésus me donna un baiser, signifiant par
là qu’il était satisfait de ce que j’avais dit. Ensuite,
il me dit: «Ma fille, ma Volonté a la vertu spéciale
de rendre les âmes petites, à tel point qu’elles sentent un
besoin extrême que ma Volonté dirige toute leur vie. Leur
petitesse devient si grande qu’elles sont incapables de faire une action
ou un pas si ma Volonté n’est pas derrière. Elles vivent
entièrement aux dépens de ma Volonté, parce que leur
volonté ne porte aucun bagage, soit de choses qui leur sont propres,
soit d’amour de soi. Elles tiennent tout de ma Volonté et, cela,
pas pour elles-mêmes, mais pour me le redonner. Parce qu’elles ont
besoin de tout, elles vivent immergées dans ma Volonté.
«Ma fille, j’ai fait le tour du monde bien des fois et j’ai regardé
toutes les créatu-res une à une pour trouver la plus petite.
Finalement, je t’ai trouvée, toi la plus petite de toutes. J’ai
aimé ta petitesse et je t’ai choisie. Je t’ai confiée à
mes anges pour qu’ils veillent sur toi, pas pour te grandir, mais pour
protéger ta petitesse. Maintenant, je veux commencer en toi le grand
travail de l’accomplissement de ma Volonté, et tu ne te sentiras
pas grandie à cause de cela; au contraire, ma Volonté te
rendra plus petite encore et tu continueras d’être la petite fille
de ton Jésus, la petite fille de ma Volonté.»
2 avril 1921
L’âme qui agit dans la Divine Volonté reçoit
pour tous et donne à tous.
Je sens mon pauvre esprit comme étourdi; il me manque les mots
pour décrire ce que je ressens. Si mon Jésus veut que j’écrive,
il devra me dire avec des mots ce qu’il a infusé en moi par de la
lumière. Tout ce dont je me souviens, c’est qu’il m’a dit:
«Ma fille, quand, dans ma Volonté, une âme me prie,
m’aime, répare, m’embrasse et m’adore, je sens que toutes les créatures
me prient, m’aiment, répa-rent, m’embrassent et m’adorent. En fait,
vu que ma Volonté porte en elle chaque chose et chaque personne,
l’âme qui agit dans ma Volonté me donne les baisers, l’adoration
et l’amour de tous. Et en voyant toutes les créatures en elle, je
lui donne assez de baisers, d’amour et d’adoration pour tous.
«L’âme qui vit dans ma Volonté n’est pas contente
si elle ne me voit pas pleine-ment aimé par tous, si elle ne me
voit pas embrassé, adoré et prié par tous. Dans ma
Volonté, les choses ne peuvent pas être faites à moitié,
mais entièrement. Je ne peux pas donner des petites choses à
l’âme qui agit dans ma Volonté, mais plutôt des choses
immenses aptes à suffire pour tous.
«Avec l’âme qui agit dans ma Volonté, je fais comme
un responsable qui vou-drait qu’un travail soit fait par dix personnes,
alors que seulement l’une d’elles s’offre pour faire le travail, toutes
les autres refusant. N’est-il pas juste que tout ce que le responsable
voulait donner aux dix soit donné à la seule personne qui
a fait le travail? Sinon, où serait la différence entre une
personne qui agit dans ma Volonté et une autre qui agit dans sa
propre volonté?»
23 avril 1921
Dieu verra les actions des créatures à travers
celles des âmes vivant dans sa Volonté.
Je vis des jours très amers parce que mon toujours aimable Jésus
s’est presque totalement éclipsé. Quel tourment! Je sens
mon esprit vagabonder dans la sphère de la Divine Volonté
afin de s’en emparer et de la communiquer aux créatures pour qu’elles
en fassent leur vie. Mon esprit navigue entre la Divine Volonté
et les volon-tés humaines pour qu’elles ne fassent qu’un.
Alors que j’étais au sommet de mon amertume, mon aimable Jésus
bougea fai-blement en moi, serra mes mains dans les siennes et me dit intérieurement:
«Ma fille, courage, je vais venir! Ne t’occupe de rien d’autre que
de ma Volonté. Lais-sons la terre de côté; ils finiront
par se fatiguer du mal; ils sèmeront partout la ter-reur et les
massacres, mais cela cessera et mon Amour triomphera. Toi, plonge ta volonté
dans la mienne et, par tes actions, tu formeras comme un second ciel au-
dessus des têtes des créatures et je regarderai leurs actions
à travers tes actions divi-nes — divines parce qu’elles proviennent
de ma Volonté. Tu forceras ainsi ma Volonté éternelle
à descendre sur la terre pour triompher des misères de la
volonté humaine.
«Si tu veux que ma Volonté descende sur la terre et que
mon Amour triomphe, tu dois t’élever au-dessus des contingences
terrestres et agir toujours dans ma Volonté. Alors, nous descendrons
ensemble et nous assaillirons les créatures avec ma Volonté
et mon Amour; nous les confondrons de telle façon qu’elles seront
inca-pables de résister. Pour le moment, laissons-les faire ce qu’elles
veulent. Vis dans ma Volonté et sois patiente.»
26 avril 1921
La guerre que la Divine Volonté livrera aux créatures.
Pendant que je languissais dans mon état douloureux, mon doux
Jésus vint et, me tirant fortement vers lui, me dit: «Ma fille,
je te le répète, ne t’attarde pas à la terre! Laissons
les créatures faire ce qu’elles veulent. Elles veulent faire la
guerre, qu’il en soit ainsi. Quand elles seront fatiguées, je ferai
moi aussi ma guerre. Leur fatigue du mal, leurs désillusions et
leurs souffrances les disposeront à accepter ma guerre. Ce sera
une guerre d’Amour. Ma Volonté descendra du Ciel au milieu des créatures.
Tes actions faites dans ma Volonté, de même que celles d’autres
âmes faites aussi dans ma Volonté, feront la guerre aux créatures,
une guerre non sangui-naire. Elles batailleront avec les armes de l’Amour,
apportant aux créatures des cadeaux, des grâces et la paix.
Elles donneront des choses si surprenantes que les hommes en seront stupéfiés.
Ma Volonté, ma milice du Ciel, confondra les hommes avec des
armes divines; elle les submergera, leur donnant la lumière pour
qu’ils voient les dons et la richesse avec lesquels je veux les enrichir.
Les actions faites dans ma Volonté, portant en elles la Puissance
créatrice, seront le nouveau salut de l’homme et leur apporteront
tous les biens du Ciel sur la terre. Elles amèneront l’ère
nouvelle de l’Amour et son triomphe sur l’iniquité humaine. Par
conséquent, multiplie tes actions dans ma Volonté afin de
former les armes, les cadeaux et les grâces qui descendront au milieu
des créatures et engageront la guerre d’Amour avec elles.»
Puis, d’un ton plus affligé, il ajouta: «Ma fille, il
m’arrivera ce qu’il arrive à un pauvre père dont les enfants
méchants, non seulement l’offensent, mais veulent le tuer. Et s’ils
ne le font pas, c’est qu’ils ne le peuvent pas. Si ces enfants veulent
tuer leur propre père, ce n’est pas étonnant qu’ils s’entre-tuent,
que l’un s’élève contre l’autre, qu’ils s’appauvrissent mutuellement
et qu’ils atteignent l’état de moribonds. Et, ce qui est pire, ils
ne se souviennent même pas qu’ils ont un père.
«Et que fait le père? Exilé par ses propres enfants
et pendant que ceux-ci se bat-tent, se blessent l’un l’autre et sont sur
le point de mourir de faim, il travaille fort pour acquérir de nouvelles
richesses et des remèdes pour ses enfants. Puis, quand il les verra
presque perdus, il ira au milieu d’eux pour les rendre riches, leur donner
des remèdes pour leurs blessures et leur apporter la paix et le
bonheur. Conquis par tant d’amour, ses enfants s’attacheront à leur
père dans une paix durable et ils l’aimeront.
«La même chose va m’arriver. Par conséquent, je
te veux dans ma Volonté et je te veux au travail avec moi pour acquérir
les richesses à être données aux créatu-res.
Sois-moi fidèle et ne t’occupe de rien d’autre.»
1 [1]
Note: Il est ici fait allusion à l’écrit de Luisa intitulé
“Les 24 Heures de la Passion” dont une version française est disponible
aux endroits indiqués dans l’avertissement au début de ce
livre.
2 [2]
Dans des livres antérieurs, Jésus dit à Luisa qu’il
y aura encore des sacrements quand la Royaume de la Divine Volonté
sera instauré sur la terre. Ici, Jésus semble exprimer sa
joie de pouvoir opérer comme il veut, en tout temps, chez les âmes
vivant dans sa Volonté.
[3] Jésus fait ici un jeu de mots:
“cattiva” en italien signifie “mauvais” et “cattivare” signifie “captiver”.
[4] L’Humanité de Jésus
est créée et, partant, est une créature. Jésus
veut que d’autres créatures aussi reconnaissent, aiment, adorent,
etc.
http://www.divinewill.org/French%20Page/
www.JesusMarie.comAlexis@JesusMarie.com
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