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Luisa Piccarreta
mystique italienne
(23 Avril 1865 -  4 Mars 1947)
Luisa Piccarreta



 Le Royaume du Divin Fiat chez les créatures
Les 24 Heures de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ
 
Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu
 
Luisa Piccarreta
La Petite Fille de la Divine Volonté
 
INTRODUCTION

Avec toute la réserve nécessaire, dans la soumission la plus parfaite au jugement de la sainte Église, sans faire appel à une autre foi que la foi humaine, et en conformité avec le décret du Pape Urbain VIII, nous transcrivons ici des révélations privées que Notre-Seigneur Jésus-Christ a faites à la servante de Dieu Luisa Piccarreta, à qui il inspira cet ouvrage. Citons ici une lettre envoyée par la pieuse auteure au Rév. Canon Di Francia:

«Mon Très Révérend Père,

«Enfin, voici que je vous remets le texte des Heures de la Passion. Je l'ai écrit tout à la Gloire de Notre-Seigneur. Je joins à la présente lettre un autre feuillet qui mentionne l'affection toute particulière et les belles promesses de Jésus pour ceux qui pratiqueront ces Heures. Je crois que si celui qui les médite est un pécheur, il se convertira; s'il est imparfait, il deviendra parfait; s'il est saint, il deviendra plus saint; s'il est tenté, il trouvera la victoire; s'il est souffrant, il trouvera la force, le remède, le réconfort; et si son âme est faible et pauvre, il trouvera un aliment spirituel et un miroir où il pourra se regarder continuellement pour s'embellir et se rendre semblable à Jésus notre modèle.

«Le contentement qu'éprouve Jésus lorsqu'on médite ces Heures est si grand qu'il voudrait qu'il y en ait au moins une copie dans chaque village ou cité pour qu'on puisse en faire la méditation. À travers ces méditations, Jésus entend sa propre Voix et ses propres Prières telles qu'il les adressait à son Père durant les 24 Heures de sa Passion. Et si un assez grand nombre d'âmes s'y adonnent dans chaque village ou cité, il me semble que Jésus me fait savoir que la Justice Divine en sera partiellement apaisée et, en cette triste époque de calamités et d'effusion de sang, ses fléaux seront partiellement arrêtés. Faites appel à tous, Révérend Père, et propagez ce petit ouvrage que mon aimable Jésus m'a demandé de rédiger.

«Je vous dis aussi que le but de ces écrits n'est pas tant de raconter l'histoire de la Passion de Notre-Seigneur -- car il y a beaucoup de livres qui traitent de ce sujet et il ne serait pas nécessaire d'en écrire un autre --, mais d'inciter le lecteur à la réparation, ce que nous avons fait en adjoignant aux divers points de la Passion des suggestions à ce sujet. Par exemple, dans certains passages on bénit Jésus, dans d'autres on compatit avec lui, dans d'autres on le loue, dans d'autres on le réconforte, dans d'autres on rachète à ses côtés, dans d'autres on prie, on demande, on supplie. Par conséquent, je vous laisse le soin, Révérend Père, de faire connaître le but de ces écrits dans une préface.»

Le feuillet dont il est question plus haut contient quelques passages de Paroles que Notre-Seigneur aurait dites à Luisa. Par exemple celui-ci: «Celui qui pense souvent à ma Passion fait naître dans son coeur comme une source salutaire. Plus l'âme s'applique à réfléchir et à méditer sur ma douloureuse Passion, plus le débit de cette source augmente. Et comme les eaux qui coulent d'une fontaine sont des eaux pour tous, de même cette source de salut, qui se forme dans le coeur de celui qui médite sur ma Passion, sert à ma Gloire, au bien personnel de cette âme, et aussi au profit de beaucoup d'autres âmes.»

À une autre occasion, le Seigneur lui parla ainsi: «Lorsqu'une âme médite sur la Passion que je souffris dans mon Âme et mon Corps avec tant d'Amour et dans des Souffrances infinies, et qu'elle s'afflige et compatit avec moi, cela m'est tellement agréable que je me sens comme dédommagé de toutes les tortures et les ignominies que j'ai subies non seulement dans ma Passion, mais à partir du moment de mon Incarnation jusqu'à mon dernier Souffle sur la Croix.

«L'âme qui médite souvent sur ma Passion me réconforte de diverses façons. Alors que, durant ma Passion, on me lia avec des cordes et des chaînes, l'âme qui me considère ainsi attaché et compatit avec moi, me délie et me rend la liberté. Alors que les hommes d'armes me méprisèrent, me crachèrent dessus et me déshonorèrent, l'âme compatissante me donne de l'estime, me lave de ces crachats et m'honore. Alors que mes bourreaux me dévêtirent et me flagellèrent, l'âme compatissante me guérit et m'habille. Alors qu'on me couronna d'épines et qu'on me traita comme un roi de plaisanterie, qu'on me remplit la Bouche de fiel et qu'on me crucifia, l'âme qui considère avec compassion toutes ces Souffrances, me couronne de Gloire, m'honore comme son Roi, me remplit la Bouche de douceur, me décloue de la Croix et me fait ressusciter dans son coeur.

«Et en échange de sa méditation amoureuse et de sa considération pour mes Peines, je donne à cette âme une vie de grâce renouvelée. Tandis qu'elle m'attire à elle par la contemplation de mes Souffrances et par sa compassion, je l'attire à moi et je me donne à elle comme aliment spirituel. Tandis qu'elle se nourrit de mes Plaies, de mes opprobres et des Agonies de mon Coeur, je me nourris de son âme en l'absorbant en moi-même dans l'Amour. Voilà pourquoi la méditation dévote et fréquente de ma Passion m'est si agréable.»

Luisa demanda à Jésus: «Dis-moi, ô mon Bien, que donneras-tu en échange aux âmes qui méditeront sur les Heures de ta Passion comme tu me l'as enseigné?»

Notre-Seigneur répondit: «Ma fille, ces Heures, je ne les considérerai pas comme des choses provenant de vous, mais comme si c'était moi qui les faisais. À ceux qui les méditeront, je donnerai mes mérites comme si je souffrais la Passion durant ce temps qu'ils les méditent. Les effets que produisait ma Passion quand je l'endurais, et qu'elle peut produire à toute époque, seront renouvelés dans les âmes qui méditeront sur ces Heures, selon la qualité de leurs dispositions intérieures. Il n'y a pas de récompense plus grande que celle-là qu'on puisse recevoir en cette vie terrestre.

«Et au Paradis, je mettrai ces âmes en ma Présence divine, devant ma Face, et je les darderai de flèches d'Amour et de contentements éternels, et elles-mêmes, enivrées de mon Amour, me répondront en dardant mon Coeur de toute la capacité d'amour qu'aura leur âme dans la béatitude céleste, ce qui constituera un doux enchantement pour tous les bienheureux du Ciel (c'est-à-dire toutes les créatures qui jouissent de la vue parfaite de Dieu).

Une autre fois, Jésus dit à Luisa: «Les Heures de ma Passion furent remplies de mes Prières, mes Réparations et mon Amour. Cet exercice pieux de réparation fait dans la méditation de ces Heures est vraiment sorti de mon Coeur. Ah! combien de fois, grâce à ces méditations pratiquées secrètement dans toute mon Église par tant d'âmes qui m'étaient chères, n'ai-je pas changé des fléaux en Grâces pour toute la terre! Ces méditations ont un prix incalculable. Si les exercices pieux que tu as pratiqués et que tu as mis par écrit sont pratiqués par d'autres avec amour, mon Amour y trouvera son épanchement et son réconfort. Et sache, ô fille, que ce n'est pas peu de choses que la créature donne du soulagement et de l'épanchement à l'Amour de son Créateur.»

À un autre moment, Jésus lui dit: «Le monde est dans l'acte incessant de renouveler ma Passion, et comme mon Immensité enveloppe toutes les créatures tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, je suis contraint, au contact de ces créatures, de recevoir les clous, les épines, les fouets, les mépris, les crachats et tout le reste que je souffris lors de ma Passion, et même davantage. Mais, quand une âme médite sur les Heures de ma Passion, alors je sens qu'on m'enlève les clous et les épines, qu'on soulage ma Souffrance, qu'on nettoie les crachats, qu'on calme la douleur des coups, qu'on oint mes Plaies; je sens se changer en bien le mal que me font les autres. Et parce que le contact spirituel de cette âme qui médite les Heures de ma Passion m'apporte tant de réconfort, je m'appuie de plus en plus sur elle.

«De plus, celui qui médite sur ces Heures fait siens mes Pensées, mes Réparations, mes Prières, mes Affections, les Battements les plus intimes de mon Coeur. Et comme, lorsque je voulus racheter le monde, je me présentai à mon Père Éternel en lui disant: «Me voici ô Père, envoie-moi sur terre pour souffrir et mourir pour les hommes», de même l'âme qui, unie à moi, s'adonne à la méditation des Heures de ma douloureuse Passion et s'identifie à mes Douleurs, à mon Esprit souffrant, en s'élevant presque entre le Ciel et la terre, cette âme s'exclame avec moi devant mon Père: «Me voici, ô Seigneur, je veux moi aussi, avec Jésus, réparer pour tous, répondre de tous, souffrir et mourir pour tous.»

Luisa se répandait en compassion et en amour envers Jésus souffrant, du Jeudi Saint à 17h jusqu'au Vendredi Saint à 17h, alors que tout se termine par la Sépulture de son Corps adorable.

Après avoir mis par écrit ces Heures de la Passion, alors, avec cette confiance spéciale que son Époux céleste lui a donnée, elle demanda à Jésus si ce petit ouvrage lui serait agréable et dans quelle mesure. Jésus lui répondit: «En échange du fait que tu as écrit ces Heures de ma Passion, alors, pour chaque mot que tu as écrit je donnerai un Baiser à ton âme et je t'accorderai une âme.»

Et Luisa reprit: «Seigneur, c'est là ce que tu me donneras à moi. Mais le donneras-tu également à quiconque méditera ces Heures?» -- «Oui, répondit Notre-Seigneur, à chacun je donnerai aussi une âme à chaque mot, à condition qu'il les médite uni à moi et dans ma propre Volonté, car l'efficacité de la méditation de ces Heures sera proportionnelle à l'union plus ou moins grande qu'on aura avec moi. Si l'âme les fait dans ma Volonté, elle se cachera avec moi dans cette Volonté, et quand ma Volonté se met à agir, je peux faire tout le bien que je veux, même pour un seul mot, et ce, autant de fois qu'on méditera ainsi.»

Luisa raconte ceci: Une autre fois, j'étais en train de me plaindre auprès de Jésus sur le fait que, après tant de sacrifices pour écrire ces Heures de la Passion, il y avait si peu d'âmes qui les méditaient. Et Jésus me dit: «Ne te plains pas, ô fille; même s'il n'y avait qu'une seule âme qui les méditait, tu devrais être contente. Est-ce que moi, je n'aurais pas souffert ma douloureuse Passion et ma Mort en Croix même pour une seule âme? Tu dois agir ainsi toi aussi: il ne faut jamais omettre le bien parce que peu de personnes en profiteront. Et comme ma Passion et ma Mort firent acquérir à ma sainte Humanité les mérites comme si tous allaient être sauvés, telle étant ma Volonté et le but de toute ma Souffrance et de ma Mort, ainsi toi, selon que ta volonté aura voulu faire du bien à tous dans ma Volonté, tu seras récompensée de ton travail dans cette même proportion. Tout le mal reviendra à ceux qui ne les mettront pas en pratique, soit à cause de leur nature infirme, soit à la suite de suggestions diaboliques.»

Quant à la valeur de ces Heures, Notre-Seigneur a parlé ainsi: «Ces Heures sont précieuses, préférables à bien d'autres exercices, car cette méditation n'est rien d'autre qu'un renouvellement et une augmentation continus des mérites de tout ce que je fis et souffris au cours de ma Vie mortelle, et de ce que j'ai fait et que je fais continuellement dans ma sainte Eucharistie. Quand je vois une âme méditer ces Heures, j'entends ma propre Voix, mes propres Prières, je vois ma propre Volonté en cette âme, c'est-à-dire la volonté de vouloir le bien de tous et de réparer pour tous, et je me sens entraîné à demeurer en cette âme.»

Notre-Seigneur donna aussi à Luisa ces Paroles expressives qui résonnèrent au plus profond de son âme contemplative: «Oh! combien j'aimerais que dans chaque cité ou village il se trouve, ne fût-ce qu'une âme, qui s'applique à méditer ces Heures de ma Passion! Alors je m'entendrais moi-même dans chaque cité ou village, et ma Justice qui, en cette époque, est très indignée, serait en partie apaisée!»
Méthodes pour la pratique des
Heures de la Passion

La pratique de la dévotion des Heures douloureuses pourra sembler malaisée, sinon impossible. Comment pourrait-on passer tous ses jours à méditer durant 24 heures, de 17h aujourd'hui à 17h demain, et puis recommencer demain? Il est évident que cela est humainement impossible. Nous disons «humainement» parce que, grâce à un secours spécial de la Grâce divine, cette méditation continue est celle que fait depuis maintes années l'âme solitaire qui a écrit le présent petit ouvrage.

Mais, sans prétendre à autant quant à nous, la méditation des 24 Heures de la Passion, de la Mort et de la Sépulture de Notre-Seigneur, peut se faire de diverses manières, selon les conditions et les circonstances. Voici trois suggestions à ce sujet:
Première manière

La première manière s'adresse aux personnes qui vivent une vie plutôt retirée et contemplative, soit au monastère, soit à la maison; ces personnes sont certainement peu nombreuses. La méthode consiste à lire d'abord ce livre des Heures en entier, un passage à la fois, en quelques jours, comme on le peut et en méditant. Après avoir ainsi parcouru l'ouvrage au complet et s'en être formé une idée d'ensemble, la personne, chaque fois que l'heure sonne, se rend présents à l'esprit le titre et le contenu de cette Heure. Et si, vu ses occupations, elle ne peut faire plus, elle tâche au moins d'avoir présent à l'esprit le mystère concerné, se recueillant en esprit et faisant monter quelques ferventes prières intérieures. Pour cela, il sera très utile de savoir par coeur la table des 24 Heures avec les mystères correspondants, ou bien d'avoir à la portée des yeux une liste de ces Heures.

Si, pour certaines Heures, on peut jeter un coup d'oeil au mystère correspondant dans le livre, cela sera mieux. Si on applique son âme avec attention et dans cette intention, et si on persévère, l'aide de la Grâce divine ne manquera pas.

Cela vaut pour la journée. Mais, durant la nuit, puisque le sommeil est indispensable (au moins cinq ou six heures), la personne dévote pourra, avant d'aller au lit, lire une ou deux Heures d'avance -- dont la lecture ne dépassera pas soixante minutes. Quant aux autres Heures de la nuit, en lire au moins les titres, puis former l'intention que, pendant que l'on dormira, on veut les méditer en esprit. Notre-Seigneur, dans sa Bonté infinie, agrée cette intention comme si elle était l'action elle-même.
Deuxième manière.

Les gens qui, durant la journée, sont occupés à de multiples affaires, domestiques ou autres, pourraient mettre en pratique cet exercice pieux d'une autre manière mieux adaptée à leur situation. Nous admettrons qu'ils veulent consacrer au moins une heure par jour à la lecture et à la méditation de la Passion de Notre-Seigneur, peut-être même en deux étapes, c'est-à-dire une demi-heure le matin et une demi-heure en soirée. Commençant à la première page de ces Heures, ils en lisent et en méditent un certain nombre de pages pendant une trentaine de minutes et puis, le soir, durant la deuxième demi-heure, ils poursuivent. Ils procèdent ainsi chaque jour, allant toujours de l'avant, jusqu'à ce qu'après un certain nombre de jours, ils aient parcouru tout le livre.

Alors ils recommencent au début pour le refaire au complet, et puis encore une fois. Ils continuent ainsi pendant un certain nombre de mois. Quand ils ont une bonne idée d'ensemble de toutes les Heures, ils peuvent très bien continuer à faire leur méditation habituelle de trente minutes le matin et de trente minutes le soir en variant les Mystères comme d'habitude, mais durant les autres heures de la journée, ils lisent les titres et forment l'intention de vouloir méditer ces mystères d'heure en heure, c'est-à-dire même au milieu de leurs occupations. Avant le sommeil de la nuit, ils forment l'intention de méditer sur les mystères correspondants pendant qu'ils dormiront. Auparavant ils auront lu les titres seulement.

Cependant, le vendredi, il serait préférable de méditer sur la Crucifixion et sur les trois Heures d'Agonie sur la Croix. Il est bien entendu que ces méditations, comme toute oraison mentale, doivent être accompagnées d'une préparation, puis d'affections, d'actes d'amour et d'autres choses semblables, sans omettre de faire les remerciements à la fin.
Troisième manière.

Il y a une méthode qui permet de passer toutes les Heures chaque jour. Il s'agit que 24 personnes s'associent pour faire cet exercice et que chacune prenne une Heure. Celles à qui revient une Heure de la nuit pourraient la faire d'avance, en soirée, et puis former l'intention de la répéter à l'heure correspondante, même durant le sommeil.

Mais si on pouvait trouver huit personnes ferventes, toutes disposées à faire une heure de veille durant la nuit par amour pour Jésus, lui qui passa toutes ses nuits à prier pour nous, alors, de 22h à 6h, ces huit personnes feraient chacune l'Heure assignée. Ainsi toutes les 24 Heures seraient mises en pratique de manière ininterrompue, au grand plaisir de Notre-Seigneur et au grand profit des 24 personnes qui les feraient, et pour le bien de toute l'Église militante, de toute l'Église souffrante, et pour la gloire de l'Église triomphante.

Avec un peu de bonne volonté, cette manière de faire pourrait être pratiquée chez les communautés religieuses contemplatives, qui en recevraient des bénédictions spéciales de Dieu.
Prière préparatoire

(À faire avant chaque Heure que l'on va méditer.)

Ô mon Seigneur Jésus-Christ, prosterné devant toi, je supplie ton Coeur infiniment amoureux de bien vouloir m'admettre à la méditation des Heures douloureuses de ta Passion durant lesquelles, par Amour pour nous, tu voulus souffrir dans ton Corps adorable et dans ton Âme infiniment sainte, jusqu'à mourir sur la Croix. Daigne me donner ton Aide, ta Grâce, ton Amour, ainsi qu'une profonde compassion à ton endroit et une profonde compréhension de tes Souffrances, pendant que je méditerai sur la énième Heure (préciser).

Et pour les Heures sur lesquelles je ne pourrai pas méditer, c'est-à-dire celles pendant lesquelles je serai contraint soit de m'appliquer à mes devoirs journaliers, soit de m'adonner au sommeil, je veux t'offrir la volonté que j'ai de méditer aussi sur elles. Accepte alors, ô Seigneur miséricordieux, mon intention d'amour, et fais en sorte que ces Heures me profitent et profitent à beaucoup d'autres comme si je les faisais effectivement et saintement. Entre temps, je te rends grâce ô Jésus, toi qui m'appelles à m'unir à toi dans la prière, et je me plonge dans tes Pensées, tes Paroles, ta Volonté et ton Amour, en implorant l'aide de ta Très Sainte Mère et de mon ange gardien.

Réciter un Je te salue Marie à la Très Sainte Vierge, un Gloire au Père à son ange gardien, et un De profundis (Ps 130) pour les âmes du Purgatoire, auxquelles il ne faut pas manquer d'appliquer les indulgences qui seront gagnées par la méditation du mystère.
Remerciements et offrande

(À faire à la fin de chaque Heure que l'on a méditée.)

Mon aimable Jésus, tu m'as appelé durant cette Heure de ta Passion à te tenir compagnie, et je suis venu. Il m'a semblé te voir prier, réparer et souffrir et, avec les Paroles les plus tendres, plaider pour le salut des âmes. J'ai cherché à te suivre en tout. Avant de te laisser, je veux te dire un «merci» et un «sois béni». Oui, ô Jésus, merci mille fois. Je te loue et te bénis pour tout ce que tu as fais et souffert pour nous tous. Je te dis merci et je te bénis pour chaque goutte de ton Sang et chacune de tes Larmes versées, pour chacune de tes Respirations, chaque Battement de ton Coeur, chacun de tes Pas, de tes Paroles et de tes Regards, et pour chaque offense que tu as supportée pour nous. De grâce, fais en sorte, ô mon Jésus, que tout mon être t'envoie un flot continu de remerciements et de bénédictions, de sorte que cela attire sur moi et sur toutes les créatures les flots de tes Grâces et de tes Bénédictions.

Ô Jésus, serre-moi sur ton Coeur avec tes Mains infiniment saintes: marque toutes les parcelles de mon être de ton «je te bénis», de sorte que rien ne sorte de moi sauf un hymne d'amour ininterrompu pour toi! Je m'abandonne à toi et je veux te suivre en tout. Je laisse mes pensées en toi pour qu'elles te défendent de tes ennemis; mes respirations pour qu'elles te servent de cortège et te tiennent compagnie; les battements de mon coeur pour te dire sans cesse «je t'aime» et pour te dédommager de l'amour que ne te donnent pas les autres créatures; les gouttes de mon sang en offrande de réparation et pour te restituer les honneurs et l'estime dont te privent tes ennemis; finalement tout mon être pour te garder.

Mon doux Amour, bien que je doive vaquer à mes affaires, je reste dans ton Coeur et je crains d'en sortir. Tu me garderas en toi, n'est-ce pas? Nos battements de coeur s'entendront l'un l'autre et se confondront, de sorte qu'ils me donneront vie, amour, et union étroite et inséparable avec toi. Mon Jésus, si tu vois que je suis sur le point de te fuir, que tes Battements de Coeur s'accélèrent dans mon coeur, que tes Mains me pressent plus fortement sur ton Coeur, que tes Yeux me regardent et me jettent des flèches de feu, afin que, te ressentant, je me laisse tout de suite gagner à rester avec toi.

Je t'en prie, ô mon Jésus, donne-moi le Baiser de l'Amour divin et bénis-moi. Et moi, je baise ton Coeur infiniment doux et je reste en toi.

Que la bénédiction de Dieu, le Tout-Puissant, Père et Fils et Esprit-Saint, descende sur moi et y demeure à jamais. Amen.
 
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LES HEURES DE LA PASSION
 
De 17h à 18h :
Jésus fait ses adieux à sa Mère

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Ô Maman céleste, l'heure de la séparation approche, et je me joins à toi. Ô Mère, communique-moi ton Amour et fais-moi partager tes Réparations. Communique-moi ta Douleur car, avec toi, je veux suivre pas à pas mon adorable Jésus.

Et voici que Jésus vient. Tu cours à sa rencontre l'âme toute débordante d'Amour. En le voyant si pâle et si triste, ton Coeur se serre, les forces te manquent et tu te sens sur le point de t'écrouler. Ô ma douce Maman, sais-tu pourquoi l'adorable Jésus est venu te rencontrer? Il est venu te faire ses adieux, te dire ses dernières Paroles et recevoir tes derniers embrassements. Ô Mère, je me serre contre toi avec toute la tendresse dont est capable mon coeur, afin que, pressée contre toi, moi aussi je puisse recevoir les embrassements de l'adorable Jésus. Me dédaigneras-tu? N'est-ce pas plutôt un réconfort pour ton Coeur d'avoir une âme unie à toi pour partager tes Afflictions et tes Réparations?

Ô Jésus, en cette heure si navrante pour ton Coeur infiniment tendre, quel Enseignement nous donnes-tu d'obéissance filiale et amoureuse à ta Maman! Quelle douce harmonie existe entre toi et elle! Quel enchantement suave d'Amour s'élève jusqu'au Trône de l'Éternel et se disperse pour le salut de toutes tes créatures!

Ô ma céleste Maman, sais-tu ce que veut de toi l'adorable Jésus? Rien d'autre que ta dernière bénédiction. Il est vrai que de toutes les parcelles de ton être ne sortent que bénédictions et louanges pour ton Créateur. Mais en te faisant ses adieux, Jésus veut entendre de ta Bouche ces douces Paroles: «Je te bénis, ô Fils!» Cette bénédiction remédiera aux offenses des créatures, et, douce et suave, descendra jusqu'à son Coeur.

Je m'unis à toi, ô douce Maman. Et sur les ailes du vent, je veux parcourir le Ciel pour demander au Père, au Saint-Esprit et à tous les anges, un «je te bénis» pour Jésus, afin que je puisse lui apporter ces bénédictions. Et ici, sur cette la terre, je veux aller chez toutes les créatures et demander que chaque bouche, chaque battement de coeur, chaque pas, chaque respiration, chaque regard, chaque pensée, disent un «je te bénis» à Jésus. Et si certaines personnes refusent, je veux le dire à leur place.

Ô douce Maman, après avoir couru partout pour demander à la Sainte-Trinité, aux anges, à toutes les créatures, à la lumière du soleil, au parfum des fleurs, aux vagues de la mer, à tout souffle du vent, à toute étincelle de feu, à toute feuille qui bouge, à tout scintillement d'étoile, à tout mouvement de la nature, un «je te bénis» pour Jésus, j'en viens à toi et à tes bénédictions, auxquelles je joins les miennes. Ma douce Maman, je vois que tu en reçois du réconfort et du soulagement, et toutes ces bénédictions, tu les offres à Jésus en réparation des blasphèmes qu'il reçoit des créatures. Mais tandis que tu présentes ces bénédictions à Jésus, j'entends ta Voix émue qui lui dit: «Fils, bénis-moi aussi!»

Ô Jésus, mon doux Amour, bénis-moi aussi avec ta Mère; bénis mes pensées, mon coeur, mes mains, mes pas, mes oeuvres, et bénis toutes les créatures.

Ô ma Mère, en admirant la Figure de ton Jésus si affligé et si triste, se réveille en toi la vue déchirante des Souffrances que bientôt il devra souffrir. Tu vois d'avance son Visage couvert de crachats, sa Tête transpercée par les épines, ses Yeux bandés, son Corps torturé par les coups de fouet, ses Mains et ses Pieds percés par les clous; et tu le bénis. À l'endroit où il est sur le point d'aller, tu l'accompagnes avec tes bénédictions. À tes côtés, je l'accompagne moi aussi. Quand Jésus sera frappé par les fouets, transpercé par les clous, giflé, couronné d'épines, partout il trouvera en même temps que les tiens, mes «je te bénis».

Ô Jésus, ô Marie, comme je compatis avec vous deux! Immense est votre Souffrance en ces derniers moments; on a l'impression que le Coeur de l'un déchire le Coeur de l'autre. Tendre Mère, arrache mon coeur à la terre et attache-le bien fort à celui de Jésus, afin que bien serré contre lui, il prenne part à tes Souffrances et aux siennes. Et tandis que vous vous embrasserez, que vous vous donnerez vos derniers Regards, vos derniers Baisers, alors, comme moi je serai entre vos deux Coeurs, que je reçoive ces derniers Baisers, ces derniers Embrassements. Ne voyez-vous pas que je ne puis être sans vous?

Jésus, Maman, tenez-moi serrée contre vous, donnez-moi votre Amour, votre Vouloir, dardez mon pauvre coeur, serrez-moi entre vos Bras, et avec toi, ô douce Mère, je veux suivre pas à pas l'adorable Jésus, avec l'intention de lui donner du réconfort, du soulagement, de l'amour et de la réparation au nom de tous.

Ô Jésus, avec ta Maman, je baise ton Pied gauche, en te priant de me pardonner et de pardonner à toutes les créatures pour toutes les fois que nous avons refusé de cheminer vers Dieu. Gloire au Père, ...

Je baise ton Pied droit; pardonne-moi et pardonne à toutes les créatures toutes les fois que nous n'avons pas poursuivi la sainteté que tu voulais pour nous. Gloire au Père, ...

Je baise ta Main gauche; communique-nous ta Pureté. Gloire au Père, ...

Je baise ta Main droite pour que tu bénisses toutes mes émotions, mes affections et mes pensées, afin que, valorisées par cette bénédiction, elles deviennent toutes saintes. Et avec moi, bénis aussi toutes les créatures et scelle le salut de leur âme. Gloire au Père, ...

Ô Jésus, avec ta Maman je t'embrasse et, baisant ton Coeur, je te prie de placer mon coeur entre les vôtres, pour qu'il s'alimente continuellement de vos Épanchements d'Amour, de vos Douleurs, de vos Affections, de vos Désirs et de vos Vies même. Amen. Gloire au Père, ...
Réflexions et pratiques

Avant de commencer à subir sa Passion, Jésus va chez sa Mère pour lui demander sa bénédiction. Par cet Acte, il nous enseigne l'obéissance, non seulement extérieure, mais intérieure, qu'il nous faut avoir pour répondre aux inspirations de la Grâce. Parfois nous ne sommes pas prêts à répondre à une bonne inspiration, soit parce que nous sommes freinés par notre amour-propre joint à la tentation, soit par respect humain, soit pour éviter de nous faire violence.

Mais le refus de donner suite à une inspiration de pratiquer une vertu, de faire une bonne oeuvre, de pratiquer une dévotion, incite le Seigneur à se retirer, ce qui amène la diminution de ses bonnes inspirations. Mais la réponse prompte et prudente aux saintes inspirations nous attire plus de Lumière et de Grâces.

Dans les cas douteux, il faut recourir promptement au grand moyen de la prière et aux conseils éclairés. Ainsi le bon Dieu ne cessera d'illuminer notre âme par ses bonnes inspirations.

Nos actions, nos prières, la pratique des Heures de la Passion, nous devons les faire dans les mêmes intentions que Jésus, dans sa Divine Volonté, en nous sacrifiant comme lui pour la Gloire du Père et pour le bien des âmes.

Nous devons nous mettre dans la disposition de nous sacrifier par amour pour notre aimable Jésus, en nous conformant à son Esprit, en agissant avec ses propres Sentiments et en nous abandonnant à lui, non seulement dans les souffrances et les contrariétés extérieures, mais plus encore en toute chose qu'il pourra nous inspirer dans notre for intérieur. Et si l'occasion se présente, nous devons être prêts à accepter n'importe quelle peine. En agissant ainsi et en faisant tout dans la Divine Volonté, laquelle contient toute douceur et tout contentement, nous réconforterons notre Jésus et nous compenserons pour les outrages que lui font les créatures.

Avant de commencer une action, invoquons toujours la bénédiction de Dieu, afin que cette action ait le sceau de la Divinité et que cette bénédiction de Dieu s'étende à toutes les créatures.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 18h à 19h :
Jésus se sépare de sa Très Sainte Mère
et se rend au Cénacle

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon adorable Jésus, maintenant que j'ai pris part à tes Souffrances et à celles de ta Maman dans vos dernières Étreintes, je vois que tu te décides à partir pour aller là où t'appelle la Volonté du Père. Il est si grand l'Amour entre toi et ta Mère, ta douce Reine, qu'il vous rend inséparables: tu habites sans cesse son Coeur et elle habite sans cesse ton Coeur; autrement, il vous serait impossible de vous séparer. Alors que vous vous bénissez l'un l'autre, tu lui donnes ton dernier Baiser pour la fortifier dans les cruelles Souffrances qu'elle est sur le point de supporter, tu lui dis ton dernier adieu, et tu pars.

Mais la pâleur de ta Face, tes Lèvres tremblantes, ta Voix étouffée par les sanglots, tout me dit combien tu aimes ta Maman et combien tu souffres de la quitter. Mais pour accomplir la Volonté du Père, vos Coeurs fondus l'un dans l'autre, vous vous soumettez à tout, voulant réparer pour ceux qui, pour ne pas avoir à surmonter les tendresses et les attachements humains, même ceux qui sont licites et saints, ne se préoccupent pas d'accomplir la sainte Volonté de Dieu et de correspondre à l'état de sainteté auquel Dieu les appelle. Quelles Souffrances ne te donnent pas ces âmes qui repoussent ton Amour, se bornant à l'amour des créatures!

Mon Jésus, permets-moi de rester un peu avec ta Maman pour la consoler et la soutenir après ton départ. Par la suite, j'accélérerai le pas pour te rejoindre. Mais à ma grande souffrance, je vois que ta Maman, angoissée, tremble; elle est si grande sa Douleur que, tandis qu'elle veut te dire adieu, sa Voix s'étouffe sur ses Lèvres. Elle s'évanouit presque. Et dans son tourment d'Amour, elle dit: «Mon Fils, mon Fils, je te bénis! Quelle cruelle séparation, plus pénible que toute mort!» Mais la douleur l'empêche de parler davantage. Reine accablée, laisse-moi te soutenir, essuyer tes Larmes et compatir à ta Souffrance.

Ma douce Maman, je ne veux pas te laisser seule. Prends-moi avec toi, et en ces moments si douloureux pour toi et pour Jésus, enseigne-moi ce que je dois faire, comment je dois défendre Jésus, comment je peux réparer et le consoler. Non, je ne te quitterai pas. Et au moindre signe de ta part, je volerai vers Jésus et je lui offrirai ton Amour et tes Baisers, auxquels je joindrai les miens; et je les déposerai dans ses saintes Plaies et dans chaque goutte de son Sang versé, afin que ses Peines soient soulagées. Puis je reviendrai à toi en t'apportant ses Baisers pour soulager ton Coeur transpercé.

Maman, je veux maintenant rejoindre Jésus. Tandis que je baise tes Mains maternelles, tu me bénis comme tu as béni Jésus. Et tu me permets d'aller à lui.

Ô Jésus, mon amour me guide rapidement vers toi et je te rejoins tandis que tu parcours les rues de Jérusalem avec tes disciples. Je te vois encore tout pâle et j'entends ta douce Voix. Mais elle est si triste qu'elle brise le coeur de tes disciples. Tu leur dis: «C'est la dernière fois que je parcours librement ces rues. Demain, je les parcourrai lié, traîné et conspué de mille façons.» Montrant du doigt les endroits où tu seras particulièrement déshonoré et torturé, tu poursuis: «Ma Vie est sur le point de s'éteindre ici-bas comme le soleil est sur le point de se coucher; demain à pareille heure, je n'y serai plus! Mais en tant que Soleil, je ressusciterai le troisième jour.» À ces propos, les apôtres sont tout tristes et ne savent que répondre. Tu ajoutes: «Courage, ne vous laissez pas abattre, je serai avec vous toujours. Cependant, il est nécessaire que je meure pour le bien de tous.»

D'une Voix émue, tu continues à les instruire. Avant de rentrer dans le Cénacle, tu regardes le soleil qui se couche et qui, comme ta Vie, est sur le point de s'éteindre. Tu offres tes derniers Pas pour ceux qui sont au déclin de leur vie terrestre, et tu leur donnes la grâce de s'éteindre en toi, réparant pour ceux qui, en dépit des déboires et des désillusions de la vie, s'obstinent à ne pas se tourner vers leur Créateur.

Tu regardes Jérusalem où tu as accompli tant de prodiges et de miracles et qui est en train de préparer ta Croix, aiguisant les clous pour accomplir le déicide. Tu frémis; ton Coeur est brisé et tu pleures sa destruction prochaine. Par cela tu répares pour tant d'âmes consacrées dont, par tant de soins, tu cherches à faire des porteurs de ton Amour et qui, ne répondant pas à tes attentes, te font souffrir davantage. Je veux réparer avec toi et ainsi soulager ton Coeur brisé.

Détournant ton Regard de la ville de Jérusalem qui te fait horreur, tu entres dans le Cénacle. Mon Amour, serre-moi sur ton Coeur, afin que je partage tes Souffrances pour les offrir au Père avec toi. Bénis mon âme.
Réflexions et pratiques

Bien que son Coeur infiniment tendre en soit déchiré, c'est promptement que Jésus se sépare de sa Très Sainte Mère. Et nous, sommes-nous prompts à sacrifier nos affections, mêmes les plus légitimes et les plus saintes, si la Divine Volonté nous le demande? Et aussi est-ce que, le cas échéant, nous savons accepter que la Présence divine sensible ou la dévotion sensible s'éloigne de nous?

Alors qu'il faisait ses derniers Pas dans Jérusalem, Jésus glorifiait le Père et lui demandait le salut des âmes. Dans nos pas à nous, est-ce que nous nourrissons les mêmes intentions que Jésus en sachant intercéder pour la Gloire du Père et pour le bien des âmes. Mettons nos pas dans ceux de Jésus, lui qui portait dans ses Pas tous les pas des créatures, réparant leurs mauvaises démarches et leur montrant à cheminer sur ses chemins.

Lorsque nous marchons, sommes-nous modestes et recueillis de manière à être un exemple pour les autres? Tandis que Jésus, tout affligé, cheminait dans Jérusalem, il adressait de temps à autre la parole à ses apôtres, leur parlant de sa Passion imminente. Et nous, dans nos conversations, est-ce qu'à l'occasion nous savons prendre pour thème des événements de la Vie de Jésus ou certains de ses Enseignements?

Voyant les apôtres tristes et découragés, Jésus cherchait à les réconforter. Lors de nos conversations, savons-nous manifester notre volonté de toujours nous ajuster à Jésus, cherchons-nous à infuser son Esprit dans les autres?

Jésus se rend au Cénacle. Nos pensées, nos affections, nos émotions, nos prières, nos actions, notre nourriture, notre travail, nous devons les associer à Jésus en action. Ce faisant, nos actions s'ajusteront aux manières de voir divines.

Quand l'âme fait ses actions avec Jésus, Jésus se sent tellement attiré par cette âme, qu'il change en Actes divins les actions de cette créature. Tout cela est l'effet de sa Bonté, qui tient compte de tout et récompense tout, même une petite action faite dans sa Volonté, pour qu'ainsi la créature ne soit pas dépossédée de quoi que ce soit fait dans sa Volonté.

Ô ma Vie et mon Tout, que tes Pas dirigent les miens, et pendant que je foule la terre avec mes pieds, que mes pensées soient dans ton Ciel!

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 19h à 20h :
La cène légale

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Ô Jésus, te voilà rendu au Cénacle en compagnie de tes disciples bien-aimés, et tu te mets à table avec eux. Combien de douceur et d'affabilité ne montres-tu pas alors que tu t'apprêtes à prendre de la nourriture matérielle pour la dernière fois! Tout est Amour en toi! Ici, tu répares nos péchés de gourmandise. Et, par ta Prière, tu sanctifies la nourriture.

Jésus, ton Regard doux et pénétrant semble scruter chacun de tes apôtres. Et pendant que tu prends ta nourriture, ton Coeur est transpercé de voir tes apôtres faibles et mous, surtout le perfide Judas, qui a déjà un pied dans l'enfer. Dans le fond de ton Coeur, tu te dis avec amertume: «Quelle est l'utilité de mon Sang? Voilà qu'une âme à laquelle j'ai fait tant de bien, est perdue!» Et de tes Yeux étincelants de Lumière et d'Amour, tu le regardes, comme si tu voulais lui faire prendre conscience du grand mal qu'il est sur le point de commettre.

Mais ta Charité suprême te fait supporter cette Souffrance, et tu t'abstiens de la manifester à tes apôtres. Et tandis que tu t'affliges à cause de Judas, ton Coeur s'emplit de joie à voir à ta gauche ton disciple bien-aimé, Jean. Tellement que, ne pouvant plus contenir ton débordement d'Amour, l'attirant doucement vers toi, tu lui fais poser la tête sur ton Coeur, lui faisant éprouver d'avance le Paradis.

Et à cette heure solennelle, deux de tes disciples représentent deux mondes: celui des réprouvés et celui des élus; le monde des réprouvés, représenté par Judas, qui a déjà l'enfer au coeur, et le monde des élus, représenté par Jean, qui se repose sur ton Coeur dans la joie. Ô mon doux Bien, moi aussi je me mets tout près de toi et, avec ton disciple bien-aimé, je veux appuyer ma tête fatiguée sur ton Coeur adorable. Et je te prie de me faire sentir, même sur cette terre, les délices du Ciel; que cette terre soit ciel pour moi, enivrée par les douces harmonies de ton Coeur.

Mais en cet instant, je sens en toi de douloureux Battements de Coeur; c'est à cause des âmes perdues! Ô Jésus, de grâce, ne permets pas que de nouvelles âmes se perdent; fais que les pulsations de ton Coeur, résonnant dans ces âmes, leur fassent entendre les pulsations de la vie dans le Ciel, comme les entendit ton disciple bien-aimé Jean. Qu'attirées par la suavité et la douceur de ton Amour, elles cèdent devant toi!

Ô Jésus, tandis que ma tête est posée sur ton Coeur, donne-moi, à moi aussi, la nourriture, comme tu la donnas aux apôtres: la nourriture de l'Amour, celle de tes Paroles, celle de ta Divine Volonté. Ô mon Jésus, donne-moi toujours cette nourriture que tu désires tellement me donner, pour que ta Vie m'habite de plus en plus. Mon doux Bien, je vois que la nourriture terrestre que tu prends avec tes disciples est tirée d'un agneau. C'est l'agneau figuratif. Et comme en cet agneau il ne reste pas d'humeur vitale à cause de la force du feu, ainsi toi, l'Agneau mystique, tu vas, par la force de l'Amour, te consumer tout entier pour les créatures; tu ne garderas même pas une goutte de Sang pour toi-même: tu le verseras tout entier par Amour pour nous.

Ô Jésus, il n'y a rien de ce que tu fais qui ne rappelle ta Passion douloureuse, celle-ci étant toujours présente à ton Esprit et à ton Coeur. Par cela tu m'enseignes que si, moi aussi, j'avais toujours présente à l'esprit et au coeur ta sainte Passion, tu ne me refuserais jamais la nourriture de ton Amour.

Ô mon Jésus, à chacun de tes Actes tu me portes dans ta Pensée. Que ta Passion soit toujours présente à mon esprit et à mon coeur; qu'elle habite mes regards, mes pas et mes peines, afin que, où que je sois, je perçoive toujours ta sainte Présence en moi. Amen.
Réflexions et pratiques

Avant de prendre notre nourriture, unissons nos intentions à celles de notre aimable Jésus en nous imaginant que notre bouche est la sienne. Ce faisant, non seulement la Vie de Jésus s'accroîtra en nous, mais nous donnerons au Père la gloire, la louange, l'amour, les remerciements, la réparation qui lui sont dus de la part des créatures, comme le bon Jésus savait le faire lorsqu'il prenait sa nourriture.

Imaginons-nous également être à table avec Jésus et de tantôt le regarder, tantôt le prier de partager une bouchée avec nous, tantôt donner un baiser à la frange de son manteau, tantôt contempler le mouvement de ses Lèvres, de ses Yeux célestes, tantôt noter la pâleur subite de son beau Visage quand il voit tant d'ingratitudes chez les humains.

Tout rempli d'Amour, Jésus parlait de sa Passion durant le repas. De même nous, quand nous prenons notre repas, sachons parfois arrêter notre réflexion sur la manière dont nous pratiquons les Heures de la Passion. Les anges sont suspendus à nos lèvres pour recueillir nos prières, nos réparations, et les porter devant le Père pour amoindrir sa juste indignation à cause des nombreuses offenses qu'il reçoit des créatures, tout comme ils portaient vers le Père les Prières de Jésus quand il était sur la terre.

Tandis qu'il mangeait, Jésus était bouleversé par la perte de Judas, et en lui il voyait toutes les âmes qui allaient se perdre. Comme la perte des âmes est la plus grande de ses Souffrances, il attira Jean vers lui pour en obtenir du soulagement. À l'instar de Jean, sachons être aux côtés de Jésus, le plaignant dans ses Souffrances, compatissant avec lui, lui donnant du repos dans notre coeur, nous identifiant à lui. Ainsi nous entendrons les Battements de son Coeur tourmenté par la perte des âmes. Offrons-lui nos battements de coeur pour panser les Blessures de son Coeur. Et dans ces Blessures, plaçons les âmes qui courent à leur perte, pour qu'elles y trouvent la conversion et le salut.

Chaque Battement de Coeur de Jésus est un «je t'aime» se répercutant dans tous les battements de coeur des créatures, lesquels battements il voudrait tous voir enfermés dans son Coeur comme autant de «je t'aime» lui venant des créatures. Mais beaucoup refusent de donner ces «je t'aime» à Jésus et, par suite, ses propres Battements de Coeur sont comme oppressés. Prions Jésus de ponctuer nos battements de coeur de ses «je t'aime», afin que notre vie devienne toute enflammée d'amour pour lui.

Immergeons-nous totalement en lui pour qu'il nous fasse ressentir ses «je t'aime». Ils sont tellement immenses qu'ils remplissent le Ciel et la terre, qu'ils circulent chez les saints et qu'ils descendent au purgatoire. Toutes les créatures en sont touchées; même les éléments en ressentent les effets.

La première Parole que Jésus a dite sur la Croix en fut une de pardon, pour excuser toutes les âmes devant le Père, afin que sa Justice se change en Miséricorde. À l'exemple de Jésus, excusons les pécheurs auprès du Père, afin qu'étant attendri par nos excuses, il ne permette pas qu'une seule âme se perde. Unissons-nous à Jésus pour faire la sentinelle auprès des âmes, afin qu'aucune ne pèche. Et nous le ferons s'émouvoir en acceptant et lui offrant de bon coeur tout ce qu'il dispose en nous: froids, duretés, obscurité, oppressions, tentations, distractions, calomnies, maladies et autres, afin de le dédommager des offenses que lui font les créatures.

Ce n'est pas seulement par des marques d'Amour que Jésus se manifeste aux âmes, mais souvent, quand il ressent le froid des créatures, il fait ressentir à notre âme ce froid; et si nous l'acceptons, Jésus se sent dédommagé des froideurs des créatures, et notre souffrance devient une sentinelle d'amour auprès d'elles.

D'autres fois, Jésus ressent dans son Coeur la dureté de coeur des créatures, et ne pouvant se contenir, il vient s'épancher chez nous; son Coeur touche le nôtre, lui faisant part de sa Peine. Et nous, faisant nôtre cette Peine, nous mettons notre souffrance autour du coeur du pécheur pour dissoudre sa dureté et le ramener à Dieu.

Jésus, mon Bien, tu souffres tant à cause de la perte des âmes! Alors, moi, par compassion, je mets à ta disposition tout mon être; je veux prendre sur moi tes Peines et les peines des pécheurs, et ainsi je te soulagerai, et je placerai le pécheur tout près de ton Coeur.

Ô mon Jésus, fais en sorte que tout mon être brûle d'amour pour toi et pour les créatures, afin que je puisse être un soulagement continu pour tes amertumes!

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 20h à 21h :
Le lavement des pieds - La Cène Eucharistique

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon doux Jésus, alors que se termine la cène légale, je vois que tu te lèves de table et, qu'avec tes apôtres, tu fais la prière de remerciements au Père, réparant ainsi nos manques de remerciements relativement aux nombreux moyens que Dieu met à notre disposition pour l'entretien de notre vie corporelle. Ô Jésus, en tout ce que tu fais ou ce que tu vois, tu as toujours aux Lèvres des Prières d'action de grâce pour le Père. Et moi, à ton exemple, je veux en toutes choses te dire: «merci, pour moi et pour tous». Par cela, je veux réparer nos manques de reconnaissance.

Ô mon Bien, ton Amour n'a pas de répit: je vois que tu fais asseoir de nouveau tes apôtres, que tu prends une bassine d'eau, que tu te ceins d'une serviette blanche et que tu te prosternes à leurs pieds dans un Acte si humble qu'il attire sur toi les regards de tout le Ciel qui deviennent extatiques; les apôtres eux-mêmes en sont abasourdis. Mais dis-moi, mon Amour, que veux-tu, qu'entends-tu montrer par cet Acte si humble?

En fait, prosterné devant tes apôtres comme un pauvre mendiant, tu leur dis en ton Coeur: «Je vous demande votre âme et je vous tends des pièges d'Amour pour vous attirer à moi; je veux, au moyen de cette eau mêlée à mes Larmes, vous purifier de toute imperfection et vous préparer à me recevoir dans le Grand Sacrement. Cet Acte de purification me tient tellement à coeur que je ne veux le confier ni aux anges, ni à ma chère Maman; je veux moi-même purifier votre âme pour la disposer à recevoir la Sainte Communion.

«Et je veux réparer les oeuvres saintes et en particulier l'administration des sacrements faites dans un esprit de vanité plutôt que dans l'humilité et le désintéressement. Ah! combien d'oeuvres bonnes m'atteignent plus pour m'attrister que pour me plaire, plus pour me donner la mort que pour accroître la vie! Voilà les offenses qui m'attristent le plus! Ô âmes, voyez toutes ces offenses qu'on me fait et réparez au moyen de mes propres Réparations pour consoler mon Coeur si abreuvé d'amertume!»

Ô Jésus affligé, inonde-moi de ta Vie pour que je puisse réparer tant d'offenses. Je veux entrer dans les cachettes les plus intimes de ton Coeur, et réparer à l'aide de ton propre Coeur les offenses que tu reçois de ceux qui te sont les plus chers. Je veux, ô mon Jésus, te suivre en toutes choses, et avec toi aller chez toutes les âmes qui vont te recevoir dans l'Eucharistie, entrer dans leur coeur et, au moyen de tes Larmes mêlées à l'eau avec laquelle tu laves les pieds de tes apôtres, laver ces âmes, purifier leur coeur, afin que quand elles te recevront, tu trouves en elles ton ravissement.

Ô doux Jésus, pendant que tu laves les pieds de tes apôtres, je vois qu'une autre Souffrance affecte ton Coeur. Ces apôtres représentent tous les futurs fils de l'Église, et n'étant pas encore parfaits, ils représentent la série de tous les maux qui existeront dans l'Église. En l'un sont symbolisées les faiblesses; en l'autre les duperies; en celui-ci les hypocrisies; en un autre l'amour démesuré pour les intérêts terrestres; en saint Pierre le manquement aux résolutions et toutes les offenses des chefs ecclésiastiques; en saint Jean (qui lui aussi s'endormit dans le Jardin, après avoir dormi sur ton Coeur, et qui s'est ensuite enfui) les fragilités de ceux qui te sont le plus fidèles; en Judas les apostats et toute la série des graves offenses commises par eux.

Tu t'arrêtes aux pieds de chaque apôtre et tu pleures, tu pries, tu répares chacune de ces offenses, tu obtiens par tes Prières force et aide pour tous. Mon Jésus, je m'unis à toi, je fais miennes tes Prières, tes Réparations. Je veux être toujours à tes côtés pour partager tes Peines et mêler mes larmes aux tiennes.

Et je te vois, ô mon Amour, aux pieds de Judas. J'entends ta Respiration haletante et je vois que non seulement tu pleures, mais que tu sanglotes. En lavant ses pieds, tu les baises, tu les serres sur ton Coeur et, suffoqué par tes Larmes, tu le regardes et lui dis dans ton Coeur: «Mon fils, de grâce, je te prie par la voix de mes Larmes, ne va pas en enfer, donne-moi ton âme; je te le demande prosterné à tes pieds! Dis-moi ce que tu veux! Qu'exiges-tu? Je te donnerai tout, pourvu que tu ne te perdes pas! De grâce, épargne-moi cette douleur, à moi, ton Dieu!» Et tu recommences à presser ses pieds sur ton Coeur. Voyant sa dureté, ton Coeur suffoque et tu es près de t'évanouir.

Ô mon Coeur et ma Vie, permets-moi de te soutenir de mes bras; je vois que tu utilises des stratagèmes amoureux avec les pécheurs obstinés. Je te prie de me permettre de parcourir avec toi toute la terre, pour donner à ces pécheurs tes Larmes pour les amollir, tes Baisers et tes Étreintes d'Amour pour les enchaîner à toi de sorte qu'ils ne puissent plus te fuir. Ainsi cela te dédommagera de la Douleur que tu souffres à cause de la perte de Judas.

Mon Jésus, ma Joie et mon Délice, je vois que ton Amour court et court vite: tu te lèves et, dans la désolation qui t'habite, anxieux, tu t'approches de la table où sont déjà préparés le pain et le vin pour la consécration. Je vois que ta Personne divine revêt un aspect tendre et affectueux jamais vu auparavant, tes Yeux sont fulgurants de Lumière plus que s'ils étaient des soleils, ton Visage est rose et resplendissant, tes Lèvres sourient et brillent d'Amour, tes Mains sont créatrices, tous tes Membres ont une attitude de Créateur.

Mon Amour, je te vois tout transformé. Ta Divinité semble déborder ton Humanité. Jésus, mon Coeur et ma Vie, ton aspect, jamais vu auparavant, attire l'attention de tous. Les apôtres sont pris par un doux enchantement et osent à peine respirer. Ta douce Maman accourt en esprit au pied de la Sainte Table, pour admirer ce miracle de ton Amour, les anges descendent du Ciel et semblent se demander entre eux: «Qu'est-ce que c'est? Qu'est-ce que c'est? Ce sont de vraies folies d'Amour, de vrais excès d'Amour: un Dieu qui crée, non pas le Ciel ou la terre, mais lui-même, à partir de la matière corruptible d'un peu de pain, d'un peu de vin!»

Ô Amour insatiable, tandis que tes apôtres sont tous autour de toi, je vois que tu prends le pain entre tes Mains, que tu l'offres au Père, et j'entends ta Voix remplie de douceur qui dit: «Père Saint, qu'on te rende grâce à toi qui exauces toujours ton Fils. Père Saint, coopère avec moi. Toi, un jour, tu m'envoyas du Ciel sur la terre pour que je m'incarne dans le sein d'une vierge pour sauver nos enfants; maintenant permets-moi de m'incarner dans chaque hostie pour achever le salut de ces créatures et être la Vie de chacune.

«Vois, ô Père, que peu d'heures me restent sur cette terre. Qui aura le coeur de laisser mes enfants orphelins et seuls? Ils sont nombreux leurs ennemis, elles sont épaisses les ténèbres qui les couvrent, elle est grande leur faiblesse. Qui les aidera? Que moi je reste dans chaque hostie pour être la Vie de chacun, pour être leur Lumière, leur Force, leur Aide! Autrement, où iront-ils? Qui les guidera? Nos Oeuvres sont éternelles et mon Amour est incommensurable. Je ne puis, ni ne veux, laisser mes enfants seuls.»

Le Père s'émeut à ces propos tendres et affectueux, il descend du Ciel, il est là sur la Table Sacrée, avec le Saint-Esprit; les deux sont avec toi, ô Jésus. Et toi, d'une Voix majestueuse et émouvante, tu prononces les paroles de la consécration. Et sans te laisser toi-même, tu te crées toi-même sous forme sacramentelle dans ce pain et ce vin. Et puis, après t'être communié, tu communies tes apôtres et ta céleste Maman, qui ne pouvait pas rester sans te recevoir.

Ô Jésus, les Cieux s'inclinent, tous te font un acte d'adoration dans ton nouvel état d'annihilation. Doux Jésus, ton Amour est content et satisfait, et je vois sur cet autel, dans tes Mains, toutes les hosties consacrées qui se perpétueront jusqu'à la fin des siècles. Mais dans tant et tant d'hosties, ta douloureuse Passion est déployée, car beaucoup de créatures répondront aux excès de ton Amour par des excès d'ingratitude et d'énormes délits! Et moi je veux me trouver toujours avec toi, dans chaque tabernacle, dans chaque ciboire et dans chaque hostie consacrée qui existera jusqu'à la fin du monde, pour t'offrir mes actes d'amour et mes actes de réparation pour les offenses que tu recevras.

Ô Jésus, je te contemple dans la sainte hostie, et comme si j'y voyais ton adorable Personne, je baise ton Front majestueux; mais en te donnant ce baiser, je sens les élancements des épines. Ô mon Jésus, dans cette hostie sainte, combien de créatures ne t'épargnent pas les épines: elles se rendent devant toi, et au lieu de te donner l'hommage de leurs bonnes pensées, elles te donnent leurs pensées mauvaises. Et toi, de nouveau, tu baisses la tête comme durant ta Passion et tu reçois et tolères les épines de ces pensées mauvaises. Ô mon Amour, je m'approche de toi, pour partager tes Peines; je mets toutes mes pensées dans ton Intelligence pour repousser ces épines qui t'attristent tant. Que chacune de mes pensées défile dans chacune des tiennes pour te faire réparation pour chaque pensée mauvaise, et ainsi consoler ton Intelligence affligée.

Jésus, mon Bien, je baise tes beaux Yeux. Je vois ton Regard amoureux tourné vers ceux qui vont à ta sainte Présence, et ton Regard est anxieux de recevoir leur regard d'amour. Mais combien viennent devant toi, et au lieu de te regarder et de te chercher, ils regardent des choses qui les distraient et ainsi ils te privent du plaisir que tu éprouves dans l'échange de regards d'amour! Toi, tu souffres, et moi, en te donnant des baisers, je sens mes lèvres baignées de tes Larmes. Mon Jésus, ne pleure pas, je veux mettre mes yeux dans les tiens pour partager tes Peines et pleurer avec toi. Et, voulant réparer les regards distraits des créatures, je garde mon regard toujours fixé sur toi.

Jésus, mon Amour, je baise tes Oreilles infiniment saintes. Je te vois attentif à écouter ce que veulent de toi les créatures, afin de les consoler. Mais celles-ci font parvenir à tes Oreilles des prières mal récitées, remplies de méfiance, des prières faites par habitude; et ton Ouïe, dans cette hostie sainte, est importunée plus que durant ta Passion même. Ô mon Jésus, je veux prendre toutes les harmonies du Ciel et les diriger vers tes Oreilles pour réparer. Et je veux mettre mes oreilles dans les tiennes, non seulement pour partager tes Peines, mais pour t'offrir mon acte continu de réparation et te consoler.

Jésus, ma Vie, je baise ton Visage infiniment saint; je le vois ensanglanté, livide et gonflé. Des créatures, ô Jésus, viennent devant cette sainte hostie, et par leurs positions indécentes et leurs conversations mauvaises, il semble qu'elles te giflent et te crachent dessus au lieu de te faire honneur. Et toi, c'est en toute paix et avec patience que tu les reçois et que tu supportes tout, comme durant ta Passion!

Ô Jésus, je veux mettre mon visage près du tien, non seulement pour te donner des baisers et recevoir avec toi les insultes qui te viennent des créatures, mais pour partager toutes tes Peines. Et, de mes mains, je veux te caresser, t'enlever les crachats et te presser sur mon coeur. Je veux faire de tout mon être de nombreux, extrêmement petits morceaux, et les mettre devant toi comme autant d'âmes qui t'adorent. Et je veux que tous mes mouvements soient changés en prostrations pour réparer les déshonneurs qui te viennent des créatures.

Mon Jésus, je baise ta Bouche infiniment sainte. Je vois que lorsque tu descends dans le coeur des créatures sous la forme sacramentelle, tu es obligé de te poser sur beaucoup de langues mordantes, impures, mauvaises. Oh! comme tu en es attristé! Tu te sens comme intoxiqué par ces langues, et c'est pire quand tu descends dans leurs coeurs! Ô Jésus, si c'était possible, je voudrais me retrouver dans la bouche de chaque créature, pour changer en louanges toutes les offenses que tu reçois d'elles de cette manière!

Mon Bien, je baise ta Tête infiniment sainte. Je la vois fatiguée, épuisée et toute occupée à tes Activités d'Amour. Dis-moi, que fais-tu? Et tu me réponds: «Mon enfant, dans cette hostie, je travaille du matin au soir, fabriquant des chaînes d'Amour; et quand les âmes viennent chez moi, je les enchaîne à mon Coeur. Mais sais-tu ce que plusieurs me font? Beaucoup, à coups d'efforts, se dégagent et mettent mes chaînes d'Amour en pièces; et comme ces chaînes sont liées à mon Coeur, j'en suis torturé et je tombe dans le délire. De plus, quand elles brisent mes chaînes, ces âmes réduisent à rien mon intense Activité, car elles recherchent les chaînes des créatures. Et cela, elles le font même en ma Présence, se servant de moi pour parvenir à leurs fins. Cela m'attriste tant que ça me donne une fièvre violente qui me fait m'évanouir et délirer.»

Comme je te plains, ô Jésus! Ton Amour est mis au pilori! Et moi, pour te dédommager, je te prie d'enchaîner mon coeur avec ces chaînes brisées par les créatures, pour pouvoir te donner à leur place un retour d'amour.

Mon Jésus, mon divin Archer, je baise ta Poitrine. Le feu qu'elle contient est si grand que pour donner un peu d'épanchements à tes flammes et te donner un peu de répit dans ton travail, tu te mets à jouer avec les âmes qui viennent à toi, leur décochant des flèches d'Amour qui sortent de ta Poitrine. Ton jeu consiste à fabriquer des flèches, des dards, des traits; et quand ils frappent les âmes, tu jubiles. Mais beaucoup, ô Jésus, les repoussent et t'envoient en échange des flèches de froideur, des dards de tiédeur et des traits d'ingratitude. Et tu en es tellement affligé que tu pleures amèrement! Ô Jésus, voici ma poitrine prête à recevoir non seulement les flèches qui me sont destinées, mais encore celles que repoussent les autres âmes; ainsi tu ne seras plus vaincu dans ton jeu d'Amour. Et ainsi, je réparerai les froideurs, les tiédeurs et les ingratitudes que tu reçois de ces âmes.

Ô Jésus, je baise ta Main gauche et je veux ainsi réparer pour tous les coups illicites ou blâmables donnés à ta sainte Présence; et je te prie de me tenir toujours serré sur ton Coeur! Gloire au Père, ...

Ô Jésus, je baise ta Main droite, et je veux par là réparer tous les sacrilèges, surtout les messes mal célébrées! Combien de fois, mon Amour, es-tu contraint de descendre du Ciel entre des mains et dans des poitrines indignes, et bien que tu en as la nausée, l'Amour te contraint d'y rester. Il y a même certains de tes ministres qui, par leurs énormes délits et sacrilèges, renouvellent ta Passion, renouvellent le déicide! Jésus, cela m'épouvante rien que d'y penser! Tout comme durant ta Passion tu étais entre les mains des Juifs déicides, tu es entre ces mains indignes, toi, l'agnelet paisible, attendant de nouveau la mort. Mais tu attends aussi leur conversion.

Ô Jésus, combien tu souffres! Tu voudrais bien une main pleine d'amour pour te libérer de ces mains sanguinaires. Ô Jésus, quand tu te trouveras dans de telles mains, je te prie de m'appeler près de toi et, pour réparer, je te couvrirai de la pureté des anges, je te parfumerai de tes Vertus pour calmer la nausée que tu éprouves dans ces mains, et je t'offrirai mon coeur comme abri et refuge. Tandis que tu seras en moi, je te prierai pour les prêtres, afin que tous soient tes dignes ministres. Amen. Gloire au Père, ...

Ô Jésus, je baise ton Pied gauche, et je veux ainsi réparer pour ceux qui te reçoivent par habitude et sans les dispositions requises. Gloire au Père, ...

Ô Jésus, je baise ton Pied droit et, ce faisant, je veux réparer pour ceux qui te reçoivent en t'outrageant. De grâce, je t'en prie, quand ils oseront faire cela, renouvelle le miracle que tu fis pour Longin; comme tu l'as guéri et l'as converti au toucher du Sang qui jaillit de ton Coeur transpercé par sa lance, ainsi, à ton toucher sacramentel, convertis les offenses en actes d'amour et les offenseurs en personnes repentantes! Gloire au Père, ...

Ô Jésus, je baise ton Coeur infiniment doux, dans lequel se déversent tant d'offenses; par mon geste, je veux tout réparer, te donner de l'amour pour tous, et partager toutes tes Peines. Gloire au Père, ...

Ô Archer céleste, si quelque offense échappe à ma réparation, je te prie de m'emprisonner dans ton Coeur et dans ta Volonté, afin que je répare tout. Je prierai ta douce Maman de me garder toujours avec elle, afin que je répare tout pour tous; nous t'embrasserons ensemble. Et en t'embrassant, nous éloignerons de toi les vagues d'amertume que tu reçois des créatures. Ô Jésus, rappelle-toi que moi aussi je suis une pauvre âme pécheresse. De grâce renferme-moi dans ton Coeur. Par tes chaînes d'Amour emprisonne-moi et attache une à une mes pensées, mes affections et mes désirs; enchaîne mes mains et mes pieds à ton Coeur, afin que je n'aie d'autres mains et d'autres pieds que les tiens!

Mon Amour, mon cachot sera ton Coeur, mes chaînes seront formées de ton Amour, tes Flammes seront ma nourriture, ton Souffle sera le mien, les grilles qui m'empêchent de sortir seront ta Volonté infiniment sainte; et ainsi je ne verrai que des flammes, je ne toucherai que du feu, qui, tandis qu'il me donnera la vie, me donnera aussi la mort comme celle que tu subis dans la sainte hostie. Je te donnerai ma vie, et ainsi, tandis que je serai prisonnière en toi, toi, tu seras prisonnier en moi. Ceci n'est-il pas ton dessein dans ton incarcération dans l'hostie, où tu veux être remis en liberté par les âmes qui te reçoivent, retrouvant la vie en elles? Et maintenant, bénis-moi et donne le Baiser mystique d'Amour à mon âme, tandis que moi je reste serrée contre toi en t'embrassant. Gloire au Père, ...

Mon doux Coeur, en instituant l'infiniment Saint Sacrement, tu as entrevu les énormes ingratitudes et offenses des créatures. Mais tu n'as pourtant pas reculé. Blessé et attristé, tu veux tout noyer dans l'immensité de ton Amour. Tu instruis tes apôtres et précises que ce que tu viens de faire, ils doivent le faire eux aussi, leur donnant ainsi le pouvoir de consacrer. Ainsi, tu leur confères le sacerdoce. Ô Jésus, c'est à tous que tu penses, et c'est pour tous et pour tout que tu répares.

La Cène terminée, tu prends avec toi les apôtres et tu t'achemines vers le Jardin de Gethsémani, où va commencer ta douloureuse Passion. Je te suivrai en toutes choses, ô mon Jésus, pour te tenir fidèle compagnie. Et tandis que, triste, tu avances vers le Jardin, moi, je veux réparer pour ces âmes qui sont dissipées et distraites quand elles quittent l'église, et je te prie de donner Lumière et Grâces à ces âmes qui, pendant qu'elles pratiquent les choses saintes, n'en reçoivent aucun profit.
Réflexions et pratiques

Jésus, caché dans l'hostie, embrasse tous les siècles et donne Vie et Lumière à tous. Ainsi, en nous cachant en Jésus, nous donnerons par nos prières et nos réparations vie et lumière à tous, et même aux hérétiques et aux infidèles, car Jésus n'exclut personne.

Pour nous rendre semblables à Jésus, nous devons tout cacher en lui, c'est-à-dire nos pensées, nos regards, nos paroles, nos émotions, nos affections, nos désirs, nos pas et nos oeuvres. Nos prières également; il faut les cacher dans les Prières de Jésus. Et comme, dans son Eucharistie, Jésus embrasse tous les siècles, de même nous embrasserons tous les siècles avec lui. Serrés contre lui, nous serons la pensée de toute intelligence, la parole de toute langue, le désir de tout coeur, les pas de tout pied, l'oeuvre de tout bras. Ce faisant, nous détournerons du Coeur de Jésus le mal que les créatures veulent lui faire, et nous le presserons de donner à toutes les âmes salut, sainteté et amour.

Pour correspondre à celle de Jésus, notre vie doit être en parfaite conformité avec la sienne. Notre âme doit par l'intention se tenir dans tous les tabernacles du monde pour tenir compagnie à Jésus et lui donner soulagement et réparation continuels. Elle doit faire toutes ses actions dans cette intention. Le premier tabernacle est en nous, en notre coeur. Il faut donc prêter grande attention à tout ce que le bon Jésus veut faire en nous.

Bien des fois, quand Jésus est dans notre coeur, il nous fait ressentir le besoin de prier. Ah! c'est lui qui veut prier et qui nous veut tout proches de lui, s'identifiant presque avec notre voix, nos affections et notre coeur, pour que notre prière s'unifie à la sienne! Pour faire honneur à la Prière de Jésus, soyons attentifs à lui prêter tout notre être.

Il nous faut être attentifs à tous nos mouvements intérieurs, parce que le bon Jésus tantôt nous fait souffrir, tantôt nous veut en prière, tantôt nous met dans tel état d'âme, tantôt dans tel autre, afin que toute sa Vie soit répétée en nous.

Supposons que Jésus nous met dans l'occasion de faire preuve de patience: il reçoit de la part des créatures des offenses telles et si nombreuses qu'il se sent poussé à mettre la main aux fléaux pour frapper les créatures. Et voilà qu'il nous donne l'occasion de faire preuve de patience; nous devons l'honorer en supportant tout avec paix, et notre patience arrachera de ses Mains les fléaux que les autres créatures provoquent, car par nous sera activée sa propre Patience. Comme il en va de la patience, il en va aussi de toutes les autres vertus. Jésus, dans le sacrement d'Amour, pratique toutes les vertus. Et c'est de lui que nous puiserons la force morale, l'indulgence, la patience, la tolérance, l'humilité, l'obéissance, etc.

Le bon Jésus nous donne sa Chair en nourriture, et nous, en guise d'aliment pour lui, donnons-lui notre amour, notre volonté, nos désirs, nos pensées, nos affections. Ainsi nous rivaliserons d'amour avec lui. Ne laissons entrer en nous rien qui ne soit de lui. Ainsi, en tout ce que nous ferons, tout servira d'aliment à notre bien-aimé Jésus. Notre faculté de penser doit alimenter la Pensée divine. Ainsi, si nous pensons saintement, nous alimentons la Pensée divine. De même, notre regard doit alimenter le Regard divin. Nos paroles, nos émotions, nos affections, nos désirs, nos pas, nos oeuvres, tout doit servir à alimenter Jésus. Si nous alimentons Jésus de cette manière, nous devons former l'intention d'alimenter aussi les créatures en Jésus.

Ma douce Vie, quand tu viens en moi, fais en sorte que mes émotions, mes désirs, mes affections, mes pensées, mes paroles, subissent la puissance de la consécration sacramentelle, de sorte qu'elles deviennent autant d'hosties pour te donner aux âmes.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
Les trois Heures de Gethsémani
(Pour le pieux exercice de l'Heure Sainte)

L'Heure Sainte est un exercice de dévotion demandé par Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même à sainte Marguerite-Marie Alacoque. Il consiste à s'unir spirituellement à Jésus agonisant dans le Jardin des Oliviers pendant au moins une heure. Elle correspond à cette plainte amoureuse que, comme le mentionne l'Évangile, Notre-Seigneur fit aux trois apôtres, et plus particulièrement à saint Pierre, quand il les trouva endormis durant sa terrible Agonie de trois heures. Il leur a dit: «Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi?»

Les âmes pieuses et les contemplatifs qui aiment les Souffrances de Jésus, considèrent cette plainte comme si elle leur était adressée et s'efforcent tous les jeudis soirs, en particulier le jeudi avant le premier vendredi du mois, de passer au moins une heure en compagnie de Jésus souffrant dans le jardin.

Ceux qui voudrait pratiquer cet exercice très pieux recommandé par Notre-Seigneur Jésus-Christ à sainte Marguerite trouveront ici, dans les trois Heures de Gethsémani, une matière plus que suffisante pour stimuler leur compassion pour Jésus souffrant et pour lui tenir compagnie avec amour pendant une heure, durant laquelle les Grâces que l'âme s'attire sur elle-même sont incalculables! Et compte tenu des multiples réparations dont est riche ce texte, l'âme dévote non seulement sera elle-même remplie de Grâces, mais elle obtiendra de grands bienfaits pour toute l'Église.

Pour pratiquer cet exercice pieux selon la suggestion de l'auteure, il sera utile de s'accorder une heure pour parcourir les trois Heures de l'Agonie, c'est-à-dire les Heures s'étendant de 21h à 22h, de 22h à 23h, et de 23h à minuit. Si on n'en parcourait qu'une, cela prendrait trop peu de temps. On pourrait n'en lire que deux, et méditer jusqu'à ce qu'une heure se soit écoulée.

Celui qui fait le pieux exercice de l'Heure Sainte pourra commencer par l'oraison préparatoire que voici:
Oraison préparatoire à l'Heure Sainte

Ô Jésus, mon divin Rédempteur, daigne m'admettre aux côtés de tes trois chers apôtres, pour assister à ton Agonie dans le Jardin des Oliviers! Bien averti par le doux reproche que tu fis à Pierre et aux deux autres qui dormaient, je veux veiller une heure avec toi. Fais-moi ressentir au moins une Blessure de ton Coeur agonisant, un Souffle de ta Respiration perturbée. Je veux fixer mon regard sur ton divin Visage et le contempler quand il pâlit, quand il s'émeut, quand il ressent une grande angoisse, quand il s'incline jusqu'à terre!

Je vois, ô mon Jésus, ta divine Personne vaciller et tomber, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, et je te vois joindre les Mains. J'entends les gémissements d'Amour et de Souffrance que tu élèves vers le Ciel! Ô mon Jésus, agonisant dans ce sombre Jardin, pendant cette heure où je te tiendrai compagnie, fais couler sur moi quelques gouttes du Sang infiniment adorable qui s'écoule de tous tes Membres!

De grâce, ô mon bien-aimé Rédempteur, que je boive au moins une gorgée de ton amer calice, que je ressente quelques-unes des Peines de ton divin Coeur, et que je sente mon coeur se briser par le repentir d'avoir offensé mon Seigneur qui, pour moi, en est réduit à cette Agonie terrible!

Ô mon Jésus, donne-moi la Grâce de souffrir et de pleurer avec toi pendant au moins une heure dans ce Jardin! Ô Marie, Mère affligée, fais-moi ressentir la compassion de ton Coeur transpercé envers Jésus agonisant. Amen.
De 21h à 22h :
Première Heure de l'Agonie dans le Jardin

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon Jésus, c'est attiré par ton Amour que je viens te tenir compagnie dans le Jardin. Tu appelles mon coeur blessé, et moi j'accours en me disant: «D'où vient cette attirance d'Amour que je ressens? Ah! peut-être que mon Jésus se trouve dans un tel état d'amertume qu'il ressent le besoin de ma compagnie!» Et je vole vers toi.

Mais je tremble d'horreur en entrant dans ce jardin à cause du froid et de l'obscurité de la nuit. Le lent mouvement des feuilles, comme une voix plaintive, m'annonce la peine, la tristesse et la mort de mon Jésus! Les étoiles, par leur doux scintillement, comme des yeux qui pleurent, sont toutes attentives à regarder. Faisant écho aux Larmes de Jésus, elles me reprochent mes ingratitudes.

En tremblant et à tâtons, je cherche Jésus. Je l'appelle: «Jésus, où es-tu? Tu m'attires à toi et tu ne te laisses pas voir? Tu m'appelles et tu te caches? Tout est terreur ici, tout est épouvante et silence profond!» Je tends l'oreille et j'entends un Souffle pénible. C'est Jésus. Je viens de le trouver. Mais quel changement terrible! Ce n'est plus le doux Jésus de la Cène Eucharistique dont la Figure resplendissait d'une beauté ravissante, mais un Jésus triste, d'une tristesse si mortelle qu'elle le défigure! Il agonise. Et moi, je me sens troublée en pensant que, peut-être, je n'entendrai plus sa Voix! J'embrasse ses Pieds. Puis je me fais plus hardie, je m'approche de ses Bras, je mets ma main sur son Front pour le soutenir et, à voix basse, je lui dis: «Jésus, Jésus!» Et lui, interpellé par ma voix, me regarde et me dit:

«Âme, tu es ici? Ah! je t'attendais. Car la tristesse qui m'opprime le plus, c'est l'abandon total par tous! Je t'attendais pour te rendre spectatrice de mes Peines et te faire partager le calice d'amertume que sous peu mon Père céleste m'enverra par l'entremise d'un ange. Nous le boirons ensemble. Ce ne sera pas un calice de réconfort, mais d'intense amertume! Je ressens le besoin que quelque âme aimante en boive au moins quelques gouttes. Par conséquent, je t'ai appelée pour que tu partages mes Peines, et pour m'assurer de ne pas demeurer seul, dans un total abandon!»

-- «Ah! oui, ô mon Jésus angoissé, nous boirons ensemble le calice de tes Peines, et je ne te quitterai pas!» Rassuré par moi, Jésus entre dans une Agonie mortelle et souffre des Peines intenses, jamais vues auparavant.

«Ô mon Jésus, mon Amour, dis-moi pourquoi tu es si triste, si affligé, et seul dans ce jardin et en cette nuit? C'est la dernière nuit de ta Vie mortelle! Et peu d'heures te restent avant de commencer ta Passion! Ici, j'aurais cru trouver la céleste Maman, Marie Madeleine pleine d'amour et les fidèles apôtres; mais je te trouve seul et en proie à une tristesse qui est pour toi plus qu'une mort cruelle, mais qui ne te fait pas mourir!

«Ô mon Bien et mon Tout, tu ne me réponds pas? Parle-moi. On dirait que la tristesse qui t'opprime est si grande qu'elle t'a fait perdre la parole. Ton Regard si investigateur et plein de Lumière est triste. On dirait que tu cherches de l'aide et du réconfort. Ton Visage pâle et tes Lèvres desséchées, ta Personne divine qui tremble de la tête aux pieds, ton Coeur qui bat très fort à la recherche d'âmes, manifestent une angoisse telle qu'on dirait que d'un moment à l'autre tu vas expirer. Tout me dit que tu te sens très seul et que tu recherches ma compagnie.

«Me voici tout près de toi, ô Jésus. Et mon coeur ne supporte pas de te voir prostré sur le sol. Je te prends entre mes bras et te serre fort sur mon coeur. Une à une, je veux compter tes angoisses et, une à une, les offenses qu'on te fait, afin de te donner pour toutes du soulagement, des réparation, et de la compassion. Ô mon Jésus, tandis que je t'ai ici et que je te serre dans mes bras, je vois que tes Souffrances s'accroissent. Je sens, ô ma Vie, que circule dans tes Veines un feu; ton Sang bouille dans tes Veines, et on dirait qu'il va les déchirer et en sortir!

«Dis-moi, ô mon Amour, qu'as-tu? Je ne vois pas de fouets, d'épines, de clous, ni de croix, et pourtant, alors que j'appuie la tête sur ton Coeur, je ressens que des épines cruelles le transpercent, que des fouets impitoyables n'épargnent aucune parcelle de ta divine Personne, ni à l'intérieur ni à l'extérieur. Je vois tes Mains raidies et contorsionnées plus que par des clous. Dis-moi, ô mon doux Bien, qu'est-ce donc qui a tant de pouvoir, même dans ton for intérieur, qui te fait subir autant de tourments et de morts?»

Ah! il me semble que le doux Jésus entrouvre ses Lèvres et me dit d'une Voix éteinte: «Fille, tu veux savoir ce qui me tourmente plus que les bourreaux mêmes, et pourquoi les tourments de ceux-ci ne seront rien comparés à ce que je souffre actuellement? C'est l'Amour, l'Amour éternel qui, voulant la suprématie en tout, me fait souffrir tout ensemble et dans mes Fibres les plus profondes, ce que les bourreaux me feront souffrir peu à peu dans ma Personne. Âme, c'est l'Amour qui prédomine en moi; l'Amour est un clou pour moi, l'Amour est un fouet pour moi, l'Amour est une couronne d'épines pour moi, l'Amour est tout pour moi, l'Amour est ma Passion éternelle, alors que ce que je souffre dans mon Humanité est temporaire. Ah! mon enfant, entre dans mon Coeur, viens te perdre dans mon Amour! Seulement dans mon Amour tu comprendras combien je souffre pour toi et combien je t'aime, et ainsi tu apprendras à m'aimer et à souffrir par amour!»

-- «Mon Jésus, puisque tu m'appelles dans ton Coeur pour me faire voir ce que l'Amour te fait souffrir, alors j'y entre. Mais que vois-je? Je vois les prodiges de l'Amour: ce n'est pas avec des épines naturelles que l'Amour te couronne la Tête, mais avec des épines de feu; ce n'est pas avec des fouets de cordes qu'il tourmente ton Corps adorable, mais avec des fouets de feu; ce n'est pas avec des clous de fer qu'il te perce les Mains et les Pieds, mais avec des clous de feu. Tout ce qui te pénètre jusque dans la moelle de tes Os est feu. Transformant toute ton Humanité infiniment sainte en feu, l'Amour te donne des Peines indicibles et mortelles, certainement plus que ta Passion elle-même, et il fait de ton Sang un bain d'Amour pour toutes les âmes qui veulent se laver de quelque tache que ce soit et acquérir le droit des fils de l'Amour.

«Ô Amour infini, je me sens confuse devant ton Immensité et je vois que, pour pouvoir entrer dans l'Amour et le comprendre, je dois être tout amour! Mon Jésus, comme tu veux ma compagnie et que tu veux que j'entre en toi, je te prie de me remplir complètement d'Amour. Je te supplie, par conséquent, de couronner ma tête et chacune de mes pensées de la couronne de l'Amour. Je t'implore, ô Jésus, de me flageller avec les fouets de l'Amour. Mon âme, mon corps, mes sentiments, mes désirs, mes affections, que tout soit flagellé et scellé par l'Amour. Fais en sorte, ô Amour infini, que tout en moi ne vive que par l'Amour. Ô Jésus, centre de tout amour, je te supplie de me clouer les mains et les pieds avec les clous de l'Amour, afin que je devienne Amour, que je comprenne l'Amour. Que je sois vêtue par l'Amour, nourrie par l'Amour! Que l'Amour me tienne toute clouée à toi, et que rien, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de moi, ne me détache de l'Amour!»
Réflexions et pratiques

Abandonné par son Père, Jésus souffrit durant cette heure un incendie d'Amour tel qu'il eut le pouvoir de détruire tous les péchés imaginables et possibles, d'enflammer de son Amour toutes les créatures, même de millions et de millions de mondes, tous les réprouvés de l'enfer, si seulement ils n'étaient pas éternellement obstinés dans leur iniquité. Entrons en Jésus, pénétrons dans ses Fibres les plus profondes, dans ses Pulsations enflammées, dans son Intelligence embrasée, et emparons-nous de tout cet Amour qui l'incendie.

Puis nous plongeant dans sa Volonté, nous y trouverons toutes les créatures. Touchant le coeur et l'intelligence de chacune avec l'Amour de Jésus, avec ses Désirs, ses Battements de Coeur et ses Pensées, formons Jésus en chacune. Ensuite, présentons-lui toutes les créatures qui le portent dans leur coeur et mettons-les autour de lui en lui disant: «Jésus, je te présente toutes les créatures qui te possèdent dans leur coeur, pour te donner du soulagement et du réconfort. Je ne connais pas d'autre moyen pour soulager ton Coeur!» Ce faisant, nous donnerons un vrai soulagement à Jésus, car il y a tant de flammes qui le brûlent, qu'il nous dit et nous redit: «Je suis calciné par l'Amour et il n'y a personne qui veut mon Amour. De grâce, soulagez-moi, acceptez mon Amour et donnez-moi de l'amour!»

Pour nous conformer en toute chose à Jésus, nous devons rentrer en nous-mêmes et nous poser cette question: «En tout ce que je fais, puis-je dire qu'il y a un flux continu d'Amour qui circule entre Dieu et moi?» Notre vie est habitée par un incessant flux d'Amour nous venant de Dieu. Quand nous pensons, il y a ce flux d'Amour; quand nous agissons, il y a ce flux d'Amour; la parole est Amour, les battements de notre coeur sont Amour.

Nous recevons tout de Dieu, mais nos actions courent-elles vers Dieu avec amour? Jésus trouve-t-il en nous le doux enchantement de son Amour qui, à travers nous, retourne vers lui, afin que, ravi par cet enchantement, il surabonde d'un Amour encore plus grand pour nous? Si en tout ce que nous faisons, notre amour pour Dieu n'est pas notre premier mobile d'action, entrons en nous-mêmes et demandons-lui pardon de lui avoir fait perdre le doux enchantement de notre retour d'amour.

Nous laissons-nous travailler par les Mains divines comme ce fut le cas pour l'Humanité de Jésus? Tout ce qui nous arrive, sauf le péché, nous devons le considérer comme une Activité divine intense en nous. Si telle n'est pas notre attitude, nous refusons au Père la gloire qui lui est due, nous mettons en fuite la Vie divine en nous, et nous perdons la sainteté. Tout ce que nous ressentons en nous: inspirations, tribulations, grâces, n'est rien d'autre que l'Activité intense de l'Amour en nous.

Voyons-nous les choses de cette manière? Donnons-nous à Jésus la liberté de travailler en nous? Ou bien en prenant tout ce qui nous arrive dans un sens humain, regardant tout comme indifférent, repoussons-nous l'Activité intense de Dieu en nous, le contraignant à se croiser les bras? Nous abandonnons-nous entre ses Bras comme des morts pour recevoir tous les coups de pinceau que le Seigneur nous donnera pour notre sanctification?

«Mon Amour et mon Tout, que ton Amour m'inonde de toute part et brûle en moi tout ce qui n'est pas de toi. Fais en sorte que ce qui est à moi accoure vers toi, pour que tu puisses brûler tout ce qui pourrait attrister ton Coeur.»

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 22h à 23h :
Deuxième Heure de l'Agonie dans le Jardin

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Ô mon Jésus, cela fait déjà une heure que tu te trouves dans le Jardin; l'Amour a pris chez toi la suprématie, te faisant souffrir en un seul coup ce que les bourreaux te feront souffrir tout au long de ton amère Passion. L'Amour parvient même à te faire souffrir ce que les bourreaux ne pourront pas te faire souffrir, jusque dans les parties les plus profondes de ta Personne divine! Mon Jésus, je vois que, même si tes pas sont vacillants, tu veux marcher. Dis-moi, ô mon Bien, où veux-tu aller? Ah! tu vas retrouver tes bien-aimés disciples. Je veux t'accompagner pour te soutenir de mes bras si tu vacilles!

Et voici une autre amertume pour ton Coeur! Tes apôtres dorment. Et toi, toujours compatissant, tu les appelles, tu les réveilles et, avec un Amour paternel, tu les réprimandes, tu leur recommandes de veiller et de prier. Puis tu retournes dans le Jardin.

Mais ton Coeur porte une autre Blessure. Dans cette Blessure, je vois, ô mon Amour, toutes les blessures des âmes qui te sont consacrées et qui, soit à cause de la tentation, soit par négligence, au lieu de se serrer contre toi en veillant et en priant, se laissent aller. Au lieu de faire des progrès dans l'amour et dans l'union avec toi, somnolentes, elles s'attiédissent et reculent! Combien je compatis avec toi ô Amoureux passionné, et je veux réparer toutes leurs ingratitudes! Voilà le genre d'offenses qui attriste le plus ton Coeur adorable. Elle est si grande, cette amertume qui t'opprime, qu'elle te mène au délire. Ô Amour infini, ton Sang, qui bouille dans tes Veines, vainc tout et oublie tout! Je te vois prosterné par terre et en prière profonde. Tu t'offres, tu répares et, au nom de tous, tu cherches à glorifier le Père.

Je me prosterne avec toi ô Jésus, et je veux faire ce que tu fais. Mais que vois-je? Je te vois chargé de tous les péchés du monde: nos misères, nos faiblesses, nos délits les plus énormes, nos ingratitudes les plus noires, nos iniquités les plus épouvantables, nos cruautés les plus atroces, nos haines, nos massacres, nos blasphèmes, nos hérésies, nos schismes, et tout l'abîme des bassesses humaines se présentent devant toi, t'oppriment, t'écrasent, te blessent. Et toi, que fais-tu? Ton Sang qui bouille dans tes Veines fait face à ces offenses, tes Veines s'ouvrent et le Sang sort à l'extérieur, il baigne tes vêtements, coule par terre: tu donnes ton Sang pour ces offenses, ta Vie pour contrer la mort.

Ô Amour, à quel état je te vois réduit! Tu expires! Ô mon Bien, ma douce Vie, de grâce, ne meurs pas! Dégage ton Visage de cette terre baignée de ton Sang. Viens dans mes bras, fais en sorte que moi, en t'embrassant, je meure à ta place. Mais j'entends ta Voix moribonde dire: «Père, si c'est possible, que s'écarte de moi ce calice; cependant, non pas ma Volonté, mais la tienne.» C'est la deuxième fois que j'entends ces mots de ta Bouche. Oh! comme les Accents de ta Voix déchirent mon coeur!

Toutes les révoltes des créatures se présentent devant toi et ce «fiat Voluntas tua» qui devrait être le principe de vie de toute créature, tu le vois rejeté par presque toutes. En conséquence, au lieu de trouver la vie, elles trouvent la mort. Et toi, voulant donner la vie à toutes et faire une Réparation solennelle au Père pour leurs révoltes, tu répètes une troisième fois: «Père, si c'est possible, que s'écarte de moi ce calice. Ce calice, pour moi, est très amer; cependant, non pas ma Volonté, mais la tienne.» Ô mon Bien, l'amertume qui t'opprime est si grande que tu en es réduit à la dernière extrémité: tu agonises, tu es sur le point de rendre le dernier soupir!

Ô Jésus, mon Amour, pendant que tu es entre mes bras, je veux m'unir à toi, réparer et compatir avec toi pour tous les manquements qui se font contre ta Volonté infiniment sainte et, en même temps, te prier pour qu'en toutes choses je fasse toujours personnellement ta Volonté! Que ta Volonté soit ma respiration, mon coeur, ma sensibilité, ma pensée, ma vie, et mon triomphe à l'heure de ma mort.

De grâce, ô Jésus, ne meurs pas; où irai-je sans toi? À qui vais-je m'adresser? Qui m'aidera? Tout sera fini pour moi! De grâce, ne me laisse pas, garde-moi toujours avec toi. Qu'il n'arrive jamais, ne fût-ce qu'un instant, que je sois séparée de toi! Laisse-moi te soulager, réparer pour toi, compatir avec toi à la place de tous, car je vois que tous les péchés, quels qu'ils soient, t'écrasent!

Mon Amour, je baise ta Tête infiniment sainte. Mais que vois-je? Je vois toutes les pensées mauvaises dont tu ressens l'horrible laideur; chacune d'elles est une épine qui pique cruellement ta Tête. Ô Jésus, les Juifs ne te mettront qu'une seule couronne d'épines; mais combien de couronnes terribles les pensées mauvaises de toutes les créatures mettent sur ta Tête adorable! Jésus, je compatis avec toi! Je voudrais te mettre autant de Couronnes de Gloire. Et pour te soulager et te donner de la compassion pour tous, je t'offre les intelligences angéliques et ta propre Intelligence.

Ô Jésus, je baise tes Yeux compatissants, et je vois en eux tous les regards méchants des créatures qui font couler sur ton Visage des Larmes de Sang. Je compatis avec toi! Je voudrais soulager ta Vue en disposant devant toi toutes les délices visuelles du Ciel et de la terre.

Jésus, mon Bien, je baise tes Oreilles infiniment saintes; mais qu'entends-je? J'entends en elles l'écho d'horribles blasphèmes, de cris de vengeance et de malédictions. Ô Amour insatiable, je compatis avec toi et je veux te consoler en faisant résonner à tes Oreilles toutes les harmonies du Ciel, la Voix exquise de ta chère Maman, les accents embrasés de Marie Madeleine et de toutes les âmes aimantes.

Jésus, ma Vie, c'est un baiser fervent que je dépose sur ton Visage, dont la beauté est sans pareille! Pourtant, ce Visage que les anges contemplent avec ravissement, les créatures le giflent et le souillent par des crachats. Mon Amour, quelle effronterie! Je voudrais crier assez fort pour mettre ces créatures en fuite! Je compatis avec toi et pour réparer ces insultes je me tourne vers la Très Sainte Trinité pour demander les Baisers du Père et du Saint-Esprit, les Caresses divines de leurs Mains créatrices. Je m'adresse aussi à ta Maman céleste, afin qu'elle me donne ses Baisers, les Caresses de ses Mains maternelles, ses Adorations profondes, et je t'offre tout cela en réparation des offenses qui sont faites à ton Visage infiniment beau et saint!

Mon doux Bien, je baise ta Bouche infiniment douce, remplie d'amertume par les horribles blasphèmes, par la nausée que te donnent les ivresses et la gourmandise, par les conversations obscènes, par les prières mal faites, par les enseignements pernicieux, par tout le mal que fait l'homme au moyen de sa langue. Jésus, je compatis avec toi et je veux enlever l'amertume de ta Bouche en t'offrant toutes les louanges angéliques et le bon usage que font de leur langue tant de saints chrétiens.

Mon Amour opprimé, je baise ton Cou. Je le vois chargé de cordes et de chaînes à cause des attachements coupables des créatures. Je compatis avec toi et pour te soulager, je t'offre l'union indissoluble des trois Personnes divines. Et moi, me fondant au milieu de cette union, je te tends les bras. Et formant de douces chaînes d'amour autour de ton Cou, j'éloigne de toi les cordes des attachements coupables qui te font suffoquer, tandis que je te serre fort contre mon coeur.

Force divine, je baise tes Épaules infiniment saintes. Je les vois lacérées, leur Chair presque arrachée par morceaux à cause des scandales et des mauvais exemples des créatures. Je compatis avec toi et pour te soulager je t'offre tes exemples infiniment saints, ceux de la Reine Maman, et ceux de tous les saints. Et moi, ô mon Jésus, faisant courir mes baisers sur chacune de tes Plaies, j'y enferme les âmes qui, à la suite de scandales, ont été arrachées à ton Coeur, pour ainsi remettre en état les Chairs de ta sainte Humanité.

Mon Jésus angoissé, je baise ta Poitrine que je vois blessée par les froideurs et les tiédeurs des créatures, leur manque de réciprocité et leurs ingratitudes. Je compatis avec toi et pour te soulager je t'offre la parfaite correspondance d'Amour des trois Personnes divines. Et moi, ô mon Jésus, en me plongeant dans ton Amour, je veux te faire un abri pour te protéger des nouveaux coups que les créatures te porteront par leurs péchés. Et je veux blesser ces créatures par ton Amour, afin qu'elles n'osent plus t'offenser. Je veux verser ton propre Amour sur ta divine Poitrine pour la soulager et la guérir.

Mon Jésus, je baise tes Mains créatrices. Je vois toutes les actions mauvaises des créatures qui, comme autant de clous, transpercent tes Mains infiniment saintes, si bien que ce n'est pas par trois clous, comme sur la Croix, que tu es transpercé, mais par autant de clous qu'il y a d'oeuvres mauvaises faites par les créatures. Je compatis avec toi et pour te soulager je t'offre toutes les oeuvres saintes des martyrs, leur courage à donner leur sang et leur vie par amour pour toi. En somme, je veux, ô mon Jésus, t'offrir toutes les bonnes oeuvres des créatures pour t'enlever les nombreux clous que constituent leurs oeuvres mauvaises.

Ô Jésus, je baise tes Pieds infiniment saints, infatigables dans la recherche des âmes. En eux, tu renfermes tous les pas des créatures. Mais tu sens que beaucoup te fuient et tu voudrais les retenir. À chacun de leurs mauvais pas, tu te sens mettre un clou. Et tu veux te servir de leurs propres clous pour les clouer à ton Amour. La Souffrance que tu ressens et l'effort que tu fais pour les clouer à ton Amour sont si grands que tu en trembles. Mon Dieu et mon Bien, je compatis avec toi et pour te consoler je t'offre les pas des bons religieux et des âmes fidèles qui risquent leur vie pour sauver les âmes.

Ô Jésus, je baise ton Coeur! Tu continues à agoniser, non pas tant à cause de ce que te feront souffrir les Juifs, mais à cause de la douleur que te donnent les offenses de toutes les créatures. Durant ces Heures, tu veux que je donne la suprématie à l'Amour; la deuxième place à tous les péchés pour lesquels tu expies, répares, glorifies le Père et apaises la Justice divine; la troisième place aux Juifs qui te feront souffrir ta Passion. Ainsi tu nous montres que la Passion que te feront souffrir les Juifs ne sera rien d'autre que le reflet de la double Passion extrêmement amère que te font souffrir l'Amour et les péchés.

Et c'est pourquoi je vois dans ton Coeur, toutes trois concentrées, la lance de l'Amour, la lance du péché, et la lance des Juifs. Et ton Coeur amoureux souffre des convulsions violentes, des impatiences d'Amour, des Désirs qui te consument, des Pulsations embrasées qui voudraient enflammer tous les coeurs. Et tu ressens dans ton Coeur la Souffrance que te procurent les créatures qui, par leurs désirs mauvais, leurs affections et leurs émotions désordonnées, cherchent d'autres amours que le tien.

Jésus, combien tu souffres! Je te vois t'évanouir, submergé par les vagues de nos iniquités! Je compatis avec toi et je veux adoucir l'amertume de ton Coeur triplement transpercé, en t'offrant les douceurs éternelles, l'Amour exquis de ta chère Maman et celui de tous ceux qui t'aiment vraiment.

Et maintenant, ô mon Jésus, fais en sorte que ce soit de ton Coeur que mon propre coeur tire sa vie, afin qu'il ne vive que de ton seul Amour. Et en toute offense que tu recevras, fais que je sois toujours prête à t'offrir soulagement, réconfort, réparation, actes d'amour, sans interruption.
Réflexions et pratiques

Pendant sa deuxième Heure d'Agonie dans le Jardin, tous les péchés de tous les temps se sont présentés devant Jésus. Il a pris sur lui-même tous ces péchés pour donner au Père Gloire et Réparation complètes.

Il éprouva dans son Coeur tous nos états d'âme sans jamais cesser de prier. Et nous, dans nos divers états d'âme -- froideurs, duretés, tentations --, est-ce que nous savons prier sans cesse? Sommes-nous constants dans la prière? Savons-nous rester avec courage aux pieds de Jésus, lui donner tout ce que nous souffrons afin qu'il retrouve en nous sa propre Humanité? L'Humanité de Jésus, que faisait-elle? Elle glorifiait son Père, elle expiait, elle priait pour le salut des âmes. Et nous, en tout ce que nous faisons, portons-nous ces trois intentions?

Mon Jésus, pour compatir avec toi et pour te soulager de l'accablement total dans lequel tu te trouves, je m'élève jusqu'au Ciel et je fais mienne ta propre Divinité et, en te la présentant, je veux réparer toutes les offenses des créatures. Je t'offre ta Beauté pour te consoler de la laideur du péché, ta Sainteté pour te consoler de l'horreur de toutes ces âmes qui te font éprouver le dégoût parce qu'elles sont mortes à la Grâce, ta Paix pour te consoler des discordes et des révoltes de toutes les créatures, tes Harmonies pour dédommager ton Ouïe des propos mauvais des créatures.

Mon Jésus, je veux t'offrir autant d'Actes divins réparateurs qu'il y a d'offenses qui t'attaquent comme si elles voulaient te donner la mort. Je veux projeter ta Divinité sur toutes les créatures, afin que, à ton Contact divin, elles n'osent plus t'offenser. C'est seulement ainsi, ô Jésus, que je pourrai compatir avec toi pour toutes les offenses que tu reçois des créatures.

Ô ma douce Vie, que mes prières et mes peines s'élèvent toujours vers le Ciel pour faire pleuvoir sur toutes les créatures ta Lumière et absorber en moi ta propre Vie.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 23h à 24h :
Troisième Heure de l'Agonie dans le Jardin

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon doux Bien, je te regarde et je vois que tu continues à agoniser. Ton Sang s'écoule de tout ton Corps et, ne pouvant plus te tenir debout, tu tombes dans la marre de ton Sang répandu. Ô mon Amour, mon coeur se brise à te voir si faible et exténué! Ton adorable Visage et tes Mains créatrices reposent sur le sol et trempent dans ton propre Sang. Aux fleuves d'iniquités provenant des créatures, tu opposes les fleuves de ton Sang précieux pour faire en sorte que toutes nos fautes soient noyées dans ce Sang et que chacun profite de ton Pardon. Mais, de grâce, ô mon Jésus, relève-toi, c'est trop!

Et pendant que mon aimable Jésus semble mourir dans son Sang, l'Amour lui donne une nouvelle Vie. Je le vois bouger avec peine. Il se lève, et tout trempé de Sang et de boue, il semble qu'il veuille marcher. Mais, n'en ayant pas la force, c'est à peine s'il arrive à se traîner. Ma douce Vie, laisse-moi te serrer dans mes bras.

Et tu vas voir tes chers disciples? Mais quel n'est pas ta Souffrance de les trouver de nouveau endormis! D'une Voix presqu'éteinte, tu les interpelles: «Mes fils, ne dormez pas, l'heure est proche, ne voyez-vous pas à quel état je suis réduit? De grâce, aidez-moi, ne m'abandonnez pas en ces heures si terribles!»

Tu vacilles et tu es sur le point tomber, ô Jésus. Alors Jean étend les bras pour te soutenir. Tu es tellement méconnaissable que si ce n'était de ta suave Voix, tes disciples ne te reconnaîtraient pas. Puis, leur recommandant de veiller et de prier, tu retournes dans le Jardin. Mais je décèle dans ton Coeur une nouvelle Blessure. J'y vois les fautes de ces âmes que tu as comblées de tes Faveurs, Dons et Caresses, et qui, durant les nuits de l'épreuve, restent comme assoupies et endormies, perdant ainsi l'esprit de prière et de veille continuelles.

Mon Jésus, il est pourtant vrai que pour l'âme qui a goûté à tes Caresses et qui, par la suite en est privée, il lui faut une grande force, presque un miracle, pour résister à l'épreuve. Par conséquent, tandis que je compatis avec toi pour ces âmes dont les négligences, les légèretés et les offenses sont particulièrement amères à ton Coeur, je te prie, au cas où elles parviendraient à faire un seul pas qui puisse te déplaire, de les entourer de tant de Grâces qu'elles les arrêtent afin qu'elles ne perdent pas l'esprit de prière continuelle!

Mon doux Jésus, tandis que tu retournes dans le Jardin, on a l'impression que tu n'en peux plus. Tu élèves au Ciel ta Face trempée de Sang et de terre, et tu répètes pour la troisième fois: «Père, si c'est possible, que s'écarte de moi ce calice. Père Saint, aide-moi, j'ai besoin de réconfort. Il est vrai qu'à cause des fautes chargées sur mon dos, je suis répugnant, repoussant, le dernier parmi les hommes devant ta Majesté infinie, que ta Justice est indignée contre moi. Mais regarde-moi, ô Père, je suis toujours ton Fils ne faisant qu'un avec toi. De grâce, aie pitié de moi, ô Père, ne me laisse pas sans réconfort!»

Puis il me semble entendre que tu appelles à l'aide ta chère Maman: «Douce Maman, serre-moi dans tes Bras comme tu le faisais quand j'étais enfant, donne-moi ce lait que tu me donnais alors, pour me restaurer et adoucir les amertumes de mon Agonie. Donne-moi ton Coeur, qui était tout mon contentement. Maman, Marie Madeleine, chers apôtres, vous tous qui m'aimez, aidez-moi, réconfortez-moi, ne me laissez pas seul en ces derniers moments, faites cercle autour de moi, réconfortez-moi par votre compagnie et votre amour!»

Jésus, mon Amour, qui pourrait résister en te voyant à cette extrémité? Pourrait-il y avoir un coeur si dur qu'il ne se briserait pas à te voir ainsi suffoquer dans ton Sang? Qui ne fondrait pas en larmes en entendant tes Accents douloureux en quête d'aide et de réconfort? Mon Jésus, je vois le Père qui t'envoie un ange pour te réconforter et t'aider, afin que tu sortes de cet état d'agonie et que tu puisses te remettre toi-même entre les mains des Juifs.

Tandis que tu seras avec l'ange, moi je parcourrai le Ciel et la terre. Tu me permettras de prendre ce Sang que tu as versé, afin que je puisse le donner à tous les hommes comme gage de salut et t'apporter en échange et en guise de réconfort, leurs affections, leurs émotions, leurs pensées, leurs pas, leurs oeuvres.

Maman céleste, je viens à toi pour que nous allions ensemble chez toutes les âmes, leur donner le Sang de Jésus. Douce Maman, Jésus veut du réconfort, et le plus grand réconfort que nous puissions lui donner est de lui amener des âmes. Marie Madeleine, accompagne-nous. Tous les anges, venez voir à quel point Jésus est accablé. Il veut de tous du réconfort. Son accablement est si grand qu'il ne refuse personne.

Mon Jésus, tandis que tu bois le calice d'amertume que le Père céleste t'envoie, je t'entends dire: «Âmes, âmes, venez, soulagez-moi, prenez place dans mon Humanité. Je vous veux, je vous désire! De grâce, ne faites pas la sourde oreille à mes Appels! Ne rendez pas vains mes Désirs ardents, mon Sang, mon Amour, mes Peines! Venez, âmes, venez!»

Jésus, chacun de tes gémissements est une blessure à mon coeur. Je fais miens ton Sang, ton Vouloir, ton Zèle ardent, ton Amour. Et, parcourant le Ciel et la terre, je veux aller chez toutes les âmes pour leur donner ton Sang comme gage de salut, puis te les apporter pour calmer tes Désirs véhéments et adoucir les Amertumes de ton Agonie. Et pendant que je le ferai, daigne m'accompagner de ton Regard.

Maman, je viens chez toi, car Jésus veut du réconfort, il veut des âmes. Donne-moi ta Main maternelle et parcourons ensemble le monde entier à la recherche d'âmes. Renfermons dans son Sang les affections, les désirs, les pensées, les actions et les pas de toutes les créatures, et remplissons leurs âmes des Flammes de son Coeur, afin qu'elles cèdent et, qu'une fois qu'elles seront enfermées ainsi dans son Sang et transformées par ses Flammes, nous les conduisions à lui pour alléger les Peines de son Agonie. Mon ange gardien, précède-moi et va préparer les âmes qui doivent recevoir ce Sang afin qu'aucune goutte ne reste sans son effet puissant.

Maman, vite, allons-y, je vois le Regard de Jésus qui nous suit et nous pousse à activer notre tâche. Et voici, ô Maman, qu'aux premiers pas nous sommes aux portes des maisons où gisent les infirmes. Combien de membres martyrisés! Combien, à cause de l'atrocité de leurs souffrances, éclatent en blasphèmes et essaient de s'enlever la vie! D'autres sont abandonnés de tous et n'ont personne qui leur donne une parole de réconfort, les secours les plus nécessaires et, par conséquent, ils jurent et désespèrent encore plus.

Ah! Maman, j'entends les Sanglots de Jésus qui voit se changer en offenses ses plus chères marques d'Amour, qui font souffrir les âmes pour les rendre semblables à lui. De grâce, donnons-leur son Sang, afin qu'il leur fournisse l'aide nécessaire et que, par sa Lumière, il leur fasse comprendre le bien qui se trouve dans la souffrance. Et toi, Maman, mets-toi tout près d'eux et, en tant que Mère affectueuse, touche de tes Mains maternelles leurs membres endoloris, calme leurs souffrances, prends-les entre tes Bras et, de ton Coeur, verse des torrents de Grâces sur toutes leurs peines. Tiens compagnie aux abandonnés, console les affligés. Pour qui manque des moyens nécessaires, dispose des âmes généreuses pour les secourir; pour qui se trouve soumis à l'atrocité des tourments, obtiens par tes Prières un répit et du repos, afin que, fortifiés, ils puissent avec plus de patience supporter ce que Jésus dispose pour eux.

Cheminons encore et entrons dans les chambres des moribonds. Maman, quelle terreur! Combien d'âmes sont sur le point de tomber en enfer! Combien de gens, après une vie de péchés, donnent l'ultime Douleur au Coeur de Jésus en accompagnant leur dernier souffle d'un acte de désespoir. Il y a beaucoup de démons autour d'eux, jetant dans leur coeur la terreur et l'épouvante des jugements divins, menant leurs dernières attaques afin de les amener en enfer.

D'autres, liés par les liens de la terre n'arrivent pas à se résigner à faire le dernier pas. De grâce, ô Maman, ce sont leurs derniers moments, ils ont grand besoin d'aide. Ne vois-tu pas comme ils tremblent, comment ils se débattent dans les tourments de l'agonie, comment ils cherchent de l'aide et de la pitié? Déjà la terre est disparue pour eux! Sainte Maman, mets ta Main maternelle sur leur front gelé, accueille leur dernier souffle, donne à chacun le Sang de Jésus et mets ainsi en fuite les démons. Dispose-les à recevoir les derniers sacrements et à avoir une bonne et sainte mort.

En guise de réconfort, donnons-leur les Agonies de Jésus, ses Baisers, ses Larmes, ses Plaies. Rompons les liens qui les tiennent liés aux ténèbres, faisons entendre à tous la parole du pardon et mettons-leur tant de confiance dans le coeur qu'ils s'élanceront dans les Bras de Jésus. Et, quand il les jugera, Jésus les trouvera couverts de son Sang, abandonnés entre ses Mains, et il leur accordera son Pardon.

Cheminons encore, ô Maman. Vois comme la terre est pleine d'âmes qui sont sur le point de tomber dans le péché. Il faudrait un miracle pour empêcher leur chute. Par conséquent, donnons-leur le Sang de Jésus pour qu'ils trouvent en lui la force et la grâce pour ne pas tomber dans le péché.

Allons-y pour un autre pas, ô Maman. Voici des âmes déjà tombées dans la faute et qui voudraient une aide pour se relever. Jésus les aime, mais il les regarde horrifié parce qu'elles sont souillées. Donnons-leur le Sang de Jésus, pour qu'elles trouvent la main qui les relèvera. Vois, ô Maman, ce sont des âmes qui ont grand besoin de ce Sang, des âmes mortes à la Grâce. Oh! comme leur état est déplorable! Le Ciel les regarde et pleure de douleur; la terre les regarde avec dégoût; tous les éléments sont contre elles et voudraient les détruire, parce qu'elles sont les ennemis du Créateur. De grâce, ô Maman, puisque le Sang de Jésus donne la vie, donnons-le à ces âmes, afin qu'à son contact, elles ressuscitent et qu'elles ressuscitent plus belles encore, et qu'ainsi elles fassent sourire tout le Ciel et toute la terre.

Cheminons encore, ô Maman. Vois, il y a des âmes qui portent la marque de la perdition, qui pèchent et s'enfuient de Jésus, qui l'offensent et désespèrent de son Pardon. Ce sont elles les nouveaux Judas répandus sur la terre et qui percent le Coeur de Jésus. Donnons-leur le Sang de Jésus, afin qu'il annule la marque de la perdition qu'elles portent et la remplace par celle du salut; qu'il mette dans leur coeur une telle confiance et un tel amour après la faute, qu'elles accourent aux pieds de Jésus et s'attachent à ses Pieds divins pour ne plus jamais s'en détacher. Vois, ô Maman, il y a des âmes qui courent follement vers la perdition et il n'y a personne pour arrêter leur course. Mettons ce Sang sous leurs pieds, afin qu'à son contact elles reculent et se remettent sur le chemin du salut!

Poursuivons notre course, ô Maman. Vois, il y a des âmes qui sont bonnes, des âmes innocentes dans lesquelles Jésus trouve ses complaisances et son repos, mais les créatures sont autour d'elles avec beaucoup de pièges et de scandales pour leur arracher cette innocence et changer les complaisances et le repos de Jésus en amertume. Scellons l'innocence de ces âmes du Sang de Jésus comme d'un mur de protection, afin que la faute n'entre pas en elles. Que ce Sang mette en fuite quiconque voudrait les contaminer, et qu'il les conserve sans tache et pures pour la plus grande Joie de Jésus.

Mais, ô Maman, le Sang de Jésus crie et veut d'autres âmes encore. Courons ensemble, et rendons-nous dans les régions des hérétiques et des infidèles. Combien de douleurs Jésus ne ressent-il pas dans ces régions. Lui qui est la Vie de tous, n'a en retour pas même un petit acte d'amour de ces âmes. Il n'est pas connu de ses propres créatures. De grâce, ô Maman, donnons-leur ce Sang, afin qu'il mette en fuite les ténèbres de l'ignorance et de l'hérésie. Ô Marie, fais-leur comprendre qu'ils ont une âme et ouvre-leur le Ciel. Mettons-les tous dans le Sang de Jésus, conduisons-les près de lui comme autant d'enfants orphelins et exilés qui retrouvent leur père. Ainsi Jésus se sentira réconforté dans son Agonie.

Mais Jésus ne semble pas totalement content, il veut encore d'autres âmes: les âmes moribondes de ces mêmes régions. Il sent qu'elles s'arrachent de ses Bras pour se diriger vers l'enfer. Ces âmes sont sur le point d'expirer et de tomber dans l'abîme, et personne n'est près d'elles pour les aider. Et il n'y a plus de temps, ce sont les derniers moments pour elles. Pour que le Sang de Jésus ne soit pas répandu en vain pour elles, volons vers elles, versons le Sang de Jésus sur leur tête pour qu'il leur serve de baptême et infuse en elles la foi, l'espérance et l'amour.

Mets-toi, ô Maman, tout près de ces personnes, supplée à tout ce qui leur manque. Même montre-toi à elles: sur ton Visage resplendit la Beauté de Jésus; tes manières d'agir sont les siennes et donc, en te voyant, elles pourront connaître Jésus. Puis, presse-les sur ton Coeur maternel, infuse en elles la Vie de Jésus qui t'habite, dis-leur qu'en tant que leur Mère tu les veux heureuses pour toujours avec toi dans le Ciel et, pendant qu'elles expirent, prends-les dans tes Bras, puis dépose-les dans les Bras de Jésus. Et si, selon les droits de la Justice, Jésus fait montre de ne pas vouloir les recevoir, rappelle-lui l'Amour avec lequel il te les a confiées sous la Croix; réclame tes droits de Mère, de sorte qu'à ton Amour et à tes Prières, Jésus ne saura résister. Et tandis qu'il contentera ton Coeur, il contentera aussi le sien.

Ô Maman, prenons ce Sang et donnons-le à tous: aux affligés, pour qu'ils en obtiennent du réconfort; aux pauvres, pour que, résignés, ils vivent leur pauvreté; à ceux qui subissent la tentation, pour qu'ils obtiennent la victoire; aux incroyants, pour que triomphe en eux la vertu de foi; aux blasphémateurs, pour qu'ils changent leurs blasphèmes en bénédictions; aux prêtres, pour qu'ils comprennent leur mission et soient de dignes ministres de Jésus. Touche leurs lèvres avec ce Sang, afin qu'ils ne disent aucune parole qui ne rende gloire à Dieu; touche leurs pieds, afin qu'ils s'empressent d'aller à la recherche d'âmes à conduire à Jésus. Donnons ce Sang aux gouvernants des peuples, pour qu'ils soient unis entre eux et ressentent de la douceur et de l'amour envers leurs sujets.

Rendons-nous maintenant au Purgatoire. N'entends-tu pas, ô Maman, les gémissements des âmes qui s'y trouvent? Ne vois-tu pas leurs désirs véhéments d'amour, leurs tortures, leurs élans incessants vers le Bien suprême? Vois comment Jésus lui-même veut les purifier plus vite pour les avoir avec lui. Il les attire par son Amour, mais quand elles arrivent en sa divine Présence, ne pouvant encore soutenir la pureté du Regard divin, elles sont obligées de retomber dans les flammes!

Maman, descendons dans cette prison profonde et, versant sur ces âmes le Sang de Jésus, portons-leur la Lumière, apaisons leurs désirs ardents d'amour, éteignons le feu qui les brûle, purifions leurs taches. Et ainsi, une fois libérées de toute faute, elles voleront dans les Bras du Bien suprême. Donnons le Sang de Jésus aux âmes les plus abandonnées, afin qu'elles trouvent en lui tous les suffrages que les créatures leur refusent. À toutes, ô Maman, donnons ce Sang, n'en privons aucune, afin qu'elles en reçoivent soulagement et libération. Agis en Reine dans ces régions de larmes et de lamentations, étends tes Mains maternelles et, une à une, sors-les de ces flammes ardentes, afin qu'elles prennent leur envol vers le Ciel.

Et maintenant, rendons-nous au Ciel. Plaçons-nous aux portes éternelles, et permets, ô Maman, que je te donne à toi aussi ce Sang précieux pour ta plus grande Gloire. Que ce Sang t'inonde d'une nouvelle Lumière et de nouveaux Contentements.

Maman, à moi aussi donne ce Sang. Tu sais combien j'en ai besoin. De tes Mains maternelles, couvre-moi tout entière de ce Sang et purifie ainsi mes taches, guéris mes plaies, enrichis ma pauvreté. Fais en sorte que ce Sang circule dans mes veines et m'imprègne de la Vie de Jésus. Qu'il descende dans mon coeur et le transforme en son propre Coeur. Qu'il m'embellisse afin que Jésus trouve en moi tous ses Contentements.

Enfin, ô Maman, entrons dans les régions célestes et donnons ce Sang à tous les saints et à tous les anges, afin qu'ils puissent recevoir une plus grande gloire, éclater en remerciements envers Jésus et prier pour nous, pour que nous puissions tous les rejoindre.

Et après avoir donné à tous ce Sang, retournons à Jésus. Anges, saints, venez avec nous. Ah! lui qui désire tant les âmes, il veut toutes les faire entrer dans son Humanité pour donner à toutes les fruits de son Sang. Plaçons-les toutes autour de lui et il sentira la Vie revenir en lui et il se sentira récompensé de l'Agonie extrême qu'il a soufferte.

Et maintenant, sainte Maman, appelons tous les éléments à lui tenir compagnie, afin qu'eux aussi honorent Jésus. Ô lumière du soleil, viens dissiper les ténèbres de cette nuit pour réconforter Jésus. Ô étoiles, avec vos rayons scintillants, descendez du ciel et venez réconforter Jésus. Fleurs de la terre, venez avec vos parfums. Oiseaux, venez avec vos gazouillis. Tous les éléments de la terre, venez réconforter Jésus. Viens, ô mer, rafraîchir et laver Jésus. Il est notre Créateur, notre Vie, notre Tout. Venez tous le réconforter, lui rendre hommage en tant que notre souverain Seigneur. Mais, je vois que Jésus ne cherche pas tellement la lumière, les étoiles, les fleurs, les oiseaux; il veut des âmes, des âmes!

Voici, ô mon doux Bien, elle est tout près de toi, ta chère Maman, repose-toi entre ses Bras; elle sera réconfortée elle aussi en te pressant sur son Sein, parce quelle a pris grande part à ta douloureuse Agonie. Il y a également ici Marie Madeleine, Marthe, ainsi que toutes les âmes aimantes de tous les siècles. De grâce, ô Jésus, accepte-les, et dis à toutes une Parole de Pardon et d'Amour.

Mais il semble que tu me dises: «Ô mon enfant, combien d'âmes me fuient et finissent par tomber dans l'éternelle ruine! Comment pourra se calmer ma Souffrance si une seule âme se perd. J'aime chaque âme, au même titre que j'aime toutes les âmes ensemble!»

Ô Jésus agonisant, il semble que ta Vie est sur le point de s'éteindre. J'entends tes gémissements. Tes beaux Yeux sont voilés par la mort toute proche. Tous tes Membres cèdent et tu sembles ne plus respirer. Mon coeur est brisé de douleur. Je t'embrasse et je te sens gelé. Je te secoue et tu ne donnes pas signe de vie: «Jésus, es-tu mort?» Maman affligée, anges du Ciel, venez pleurer Jésus, et ne permettez pas que je continue de vivre sans lui. Je ne le peux! Je le serre plus fort contre moi et je sens qu'il fait une autre Respiration. Et puis de nouveau il ne donne plus signe de vie. Je l'appelle: «Jésus, Jésus, ma Vie, ne meurs pas! Voilà que j'entends le tapage de tes ennemis qui viennent te capturer. Qui te défendra dans l'état où tu te trouves?»

Mais voici que, te secouant comme si tu ressuscitais, tu me regardes et me dis: «Ô âme, tu es ici? Tu as donc été spectatrice des Peines et des nombreuses Morts que j'ai subies? Maintenant sache qu'en ces trois heures d'Agonie si terribles dans le Jardin, j'ai renfermé en moi la vie de toutes les créatures et j'ai souffert toutes leurs peines et leur propres morts, donnant à chacune ma Vie. Mes Agonies soutiendront la leur, mes amertumes et ma mort se changeront pour elles en douceur et en vie. Combien me coûtent les âmes! Si seulement elles me rendaient quelque chose en retour! Tu as bien vu qu'alors que je mourais, je recommençais à respirer. C'étaient les morts des créatures que je ressentais en moi.»

Mon Jésus angoissé, puisque tu as voulu porter en toi ma mort, je te prie de venir m'assister au moment de ma mort. Je t'ai donné mon coeur comme refuge et repos, mes bras pour te soutenir, j'ai mis tout mon être à ta disposition. Et combien volontiers je me mettrais entre les mains de tes ennemis pour pouvoir mourir à ta place! Viens, ô ma Vie, en ce moment, pour me donner ce que je t'ai donné: ta Compagnie, ton Coeur en guise de lit et de repos, tes Bras en guise de soutien, ta Respiration pour soulager mes angoisses. Ainsi ton Souffle me purifiera de toute tache et me disposera à entrer dans la béatitude éternelle.

Donne à mon âme ton Humanité infiniment sainte, de sorte qu'en me regardant, tu te regardes toi-même, et qu'ainsi tu ne trouves en moi rien que tu puisses réprouver. Baigne-moi dans ton Sang, revêts-moi du vêtement blanc de ta Divine Volonté, afin que je puisse ainsi prendre mon envol vers le Ciel. Et ce que je te demande pour moi, fais-le à tous les agonisants; embrase-les tous du feu de ton Amour, sauve-les tous et ne permets pas qu'un seul ne se perde!

Mon Bien, que cette Heure Sainte, faite en mémoire de ta Passion et de ta Mort, désarme la colère de Dieu méritée par nos péchés, fasse descendre d'abondantes Grâces sur la sainte Église, entraîne la conversion des pécheurs, amène la paix des peuples, se répercute sur notre sanctification, et donne un grand soulagement aux âmes du purgatoire. Amen.
Réflexions et pratiques

Durant sa troisième Heure dans le Jardin, Jésus demanda l'aide du Ciel. Et ses Peines étaient si grandes qu'il demanda aussi du réconfort à ses disciples. Et nous, en toute circonstance -- revers, souffrances, mésaventures -- savons-nous demander l'aide au Ciel? Et si nous faisons appel aux créatures, le faisons-nous avec ordre, auprès de ceux qui peuvent nous réconforter saintement? Et sommes-nous résignés si nous n'avons pas les réconforts que nous espérons. Savons-nous nous servir des lacunes des créatures pour nous abandonner davantage entre les Mains de Jésus?

Jésus fut réconforté par un ange. Et nous, pouvons-nous dire que nous sommes des anges pour Jésus, en sachant rester près de lui pour le réconforter et partager ses amertumes? Mais pour pouvoir vraiment servir d'ange pour Jésus, il est nécessaire d'accepter nos peines comme nous étant envoyées par lui, donc comme des peines divines. Ce n'est qu'alors que nous pourrons réconforter notre Dieu attristé. Autrement, si nos peines, nous les prenons dans un sens humain, nous ne pourrons pas nous en servir pour réconforter l'Homme-Dieu et, par conséquent, nous ne pourrons pas lui servir d'ange consolateur.

Quand nous endurons avec amour et résignation les souffrances que Jésus nous envoie, elles se changent en un nectar exquis pour lui. Dans toute souffrance, disons-nous: «Jésus m'appelle à faire l'ange auprès de lui, il veut mon réconfort et, par conséquent, il me fait prendre part à ses Souffrances.»

Jésus, mon Amour, dans mes souffrances je cherche ton Coeur en guise de repos; et pour tes Souffrances je veux te faire un abri avec mon coeur, pour que nous partagions nos souffrances. Que je sois ton ange consolateur!

(Terminer avec la prière de remerciements.)

 
Terminer l'exercice de l'Heure Sainte par la prière suivante:
Prière de remerciements

Je te rends grâce, ô mon infiniment doux Seigneur, d'avoir daigné m'admettre en ta sainte Compagnie pendant au moins une heure de ta terrible Agonie dans le Jardin. Ce fut sans doute pour toi un réconfort médiocre, mais l'Amour infini de ton Coeur compatissant te fait trouver du soulagement même dans le plus petit acte de compassion envers toi! Ah! la vue de ton adorable Personne tremblante, abattue, humiliée, effondrée dans la poussière, toute couverte de sueur de Sang dans la sombre horreur du Jardin ne me sortira plus de l'esprit! Et j'ai éprouvé, ô Jésus, que d'être avec toi souffrant, de goûter ne serait-ce qu'une goutte de l'amertume angoissante de ton divin Coeur, est le plus grand destin qu'on puisse avoir sur cette terre!

Ô Jésus, c'est avec générosité que je renonce aux choses terrestres et trompeuses. Je ne veux que toi, mon Seigneur opprimé, souffrant, affligé! Du Jardin jusqu'au Calvaire je veux te tenir compagnie avec fidélité et douceur.

Ô Jésus, fais en sorte que je sois capturée avec toi, traînée avec toi aux tribunaux; fais que je partage les outrages, les insultes, les crachats et les gifles dont tes ennemis te couvriront; conduis-moi avec toi de Pilate à Hérode et de Hérode à Pilate; lie-moi avec toi à la colonne et fais-moi ressentir une partie de tes coups de fouet; donne-moi quelques-unes de tes épines, Jésus, pour quelles me transpercent; fais en sorte qu'avec toi je sois condamnée à mourir crucifiée, toi en tant que victime d'Amour pour moi, et moi en tant que victime expiatrice pour mes péchés!

Donne-moi le destin du Cyrénéen pour t'accompagner jusqu'au Calvaire, et là, fais en sorte qu'avec toi je sois clouée sur la Croix, que j'y agonise et y meure avec toi.

Ô Mère affligée, qui m'as aidée à compatir avec Jésus agonisant dans le Jardin, aide-moi à être crucifiée avec toi sur la Croix de Jésus, et de savoir lui offrir les réparations avec les mérites mêmes de sa Passion et de sa Mort sur la Croix. Amen.
De 24h à 1h :
L'arrestation de Jésus dans le Jardin des Oliviers

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon Jésus, nous voilà rendus à minuit. Je sens que tes ennemis s'approchent. Et toi, tu t'arranges et essuies le Sang qui couvre ton Visage et, fortifié par les réconforts reçus, tu vas de nouveau voir tes disciples. Tu les appelles, les avertis, et les rassembles auprès de toi. Et tu vas à la rencontre de tes ennemis. Par ta promptitude, tu répares ma lenteur et ma nonchalance à agir et à souffrir pour toi.

Mais, ô mon doux Bien, quelle scène émouvante je vois: le premier qui se présente est le perfide Judas; il s'approche de toi et, mettant ses bras autour de ton Cou, il te salue et te donne le baiser. Et toi, Amour infini, tu ne dédaignes pas de donner un baiser à ses lèvres infernales: tu l'embrasses et même tu le serres sur ton Coeur, voulant l'arracher à l'enfer en lui donnant un nouveau signe d'Amour.

Mon Jésus, comment est-ce possible qu'il ne t'aime pas? La tendresse de ton Amour est telle qu'elle devrait amener tout coeur à t'aimer. Et pourtant tu n'es pas aimé! Par ce baiser de Judas, tu répares les trahisons et les tromperies ayant l'apparence de l'amitié et de la sainteté, surtout celles provenant des âmes consacrées. Mais, par tes Prières, tu obtiens le Pardon pour n'importe quel pécheur qui, vraiment contrit, a recours à ton Coeur infiniment saint.

Mon doux Bien, je serai à tes côtés pour te défendre, pour apprendre tes Enseignements et pour compter une à une tes Paroles. Ah! comme elle m'est douce au coeur, la Parole que tu adressas à Judas: «Mon ami, pourquoi es-tu venu ici?» On dirait que c'est à moi aussi que tu adresses cette Parole, non en m'appelant «ami», mais en m'appelant du doux nom d'«enfant»: «Mon enfant, pourquoi es-tu venue ici?» Et je veux te répondre: «Jésus, je viens pour t'aimer.» Tu me dis «Pourquoi es-tu venue ici?» quand je me réveille le matin ou quand je te prie. Tu me répètes «Pourquoi es-tu venue ici?» à travers la sainte hostie, quand je viens te recevoir dans mon coeur.

Quel beau rappel pour moi! Mais combien, à ton «Pourquoi es-tu venu ici?» répondent: «Je viens pour t'offenser!» D'autres, feignant de ne pas t'entendre, s'adonnent à toutes sortes de péchés et répondent par leur descente en enfer! Combien je compatis avec toi, ô mon Jésus! Je voudrais prendre les mêmes cordes avec lesquelles tes ennemis sont sur le point de te lier pour lier ces âmes et t'épargner cette Souffrance.

Mais j'entends ta Voix infiniment tendre qui, pendant que tu vas à la rencontre de tes ennemis, leur dit: «Qui cherchez-vous?» Et eux te répondent: «Jésus de Nazareth.» Alors tu leur dis: «Me voici!» Par ces simples paroles, tu dis tout: tu te fais connaître pour ce que tu es. Tant et si bien que tes ennemis tremblent et tombent à la renverse, comme morts. Et toi, ô Amour, c'est par un autre «Me voici!» que tu les rappelles à la vie et que, de ta propre initiative, tu te places entre leurs mains.

Et eux, perfides et ingrats, au lieu de s'humilier et de trembler à tes pieds pour te demander pardon, ils abusent de ta Bonté et, méprisant tes Grâces et tes prodiges, ils te mettent les Mains dans le dos et, avec des cordes et des chaînes, te lient, te serrent, te jettent par terre, te foulent aux pieds, te tirent par les Cheveux. Et toi, avec une patience inouïe, tu te tais, tu souffres et répares les offenses qui, malgré tes miracles, sont faites obstinément.

Par les cordes et les chaînes que tu supportes, tu brises les chaînes de nos fautes et tu nous attaches par la douce chaîne de l'Amour. Et c'est avec Amour que tu corriges Pierre qui veut te défendre en coupant l'oreille de Malchus. Ce faisant, tu répares les bonnes oeuvres qui ne sont pas faites selon la sainte prudence; tu répares aussi pour ceux qui, par excès de zèle, tombent dans la faute.

Mon Jésus infiniment patient, ces cordes et ces chaînes, on dirait qu'elles ajoutent quelque chose de plus beau à ta Personne divine: ton Front devient plus serein, tellement qu'il attire l'attention de tes ennemis; tes Yeux brillent d'une plus grande lumière; ton Visage dégage une paix et une douceur suprêmes, capables de séduire tes bourreaux.

Ô Amour enchaîné, est-il possible que tu sois lié pour moi et que moi, ta créature, je reste sans chaînes? Non, je t'en prie, lie-moi avec tes propres chaînes. Par conséquent, je t'en prie, tandis que je baise tes Mains adorables, lie mes pensées, mes yeux, mes oreilles, ma langue, mon coeur, mes affections et tout moi-même; et en même temps, lie toutes les créatures, afin qu'elles ressentent les douceurs de tes chaînes amoureuses et qu'elles ne t'offensent plus.

Mon Jésus infiniment tendre, tu t'es remis entre les mains de tes ennemis, leur accordant le pouvoir de faire de toi ce qu'ils veulent. Et moi, mon Jésus, je me remets entre tes Mains, afin que tu puisses librement faire de moi ce qu'il te plaira. Je veux suivre ta Volonté, t'accompagner dans tes Réparations, souffrir tes Peines. Je veux être toujours près de toi pour qu'il n'y ait pas d'offense que je ne répare, d'amertume que je n'adoucisse, de crachats et de gifles que tu reçoives et qui ne soient pas suivis de mes baisers et de mes caresses. Et lors de tes chutes, mes mains seront toujours prêtes à te relever.

Être toujours avec toi, c'est ce que je veux. Pas même pour un instant je ne veux te laisser seul. Et pour que cela soit plus sûr, mets-moi à l'intérieur de toi; ainsi je serai dans ton Intelligence, dans tes Regards, dans ton Coeur, dans tout toi-même. Et ce que tu feras, je le ferai aussi.

Mon doux Bien, il est déjà une heure du matin! Mon intelligence commence à s'assoupir. Je ferai ce que je pourrai pour rester éveillée, mais si le sommeil me surprend, je me déposerai en toi pour te suivre en tout ce que tu feras, et même, tu agiras toi-même pour moi. Ô mon Jésus, à partir de maintenant, je te laisse mes pensées pour te défendre de tes ennemis; mes respirations en guise de cortège et de compagnie; mes battements de coeur pour te dire sans cesse «Je t'aime!» et pour te dédommager de l'amour que les autres ne te donnent pas; les gouttes de mon sang pour réparer et te restituer les honneurs et l'estime que t'enlèveront tes ennemis par leurs insultes, leurs crachats et leurs gifles; et tout mon être en guise de garde. Mon Jésus, de grâce, embrasse-moi et bénis-moi. Et si tu veux que je sommeille, fais-moi dormir dans ton adorable Coeur, afin que par tes Battements accélérés par l'Amour et la Souffrance, je puisse être réveillée rapidement pour poursuivre mon accompagnement!
Réflexions et pratiques

C'est promptement que Jésus se remit entre les mains de ses ennemis, en conformité avec la Volonté du Père.

Lors des tromperies des créatures, de leurs trahisons, sommes-nous prêts à pardonner comme Jésus a pardonné? Tout le mal que nous recevons des créatures, l'acceptons-nous comme provenant des Mains de Dieu? Sommes-nous prêts à faire tout ce que Jésus attend de nous? Quand nous subissons des croix, des excès de fatigue, est-ce que notre patience imite celle de Jésus?

Mon Jésus enchaîné, que tes chaînes lient mon coeur et le rendent ferme et prompt à souffrir tout ce que tu veux!

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 1h à 2h :
Jésus précipité dans le torrent du Cédron

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon cher Bien, alors que mon corps oscille entre l'état de veille et celui de sommeil, ma pauvre intelligence essaye de te suivre. Comment puis-je m'abandonner au sommeil alors que, comme je le vois, tous te laissent? Les apôtres t'ont abandonné aux mains de cruels ennemis, y compris le fervent Pierre qui, il n'y a pas longtemps, t'a dit qu'il voulait donner sa vie pour toi, et ton disciple bien-aimé qu'avec tant d'Amour tu as fait reposer sur ton Coeur!

Mon Jésus, tu es seul! Tes Yeux infiniment purs regardent autour pour voir s'il n'y aurait pas au moins un de tes obligés qui te suive pour te témoigner de l'amour et te défendre. Et comme personne ne t'est resté fidèle, ton Coeur se serre et pleure. Tu ressens plus de Souffrance à cause de l'abandon de tes amis les plus proches qu'à cause de ce que tes ennemis sont en train de te faire subir. Mon Jésus, ne pleure pas, ou fais en sorte que je pleure avec toi.

On dirait que l'aimable Jésus me dit: «Ah! mon enfant, pleurons ensemble le destin de tant d'âmes consacrées qui, en raison de petites épreuves ou d'incidents de la vie, ne s'occupent plus de moi et me laissent seul; pleurons pour tant d'autres âmes, timides et viles qui, par manque de courage et de confiance, m'abandonnent; pleurons aussi pour tant d'autres qui, ne trouvant pas leur compte dans les choses saintes, ne s'occupent pas de moi; pleurons pour tant de prêtres qui prêchent, célèbrent, confessent pour leur gloire personnelle: ils font montre d'être autour de moi, mais me laissent seul! Ah! mon enfant, comme il est dur pour moi cet abandon! Je t'en prie, répare ma cruelle Souffrance par la promesse de ne jamais me laisser seul.»

Oui, mon Jésus, je te promets de ne jamais te laisser seul, avec l'aide de ta Grâce et en m'identifiant à ta Divine Volonté. Mais, ô Jésus, tandis que tu pleures l'abandon de ceux qui te sont chers, tes ennemis ne t'épargnent aucun outrage. Alors que tu es lié et serré au point de ne pouvoir faire un pas par toi-même, ils te foulent aux pieds et te traînent par des voies pleines de pierres et d'épines, si bien que chacun de tes Mouvements t'amène à te heurter à des pierres ou à être piqué par des épines.

Ô mon Jésus, je vois que pendant qu'ils te traînent, tu laisses derrière toi des traces de ton Sang précieux ou quelques-uns de tes Cheveux blonds qu'ils t'arrachent de la Tête! Ma Vie et mon Tout, permets-moi de recueillir ces Cheveux, afin que je puisse en lier les pas des créatures qui, même la nuit, ne t'épargnent pas, que dis-je, qui se servent de la nuit pour t'offenser davantage, soit pour des rendez-vous, soit pour des plaisirs, soit pour accomplir des vols sacrilèges! Mon Jésus, je m'unis à toi pour réparer ces offenses.

Et nous voici rendus au torrent du Cédron où les perfides Juifs se préparent à te précipiter. Ils te font te heurter avec tant de violence contre une pierre qu'il sort de ta Bouche du Sang précieux dont reste marquée cette pierre! Puis, te poussant, ils te plongent au fond de ces eaux putrides, de sorte qu'elles entrent dans tes Oreilles, ta Bouche et tes Narines. Ô mon Amour, tu es inondé de ces eaux putrides, nauséabondes et froides. Tel est l'état lamentable des créatures quand elles commettent le péché: elles se couvrent d'un manteau de saletés répugnantes, à en dégoûter le Ciel et la terre, attirant ainsi les foudres de la Justice divine!

Oh! Vie de ma vie, pourrais-tu nous manifester un Amour plus grand? Pour nous départir de ce manteau de saletés répugnantes, tu permets que tes ennemis te jettent dans ce torrent. Et tout cela tu le souffres pour réparer les sacrilèges et les froideurs des âmes qui te reçoivent de manière sacrilège et qui t'obligent à entrer dans leur coeur où tu éprouves la nausée plus que dans ce torrent! Tu permets encore que ces eaux pénètrent jusqu'à tes viscères; à tel point que tes ennemis, craignant que tu te noies, t'en ressortent, afin de te réserver pour de plus grands tourments. Ton état est tellement répugnant, qu'eux-mêmes ont la nausée rien qu'à te toucher.

Mon tendre Jésus, te voilà hors du torrent. Mon coeur ne supporte pas de te voir ainsi recouvert de ces eaux nauséabondes. Je vois que tu trembles de la tête aux pieds à cause du froid. Tu regardes autour de toi, cherchant au moins une personne qui voudrait te sécher, te laver et te réchauffer. Mais en vain. Personne ne s'attendrit sur ta situation. Tes ennemis se moquent de toi et te raillent. Les tiens t'ont abandonné; ta douce Maman est loin, car c'est ainsi que le veut le Père!

Me voici, ô Jésus, viens dans mes bras, je veux tant pleurer que je te ferai un bain pour te nettoyer. Et je veux de mes mains replacer tes Cheveux en broussaille. Mon Amour, je veux t'enfermer dans mon coeur pour te réchauffer de la chaleur de mes affections, te parfumer de mes désirs saints, réparer toutes ces offenses que tu reçois, et joindre ma vie à la tienne pour sauver toutes les âmes. Je veux t'offrir mon coeur comme un lieu de repos pour te dédommager des Peines souffertes jusqu'ici. Puis nous reprendrons ensemble le chemin de ta Passion.
Réflexions et pratiques

Durant cette Heure, Jésus se livra à ses ennemis, qui en vinrent même à le jeter dans le torrent du Cédron. Mais Jésus les regardait avec Amour, supportant tout par Amour pour eux. Et nous, savons-nous nous livrer à la Volonté de Dieu? Dans nos faiblesses et nos chutes, sommes-nous prêts à nous relever pour nous jeter dans les Bras de Jésus?

Jésus fut jeté dans le torrent du Cédron, éprouvant de la suffocation, de la nausée et du dégoût. Et nous, abhorrons-nous toute ombre de péché? Sommes-nous prêts à donner à Jésus un asile dans notre coeur, pour lui faire oublier la nausée que les âmes lui donnent par le péché et pour le dédommager de celle que nous lui avons donnée nous-mêmes?

Mon Jésus torturé, ne m'épargne en rien, et fais en sorte que je puisse être l'objet de tes Visées divines et amoureuses!

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 2h à 3h :
Jésus présenté à Anne

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Jésus, Sentinelle divine, alors que je dors et que, toi, tu ne veut pas rester seul, tu me réveilles et me fais me trouver avec toi chez Anne. Il t'interroge sur ta Doctrine et tes disciples. Et toi, ô Jésus, pour défendre la Gloire du Père, tu réponds d'une Voix sonore et digne: «J'ai parlé en public, et tous ceux qui sont ici m'ont entendu!»

À ces Paroles, tous tremblent mais, perfidement, un serviteur s'approche de toi et d'une main ferrée te donne une gifle si forte qu'elle te fait chanceler et rend livide ton doux Visage! Maintenant, ô ma douce Vie, je comprends pourquoi tu m'as réveillée. Tu avais raison! En fait, qui t'aurait soutenu quand tu étais sur le point de tomber?

Et tandis que tes ennemis éclatent d'un rire satanique, sifflent et battent des mains, applaudissant à cet acte si injuste, toi, chancelant, tu n'as personne sur qui t'appuyer. Mon Jésus, je t'embrasse et je fais de mon être un mur de protection pour toi; je m'offre à toi pour supporter toute peine par amour pour toi! Je compatis avec toi pour cet outrage et avec toi je répare les timidités de tant d'âmes qui se découragent facilement, de celles qui, ayant peur, ne disent pas la vérité, de celles qui manquent de respect pour les prêtres, de celles qui s'expriment par des murmures.

Ô mon Jésus affligé, Anne t'envoie à Caïphe. Mais je vois que, pendant le déplacement, tes ennemis te font tomber dans un escalier. Et toi, mon Amour, par cette chute, tu répares pour ceux qui, profitant des ténèbres de la nuit, tombent dans la faute.

Jésus, je veux unir mes réparations aux tiennes, et pendant que tu te rendras chez Caïphe, je t'enverrai mon affection pour te défendre de tes ennemis. Entre temps je dormirai. Et toi, continue à être ma sentinelle d'Amour; réveille-moi quand ton Amour te poussera à m'appeler à te tenir compagnie. Donne-moi ton doux Baiser tandis que moi, donnant un baiser à ton Coeur bien-aimé, je ferme les yeux, prenant le sommeil qu'exige ma nature.
Réflexions et pratiques

Jésus est interrogé par Anne sur sa Doctrine et ses disciples. Pour glorifier le Père, il répond quant à sa Doctrine, mais il ne parle pas de ses disciples pour ne pas manquer à la charité. Et nous, quand il s'agit de glorifier le Seigneur, sommes-nous intrépides et courageux, ou bien nous laissons-nous vaincre par le respect humain? Nous devons toujours dire la vérité, même devant des personnes importantes!

Quand nous parlons, cherchons-nous toujours la Gloire de Dieu? Et pour exalter cette Gloire de Dieu, supportons-nous tout avec patience comme Jésus? Savons-nous toujours éviter de parler en mal du prochain, et savons-nous l'excuser si nous entendons d'autres gens qui en disent du mal?

Jésus veille sur notre coeur, et nous, savons-nous nous surveiller en toutes choses, afin que nos regards, nos paroles, nos affections, nos émotions, nos pensées et nos désirs, soient autant de sentinelles autour de Jésus pour veiller sur son Coeur et tout réparer?

Et quand Jésus nous appelle, sommes-nous prêts à répondre? Les Appels de Dieu peuvent se faire entendre de nombreuses manières: par les inspirations, par la lecture de bons livres, par les exemples reçus, par les attraits de la Grâce, et même par les intempéries. Mon Jésus, que ta douce Voix résonne toujours dans mon coeur et que tout ce qui m'entoure soit une voix continuelle m'appelant à t'aimer! Que l'harmonie de ta Voix divine m'empêche de prêter attention à toute autre voix qui pourrait me distraire de toi!

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 3h à 4h :
Chez Caïphe, Jésus accusé par de faux témoins

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Ô mon Bien affligé et abandonné, ma faible nature dort, cependant mon sommeil est très souvent interrompu par les serrements d'Amour et les Souffrance de ton divin Coeur. Et pendant que je suis entre l'état de veille et celui de sommeil, j'entends les coups que te portent tes ennemis. Mon pauvre Jésus, abandonné de tous, il n'y a personne qui prenne ta défense? Je t'offre ma vie pour te servir d'appui quand ils te feront heurter quelque chose. Entre temps, je m'assoupis de nouveau. Mais un autre serrement d'Amour de ton Coeur divin me réveille, et je sens mes oreilles devenir sourdes à cause des gens qui arrivent, des chuchotements, des cris et des insultes.

Mon Amour, pourquoi sont-ils tous contre toi? Qu'as-tu fait pour que, comme autant de loups affamés, ils veuillent te mettre en pièces? Je sens mon sang se geler dans mes veines à voir les préparatifs de tes ennemis. Je tremble et me sens triste pendant que je pense à la manière que j'utiliserai pour te défendre.

Et Jésus semble me dire: «Mon enfant, je n'ai pas encore tout fait! L'Amour comporte tous les sacrifices; l'Amour est d'un coût incommensurable; nous en sommes encore au début. Toi, reste dans mon Coeur: observe tout, aime-moi, tais-toi et apprends. Et que ton sang, gelé de compassion, circule dans mes Veines pour restaurer mon Sang qui est en feu. Ton tremblement, fais en sorte qu'il parcoure mes Membres, afin qu'identifiée à moi tu puisses te fortifier et te réchauffer, pour ressentir une partie de mes Peines. Tu acquerras la force en me voyant souffrir à ce point. Ce sera la plus belle défense que tu puisses m'accorder. Sois fidèle et attentive!»

Mon doux Amour, le vacarme de tes ennemis est si considérable qu'il m'empêche de prendre un peu de sommeil. Les coups deviennent plus violents. J'entends le bruit des chaînes avec lesquelles ils t'ont attaché si serré que de tes Poignets jaillit du Sang, lequel marque ces rues. Rappelle-toi que mon sang est dans le tien et, pendant que tu verses le tien, le mien t'y donne un baiser, t'adore et répare, pour que ton Sang soit Lumière pour tous ceux qui t'offensent dans la nuit. Qu'il soit un aimant pour attirer tous les coeurs à toi.

Mon Amour et mon Tout, pendant qu'ils te traînent, l'air est alourdi de cris et de sifflements. Et tu arrives chez Caïphe. Tu es paisible, modeste et humble; ta Douceur et ta Patience sont telles qu'elles terrorisent tes ennemis mêmes. Et Caïphe devient furieux; il semble vouloir te dévorer. Ah! comme l'innocence et le péché se départagent facilement!

Mon Amour, tu es devant Caïphe comme un coupable en train d'être condamné. Caïphe demande aux témoins quels sont tes délits. Ah! il aurait mieux fait d'implorer ton pardon! L'un t'accuse d'une chose, un autre d'une autre; on dit des bêtises et on se contredit. Et tandis qu'on t'accuse, des soldats te tirent les Cheveux, te giflent de manière si horrible qu'ils font résonner toute la salle. Ils te maltraitent, te battent, te piquent. Mais quand tu les regardes, la Lumière de tes Yeux leur descend dans le coeur, et comme ils ne peuvent pas le supporter, ils s'éloignent de toi.

D'autres soldats prennent la relève. Et toi, au milieu de tant d'accusations et d'outrages, tu gardes le silence; ton Coeur bat si fort qu'il semble sur le point d'éclater. Tu reçois avec beaucoup d'Amour les brutalités de tes ennemis; tu les offres pour notre salut. Ainsi, dans le plus grand calme, ton Coeur répare les calomnies, les haines, les faux témoignages, le mal fait avec préméditation aux innocents; il répare les offenses faites à l'instigation des chefs, et les fautes commises par les âmes consacrées.

Je sens qu'une Souffrance nouvelle afflige ton Coeur. Dis-moi ce que c'est, ô Jésus; fais-moi participer à tout! Et Jésus semble me dire: «Mon enfant, tu veux le savoir? J'entends la voix de Pierre qui prétend ne pas me connaître, qui le jure, et le jure encore. Ah! Pierre, tu ne me connais pas? Tu ne te souviens pas de tous les Bienfaits dont je t'ai comblé? Si les autres me font mourir de peines, toi, tu me fais mourir de douleur! Comme tu as mal fait de t'exposer aux occasions en me suivant de loin!»

Mon Bien renié, comme elles se reconnaissent vite les offenses de ceux qui te sont les plus chers! Ô Jésus, je veux faire passer les battements de mon coeur dans les tiens pour adoucir tes tortures. Et mes battements de coeur te jurent fidélité, amour, et jurent mille fois que je te connais. Mais ton Coeur ne se calme pas: tu cherches à voir Pierre. À tes Regards d'Amour, aux Larmes que tu verses à cause de son reniement, Pierre s'émeut, pleure et s'éloigne. Et toi, l'ayant placé à l'abri, tu te calmes et tu répares les offenses des âmes consacrées; tu répares pour les âmes qui se mettent volontairement dans les occasions de péché.

Mais tes ennemis continuent de t'accuser. Voyant que tu ne réponds rien à leurs accusations, Caïphe te dit: «Je te conjure par le Dieu vivant, dis-moi: es-tu vraiment le Fils de Dieu?» Alors toi, mon Amour, ayant toujours à coeur la Vérité et la Gloire de ton Père, tu réponds avec une Voix sonore et majestueuse telle que tous en restent frappés et que les démons mêmes s'enfoncent dans l'abîme: «C'est toi qui le dis; je suis le Fils de Dieu, et un jour je descendrai sur les nuées du Ciel pour juger toutes les nations.»

À ces Paroles solennelles, tous font silence et frissonnent d'épouvante. Après quelques instants de sa propre épouvante, Caïphe, furieux comme une bête féroce, dit à tous: «À quoi bon les témoins maintenant? Il vient de proférer un grand blasphème. Qu'attendons-nous de plus pour le condamner? Il est coupable de mort!»

Et pour donner plus d'emphase à ses paroles sacrilèges, il déchire ses vêtements avec tant de courroux que tous, comme s'ils ne formaient qu'une seule personne, hurlent: «Il est coupable de mort! Il est coupable de mort!» Et ils foncent sur toi et, à qui mieux mieux, te distribuent coups de poing, coups de pied, gifles et crachats au Visage. Les Tourments qu'ils te donnent, ô mon Bien, sont tels que la terre et le Ciel en sont bouleversés!

Mon Amour et ma Vie, pendant ces terribles moments, mon coeur est lacéré par la douleur! De grâce, permets-moi de rentrer dans ton Coeur affligé et d'affronter ces outrages à ta place! Ah! si cela m'était possible, je voudrais te faire t'échapper des mains de tes ennemis. Mais toi, tu ne veux pas, car cela est exigé pour le salut de tous. Et je suis obligée de me résigner!

Mais, mon doux Amour, laisse-moi te remettre en état, arranger tes Cheveux, enlever les crachats et le Sang qui couvrent ton Visage, et m'enfermer dans ton Coeur, car je vois que Caïphe veut quitter la pièce et te remettre entre les mains des soldats.

Je t'adore ô mon Jésus. Bénis-moi, donne-moi le Baiser mystique de l'Amour. Je m'enferme dans la fournaise de ton Coeur divin pour prendre un peu de sommeil. J'appuie ma tête sur ton Coeur, afin que, par mes respirations, je te donne des baisers et que, d'après la diversité des Battements de ton Coeur, je puisse me rendre compte si tu souffres ou si tu te reposes.

Ô Jésus, je t'embrasse, je me serre fort contre ton Coeur, et je m'endors.
Réflexions et pratiques

Devant Caïphe, Jésus est accusé injustement et soumis à des tortures inouïes. Interrogé, il dit toujours la vérité. Et nous, quand le Seigneur permet qu'on nous calomnie ou qu'on nous accuse injustement, nous réfugions-nous uniquement en Dieu, lui qui connaît notre innocence? Ou bien mendions-nous l'estime et les honneurs des créatures? Nos lèvres disent-elles toujours la vérité? Sommes-nous ennemis de toute ruse ou de tout mensonge? Supportons-nous avec patience les dérisions et les confusions provenant des créatures? Sommes-nous prêts à donner notre vie pour le salut de ces créatures?

Ô mon doux Jésus, comme je suis différente de toi! De grâce, fais en sorte que mes lèvres disent toujours la vérité de manière à atteindre le coeur de ceux qui m'écoutent pour les conduire à toi!

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 4h à 5h :
Jésus parmi les soldats

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Ma douce Vie, tandis que je dors serrée contre toi, souvent je me sens piquée par les épines qui transpercent ton Coeur. Et comme tu veux une âme aimante près de toi pour qu'elle note toutes tes Peines et compatisse avec toi, je me serre plus fortement contre toi et, sentant ainsi davantage les piqûres, je me réveille. Mais, que vois-je et qu'entends-je? Je voudrais te cacher dans mon coeur pour m'exposer à ta place et recevoir tes insultes et tes humiliations! Seul un Amour comme le tien peut supporter tant d'outrages!

Ô mon Jésus infiniment patient, que peut-on espérer de gens aussi barbares? Je vois que tes ennemis se jouent de toi. Tandis que tu verses des fleuves de Larmes pour notre salut, ces gens te couvrent le Visage de crachats, tellement que la Lumière de tes beaux Yeux en est voilée. Et ne supportant pas l'éclat de tes Regards divins, ils te couvrent d'encore plus de crachats. Mais ils ne peuvent masquer ta divine Majesté; ton infinie Douceur ressort de plus en plus!

Ils ont honte d'eux-mêmes et pour se sentir plus libres, ils te bandent les Yeux avec une vile guenille, de manière à pouvoir se déchaîner plus à leur aise sur ta Personne adorable. Ils te battent sans pitié, te traînent, te foulent aux pieds, et te répètent leurs coups de poing et leurs gifles au Visage; ils t'égratignent, te tirent les Cheveux et la Barbe et te projettent d'un endroit à l'autre.

Jésus, mon Amour, mon coeur ne supporte pas de te voir ainsi maltraité! Tu veux que je note tout, mais j'ai des frissons et je voudrais me couvrir les yeux pour ne pas voir ces horreurs. Mais l'amour m'oblige à continuer de te regarder!

Et j'observe que tu ne dis pas un seul mot pour te défendre; tu es entre les mains de ces soldats comme un vulgaire chiffon dont on peut faire ce qu'on veut. On te projette par terre et on t'écrase sous les pieds avec une furie infernale. À tel point que j'ai peur que tu meures sous ces pieds impitoyables.

Mon Bien et mon Tout, ma souffrance est extrême de voir ce qu'on te fait. Et je voudrais pousser des cris si forts qu'ils parviennent là-haut, au Ciel, et appellent le Père, le Saint-Esprit et tous les anges à venir te réconforter et t'aider. Et ici, sur la terre, je veux appeler ta douce Maman et toutes les âmes aimantes à faire cercle autour de toi, afin d'empêcher ces soldats insolents de t'insulter et de te tourmenter davantage.

Avec toi, ô Jésus, je veux réparer les péchés nocturnes, surtout ceux qui sont commis par les sectaires sur ta Présence sacramentelle. Et aussi toutes les offenses des âmes qui ne te restent pas fidèles quand elles sont dans la nuit de l'épreuve.

Je vois, ô mon Bien tyrannisé, que les soldats fatigués et ivres veulent se reposer. Mais mon coeur brisé à la vue de tant de Souffrances, ne veut pas rester seul avec toi; il ressent le besoin d'une autre compagnie. Ô douce Maman, sois avec nous sans cesse. Je serre fort ta Main maternelle et je la baise. Daigne me fortifier de ta bénédiction. Embrassons ensemble Jésus et posons nos têtes sur son Coeur adorable pour le consoler. Ô Jésus, c'est avec ta Maman que je t'embrasse. Bénis-nous et, avec elle, nous prendrons le sommeil de l'Amour dans ton Coeur adorable.
Réflexions et pratiques

Durant cette Heure, Jésus se trouve parmi les soldats avec un courage imperturbable, une constance de fer. En tant que Dieu, il souffre tous les outrages que lui font les soldats, et il les regarde avec tant d'Amour qu'il semble les inviter à lui donner plus de Souffrances encore. Et nous, dans nos souffrances, sommes-nous constants, ou bien nous lamentons-nous, nous ennuyons-nous, perdons-nous la paix, cette paix du coeur nécessaire pour que Jésus puisse trouver en nous une heureuse demeure?

La constance est une vertu montrant que Dieu règne vraiment en nous. Elle nous rend fermes dans l'épreuve, non pas avec des hauts et des bas. Et elle nous amène la paix. Si nous sommes inconstants, notre champ d'action est petit et l'action de Jésus en nous ne peut qu'être limitée.

Jésus regardait avec Amour ceux qui le maltraitaient. Et nous, regardons-nous avec amour ceux qui nous offensent? Et cet amour est-il assez grand pour que ces personnes soient attirées à se convertir à Jésus? Mon Jésus, Amour sans limite, donne-moi ton Amour afin que chacune de mes peines rapproche des âmes de toi.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 5h à 6h :
L'emprisonnement de Jésus

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon Jésus, doux Prisonnier, je me suis réveillée et je ne te trouve pas. J'ai le coeur qui bat fort. Je brûle du désir d'aimer. Dis-moi où tu es. Mon ange, amène-moi chez Caïphe... Mais je me promène partout, je fouille partout, et je ne trouve pas Jésus! Mon Amour, vite, amène-moi à toi, afin que je puisse me jeter dans tes Bras.

Et je découvre qu'ils t'ont mis en prison. Tandis que mon coeur exulte de joie de te retrouver, il est aussi blessé de douleur en voyant l'état dans lequel ils t'ont réduit: je te vois les Mains liées à une colonne, les Pieds serrés et liés, ton saint Visage gonflé et ensanglanté à cause des gifles et des coups reçus. Tes Yeux sont livides, tes Pupilles sont fatiguées et mélancoliques à cause de tout ce qu'on t'a fait subir et du manque de sommeil. Tes Cheveux sont en désordre, ta divine Personne a mal partout. Et tu ne peux pas t'aider et te nettoyer car tu es attaché. Et moi, en sanglots, je t'embrasse les Pieds et je te dis: «Comme tu es mal en point, mon Amour!» Et tu me réponds: «Viens, ô âme, sois attentive à tout ce que tu me vois faire pour le faire avec moi, afin que je puisse continuer ma Vie en toi.»

À ma stupeur, ô mon Jésus, je vois qu'au lieu de te préoccuper de tes Peines, tu penses avec un Amour indicible à glorifier le Père pour le dédommager de nos négligences envers lui, et tu appelles toutes les âmes autour de toi pour prendre tous leurs maux sur toi et leur donner tous tes Biens.

Comme nous sommes déjà au point du jour, il me semble entendre ta Voix infiniment douce dire: «Père saint, je te rends grâce pour tout ce que j'ai souffert et pour ce qu'il me reste encore à souffrir. Comme cette aube appelle le jour, que l'aube de ta Grâce se manifeste dans tous les coeurs. Que moi, le Soleil divin, je surgisse dans tous les coeurs et règne en tous. Tu vois, ô Père, toutes ces âmes; je réponds de toutes: de leurs pensées, leurs paroles, leurs oeuvres et leurs omissions, au coût de mon Sang et de ma Mort!»

Mon Jésus, Amour infini, je m'unis à ta Prière en te remerciant pour ce que tu m'as fait souffrir et pour ce qu'il me reste à souffrir à tes côtés, et je te prie de faire poindre dans tous les coeurs l'aube de ta Grâce. Mais je vois, mon doux Jésus, que tu répares pour les premières pensées, affections et paroles qui, au petit jour, ne te sont pas offertes; tu les appelles, puisqu'elles te sont dues, et tu répares pour donner au Père la Gloire qui lui est due.

Mon Jésus, Maître divin, puisqu'en cette prison nous avons une heure de libre et que nous sommes seuls, je veux faire non seulement ce que tu fais, mais je veux te nettoyer, t'arranger les Cheveux et me fondre en toi. Par conséquent, je m'approche de ta Tête infiniment sainte et, t'arrangeant les Cheveux, je veux réparer pour les intelligences dénaturées, qui n'ont pas une seule pensée pour toi. Et, me fondant dans ton Intelligence, je veux adorer toutes tes Pensées, pour en tirer assez de réparations pour toutes les pensées mauvaises des créatures, pour toutes les lumières et les inspirations qu'elles repoussent. Je voudrais que toutes les pensées des créatures ne fassent qu'un avec les tiennes, pour te donner une vraie réparation et une gloire parfaite.

Mon Jésus affligé, je baise tes Yeux mélancoliques et remplis de Larmes. Comme tes Mains sont liées à la colonne, tu ne peux ni te sécher, ni t'enlever les crachats avec lesquels t'ont souillé tes ennemis. Et comme la position dans laquelle ils t'ont lié est torturante, tu ne peux fermer tes Yeux fatigués pour prendre un peu de repos. Mon Amour, combien volontiers je voudrais te servir de lit avec mes bras pour te donner du repos! Je veux essuyer tes Yeux, te demander pardon, et réparer pour les nombreuses fois que nous n'avons pas eu l'intention de te plaire et de te regarder pour voir ce que tu voulais de nous, ce que nous devions faire, et où tu voulais que nous allions. Et je veux fondre mes yeux et ceux de toutes les créatures en les tiens, pour pouvoir réparer par tes propres Yeux tout le mal que nous avons fait au moyen de notre vue.

Mon Jésus compatissant, je baise tes Oreilles infiniment saintes, fatiguées par les insultes de toute la nuit, et plus encore par l'écho des offenses de toutes les créatures. Je te demande pardon et je veux réparer pour toutes les fois que tu nous as appelés et que nous avons été sourds à ta Voix, ou que nous avons feint de ne pas t'entendre. Et toi, mon Bien si patient, tu as répété tes Appels, mais en vain. Je veux fondre mes oreilles et celles de toutes les créatures en les tiennes, pour faire une réparation continuelle et complète, et pour que les créatures écoutent tes divines Paroles et les mettent en pratique.

Mon Jésus plein d'Amour, je baise ton Visage infiniment saint, devenu livide à cause des gifles. Je te demande pardon et je répare pour toutes les fois que tu nous as appelés à être tes victimes de réparation, alors que nous, nous unissant à tes ennemis, nous t'avons giflé et craché dessus! Mon Jésus, je veux fondre mon visage en le tien, pour te restituer ta Beauté originale et te donner réparation entière pour tous les mépris que tes ennemis ont dirigé contre ta divine Majesté.

Mon Bien si attristé, je baise ta Bouche infiniment douce, endolorie à cause des coups de poing, et brûlée par l'Amour. Je veux, au moyen de ma langue et de celle de toutes les créatures unies à ta propre Langue, réparer toutes les conversations mauvaises des créatures. Je veux, mon Jésus assoiffé, unir toutes les voix des créatures à la tienne, pour étouffer les voix du péché et les changer en voix de louange et d'amour.

Mon Jésus enchaîné, je baise ton Cou chargé de lourdes chaînes et de cordes, lesquelles, encerclant ta Poitrine, tes Épaules et tes Bras, te tiennent serré contre la colonne. Tes Mains sont gonflées et noircies à cause de ces liens serrés et elles laissent couler du Sang. De grâce, permets-moi, ô Jésus lié, de te délier, et si tu aimes être lié, permets-moi de te lier avec les chaînes de l'amour qui, étant douces, allégeront tes Peines.

Et tandis que je te délie, je veux m'unir à toi pour réparer avec toi les attachements mauvais de tous et donner à tous les chaînes de l'Amour. Ainsi, nous emplirons les poitrines des créatures de ton Feu, dont je vois qu'il a tant de force que tu ne peux le contenir. Nous réparerons toutes les froideurs, tous les plaisirs illicites et l'amour du confort, pour donner à tous l'esprit de sacrifice et l'amour de la souffrance.

Je veux me fondre en tes Mains pour réparer les oeuvres mauvaises, les miennes et celles de tous, et le bien mal fait ou fait avec présomption, pour donner à tous le parfum de tes Oeuvres. Je veux me fondre en tes Pieds et, pour réparer, y enfermer tous les pas des créatures pour qu'elles cheminent à ta suite.

Ma douce Vie, permets que, me fondant en ton Coeur, j'y renferme toutes les affections, les sentiments et les désirs des créatures, pour les réparer avec toi. Et qu'à tous je donne tes Affections, tes Sentiments et tes Désirs, afin que plus personne ne t'offense.

Et maintenant j'entends un bruit de clefs. Ce sont tes ennemis qui viennent te prendre. Jésus, je tremble, je sens mon sang se glacer. Sous peu tu seras de nouveau entre leurs mains. Qu'adviendra-t-il de toi? Ah! il me semble entendre le bruit des clefs des saints tabernacles! Parfois ce sont des mains indignes qui viennent les ouvrir, et même pour te faire descendre dans des coeurs sacrilèges! Combien de fois te conduit-on dehors dans les rues, en procession ou pour donner le saint viatique, où tu rencontres des personnes qui te méprisent et t'outragent! Mon Jésus prisonnier, je veux me trouver dans toutes tes prisons d'Amour pour être spectatrice quand tes ministres te libèrent, pour te tenir compagnie et pour réparer les offenses que tu peux y recevoir!

Mon Jésus, alors que tes ennemis sont tout près, tu es en train de saluer le soleil levant, le dernier que tu verras en tes jours mortels. Et eux, te voyant tout majestueux et le Regard rempli d'Amour tandis qu'ils te détachent, te décochent au Visage des gifles si fortes qu'elles font rougir tes divines Joues.

Mon Amour, avant que tu ne quittes la prison, je te prie de me bénir, pour que je reçoive assez de force pour te suivre durant le reste de ta Passion.
Réflexions et pratiques

Jésus prisonnier, lié à une colonne et immobilisé, est souillé de crachats et de boue. Il cherche notre âme pour qu'elle lui tienne compagnie. Et nous, sommes-nous contents d'être seuls avec Jésus, ou bien préférons-nous la compagnie des créatures? Notre respiration et nos battements de coeur sont-ils toujours pour Jésus?

Pour que nous soyons semblables à lui, Jésus lie notre âme au moyen des aridités, des oppressions, des souffrances et d'autres mortifications. Et nous, sommes-nous contents de nous faire lier par Jésus dans la prison où son Amour nous place, c'est-à-dire l'obscurité, les oppressions, etc.?

Jésus est en prison. Avons-nous la force et la promptitude de nous emprisonner avec lui par amour pour lui? Jésus désire ardemment notre âme pour se sentir délié et soutenu dans la douloureuse position dans laquelle il se trouve. Et nous, désirons-nous ardemment que seul Jésus vienne nous tenir compagnie, qu'il nous délie des chaînes des passions et nous lie à son Coeur au moyen de chaînes plus fortes. Mettons-nous nos peines autour de Jésus souffrant pour éloigner de lui les crachats et la boue que les pécheurs lui envoient? Dans sa prison, Jésus prie. Notre prière est-elle constante avec lui et comme lui?

Mon Jésus enchaîné, tu t'es laissé emprisonner par Amour pour moi, je te prie d'emprisonner en toi mon intelligence, ma langue, mon coeur, tout moi-même, pour que je n'aie aucune liberté et que tu aies le contrôle absolu sur moi.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 6h à 7h :
Jésus ramené chez Caïphe, puis conduit chez Pilate

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon Jésus affligé, on t'a maintenant sorti de prison. Tu es si exténué que tu vacilles à chacun de tes Pas. Permets que je me tienne près de toi pour te soutenir quand tu seras sur le point de tomber. Je vois que les soldats te présentent de nouveau devant Caïphe. Et toi, ô mon Jésus, tu apparais parmi eux comme un soleil. Et malgré que tu sois défiguré, tu rayonnes de Lumière. Je m'aperçois que Caïphe jubile de te voir si mal en point. Et devant ta Lumière, il devient encore plus aveugle.

Dans sa fureur il recommence à t'interroger: «Donc, tu es le Fils de Dieu?» Et toi, mon Amour, avec majesté, mais de ton Accent habituel, doux et émouvant, tu réponds: «Oui, je suis le Fils de Dieu!» Bien qu'ils ressentent en eux toute la force de ces Paroles, ces hommes iniques étouffent en eux tout bon sentiment et crient d'une voix unanime: «Il est coupable de mort! Il est coupable de mort.»

Caïphe confirme la sentence de mort et t'envoie à Pilate. Et toi, mon Jésus condamné, tu acceptes cette sentence du Pontife inique avec Amour et résignation. Tu répares ainsi les péchés commis délibérément et avec malice, les péchés de ceux qui, au lieu de s'affliger du mal, jubilent et exultent du péché même, ce qui les conduit à la cécité et au rejet de toute Lumière et de toute Grâce. Ma Vie, tes Réparations et tes Prières font écho dans mon coeur: je veux réparer et prier avec toi.

Mon doux Amour, je vois qu'en te voyant condamné à mort par Caïphe, les soldats ont perdu toute pitié: ils t'ajoutent des cordes et des chaînes et te serrent si fort qu'ils t'enlèvent presque toute possibilité de mouvement. Et ils te poussent et te traînent pour te faire sortir du palais.

Des foules t'attendent, mais il n'y a personne pour te défendre. Et toi, mon Soleil divin, tu sors parmi eux pour les éclairer de ta Lumière. En faisant ces Pas, tu veux renfermer dans les tiens tous les pas des créatures. Tu pries et tu répares pour ceux qui font leurs pas pour agir dans le mal, pour se venger, pour tuer, pour trahir, pour voler, etc. Et pour empêcher tant de mal, tu pries, tu répares et tu t'offres au Père.

Ô Jésus, je vois qu'en descendant du palais de Caïphe tu rencontres celle qui est ton soleil, Marie, ta douce Maman. Vos Regards se rencontrent et, bien que vous soyez heureux de vous voir, des Douleurs particulières transpercent vos Coeurs: c'est pour toi la Douleur de voir ta Maman affligée, pâle et accablée par le deuil; et c'est sa Douleur de te voir, toi, Soleil divin, éclipsé par tant d'opprobres et tout couvert de Sang. Vous vivez aussi la douleur de ne pouvoir échanger ne serait-ce qu'une parole. Vos Coeurs, cependant, se communiquent tout, se fondant l'un dans l'autre. Mais vous cessez rapidement de vous regarder, car les soldats te poussent, ô mon Jésus. Et ainsi bousculé et traîné, tu arrives chez le gouverneur romain Pilate. Mon Jésus, je m'unis à ta Maman affligée pour te suivre, me fondant en toi avec elle. Et toi, me jetant un Regard d'Amour, tu me bénis!
Réflexions et pratiques

Jésus sort à la lumière du jour et on l'amène devant Caïphe. Là, avec fermeté, il confirme qu'il est le Fils de Dieu. Et nous, quand nous sortons, nous laissons-nous conduire par Jésus? Sommes-nous des témoins de la Vérité? Notre comportement est-il un exemple pour les autres? Nos pas conduisent-ils les âmes à Jésus?

Mon Jésus, Sainteté absolue, guide-moi, et fais en sorte que tout mon être, y compris mon comportement extérieur, manifeste en moi ta Vie divine.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 7h à 8h :
Jésus devant Pilate, puis devant Hérode

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon Bien enchaîné, tes ennemis unis aux prêtres te présentent à Pilate et, affectant la sainteté et la rectitude, restent à l'extérieur, dans l'atrium, pour ne pas être souillés, vu qu'ils doivent demain fêter la Pâque. Et toi, mon Amour, à travers leur malice, tu répares toutes les hypocrisies des gens d'Église. Et je veux réparer avec toi.

Mais tandis que tu te préoccupes de leur bien, eux, au contraire, commencent à t'accuser auprès du tribun, vomissant contre toi tout le venin qu'ils portent dans leur coeur. Mais, n'étant pas satisfait des accusations qu'ils portent contre toi et pour pouvoir mieux étayer son jugement, Pilate t'appelle à l'écart, et examine ta situation en privé. Il te demande: «Es-tu le roi des Juifs?» Et toi, mon vrai Roi Jésus, tu réponds: «Mon Règne n'est pas de ce monde; si mon Règne était de ce monde, mes ministres feraient tous leurs efforts pour que je ne sois pas remis au pouvoir des Juifs.»

Pilate, surpris et touché par la suavité et la dignité de tes Paroles, te dit: «Comment, tu es roi?» Et tu reprends: «Je le suis, et je suis venu dans le monde pour enseigner la Vérité.» Pilate te demande ce que c'est, la Vérité, mais il n'attend pas la réponse. Convaincu de ton innocence, il sort sur la terrasse et dit: «Moi, je ne trouve aucune faute en cet homme.» Les Juifs, enragés, t'accusent de beaucoup d'autres choses, et toi, tu te tais et ne te défends pas. Ainsi, tu répares les faiblesses des juges quand ils font face aux personnes violentes, et tu pries pour les innocents opprimés et abandonnés. Voyant la fureur de tes ennemis et pour se tirer une épine du pied, Pilate t'envoie chez Hérode.

Mon Roi divin, je veux participer à tes Prières et tes Réparations, et t'accompagner jusque chez Hérode. Je vois que, furieux, tes ennemis voudraient te dévorer. Ils te conduisent chez Hérode parmi les insultes et les moqueries. Hérode, content de te voir, te pose beaucoup de questions. Toi, tu ne réponds rien; tu ne le regardes même pas. Irrité parce que ses curiosités ne sont pas satisfaites, et en se sentant humilié par ton silence, il proclame devant tous que tu es un fou, et il ordonne que tu sois traité comme un fou. Ainsi il te fait revêtir d'un vêtement blanc et te met entre les mains des soldats, afin qu'ils te bafouent le plus possible. Mon innocent Jésus, personne ne trouve de faute en toi; seuls les Juifs en trouvent, parce que leur religiosité affectée empêche la Lumière de la Vérité de resplendir dans leur intelligence.

Mon Jésus, Sagesse infinie, quelles Souffrances t'amène le fait d'avoir été déclaré fou par Hérode! Les soldats t'abusent: ils te jettent par terre, te foulent aux pieds, te souillent de crachats, te bafouent, te battent à coups de bâton. Les peines, les humiliations et les opprobres que tu reçois sont tels et si nombreux que les anges pleurent et se couvrent le visage de leurs ailes pour ne pas te voir si brutalisé.

Moi aussi, ô mon doux Jésus, je veux t'appeler fou, mais fou d'Amour. Elle est si grande ta folie d'Amour, qu'au lieu de te froisser de tout ce qu'on te fait, tu pries et répares pour les rois qui établissent leur règne en ruinant des peuples, pour les nombreux massacres qu'ils font, pour le sang qu'ils font couler par caprice, pour leurs péchés de curiosité, pour les fautes commises dans les cours et dans les armées.

Mon Jésus, quel spectacle émouvant que de te voir prier et réparer avec mansuétude et fidélité au milieu de tant d'outrages! Tes Prières se répercutent dans mon coeur. Et maintenant, laisse-moi, ô Jésus, me tenir près de toi, prendre part à tes Peines et te consoler par mon amour. Et pour éloigner de toi tes ennemis et te réconforter, laisse-moi te prendre entre mes bras.

Ô mon Jésus, je baise ton Front infiniment saint; par toutes les Peines que tu subis, purifie mes pensées. Je baise tes Yeux étincelant de Lumière; que cette Lumière m'entoure et pénètre mes pensées, mes regards, mes paroles et mon coeur. Je baise tes Oreilles infiniment saintes; sanctifie mes oreilles.

Je baise ton doux et saint Visage; fais-moi m'éprendre de ta Beauté, moi et toutes les créatures, pour te dédommager de toutes les insultes et les moqueries que tu reçois au palais d'Hérode. Je baise ta sainte Bouche; donne-moi la Grâce de ne jamais dire des paroles qui pourraient offenser ta divine Personne; et je veux réparer toutes les offenses que te font les autres.

J'étends tes Bras divins et je te serre fort sur mon coeur, te priant de bien vouloir imprimer ton image dans mon intelligence, mon coeur, mes oeuvres, dans tout. Je baise ta Main droite; distribue tes Grâces efficaces pour la conversion des pécheurs, et donne à tous les fruits salutaires de tes Actes infiniment saints. Je baise ta Main gauche; imprime en moi tes Vertus et surtout ta Charité.

Je baise ton Pied gauche; donne-moi la connaissance de moi-même. Je baise ton Pied droit; donne-moi la Grâce d'obéir avec promptitude. Enfin, je baise ton Coeur infiniment pur; consume-moi dans les Flammes ardentes de ton Amour!

Mon doux Amour, je vois que ces sinistres individus ne te donnent aucun répit et qu'Hérode te renvoie à Pilate. Si ta première venue chez Pilate fut douloureuse, ta seconde l'est plus encore, parce que je vois que les Juifs sont plus enragés qu'avant, et que c'est à tout prix qu'ils ont résolu de te faire mourir. Par conséquent, avant que tu ne sortes du palais d'Hérode, je veux te serrer sur mon coeur pour te témoigner mon amour. Et toi, fortifie-moi par ton Baiser mystique et par ta Bénédiction; et je te suivrai jusque devant Pilate.
Réflexions et pratiques

Jésus, présenté à Pilate au milieu de tant d'insultes et de mépris, reste toujours doux. Il ne dédaigne personne et chez tous il cherche à faire resplendir la Lumière de la Vérité. Et nous, cherchons-nous à vaincre notre mauvaise humeur si quelqu'un ne nous témoigne pas d'amitié? Quand nous avons affaire aux créatures, cherchons-nous toujours à faire connaître Jésus et à faire resplendir pour elles la Lumière de sa Vérité? Ô Jésus, ma douce Vie, mets sur mes lèvres tes Paroles et fais que je parle toujours avec ta Langue.

Devant Hérode, Jésus se tait quand on l'habille comme un fou; et il souffre des Peines inouïes. Et nous, quand nous sommes calomniés, bafoués, insultés, raillés, pensons-nous que le Seigneur veut nous faire ressembler à lui? Dans nos peines, ou lorsque les autres nous méprisent, ou en tout ce que notre pauvre coeur peut ressentir, pensons-nous que c'est Jésus qui, par sa Touche divine, nous donne ces souffrances et nous transforme en lui-même? Et quand la souffrance recommence pour nous, pensons-nous que Jésus, nous visitant de nouveau, nous donne une autre étreinte pour pouvoir nous faire ressembler tout à fait à lui?

À l'exemple de Jésus, avons-nous la maîtrise de nous-mêmes? Au lieu de répliquer lors des contrariétés, savons-nous nous taire? Nous laissons-nous vaincre par la curiosité? Mon Amour et mon Tout, sois le seul à prendre la maîtrise de mon coeur, et tiens-le entre tes Mains, afin que dans mes rencontres, je puisse reproduire en moi ta grande Patience.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 8h à 9h :
Barabbas préféré à Jésus - La flagellation

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon Jésus tourmenté, mon pauvre coeur te suit au milieu de tes anxiétés et de tes peines. Te voyant vêtu comme un fou et sachant que tu es la Sagesse infinie qui donnes le discernement à tous, mon coeur tombe en délire et dit: «Comment! Jésus fou? Jésus malfaiteur?»

Mon Jésus, Sainteté sans pareille, te voilà de nouveau devant Pilate. Et lui, te voyant si mal en point, vêtu comme un fou, et constatant que tu n'as pas été condamné par Hérode, il est encore plus indigné contre les Juifs; il se convainc davantage de ton innocence et ne veut pas te condamner. Mais voulant toutefois donner quelque satisfaction aux Juifs pour apaiser leur haine et la soif ardente qu'ils ont de ton Sang, il te présente aux côtés de Barabbas. Mais les Juifs crient: «Nous ne voulons pas que Jésus soit libéré, mais Barabbas. Que Jésus de Nazareth soit crucifié!»

Ô comble de l'ingratitude humaine! Un peuple auquel tu a fait tant de bien te fait maintenant passer après un grand malfaiteur et te condamne au supplice de la croix! Ne sachant que faire pour les calmer, Pilate te condamne à la flagellation! Mon Jésus, mon coeur se brise en voyant qu'on a préféré une créature à ta divine Personne.

Tandis que les Juifs cherchent à te faire mourir dans l'ignominie, toi, tu penses à donner la vie à tous et il semble que tu dises: «Père Saint, regarde ton Fils vêtu comme un fou, qui répare la folie de tant de créatures quand elles tombent dans le péché! Que ce vêtement blanc soit devant toi pour la disculpation de beaucoup d'âmes qui revêtent le vêtement pitoyable de la faute. Vois, ô Père, la haine et la rage qu'ils ont contre moi leur font perdre la raison et les rendent assoiffées de mon Sang. Je veux réparer toutes les haines, les vengeances, les colères, les homicides, et, par mes Prières, obtenir pour tous la lumière de la raison et de la foi.

«Regarde-moi encore, ô mon Père: aurait-on pu me faire une plus grande insulte? Ils m'ont fait passer après un grand malfaiteur. Je veux ainsi réparer pour toutes les fois qu'on nous fait passer en second, après de vils intérêts, la vanité, les plaisirs, les attachements, les honneurs mondains, les ripailles. Les créatures nous font passer après toutes sortes de niaiseries. Et moi, je suis prêt à accepter qu'on me fasse passer après Barabbas pour réparer toutes ces fautes!»

Comme elles sont réelles et incessantes nos décisions de faire passer Dieu en second, même chez ceux qui aiment Jésus! Ah! cherchons cet amour pur et fort qui fait passer tous et tout après Jésus, même notre vie.

Ô Jésus, je me sens remplie d'admiration à la vue de ton Amour si sublime au milieu de tant de peines, de ton Héroïsme au milieu de tant d'insultes. Tes Paroles et tes Réparations, comme autant de flèches, blessent mon coeur et, dans ma souffrance, je veux m'associer à tes Prières et à tes Réparations. Pas même un seul instant je ne veux me détacher de toi; sinon beaucoup de choses m'échapperaient de ce que tu fais.

Et que vois-je? Les soldats te conduisent tout près d'une colonne pour te flageller. Mon Amour, je te suis. Et toi, de ton Regard d'Amour, regarde-moi et donne-moi la force d'assister à cet atroce supplice!

Mon Jésus infiniment pur, tu es déjà tout près de la colonne et les soldats déchaînés te délient pour t'attacher à cette colonne. Mais cela ne suffit pas, ils te dépouillent de tes vêtements pour que le supplice de ton Corps infiniment saint soit plus cruel. Mon Amour et ma Vie, je me sens m'évanouir par la souffrance de te voir presque nu. Tu trembles de la tête aux pieds et ton Visage infiniment saint rougit par pudeur. Ta confusion et ton épuisement sont tels que, ne te tenant plus debout, tu es sur le point de t'écrouler par terre. Mais, dans le but de mieux te lier, et non pas pour t'aider, les soldats ne te laissent pas t'écrouler. Ils prennent les cordes et te lient les Bras si serrés qu'ils se gonflent immédiatement et que, de la pointe de tes Doigts, le Sang coule! Puis ils t'attachent à la colonne en faisant courir les cordes jusqu'à tes Pieds. Ils te lient si serré que tu ne peux faire aucun mouvement. Et ils font ainsi pour être plus libres de se déchaîner sur toi!

Mon Jésus, toi qui habilles toutes les choses créées, le soleil de lumière, le ciel d'étoiles, les plantes de feuilles, les oiseaux de plumes, te voilà dévêtu! Quelle effronterie! Et, plein d'Amour, tu me dit par la Lumière que transmettent tes Yeux: «Tais-toi, ô mon enfant. Il était nécessaire que je sois dépouillé afin de réparer pour beaucoup qui se dépouillent de toute pudeur, candeur et innocence, qui se dépouillent du bien et de ma Grâce, et se revêtent de laideur, vivant à la manière des brutes. Par la rougeur de ma Figure, je répare les malhonnêtetés, les mollesses et les plaisirs brutaux. Par conséquent, sois attentive à ce que je fais; prie et répare avec moi!»

Jésus torturé, ton Amour passe d'un excès à l'autre. Je vois que tes bourreaux prennent des fouets de corde et te battent sans pitié, à tel point que ton Corps infiniment saint devient tout livide. Comme ils poursuivent dans leur fureur, ton Sang précieux coule sur le sol. Mais cela ne leur suffit pas, deux autres bourreaux prennent la relève avec cette fois des chaînes de fer crochu. Aux premiers coups, tes Chairs, broyées et blessées, se déchirent davantage et tombent en lambeaux sur le sol, et tes Os se découvrent. Ton Sang coule à flots, tellement qu'il forme une flaque au pied de la colonne. Mon Jésus, mon Amour dépouillé, tandis que tu subis cette tempête indescriptible de coups, j'embrasse tes Pieds divins afin de pouvoir prendre part à tes Souffrances et d'être couverte de ton Sang précieux!

Ô Jésus, flagelle mon intelligence et mets en fuite toutes les pensées qui pourraient m'éloigner de toi. Flagelle mes yeux et, s'ils se tournent pour regarder les choses de la terre, fais en sorte qu'un coup de tes fouets les attire à n'admirer que toi. Le bruit de tes fouets parvient à mes oreilles, ô Jésus! Ô mon Roi bafoué, quand tu me verras écouter des choses qui me distraient de toi, fais en sorte qu'un coup de tes fouets me fasse écouter seulement ta divine Voix. Ô Jésus, flagelle mon visage et si un acte de complaisance naissait en moi, que les coups de tes fouets me détachent de la terre et me poussent à regarder seulement le Ciel. Ô Jésus, flagelle ma langue et mes lèvres, et si elles osaient prononcer des paroles qui ne soient pas d'amour, qui ne disent pas ta Gloire, fais en sorte que tes fouets me jettent du feu et des flammes pour me faire brûler d'amour.

Ô Jésus, flagelle mes mains afin que je ne fasse aucun mouvement et n'accomplisse aucune oeuvre qui ne soit marqués du sceau de ton Amour. Ô Jésus, que tes fouets frappent mes pieds, que je te prie de lier aux tiens, afin que je sois empêchée de faire des pas qui ne soient pas pour toi et qui n'attirent pas les autres à t'aimer. Ô Jésus, flagelle mon coeur avec ses tendances, ses affections et ses désirs, afin que chaque coup que je recevrai le blesse, et que ces coups fassent renaître en moi la vie de l'amour.

Mon Jésus, j'entends tes gémissements que n'entendent pas tes ennemis, car la tempête de leurs coups assourdit l'air environnant. Par ces gémissements, tu dis: «Vous tous qui m'aimez, venez apprendre l'héroïsme de l'Amour; venez noyer dans mon Sang la soif de vos passions, la soif de tant d'ambitions, de fumées, de plaisirs et de sensualités. Dans mon Sang, vous trouverez le remède à tous vos maux.

«Regarde-moi, Père, dans cette bourrasque de coups. Je suis blessé sur tout mon Corps, mais cela ne suffit pas. Je veux beaucoup de Plaies sur mon Corps pour préparer des chambres dans le Ciel de mon Humanité pour toutes les âmes, afin qu'elles trouvent en moi leur salut et qu'elles puissent ainsi passer au Ciel de ma Divinité. Mon Père, que chaque coup de ces fouets répare devant toi, à tour de rôle, les diverses sortes de péchés. Et que ces coups de fouet excusent ceux qui commettent le péché, qu'ils flagellent leurs passions, qu'ils leur parlent de mon Amour, tant et si bien qu'ils soient forcés de céder devant moi.»

Jésus, il est si grand l'Amour avec lequel tu souffres, que tu excites presque tes bourreaux à te battre davantage! Mon Jésus décharné, ton Amour m'écrase, me rend folle. Alors que ton Amour n'est pas fatigué, tes bourreaux, eux, sont épuisés et cessent leur terrible massacre. Ils coupent tes cordes et, presque mort, tu tombes dans la marre de ton propre Sang.

En voyant sur le sol les lambeaux de ta Chair, tu te sens mourir de douleur en y voyant les âmes réprouvées. Tu te meurs dans ton Sang, ô Jésus! Laisse-moi te prendre dans mes bras pour te restaurer au moins par mon amour. Je baise toutes tes Plaies, et par ces baisers j'enferme toutes les âmes en toi. Ainsi, aucune ne se perdra plus. Et toi, tu me bénis!
Réflexions et pratiques

Pendant cette heure, Jésus est dépouillé de ses vêtements et soumis à toutes sortes de coups. Et nous, sommes-nous dépouillés de tout? Jésus est lié à la colonne; et nous, nous laissons-nous lier à son Amour? Par son Regard tendre, Jésus nous appelle à le délier. Ne voyons-nous pas en ce Regard qu'il a aussi un reproche à nous faire: celui d'avoir contribué à le lier? Pour le soulager, nous devons d'abord nous départir de nos propres chaînes pour pouvoir ensuite enlever celles des autres.

Nos chaînes, bien souvent, ne sont rien d'autre que de petits attachements à notre volonté, à notre amour-propre vexé, à nos petites vanités qui, s'entrelaçant, lient douloureusement notre aimable Jésus. Parfois, pris d'Amour pour notre pauvre âme, Jésus veut lui-même nous enlever nos chaînes. Quand nous nous lamentons parce que nous ne voulons pas être liés à Jésus, nous le contraignons, chagriné, à se retirer.

À travers ses Souffrances, notre Jésus martyrisé répare nos péchés contre la modestie. Et nous, sommes-nous purs dans nos regards, nos paroles et nos affections, de sorte que nous n'ajoutions pas d'autres coups sur son Corps innocent? Sommes-nous toujours attachés à Jésus de sorte que nous nous trouvions prêts à le défendre quand les créatures le frappent par leurs offenses?

Mon Jésus enchaîné, que tes chaînes soient les miennes, de sorte que je te sente toujours en moi, et que tu me sentes toujours en toi.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 9h à 10h :
Le couronnement d'épines - La condamnation à mort

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon Jésus, Amour infini, plus je te regarde et plus je vois combien tu souffres. Tu es tout lacéré; il n'y a aucune partie saine en ton Corps. Les bourreaux sont furieux de voir que malgré tant de Souffrances, tu les regardes toujours avec Amour. Et ton Regard amoureux, formant un doux enchantement, recherche de nouvelles Souffrances. Tes bourreaux, non seulement parce qu'ils sont cruels, mais aussi forcés à leur insu par ton Amour, te mettent sur pied pour t'infliger de nouveaux tourments. Mais toi, à bout de forces, tu tombes de nouveau dans ton Sang. Et c'est à coups de pied et en te poussant que les bourreaux, irrités, te font parvenir au lieu où ils te couronneront d'épines. Mon Amour, si tu ne me soutiens pas de ton Regard, je ne pourrai pas continuer à te voir ainsi torturé.

Je sens des frissons dans mes os, j'ai le coeur qui bat, je me sens mourir: «Jésus, Jésus, aide-moi!» Et toi, tu sembles me dire: «Mon enfant, courage, ne perds rien de ce que je souffre, sois attentive à mes Enseignements. Je dois refaire l'homme en toutes choses. Ses fautes l'ont couronné d'opprobres et de confusion, si bien qu'il ne peut paraître devant ma Majesté; ses fautes l'ont déshonoré en lui faisant perdre tout droit aux honneurs et à la gloire. Par conséquent, je veux être couronné d'épines pour remettre sa couronne sur son front et lui restituer tous ses droits, son honneur et sa gloire. Mes épines seront devant mon Père réparations et disculpation pour ses nombreux péchés dans ses pensées, surtout pour son orgueil. Mes épines seront des sources de Lumière pour chaque intelligence créée, des voix de supplication pour qu'elles ne m'offensent plus. Toi, unis-toi à moi, prie et répare avec moi.»

Poursuivant dans leurs cruautés, tes ennemis te font asseoir, déposent sur toi une guenille de pourpre, prennent une couronne d'épines qu'ils viennent de fabriquer et, avec une furie infernale, la placent sur ta Tête adorable. Puis, à coups de bâton, ils te font pénétrer les épines dans la Tête. Les épines parviennent à tes Yeux et à tes Oreilles, pénètrent ton Crâne jusque derrière ta Nuque. Mon Amour, quel supplice, quelles souffrances incommensurables! Combien de morts cruelles ne subis-tu pas! Le Sang coule sur ton Visage: on ne voit que du Sang. Mais sous ces épines et ce Sang, on voit ton Visage infiniment saint rayonnant la Douceur, la Paix et l'Amour.

Poursuivant avec leurs moqueries, tes bourreaux te mettent un roseau à la Main en guise de sceptre et commencent leurs sarcasmes. Ils te saluent comme Roi des Juifs, battant ta couronne et te giflant. Et toi, tu te tais et répares les ambitions de ceux qui aspirent à régner, qui recherchent les dignités, qui, se trouvant en autorité et ne se comportant pas bien, causent la ruine des peuples et des âmes sur lesquelles ils ont autorité! Au moyen de ce roseau que tu tiens dans ta Main, doux Jésus, tu répares beaucoup d'oeuvres, peut-être bonnes en soi, mais vides d'esprit intérieur et faites même dans des intentions mauvaises. Par les insultes et les moqueries que tu subis, tu répares pour ceux qui profanent et ridiculisent les choses saintes.

Mon Roi Jésus, tes ennemis continuent leurs insultes. Il y a tellement de Sang qui coule de ta Tête qu'il en parvient jusque dans ta Bouche, t'empêchant de me faire entendre clairement ta Voix. Jésus, je veux mettre ma tête sous ces épines, afin de ressentir leurs piqûres. Ô Jésus, comme il est bon d'être avec toi, même au milieu de mille tourments!

Et tu sembles me dire: «Mon enfant, ces épines disent que je veux être Roi de chaque coeur, que c'est à moi que revient toute domination. Toi, prends ces épines et pique-toi le coeur, fais-en sortir tout ce qui ne m'appartient pas, et laisse une épine dans ton coeur comme rappel que c'est moi ton Roi, pour empêcher que quelque chose d'autre y entre. Va chez tous les coeurs et, en les piquant, fais-en sortir toute fumée d'orgueil, toute pourriture, et constitue-moi Roi de tous.»

Ô mon Amour, je te prie de me piquer les oreilles de tes épines, afin qu'elles puissent n'entendre que ta Voix; mes yeux pour qu'ils ne regardent que toi; ma bouche pour que ma langue reste muette par rapport à tout ce qui pourrait t'offenser et libre pour te louer et te bénir en toutes choses. Ô mon Roi, entoure-moi d'épines, et que ces épines me gardent toute attentive à toi.

Jésus, je veux essuyer ton Sang et le baiser, car je vois que tes ennemis te conduisent à Pilate, qui va te condamner à mort! Mon Amour, aide-moi à continuer de t'accompagner sur ton chemin douloureux. Mon coeur, qui a été blessé par ton Amour et transpercé par tes épines, ne peut vivre sans toi.

Et te voilà maintenant devant Pilate. Quel spectacle émouvant! Les Cieux sont saisis d'horreur et l'enfer tremble de peur et de rage! Ô ma Vie, je ne peux supporter de te voir dans un tel état, mais l'attirance de ton Amour m'amène à te regarder quand même, afin que je comprenne bien tes Souffrances. À travers mes larmes et mes soupirs d'amour, je te contemple.

Mon Jésus, tu es presque nu. Au lieu de tes vêtements, tu es revêtu de Sang. Tes Chairs sont déchirées, tes Os sont dénudés, et ton Visage infiniment saint est méconnaissable. Les épines enfoncées dans ta Tête t'arrivent jusqu'aux Yeux et au Visage. Ton Sang précieux s'écoule jusqu'à terre.

Mon Jésus, je ne te reconnais plus. Comme tu es mal en point! Tu es parvenu aux excès les plus profonds des humiliations et des tourments! Ah! je ne peux plus supporter cette vue si pénible. Je me sens mourir! Je voudrais te soustraire de la présence de Pilate pour t'enfermer dans mon coeur et te donner du repos. Je voudrais guérir tes Plaies par mon amour. Je voudrais inonder de ton Sang le monde entier pour atteindre toutes les âmes et te les amener comme tes conquêtes!

Ô patient Jésus, c'est avec difficulté qu'à travers les épines tu me regardes. Et tu me dis: «Mon enfant, viens entre mes Bras, appuie ta tête sur ma Poitrine, et tu percevras des Souffrances plus intenses et plus cruelles, car ce que tu vois à l'extérieur de mon Humanité n'est que l'écho de mes Peines intérieures. Prête attention aux Battements de mon Coeur et tu comprendras que je répare les injustices de ceux qui commandent, les oppressions qu'ils exercent sur les pauvres et les innocents, leur orgueil qui, pour obtenir des dignités, des fonctions ou la richesse, ne se gêne pas de désobéir aux lois élémentaires de leur conscience et d'écorcher leur prochain, fermant leurs yeux à la Lumière de la Vérité.

«Par ces épines, je veux briser leur orgueil, et par les trous qu'elles font dans ma Tête, je veux me frayer un chemin dans leur intelligence, pour tout y réorganiser selon la Lumière de la Vérité. En étant ainsi humilié devant ce juge injuste, je veux faire comprendre à tous que la seule vertu est celle qui rend l'homme maître de lui-même. Et j'enseigne à ceux qui commandent que la vertu unie au savoir honnête est la seule qui rend apte à gouverner et diriger les autres, tandis que les dignités sans la vertu sont des choses dangereuses et à déplorer. Mon enfant, fais écho à mes Réparations et continue à contempler mes Peines.»

Mon Amour, je vois que, te voyant si mal en point, Pilate frissonne et, impressionné, s'exclame: «Est-il possible qu'il y ait tant de cruauté dans des poitrines humaines? Ah! ce n'était pas ce que je voulais quand je l'ai condamné à être battu!» Et, voulant te libérer d'entre les mains de tes ennemis, tout humble et en détournant de toi son regard -- car il ne peut supporter la vue de ton horrible état --, il recommence à t'interroger: «Mais dis-moi, qu'as-tu fait? Ton peuple t'a remis entre mes mains: dis-moi, es-tu roi? Quel est ton royaume?»

Comme tu ne réponds pas à ses questions, Pilate ajoute: «Ne sais-tu pas qu'il est en mon pouvoir de te libérer ou de te condamner?» Alors, ô mon Amour, voulant faire resplendir dans l'intelligence de Pilate la Lumière de ta Vérité, tu réponds: «Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir s'il ne te venait d'en haut; cependant, ceux qui m'ont remis entre tes mains ont commis un péché plus grave que le tien.» Alors, ému par la douceur de ta Voix, Pilate décide, le coeur tourmenté, de te montrer au peuple à partir de sa loge, espérant que les Juifs seraient pris de compassion en te voyant si défiguré, et qu'il pourrait ainsi te libérer.

Mon Jésus attristé, c'est avec difficulté que tu marches, courbé sous cette horrible couronne d'épines. Ton Sang marque tes Pas. Et en arrivant dehors, tu vois la foule en tumulte qui, anxieuse, attend ta condamnation. Pilate impose le silence pour ramener tout le monde à l'attention et se faire entendre de tous. Il prend avec dégoût les deux lambeaux de la pourpre qui te couvre la Poitrine et les Épaules, la soulève, afin que tous voient le piteux état dans lequel tu te trouves. À voix haute il dit: « Ecce Homo! Regardez-le, il n'a plus l'apparence d'un homme. Observez ses Plaies, on ne le reconnaît plus. S'il a fait du mal, il a déjà souffert assez, même trop. Moi, je regrette de l'avoir fait tant souffrir, laissons-le donc libre!»

À ces paroles, il se fait un silence profond au Ciel, sur terre et en enfer! Puis, comme d'une seule voix, j'entends le cri de tous: «Crucifie-le, crucifie-le! Nous le voulons mort!» Jésus, mon Amour, laisse-moi te soutenir, car je vois que tu vacilles sous tant d'accablement. Jésus, ma Vie, je vois que tu trembles. Ce cri de condamnation à mort pénètre ton Coeur. Et dans ces voix tu perçois la Voix de ton cher Père qui dit: «Mon Fils, je te veux mort, et mort crucifié!» Tu entends aussi ta Maman qui, malgré qu'elle en soit navrée, fait écho à ton cher Père en disant: «Fils, je te veux mort!» Les anges, les saints, l'enfer, tous, d'une voix unanime, crient: «Crucifie-le, crucifie-le.» Si bien qu'il n'y a aucune âme qui vive qui ne te veuille mort. Et, à ma plus grande horreur, moi aussi je me sens contrainte par une force suprême à crier: «Crucifie-le!» Mon Jésus, pardonne à la misérable pécheresse que je suis de te vouloir mort! Je te prie de me faire mourir avec toi.

Et toi, ô mon Jésus torturé, il semble que, ému par ma souffrance, tu me dises: «Mon enfant, serre-toi sur mon Coeur et prends part à mes Peines et à mes Réparations. Le moment est solennel: ou bien c'est ma mort, ou bien c'est la mort de toutes les créatures. En ce moment, deux courants se déversent dans mon Coeur; dans l'un il y a les âmes qui, si elles me veulent mort, c'est parce qu'elles veulent trouver en moi la Vie; et ainsi, comme j'accepte la mort à leur place, elles sont libérées de la condamnation éternelle et les portes du Ciel s'ouvrent à elles. Dans l'autre courant, il y a les âmes qui me veulent mort par haine et pour la confirmation de leur condamnation; mon Coeur en est lacéré et ressent la mort de chacune et les peines mêmes de l'enfer où elles se dirigent! Ah! mon Coeur ne supporte pas ces Souffrances cruelles et me fait répéter: pourquoi tant de Sang versé en vain? pourquoi mes Peines seront-elles inutiles pour tant d'âmes? Mon enfant, soutiens-moi, je n'en peux plus, prends part à mes Peines. Que ta vie soit une offrande continuelle pour sauver les âmes, pour adoucir mes tortures!»

Mon Jésus, tes Peines sont les miennes. Et je veux participer à tes Réparations. Je vois qu'aux cris de la foule, Pilate est stupéfait. Il se hâte de dire: «Comment, dois-je crucifier votre Roi? Moi, je ne trouve pas de faute en lui pour le condamner.» Et les Juifs crient en assourdissant l'air: «Nous n'avons pas d'autre roi que César. Si tu ne le condamnes pas, tu n'es pas l'ami de César. Crucifie-le! Crucifie-le!» Pilate, ne sachant que faire et craignant d'être déposé, se fait apporter une bassine d'eau et, se lavant les mains, dit: «Moi, je suis innocent du Sang de ce juste.» Et il te livre à la crucifixion.

Mais les Juifs ajoutent: «Que son Sang retombe sur nous et sur nos enfants!» Et, te voyant condamné, ils font la fête, battent des mains, sifflent, hurlent. Et toi, ô Jésus, tu répares pour ceux qui se trouvent dans les hauts rangs de la société et qui, mus par une vaine crainte et pour ne pas perdre leur poste, désobéissent aux lois les plus sacrées, ne se préoccupant pas de la ruine de peuples entiers, favorisant les impies et condamnant les innocents.

Tu répares aussi pour ceux qui, après leur faute, incitent diaboliquement la Colère divine à les punir. Et tandis que tu répares tout cela, ton Coeur saigne à cause de la Souffrance de voir ton peuple choisi marqué de la malédiction du Ciel qu'il vient lui-même d'appeler, la scellant de ton Sang qu'ils ont appelé sur leur propre tête! Ah! ton Coeur s'évanouit. Laisse-moi te soutenir, partageant tes Réparations et tes Peines.

Mais ton Amour te pousse plus avant, et, impatient, tu cherches la croix! Ma Vie, je te suivrai, mais, pour l'instant, repose-toi dans mes bras. Après, nous nous rendrons ensemble au Calvaire. Reste en moi et bénis-moi.
Réflexions et pratiques

Jésus couronné d'épines est traité comme un roi de plaisanterie et soumis à des insultes et des Peines inouïes. Il répare ainsi nos péchés d'orgueil. Et nous, évitons-nous les pensées d'orgueil? Savons-nous attribuer à Dieu le bien que nous faisons? Savons-nous nous estimer inférieurs aux autres?

Savons-nous garder notre intelligence exempte de pensées frivoles? Souvent nous ne sommes pas réceptifs à la Grâce, parce que nous gardons notre intelligence occupée par des pensées frivoles. Et alors, comme notre intelligence n'est pas toute remplie de Dieu, le démon trouve la voie libre pour nous importuner; c'est un peu comme si c'était nous-mêmes qui fomentions nos tentations. Quand notre intelligence est remplie de Dieu, alors, ne trouvant pas en nous d'endroit où diriger ses tentations, le démon s'éloigne confus. Les pensées saintes ont tant de force contre le démon que, quand il veut s'approcher de nous, ces pensées, comme autant d'épées, le blessent et le font s'éloigner.

C'est donc à tort que nous nous lamentons quand notre intelligence est importunée par l'ennemi; c'est notre manque de vigilance qui l'incite à nous attaquer. C'est comme s'il espionnait notre intelligence pour y déceler des points faibles et monter à l'assaut. Alors, au lieu de soulager Jésus par nos saintes pensées et lui enlever ses épines, nous les lui pressons sur la Tête, et la Grâce ne peut présenter à notre intelligence de saintes inspirations.

Souvent nous faisons pire. Quand nous sentons le poids des tentations, au lieu de les présenter à Jésus pour les faire brûler au feu de son Amour, nous nous inquiétons, nous nous attristons, nous faisons des calculs, si bien que non seulement notre intelligence est occupée par les mauvaises pensées, mais encore notre être tout entier en est imprégné; et il faut presque un miracle de Jésus pour nous en libérer.

C'est comme si, à travers ses épines, Jésus nous regardait et nous disait: «Ah! mon enfant, c'est toi-même qui ne veux pas être proche de moi. Si seulement tu étais venu tout de suite à moi, je t'aurais aidé à te libérer des vexations de l'ennemi et tu ne m'aurais pas fait soupirer après toi. Je cherchais ta coopération pour me libérer d'épines, mais c'est en vain que je t'ai attendu, parce que tu étais occupé par le travail intense que ton ennemi t'avait donné. Oh! comme tu serais moins tenté si tout de suite tu venais dans mes Bras. Alors l'ennemi me craindrait moi-même, plutôt que toi, et c'est tout de suite qu'il te laisserait.» Mon Jésus, que tes épines enferment mes pensées dans ton Intelligence et empêchent l'ennemi de m'accabler de tentations. Quand Jésus se fait entendre dans notre intelligence et notre coeur, répondons-nous à ses Inspirations ou les oublions-nous rapidement?

Jésus est traité comme un roi de plaisanterie. Et nous, savons-nous respecter les choses saintes? Devant elles, savons-nous user de la révérence qui convient, comme si nous touchions à Jésus-Christ lui-même? Mon Jésus couronné d'épines, fais que je ressente tes épines, afin que par leurs piqûres je comprenne combien tu souffres et que je sache te considérer comme mon Roi.

Debout dans la loge de Pilate, Jésus est condamné à mort par ce peuple qu'il a tant aimé et auquel il a fait tant de bien. Pour nous donner la vie, Jésus accepte de mourir à notre place. Et nous, sommes-nous prêts à accepter quelques peines pour que Jésus ne soit pas offensé et souffre moins? Comme Jésus souffrit extrêmement dans son Humanité, nous, qui devons continuer sa Vie sur terre, nous devons, au moyen de nos peines, le payer de retour. Savons-nous compatir aux peines que Jésus souffre à la vue des nombreuses âmes qui sont arrachées à son Coeur?

Les Juifs veulent que Jésus meure crucifié comme un infâme, afin que son nom soit effacé de la face de la terre. Et nous, voulons-nous vraiment que Jésus vive sur la terre? Par nos actions, nos exemples et nos pas, nous devons répandre les empreintes divines dans le monde pour que Jésus soit connu de tous. Par notre agir, nous devons faire en sorte que notre vie soit un écho de sa Vie, et que cet écho se fasse entendre d'un bout à l'autre de la terre. Sommes-nous prêts à donner notre vie pour que notre bien-aimé Jésus soit dédommagé de toutes les offenses qui lui sont faites, ou bien imitons-nous les Juifs en criant avec eux: «Qu'il soit crucifié!»?

Mon Jésus condamné, je veux, par amour pour toi, partager ta condamnation. Et pour te consoler, je veux continuellement déverser mon amour en toi et te déverser dans le coeur de toutes les créatures pour communiquer ta Vie à tous.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 10h à 11h :
Jésus chargé de sa Croix et conduit au Calvaire
où on le dépouille de ses vêtements

Mon Jésus, Amour insatiable, je vois que tu ne te donnes pas un instant de répit. Je ressens tes Désirs ardents d'Amour. Ton Coeur bat fort et, à chaque Battement, je ressens tes éclatements et tes violences d'Amour. Ne pouvant contenir le feu qui te consume, tu te fatigues, tu gémis, tu soupires et, à chacun de tes gémissements, je t'entends dire: «Croix!» Chaque goutte de ton Sang proclame: «Croix!» Toutes tes Peines, dans lesquelles tu te noies comme dans une mer immense, répètent: «Croix!» Et tu t'exclames: «Ô Croix bien-aimée et si ardemment désirée, toi seule sauveras mes enfants. En toi je concentre tout mon Amour!»

Tes ennemis te font rentrer dans le prétoire et, voulant te faire endosser tes vêtements, t'enlèvent la pourpre dont tu es couvert. Mais quelle Souffrance! Il me serait plus facile de mourir que de te voir tant souffrir! Le vêtement s'accroche à ta couronne d'épines et ils ne peuvent l'enlever. Alors, avec une cruauté inhumaine, ils t'arrachent d'un seul coup et le vêtement et la couronne. Ce coup cruel brise plusieurs épines qui demeurent enfoncées dans ta Tête. Et ton Sang coule abondamment.

Tu gémis sous la douleur. Mais, ne se souciant pas de tes tortures, tes ennemis t'enfilent ton vêtement, et de nouveau te remettent la couronne. Et comme ils la pressent fortement sur ta Tête, les épines te parviennent jusqu'aux Yeux et aux Oreilles; si bien qu'il n'y a aucune partie de ta Tête infiniment sainte qui n'en ressente les douleurs. Ta Souffrance est si grande que tu vacilles, trembles de la tête aux pieds et que tu es sur le point de mourir. Et de tes Yeux languissants et pleins de Sang, c'est avec difficulté que tu me regardes pour me demander de l'aide dans cette détresse extrême.

Mon Jésus, Roi des Douleurs, laisse-moi te soutenir et te serrer sur mon coeur. Je voudrais prendre le feu qui te dévore pour réduire en cendres tes ennemis et te mettre à l'abri. Mais toi, tu ne veux pas, parce que tes Désirs de la Croix se font plus ardents, et que tu veux t'immoler sur elle immédiatement pour tous, même pour tes ennemis!

Mais tandis que je me serre sur ton Coeur et que toi tu te serres sur le mien, tu me dis: «Mon enfant, laisse-moi donner libre cours à mon Amour et, avec moi, répare pour ceux qui, tout en faisant le bien, me déshonorent. Ces Juifs me font reprendre mes vêtements pour me déconsidérer davantage devant le peuple, afin de le convaincre que je suis un malfaiteur. Apparemment, l'action de me vêtir est bonne mais, dans leur coeur, elle est mauvaise. Combien de gens font de bonnes oeuvres, administrent les sacrements ou les fréquentent, mais à des fins humaines, sinon carrément mauvaises.

«Le bien, quand il est mal fait, porte à la dureté. Je veux être couronné une deuxième fois, avec des Souffrances plus cruelles qu'à la première, pour briser cette dureté, et pour ainsi attirer les hommes à moi. Ah! mon enfant, ce deuxième couronnement m'est bien plus douloureux que le premier; je sens ma Tête comme si elle nageait dans les épines. Et à chaque mouvement que je fais ou à chaque choc qu'on me donne, ce sont autant de morts cruelles que je vis. Je répare ainsi pour ceux qui, au lieu de penser à leur propre sanctification, se dissipent et rejettent ma Grâce, tandis que moi, je gémis et désire ardemment leur salut. Ah! je fais tout pour aimer les créatures et celles-ci font tout pour m'offenser! Toi au moins, ne me laisse pas seul dans mes Peines et dans mes Réparations!»

Mon Bien torturé, avec toi je répare, avec toi je souffre. Là je vois que tes ennemis te font tomber dans un escalier. Et après, fiévreusement, ils te font arriver à la Croix, toute prête, qu'avec de si ardents Désirs tu cherches. C'est avec Amour que tu la regardes et que, d'un Pas assuré, tu t'approches pour t'en emparer. Mais d'abord, tu lui donnes un Baiser. Et tandis que ton Humanité infiniment sainte frissonne de joie, tu la regardes et en mesures la longueur et la largeur. Tu en établis une portion pour chaque créature. Tu en dotes suffisamment pour chacune, afin de la lier à la Divinité par le lien du mariage et pour la rendre héritière du Royaume des Cieux. Puis, ne pouvant contenir l'Amour avec lequel tu nous aimes, tu recommences à lui donner des Baisers et tu lui dis:

«Croix adorée, enfin je t'embrasse. Tu es le Désir ardent de mon Coeur, le martyre de mon Amour. Tu as tardé jusqu'à maintenant, tandis que c'était toujours vers toi que mes Pas se dirigeaient. Sainte Croix, c'est toi le but de mon existence ici-bas. En toi je concentre tout mon être, en toi je place tous mes enfants. Tu seras leur vie, leur lumière, leur défense, leur gardien et leur force; tu les secourras en toutes choses et tu me les amèneras glorieux au Ciel.

«Ô Croix, chaire de Sagesse, toi seule enseigneras la vraie sainteté, toi seule formeras les héros, les athlètes, les martyrs, les saints. Belle Croix, c'est toi mon Trône. Et tandis que je dois quitter cette terre, toi, tu seras toujours à moi. Je te donne en dot toutes les âmes; garde-les-moi, sauve-les-moi. Je te les confie!»

Et, anxieux, tu te la fais placer sur tes Épaules infiniment saintes. Ah! mon Jésus, ta Croix est trop légère pour ton Amour. Mais à son poids s'ajoute celui de nos fautes, aussi lourd que toute la terre. Ô mon Bien, tu te sens écrasé sous le poids de tant de fautes; ton Âme frémit d'horreur à leur vue et elle ressent la peine de chacune. Ta Sainteté est secouée devant tant de laideur et, par conséquent, en recevant la Croix sur tes Épaules, tu vacilles, le souffle te manque, et de ton Humanité infiniment sainte coule une sueur mortelle.

Mon Amour, mon âme ne supporte pas de te laisser seul. Je veux partager avec toi le poids de ta Croix et, pour soulever le poids de nos fautes, je me serre contre tes Pieds; je veux te donner au nom de toutes les créatures de l'amour pour quiconque ne t'aime pas, des louanges pour quiconque te méprise, des bénédictions, des remerciements, de l'obéissance pour tous. Mon Jésus, pour toutes les offenses que tu recevras, je veux t'offrir ma personne pour réparer. Je veux faire les actes opposés aux offenses que les créatures te font, et te consoler par mes baisers et mes actes d'amour continuels.

Mais je sais fort bien que je suis trop misérable et que j'ai besoin de toi pour pouvoir réparer vraiment. Par conséquent, je m'unis à ton Humanité infiniment sainte. J'unis mes pensées aux tiennes pour réparer mes pensées mauvaises et celles de tous, j'unis mes yeux aux tiens pour réparer les regards mauvais, ma bouche à la tienne pour réparer les blasphèmes et les conversations mauvaises, mon coeur au tien pour réparer les tendances, les affections et les désirs mauvais. En un mot, je veux réparer tout ce que répare ton Humanité infiniment sainte en m'unissant à ton Amour infini et au bien immense que tu fais à tous.

Mais je ne suis pas encore contente; je veux m'unir à ta Divinité. Je veux perdre mon néant dans ta Divinité et, ainsi, je pourrai tout te donner. Je te donne ton Amour pour éponger tes amertumes, ton Coeur en réparation de nos froideurs, de nos manques de réciprocité, de nos ingratitudes et de notre manque d'amour. Je te donne tes Harmonies pour te dédommager des outrages que tu reçois par les blasphèmes. Je te donne ta Beauté pour te dédommager de la laideur de notre âme quand elle est souillée par le péché. Je te donne ta Pureté pour te dédommager de nos manques de droiture d'intention et de la boue qui couvre tant d'âmes. Je te donne ton Ardeur pour brûler tous les péchés et réchauffer tous les coeurs, afin que tous t'aiment, et que personne ne t'offense plus. En somme, je te donne tout ce que tu es pour te donner une satisfaction totale, un Amour éternel et infini.

Mon Jésus infiniment patient, tu fais tes premiers Pas sous le poids immense de la Croix, et moi j'unis mes pas aux tiens. Et quand, faible, saigné à blanc et vacillant, tu seras sur le point de tomber, je serai à ton côté pour te soutenir; je te prêterai mes épaules pour partager avec toi le poids de la Croix. Ne me dédaigne pas, mais accepte-moi comme ta fidèle compagne.

Ô Jésus, je vois que tu répares pour tous ceux qui ne portent pas avec résignation leur croix, qui jurent, s'irritent, se suicident ou font des meurtres. Tu implores pour tous la résignation à leur propre croix. Mais tu te sens écrasé sous ta Croix. Tu en es à tes premiers Pas avec elle, et déjà tu tombes sous son poids. Et, en tombant, tu heurtes des pierres, les épines s'enfoncent davantage dans ta Tête, et toutes tes Plaies s'aggravent et laissent couler du Sang neuf. Et comme tu n'as pas la force de te relever, tes ennemis, irrités, cherchent à te remettre sur pied par des coups de pied et des bousculades.

Mon Amour tombé sous la Croix, laisse-moi t'aider à te remettre sur pied. Je t'embrasse, j'essuie ton Sang et je veux réparer pour ceux qui pèchent par ignorance ou fragilité. Je te prie d'aider ces âmes.

Jésus, ma Vie, à travers des Souffrances inouïes, tes ennemis sont arrivés à te remettre sur pied, et tandis que tu marches en chancelant, j'entends ton Souffle haletant; ton Coeur bat plus fort et de nouvelles Peines te transpercent; tu secoues la Tête pour te débarrasser les Yeux du Sang qui les remplit, et, anxieux, tu regardes. Ah! mon Jésus, j'ai tout compris: c'est ta Maman qui, comme une colombe plaintive, cherche à te rencontrer. Elle veut te dire une dernière parole et recevoir un dernier Regard de toi. Tu la vois qui, pénétrant dans la foule, veut à tout prix te voir, t'embrasser et te faire un dernier adieu. Et tu ressens son Coeur lacéré: tu es affligé de voir sa pâleur mortelle et toutes tes Peines qui, en vertu de son Amour pour toi, sont reproduites en elle. Si elle vit, c'est un pur miracle de ton Omnipotence. Tu fais des pas pour la rencontrer, mais c'est à grand peine que vous pouvez échanger un Regard! Quels transpercements dans vos deux Coeurs!

Les soldats s'en aperçoivent et, par des bousculades, ils empêchent que la Maman et le Fils communiquent ensemble. Elles sont telles vos Souffrances réciproques que, pétrifiée de Douleur, ta Maman est sur le point de succomber. Le fidèle Jean et les saintes femmes la soutiennent, tandis que toi, de nouveau, tu tombes sous le poids de la Croix. Alors, ce que ta Maman ne peut faire au moyen de son Corps parce qu'on l'en empêche, elle le fait au moyen de son Âme: elle entre en toi, fait sien le Vouloir de l'Éternel et, s'associant à toutes tes Peines, elle te fait office de Maman, elle te donne des Baisers, te refait, te soulage, et verse en toutes tes Plaies le baume de son Amour endolori!

Mon Jésus accablé de Douleurs, je m'unis à ta Maman affligée. Je veux faire miennes toutes tes Peines et, dans chaque goutte de ton Sang et dans chacune de tes Plaies, je veux te servir de maman. Avec elle, et avec toi-même, je veux réparer pour ceux qui font des rencontres dangereuses, qui s'exposent aux occasions de péché.

Mon Jésus, étant tombé de nouveau sous la Croix, tu gémis. Les soldats craignent que tu meures avant le temps sous le poids de tant de Souffrances et par la perte de tant de Sang. Néanmoins, c'est à coups de fouet et à coups de pied qu'avec beaucoup de mal ils parviennent à te ramener sur tes pieds. Et toi tu répares les chutes répétées dans le péché, les fautes graves commises par les diverses classes de personnes, et tu pries pour la conversion des pécheurs obstinés.

Mon Amour, tandis que je t'accompagne dans tes Réparations, je vois que tu suffoques sous le poids énorme de la Croix. Tu trembles de partout. Les épines, à cause des chocs incessants que tu reçois, pénètrent de plus en plus dans ta Tête. La lourde Croix s'enfonce de plus en plus dans ton Épaule; elle y fait une Plaie si profonde qu'elle en découvre les Os. À chacun de tes Pas, il semble que tu meures, ce qui te met dans la quasi-impossibilité d'aller de l'avant. Mais ton Amour, qui peut tout, t'en donne la force. Et alors que la Croix pénètre dans ton Épaule, tu répares pour les péchés cachés. Mon Jésus, laisse-moi mettre mon épaule sous la Croix pour te soulager, et laisse-moi réparer avec toi les péchés secrets.

De crainte que tu ne meures sous la Croix, tes ennemis obligent le Cyrénéen à t'aider à la porter. Il le fait de mauvais gré, en maugréant. Ce n'est pas par amour qu'il t'aide, mais parce qu'on l'y oblige. Dans ton Coeur se répercutent toutes les lamentations de ceux qui manquent de résignation dans la souffrance, et tu répares leurs révoltes, leurs colères, et leur mépris de la souffrance. Mais tu es affligé bien davantage quand tu vois que tes âmes consacrées te fuient, celles que tu appelles comme compagnes et aides dans ta Souffrance. Si tu les serres sur toi avec douleur, elles se dégagent pour aller à la recherche des plaisirs. Et ainsi elles te laissent seul à souffrir!

Mon Jésus, tandis que je répare avec toi, je te prie de me serrer dans tes Bras. Fais-le si fortement qu'il n'y ait aucune Peine que tu souffres et à laquelle je ne prenne part, afin que je sois transformée par ces peines et que je te dédommage pour l'abandon des créatures.

Mon Jésus, c'est à grand peine que, tout courbé, tu avances. Mais je vois que tu t'arrêtes et cherches du Regard. Mon Coeur, qu'est-ce c'est? Que veux-tu? Ah! c'est Véronique qui, ne craignant rien, s'amène avec courage et essuie ton Visage tout couvert de Sang. Et toi, en signe d'approbation, tu laisses imprimée sur son linge ta sainte Figure. Mon généreux Jésus, moi aussi je veux essuyer ta sainte Figure. Non pas avec un linge, mais je veux m'offrir tout moi-même pour te soulager, je veux entrer dans ton for intérieur et te donner, ô Jésus, battement de coeur pour Battement de Coeur, souffle pour Souffle, affection pour Affection, désir pour Désir. J'entends me plonger dans ton Intelligence infiniment sainte et, faisant défiler dans l'immensité de ta Volonté tous ces Battements de Coeur, Souffles, Affections et Désirs, je veux les multiplier à l'infini.

Je veux, ô mon Jésus, former des vagues de battements de coeur, afin qu'aucun battement mauvais ne se répercute dans ton Coeur et qu'ainsi soient adoucies tes amertumes intérieures. Je veux former des vagues de saintes affections et de saints désirs pour éloigner de toi toute affection mauvaise et tout désir mauvais qui pourraient attrister ton Coeur. Je veux, ô mon Jésus, former des vagues de saintes pensées, pour éloigner de toi toute pensée qui pourrait te déplaire. Je serai très attentive, ô Jésus, afin que rien ne t'afflige davantage et n'ajoute à tes Peines intérieures. Ô Jésus, que tout mon for intérieur nage dans l'immensité du tien. Ainsi je pourrai y trouver assez d'Amour et de Volonté pour faire en sorte que n'entre en toi rien qui te déplaise.

Ô mon Jésus, je te prie de sceller mes pensées dans les tiennes, ma volonté dans la tienne, mes désirs dans les tiens, mes affections dans les tiennes, mes sentiments dans les tiens, afin qu'une fois scellés, ils ne trouvent vie qu'en toi. Je te prie encore, ô mon Jésus, d'accepter mon pauvre corps que je veux réduire en pièces par amour pour toi, le réduire en parcelles extrêmement petites, pour les déposer sur chacune de tes Plaies.

Sur cette Plaie reliée aux nombreux blasphèmes des créatures, je mets, ô Jésus, une parcelle de mon corps pour qu'elle te dise toujours: «Je te bénis!» Sur cette Plaie reliée aux ingratitudes humaines, je mets une parcelle de mon corps pour te témoigner ma gratitude. Sur cette Plaie qui te fait tant souffrir à cause des froideurs et du manque d'amour de mes frères et soeurs humains, je mets beaucoup de parcelles de ma chair, pour qu'elles te disent toujours: «Je t'aime, je t'aime, je t'aime!» Sur cette Plaie reliée aux nombreuses irrévérences envers ta Personne infiniment sainte, je mets une parcelle de moi-même, pour qu'elle te dise toujours: «Je t'adore, je t'adore, je t'adore!»

Ô mon Jésus, c'est en toutes tes Plaies que je veux me diffuser. En tes Plaies envenimées par les nombreuses incrédulités, je veux que des parcelles de mon corps te disent toujours: «Je crois, je crois en toi, ô mon Jésus, ô mon Dieu, et en ta sainte Église, et je suis prête à donner ma vie pour témoigner de ma Foi!» Ô mon Jésus, je me plonge dans l'immensité de ta Volonté et, en la faisant mienne, je veux enfermer l'âme de chaque créature dans la puissance de ta Volonté infiniment sainte.

Ô Jésus, il me reste encore mon sang que je veux verser comme un baume guérissant sur tes Plaies, pour te soulager et te guérir complètement. Je veux encore, ô Jésus, faire défiler mes pensées dans le coeur des pécheurs, pour les gronder continuellement, afin qu'ils n'osent plus t'offenser. Et, par ton propre Sang, fais en sorte que tous cèdent devant mes humbles prières. Ainsi je pourrai les amener tous à ton Coeur!

Il y a une autre Grâce, ô mon Jésus, que je te demande: c'est qu'en tout ce que je vois, touche et sens, ce soit toujours toi que je vois, touche et sente; et que ton Image et ton Nom infiniment saints soient gravés dans chaque parcelle de mon être.

Voyant d'un mauvais oeil le geste de Véronique, tes ennemis te fouettent, te poussent et te remettent en marche. Mais quelques Pas plus loin, tu t'arrêtes encore. Même sous le poids de tant de Peines, ton Amour ne cesse pas d'être actif: voyant les saintes femmes qui pleurent à cause de tes Peines, tu t'oublies toi-même et les consoles en leur disant: «Filles, ne pleurez pas sur mes Peines, mais sur vos péchés et sur vos enfants.» Quel Enseignement sublime tu nous donnes, ô Jésus! Comme elle est douce, ta Parole! Mon Jésus, avec toi je répare les manques de charité, et je te demande la Grâce de m'oublier moi-même, pour que je ne me rappelle que de toi.

Mais, t'entendant parler, tes ennemis entrent en fureur, ils te tirent avec les cordes, te poussent avec tant de rage qu'ils te font tomber. Et, en tombant, tu heurtes des pierres. Le poids de la Croix t'écrase et tu te sens mourir! Laisse-moi te soutenir et protéger de mes mains ton Visage infiniment saint. Je vois que tu touches le sol et suffoques dans ton Sang. Voulant te remettre sur pied, tes ennemis te tirent avec les cordes et par les Cheveux et te donnent des coups de pied, mais tout cela en vain. Tu meurs, mon Jésus! Quelle peine! Mon coeur se brise de douleur!

C'est presque en te traînant qu'ils te conduisent au Calvaire. Tandis qu'ils te traînent, je sens que tu répares toutes les offenses des âmes consacrées qui te sont d'un grand poids, de sorte que tous tes efforts pour te relever sont inutiles! Et c'est ainsi que, traîné et foulé aux pieds, tu parviens au Calvaire, laissant sur ton passage une trace rouge de ton Sang précieux.

Mais ici, de nouvelles Souffrances t'attendent. De nouveau, les soldats t'arrachent tes vêtements et ta couronne d'épines. Ah! tu gémis en te sentant arracher les épines de la Tête. Et tandis qu'ils t'arrachent tes vêtements, ils arrachent aussi les Chairs lacérées qui y sont collées. Tes Plaies se déchirent, et c'est à ruisseaux que ton Sang coule. Elle est si grande ta Souffrance que, presque mort, tu t'écroules.

Mais personne n'a pitié de toi, ô mon Bien! Au contraire, dans une fureur bestiale, ils te remettent la couronne d'épines en la frappant fortement. À cause de toutes tes lacérations et du coup sec qu'ils donnent à tes Cheveux amassés dans le Sang coagulé, ta torture est extrême. Seuls les anges pourraient dire ce que tu souffres, tandis que, horrifiés, ils détournent leurs regards et pleurent.

Mon Jésus dépouillé, permets-moi de te serrer sur mon coeur pour te réchauffer, car je vois que tu trembles et qu'une sueur glacée de mort envahit ton Humanité. Comme je voudrais te donner ma vie et tout mon sang pour remplacer le tien, que tu as répandu pour me donner la vie.

Comme s'il me regardait de ses Yeux moribonds, Jésus semble me dire: «Mon enfant, combien me coûtent les âmes! C'est ici le lieu où je les attends toutes pour les sauver, où je veux réparer les péchés de ceux qui vont jusqu'à se dégrader au-dessous des bêtes et qui s'obstinent tellement à m'offenser qu'ils en viennent à ne plus pouvoir vivre sans pécher. Leur raison est devenue aveugle et ils pèchent comme des fous. Voilà pourquoi une troisième fois, on me couronne d'épines.

«Et par mon dépouillement, je répare pour ceux qui revêtent des vêtements indécents, pour les péchés contre la modestie, et pour ceux qui sont tellement liés aux richesses, aux honneurs et aux plaisirs, qu'ils s'en font des dieux. Ah! oui! chacune de ces offenses est une mort que je ressens, et si je ne meurs pas, c'est parce que la Volonté de mon Père Éternel le veut ainsi!»

Mon Bien dénudé, tandis qu'avec toi je répare, je te prie qu'au moyen de tes Mains infiniment saintes tu me dépouilles de tout et que tu ne permettes à aucune affection mauvaise d'entrer dans mon coeur. Veille sur lui, entoure-le de tes Peines, remplis-le de ton Amour. Que ma vie ne soit rien d'autre que la répétition de la tienne. Confirme par ta bénédiction mon dépouillement et donne-moi la force d'assister à ta douloureuse Crucifixion. Que je sois crucifiée avec toi!
Réflexions et pratiques

Jésus porte sa Croix. Son Amour pour la Croix, son Désir anxieux de mourir sur elle pour sauver les âmes, sont immenses! Et nous, comme Jésus, aimons-nous la souffrance? Pouvons-nous dire que nos sentiments font écho à ses Sentiments divins, et que nous aussi, nous désirons notre croix?

Quand nous souffrons, avons-nous l'intention de nous faire les compagnons de Jésus pour alléger sa Croix? Comment l'accompagnons-nous? Et dans les insultes qu'il reçoit, sommes-nous toujours prêts à lui donner nos petites souffrances en soulagement des siennes?

Quand nous agissons, quand nous prions et quand, sous le poids de peines intérieures, nous ressentons de la difficulté dans nos souffrances, savons-nous les présenter à Jésus, afin que, comme un voile essuyant ses Sueurs et son Sang, elle le fortifie?

Ô mon Jésus, appelle-moi toujours près de toi, et sois toujours près de moi, pour que je te réconforte toujours au moyen de mes souffrances.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 11h à midi :
La Crucifixion

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Jésus, mon Amour; fatigués, mais non rassasiés de te tourmenter, tes ennemis te dépouillent de tes vêtements pour te crucifier. Ton Corps infiniment saint est si lacéré que tu as l'air d'un agneau écorché. Je vois que tu trembles de tous tes Membres. Mon coeur se serre de te voir saigner de toutes les parties de ton Corps!

Mais, ô indicible Souffrance, en t'enlevant tes vêtements, ils t'ont arraché une autre fois ta couronne d'épines. Puis, pour la troisième fois, ils te l'ont enfoncée sur la Tête, te faisant éprouver des Souffrances inouïes, ajoutant aux Blessures précédentes d'autres encore plus douloureuses. Ah! mon Jésus, lors de ce troisième couronnement d'épines, tu répares la perfidie de l'homme et son obstination dans le péché!

Mon Jésus, si l'Amour ne t'avait pas soutenu, tu serais certainement mort à cause de l'âpreté de la Souffrance que tu as endurée lors de ce troisième couronnement d'épines. Mais je vois que tu ne peux plus résister à la Souffrance et, les Yeux couverts de Sang, tu regardes pour voir s'il n'y aurait pas quelqu'un qui veuille te soutenir dans tant de Souffrances et de confusion.

Mon doux Bien, ma chère Vie, ici tu n'es pas seul comme la nuit dernière; il y a ta Maman affligée, qui, le Coeur transpercé par une intense Souffrance, subit autant de morts que tu souffres de Peines! Il y a aussi Marie Madeleine remplie d'amour et le fidèle Jean qui, à la vue de tes Peines, restent muets de douleur. Dis-moi, mon Amour, qui veux-tu pour te soutenir dans tant de Souffrances? De grâce, permets que je vienne, moi qui, plus que tous, ressens le besoin d'être près de toi en ces moments. Ta chère Maman et les autres me cèdent la place.

Et voilà, ô Jésus, que je m'approche de toi. Je t'embrasse et je te prie d'appuyer ta Tête sur mon épaule et de me faire ressentir les Blessures de tes épines en réparation de toutes les offenses commises dans les pensées des créatures. Mon Amour, de grâce, serre-moi sur toi; je veux baiser, une par une, les gouttes de Sang qui coulent sur ton saint Visage. Que chacune de ces gouttes soit une lumière pour chaque intelligence créée, afin qu'aucune ne t'offense par des pensées mauvaises.

Entre temps, mon Jésus, tu regardes la Croix que tes ennemis sont en train de te préparer. Tu entends les coups de marteau par lesquels ils font les trous pour enfoncer les clous qui te tiendront crucifié. Et ton Coeur bat très fort, tressaillant d'Ivresse divine. Il désire ardemment que tu t'étendes sur ce lit de douleur, pour sceller de ta mort le salut de nos âmes. Et je t'entends dire: «De grâce, ô Croix, reçois-moi vite dans tes Bras. Je suis impatient d'attendre! Sainte Croix, c'est sur toi que je viens tout accomplir. Vite, Croix, réalise le Désir ardent qui me consume de donner la vie aux âmes. Ne tarde pas, c'est avec anxiété que j'attends de m'étendre sur toi pour ouvrir le Ciel à tous mes enfants. Ô Croix, il est vrai que tu es mon martyre mais, sous peu, tu seras aussi ma victoire et mon triomphe le plus complet. Et c'est par toi que je donnerai de copieux héritages, victoires, triomphes et couronnes à mes enfants.»

Et tandis que Jésus parle ainsi, ses bourreaux lui ordonnent de s'étendre sur la Croix. Il leur obéit promptement, réparant ainsi nos désobéissances. Mon Amour, avant que tu t'étendes sur la Croix, permets-moi de te serrer plus fort sur mon coeur et de baiser tes Blessures sanglantes. Écoute, ô Jésus, je ne veux pas te laisser; avec toi je veux m'étendre sur la Croix et rester avec toi.

L'amour vrai ne supporte pas la séparation. Pardonne la hardiesse de mon amour et concède-moi de rester crucifiée avec toi. Et tu vois, mon tendre Amour, que je ne suis pas la seule qui te demande cela; il y a aussi ta Maman affligée, de même que l'inséparable Marie Madeleine et le bien-aimé Jean. Tous, nous te disons qu'il sera plus supportable de rester cloués avec toi sur ta Croix que de te voir crucifié seul! Par conséquent, avec toi je m'offre au Père Éternel, identifiée avec ta Volonté, avec ton Coeur, avec tes Réparations et avec toutes tes Souffrances.

Ah! Il semble que mon adorable Jésus me dise: «Mon enfant, tu as devancé mon Amour. Voici ma Volonté: que tous ceux qui m'aiment soient crucifiés avec moi. Ah! viens donc t'étendre avec moi sur la Croix et je te donnerai la vie par ma Vie. Tu seras la bien-aimée de mon Coeur!»

Et voici, mon doux Bien, que tu t'étends sur la Croix. Tu regardes avec Amour et Douceur tes bourreaux qui ont à la main les clous et les marteaux pour te clouer. Et tu leur fais une douce invitation pour réclamer ta Crucifixion. Avec une férocité inhumaine, ils te prennent la Main droite, fixent le clou sur la paume, et à coups de marteau l'enfoncent dans ta sainte Main, faisant sortir ce clou du côté opposé de la Croix. Elle est si grande ta Douleur que tu en trembles. La Lumière de tes beaux Yeux s'éclipse et ton Visage infiniment saint pâlit et a l'air de celui d'un mort.

Sainte Main droite de mon Jésus, je te donne un baiser, je compatis avec toi, je t'adore, et je te remercie pour moi et pour tous. Je te demande autant d'âmes que tu reçois de coups, pour que tu les libères de la condamnation éternelle. Je te prie de laver dans ton Sang infiniment précieux autant d'âmes que tu verses de gouttes de Sang. Ô mon Jésus, en raison de la Douleur cruelle que tu souffres, je te prie d'ouvrir le Ciel à tous et de bénir toutes les créatures. Que ta bénédiction appelle à la conversion tous les pécheurs et à la Lumière de la foi tous les hérétiques et les infidèles.

Ô Jésus, ma douce Vie, ton tourment ne fait que commencer. Maintenant que tes bourreaux ont fini de te clouer la Main droite, voici qu'avec une cruauté inouïe ils prennent ta Main gauche et la tirent si violemment pour la faire parvenir au trou déjà foré que les articulations de tes Bras et de tes Épaules en sont disloquées et, à cause de la force de cette Douleur, même tes Jambes deviennent raides et convulsives. Puis, avec férocité, comme pour ta Main droite, ils la clouent sur la Croix.

Ô Main gauche de mon Jésus, je te donne un baiser, je compatis avec toi, je t'adore, je te remercie et je te prie, en raison des coups que tu reçois et des cruelles Douleurs que tu subis, de permettre en ce moment aux âmes du purgatoire d'être libérées. Oui, ô Jésus, en raison du Sang que tu verses de cette Main, je te prie d'éteindre les flammes qui brûlent ces âmes. Que ce Sang les rafraîchisse et les soulage, et leur soit un bain salutaire pour les purifier de toute tache et les disposer à la vision béatifique.

Mon Amour et mon Tout, en raison de cette Douleur cuisante, je te prie de fermer l'enfer à toutes les âmes et de retenir les foudres de la Justice divine irritée par nos fautes! Fais en sorte, ô Jésus, que cette Justice divine se calme, qu'elle ne fasse pas pleuvoir les fléaux divins sur notre terre, et que s'ouvrent les trésors de la Miséricorde divine au profit de tous. Mon Jésus, entre tes Bras, je place le monde et toutes les générations humaines, et je te prie, ô mon doux Amour, par ton Sang versé, de ne refuser le pardon à personne et d'accorder à chacun le salut de son âme. N'exclus personne, ô Jésus!

Mon Amour, Jésus, tes ennemis poursuivent dans leurs atrocités. Avec une férocité diabolique, ils prennent tes Pieds infiniment saints, contractés par la grande Douleur éprouvée lors du clouage des Mains, et ils les tirent tant qu'en sont disloqués tes Genoux, tes Côtes et tous les Os de ta Poitrine. Mon coeur ne résiste pas, mon cher Bien; je vois tes beaux Yeux éclipsés et voilés par le Sang. Tes Lèvres livides se contorsionnent, tes Joues se creusent, tes Dents s'entrechoquent, tandis que ta Poitrine halète. Oh! mon Amour, combien volontiers je prendrais ta place pour t'épargner tant de Souffrance! Je veux, sur tous tes Membres, te donner pour tous un baume, un baiser, un réconfort, une réparation.

Mon Jésus, ils te mettent un Pied sur l'autre et y enfoncent un clou sans pointe. Saints Pieds de mon Jésus, je vous donne un baiser, je vous adore, je vous remercie et je vous prie, en raison des Douleurs extrêmes que vous souffrez et du Sang que vous versez, de renfermer toutes les âmes dans vos Plaies infiniment saintes.

Ô Jésus, ne dédaigne personne! Que tes clous clouent nos puissances, pour qu'elles ne s'éloignent pas de toi; qu'ils clouent notre coeur, afin qu'il soit toujours fixé au tien; qu'ils clouent tous nos sentiments, afin qu'ils n'adhèrent à aucun goût qui ne vienne de toi. Ô mon Jésus crucifié, je te vois tout ensanglanté comme si tu avais nagé dans un bain de Sang, ce Sang qui réclame continuellement des âmes. Par la puissance de ce Sang, ô Jésus, je te demande qu'aucune âme ne s'enfuie de toi!

Ô Jésus, je m'approche de ton Coeur torturé. Je vois que tu n'en peux plus, mais l'Amour crie encore plus fort: «Souffrances, Souffrances, encore des Souffrances!» Mon Jésus, je t'embrasse, je compatis avec toi, je t'adore et je te remercie pour moi et pour tous. Jésus, je veux appuyer ma tête sur ton Coeur pour ressentir ce que tu souffres durant ta douloureuse Crucifixion. Ah! s'il n'avait pas déjà été décrété qu'une lance te transpercera le Coeur, les flammes de ton Amour se frayeraient un chemin et le feraient éclater!

Ces flammes appellent les âmes remplies d'amour à établir leur demeure dans ton Coeur. Ô Jésus, par ton Sang infiniment précieux, je te demande la sainteté pour ces âmes. De grâce, ne les laisse jamais quitter ton Coeur. Multiplie les vocations des âmes victimes, pour qu'elles continuent ta Vie sur la terre. Ô Jésus, que les flammes de ton Coeur me brûlent et me consument, que ton Sang m'embellisse, que ton Amour me tienne toujours clouée à la Croix pour la souffrance et la réparation.

Ô mon Jésus, après t'avoir cloué les Mains et les Pieds, les bourreaux retournent la Croix pour river les clous, contraignant ainsi ton adorable Visage à toucher le sol. Et toi, tu donnes un Baiser à ce sol ensanglanté de ton Sang. Par ce Baiser, tu baises toutes les âmes et les lies à ton Amour, scellant leur salut. Ô Jésus, laisse-moi prendre ta place, et tandis que les bourreaux rivent les clous, fais en sorte que ces coups me blessent aussi et me clouent tout entière à ton Amour.

Mon Jésus, tandis que les épines s'enfoncent de plus en plus dans ta Tête, je veux t'offrir toutes mes pensées, afin que, comme des baisers affectueux, elles te consolent et adoucissent l'amertume de tes épines. Ta Langue est presque attachée à ton Palais à cause de l'amertume du fiel et de ta soif ardente. Pour étancher ta soif, ô mon Jésus, tu voudrais que tous les coeurs des créatures débordent d'amour. Mais, comme tu ne reçois pas cet amour, tu brûles de plus en plus. Mon doux Amour, je veux t'envoyer des fleuves d'amour, pour amoindrir l'amertume du fiel et de ta soif ardente.

Ô Jésus, je vois qu'à chaque mouvement que tu fais, les Plaies de tes Mains se déchirent davantage et la Douleur devient plus intense. Mon cher Bien, pour te dédommager de cette Souffrance et te calmer, je t'offre les oeuvres saintes de toutes les créatures. Ô Jésus, combien tu souffres dans tes Pieds infiniment saints! Tous les Mouvements de ton Corps infiniment sacré semblent se répercuter en eux et il n'y a personne près de toi pour te soutenir et adoucir quelque peu l'âpreté de tes Souffrances! Ma douce Vie, je voudrais réunir les pas des créatures de toutes les générations et te les envoyer tous, pour qu'ils viennent te consoler dans tes dures Peines.

Ô mon Jésus, comme il est torturé ton pauvre Coeur! Comment te réconforter dans tant de Souffrances? Je m'immergerai en toi, j'immergerai mon coeur dans le tien, mes désirs dans les tiens. J'unirai mon amour au tien, afin que, par ton feu, soit brûlé le coeur de toutes les créatures et détruits tous les amours profanes. Ton Coeur sacré en sera réconforté, et moi, à partir de maintenant, je promets de rester toujours clouée à ton Coeur infiniment amoureux par les clous de tes Désirs, de ton Amour et de ta Volonté. Ô mon Jésus, je veux être crucifiée en toi. Ne permets pas que je me décloue le moindrement, afin que je puisse t'aimer et réparer pour tous et calmer la Souffrance que te procurent les créatures par leurs fautes.

Mon bon Jésus, je vois que tes ennemis soulèvent le lourd bois de la Croix et le laissent tomber dans le trou prévu à cet effet. Et toi, mon doux Amour, tu es suspendu entre ciel et terre. En ce moment solennel, tu te tournes vers le Père et d'une Voix faible tu lui dis: «Père saint, me voici chargé de tous les péchés du monde; il n'y a pas de faute qui n'ait été versée sur moi. Par conséquent, ne décharge plus sur les hommes les fléaux de ta Justice divine, mais fais-le sur moi, ton Fils. Ô Père, permets-moi de lier toutes les âmes à cette Croix et, par mon Sang et mes Plaies, d'obtenir le pardon pour toutes.

«Ô Père, vois à quel état je suis réduit! En raison de cette Croix, en vertu de ces Souffrances, induis en tous une véritable conversion, la paix, le pardon et la sainteté. Coupe court à ta fureur contre la pauvre humanité, contre mes enfants; ils sont aveugles et ne savent pas ce qu'ils font. Vois à quel piteux état je suis réduit à cause d'eux. Si tu ne t'apitoies pas sur eux, que t'attendrisse au moins mon Visage souillé de crachats, couvert de Sang, livide et gonflé à cause des nombreuses gifles et des nombreux coups que j'ai reçus. Pitié, mon Père! C'était moi le plus beau de tous, et maintenant, je suis tout défiguré; je suis devenu l'abjection de tous. À tout prix, je veux sauver les pauvres créatures!»

Mon Jésus, est-il possible que tu nous aimes tant? Ton Amour broie mon coeur. Oh! je voudrais visiter toutes les créatures et leur montrer ton Visage si défiguré à cause d'elles, pour les émouvoir de compassion envers toi. Grâce à la Lumière que transmet ton Visage et à la Force ravissante de ton Amour, fais-leur comprendre qui tu es et qui sont les créatures qui osent t'offenser, afin qu'elles se prosternent devant toi, t'adorent et te glorifient.

Mon adorable Jésus crucifié, la créature irrite toujours la Justice divine en laissant sortir de sa bouche d'horribles blasphèmes, des imprécations, des malédictions et des conversations mauvaises. Ah! toutes ces voix assourdissent la terre et, pénétrant jusque dans les Cieux, accablent l'Ouïe divine. Oh! comme la Justice divine se sent poussée à lancer ses fléaux sur la terre! Oh! comme ces horribles blasphèmes provoquent la fureur divine contre les créatures!

Mais, ô Jésus, par ton Amour suprême, tu fais face à ces voix dissonantes et, de ta Voix omnipotente et créatrice, tu cries: «Miséricorde, Grâces et Amour pour les créatures!» Et pour apaiser l'indignation du Père, tu lui dis: «Mon Père, regarde-moi, n'écoute pas les voix des créatures, mais la mienne; c'est moi qui satisfais pour toutes. Je te prie de regarder la créature en moi. Si tu la regardes hors de moi, qu'en sera-t-il d'elle? Elle est faible, ignorante, capable de faire seulement le mal. Elle est remplie de toutes les misères. Pitié, pitié pour la pauvre créature! Moi je réponds d'elle par ma Langue rendue amère par le fiel, desséchée par la soif, brûlée par l'Amour.»

Mon Jésus attristé, ma voix, fondue dans la tienne, veut faire face à toutes ces offenses, à tous ces blasphèmes, pour pouvoir changer toutes les voix humaines en voix de bénédictions et de louanges.

Mon Jésus crucifié, devant ton grand Amour et ta grande Souffrance, la créature ne cède pas. Au contraire, te méprisant, elle commet faute après faute, faisant des sacrilèges énormes, des homicides, des suicides, des duels, des fraudes, des tromperies, des cruautés et des trahisons. Ah! toutes ces oeuvres mauvaises appesantissent le Bras de ton Père céleste, qui, ne pouvant soutenir le poids de tant de fautes, est sur le point de faire s'abattre la destruction sur la terre.

Et toi, ô mon Jésus, pour soustraire la créature à la Fureur divine, tu tends les Bras vers le Père, tu le désarmes et empêches que sa Justice ne suive son cours. Et pour le toucher de compassion envers la misérable humanité, tu lui dis de ta Voix la plus persuasive: «Mon Père, regarde ces Mains déchirées et ces clous qui les transpercent. Dans ces Mains je ressens les Souffrances atroces que me procurent toutes ces oeuvres mauvaises. N'es-tu pas content, ô Père, de mes Souffrances? Suis-je incapable de te satisfaire? Oui, mes Bras disloqués seront toujours des chaînes qui tiendront pressées sur moi les pauvres créatures, afin qu'elles ne m'échappent pas, à l'exception de celles qui me quitteront par la force. Mes Bras seront des chaînes amoureuses qui te retiendront, Père, pour t'empêcher de détruire les pauvres créatures. Au contraire, je t'attirerai de plus en plus près d'elles, pour que tu déverses sur elles tes Grâces de miséricorde!»

Mon Jésus, ton Amour est un doux enchantement pour moi et me pousse à faire ce que tu fais. Par conséquent, avec toi je veux empêcher, au prix de n'importe quelle souffrance, que la Justice divine ne suive son cours contre la pauvre Humanité. Par le Sang qui coule de tes Mains, je veux calmer la fureur de cette Justice. Permets que je dépose dans tes Bras les souffrances et les déchirements de tous les hommes, de tous les coeurs affligés et opprimés. Permets-moi de déposer toutes les créatures dans tes Bras, afin que toutes reviennent à ton Coeur. Permets que, par la puissance de tes Mains créatrices, j'arrête le déroulement de tant d'oeuvres mauvaises et que je détourne tous les gens de faire le mal.

Mon aimable Jésus crucifié, la créature veut boire jusqu'au fond la lie de la faute et court comme une folle sur la voie du mal; elle commet faute après faute, désobéit à tes Lois et se révolte contre toi. Et comme pour te faire une méchanceté supplémentaire, elle veut aller en enfer.

Oh! comme s'indigne la Majesté suprême! Et toi, ô mon Jésus, pour calmer le divin Père, tu lui fais voir ta sainte Humanité lacérée, disloquée, horriblement torturée; tu lui montres tes Pieds transpercés, tordus par l'atrocité des Souffrances. Et j'entends ta Voix, plus touchante que jamais qui, par la force de ton Amour et de ta Souffrance, veut vaincre la créature et triompher du Coeur paternel: «Mon Père, regarde-moi de la tête aux pieds: il n'y a aucune partie saine en moi; je n'ai plus d'endroit où me faire ouvrir d'autres plaies et me procurer d'autres Souffrances: si tu ne t'apaises pas à ce spectacle d'Amour, qu'est-ce qui pourra jamais te calmer? Ô créatures, si vous ne cédez pas devant tant d'Amour, quel espoir me reste-t-il de vous amener à la conversion? Mes Plaies et mon Sang seront toujours des chemins qui feront descendre du Ciel à la terre des Grâces de repentir, de pardon et de compassion pour tous!»

Mon Jésus, Amoureux crucifié, je vois que tu n'en peux plus. La tension horrible que tu subis sur la Croix, le grincement continu de tes Os qui se disloquent davantage à chaque petit Mouvement, tes Chairs qui se déchirent de plus en plus, la soif ardente qui te consume, les Peines intérieures qui t'abreuvent et, avec tout cela, l'ingratitude humaine qui, comme une vague impétueuse, pénètre jusque dans ton Coeur transpercé, t'oppriment tant que, ne résistant pas au poids de tant de martyres, ton Humanité infiniment sainte est sur le point de s'éteindre. Délirant d'Amour et de Souffrances, elle demande aide et pitié!

Jésus crucifié, est-il possible que toi qui gouvernes tout et donnes vie à tous, tu demandes de l'aide? Ah! comme je voudrais pénétrer dans chaque goutte de ton Sang et verser le mien pour soulager chacune de tes Plaies, pour apaiser et rendre moins douloureuse la piqûre de chaque épine. Je voudrais pénétrer dans chaque peine intérieure de ton Coeur pour soulager tes amertumes. Je voudrais te donner vie pour Vie. Si cela m'était possible, je voudrais te déclouer de la Croix pour me mettre à ta place. Mais je vois que je ne suis rien et ne peux rien, étant trop insignifiante. Ô Jésus, donne-moi ton propre être. Je prendrai vie en toi, et je te donnerai à toi-même. Ainsi je contenterai mes désirs les plus ardents.

Ô Jésus torturé, je vois que ton Humanité infiniment sainte est près de s'éteindre, non pour toi-même, mais pour accomplir notre Rédemption. Tu as besoin d'aide divine et tu te jettes dans les Bras de ton Père, lui demandant aide et secours. Oh! comme le divin Père s'attendrit à regarder l'horrible Souffrance de ton Humanité, la destruction terrible que la faute a fait sur tes Membres infiniment saints! Pour contenter tes ardents Désirs d'Amour, il te serre sur son Coeur paternel et te donne les secours nécessaires pour accomplir notre Rédemption. Et tandis qu'il te serre, tu ressens dans ton Coeur se répéter plus fortement les coups sur les clous, les morsures des fouets, les déchirements de tes Plaies, les piqûres des épines. Oh! comme le Père en est frappé! Comme il s'indigne de voir que toutes ces Peines te sont infligées jusque dans ton Coeur par des âmes qui te sont consacrées! Et dans sa Souffrance, il dit:

«Est-il possible, mon Fils, que pas même les âmes élues par toi soient toutes avec toi? Au contraire, il semble que ces âmes viennent dans ton Coeur pour t'attrister et te procurer une mort encore plus douloureuse. Et ce qui est pire, toutes ces Souffrances qu'elles te procurent sont couvertes d'hypocrisie. Ah! Fils, je ne peux plus contenir mon indignation devant l'ingratitude de ces âmes qui m'affligent plus que toutes les autres créatures ensemble!»

Mais toi, ô mon Jésus, triomphant de tout, tu défends même ces âmes, tu endigues par l'Amour immense de ton Coeur les vagues des amertumes et des blessures qu'elles te procurent et, pour apaiser le Père, tu lui dis: «Mon Père, regarde mon Coeur: que toutes ces Souffrances te satisfassent et que plus elles sont cruelles plus elles soient puissantes sur ton Coeur de Père pour leur obtenir Grâces, Lumière et Pardon. Mon Père, ne les rejette pas, elles seront mes défenseurs qui continueront ma Vie sur la terre.»

Ma Vie, ô mon Jésus crucifié, je vois que tu continues d'agoniser sur la Croix car, pour tout accomplir, ton Amour n'est pas encore satisfait. Moi aussi, je veux agoniser avec toi. Et vous tous, anges et saints, venez sur le mont Calvaire pour contempler les excès et les folies de l'Amour d'un Dieu! Ensemble, baisons ses Plaies sanglantes, adorons-les, soutenons ses Membres lacérés, et remercions-le de la Rédemption accomplie.

Jetons un regard sur la Mère affligée, qui ressent autant de Peines et de morts dans son Coeur immaculé qu'elle en voit chez son Fils Dieu. Ses propres vêtements sont imprégnés de Sang. Le mont Calvaire en est tout émaillé. Tous ensemble, prenons ce Sang, prions la Mère affligée de s'unir à nous, divisons entre nous le monde entier, et allons aider tous les gens. Aidons ceux en danger afin qu'ils ne périssent pas, ceux qui sont tombés afin qu'ils se relèvent, ceux qui sont sur le point de tomber afin qu'ils ne tombent pas. Donnons ce Sang à tous les aveugles, afin que resplendisse sur eux la Lumière de la Vérité.

En particulier, allons parmi les combattants, servons-leur de sentinelles vigilantes et, s'ils sont sur le point d'être atteints par les balles de l'ennemi, recevons-les dans nos bras pour les réconforter. Et s'ils sont abandonnés de tous, s'ils sont désespérés par leur triste sort, donnons-leur ce Sang, pour qu'ils se résignent et que leur soit adoucie l'atrocité de leurs souffrances. Et si nous en voyons qui sont sur le point de tomber en enfer, donnons-leur ce Sang divin, qui contient les Grâces de la Rédemption, et arrachons-les à Satan! Et tandis que je tiendrai Jésus serré sur mon coeur pour le défendre et tout réparer, je serrerai tous ces gens sur ton Coeur, afin que tous obtiennent la Grâce de la conversion, de la force et du salut.

Entre temps, je vois, ô Jésus, que le Sang coule à ruisseaux de tes Mains et de tes Pieds. Les anges, pleurant, font cercle autour de toi, admirant les prodiges de ton Amour. Je vois ta douce Maman au pied de la Croix, transpercée de Douleur, ta chère Marie Madeleine, ton bien-aimé Jean, tous pris par une extase de stupeur, d'amour et de douleur! Ô Jésus, je m'unis à toi, je me serre sur ta Croix, je prends toutes les gouttes de ton Sang et je les verse dans mon coeur.

Quand je verrai ta Justice irritée contre les pécheurs, alors, pour t'apaiser, je te montrerai ce Sang. Quand je voudrai la conversion d'âmes obstinées dans la faute, je te montrerai ce Sang et, à cause de lui, tu ne rejetteras pas ma prière, car j'aurai le gage de ton propre Sang dans mes mains. Et maintenant, mon Bien crucifié, au nom de toutes les générations passées, présentes et futures, avec ta Maman et avec tous les anges, je me prosterne devant toi et je te dis: «Nous t'adorons, ô Christ et nous te bénissons, car tu as racheté le monde par ta sainte Croix!»
Réflexions et pratiques

Jésus crucifié obéit aux bourreaux; il accepte avec Amour toutes les insultes et les peines qu'ils lui infligent. En raison du grand Amour que Jésus ressentait pour nos âmes, il trouvait dans la Croix son lit de repos. Et nous, dans toutes nos peines, nous reposons-nous en lui? Par notre patience et notre amour, pouvons-nous dire que nous préparons un lit dans notre coeur pour Jésus?

Tandis que Jésus est crucifié, il n'y a en lui aucune partie tant interne qu'externe qui ne ressente une peine spéciale. Et nous, nous gardons-nous crucifiés avec lui, au moins par nos sens principaux? Quand nous prenons plaisir à une conversation vaine ou à un autre divertissement semblable, alors Jésus reste cloué à la Croix. Mais si ce même goût, nous le sacrifions par amour pour lui, alors nous déclouons Jésus et nous nous clouons nous-mêmes.

Gardons-nous toujours notre intelligence, notre coeur et tout notre être cloués par les clous de sa sainte Volonté? Tandis qu'il est crucifié, Jésus regarde avec Amour ses bourreaux. Et nous, par amour pour lui, regardons-nous avec amour ceux qui nous blessent?

Mon Jésus crucifié, que tes clous soient enfoncés dans mon coeur, afin qu'il n'y ait en moi aucun battement, aucune affection, aucun désir qui ne ressente les piqûres de ces clous. Et que le sang que versera mon coeur soit un baume qui soulage toutes tes Plaies.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De midi à 13h:
Première heure d'Agonie sur la Croix

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon Bien crucifié, je te vois sur la Croix comme sur ton Trône de triomphe, en train de conquérir toute chose et tous les coeurs, et de les attirer à toi de telle manière que tous ressentent ton Pouvoir suprahumain. La nature, horrifiée par ton état, se prosterne devant toi et, en silence, attend des Paroles de toi, pour te rendre honneur et faire reconnaître ta domination. Le soleil, en pleurant, retire sa lumière, ne pouvant supporter de te voir dans cet état. L'enfer ressent de la terreur et, silencieux, attend. Tout est silence. Ta Maman affligée et tes fidèles sont muets et pétrifiés à la douloureuse vue de ton Humanité déchirée et disloquée. Silencieux, ils attendent une Parole de toi! Ton Humanité, qui gît dans un océan de Douleurs et dans les atroces Souffrances de ton Agonie sur la Croix, est silencieuse. On craint que d'une Respiration à l'autre tu ne meures!

Et quoi d'autre? Les Juifs perfides et tes bourreaux impitoyables qui, jusqu'à tout récemment, t'outrageaient, se moquaient de toi, te traitaient d'imposteur et de malfaiteur, les larrons qui te blasphémaient, tous se taisent maintenant; le remords les envahit, et s'il y a encore quelque insulte qu'ils essaient de te faire, elle meurt sur leurs lèvres.

Mais pénétrant dans ton for intérieur, je vois que ton Amour déborde et te tourmente plus encore que tes autres Souffrances. Tu ne peux le contenir. Contraint par cet Amour, tu parles comme ce Dieu que tu es, tu lèves tes Yeux mourants vers le Ciel et tu t'exclames d'une Voix forte et émouvante: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font!»

Et, de nouveau, tu te renfermes dans le silence, plongé dans des Souffrances inouïes. Jésus crucifié, tant d'Amour est-il possible? Ah! après tant de Souffrances et d'insultes, ta première Parole en est une de pardon: tu nous excuses devant le Père de tant de péchés! Cette Parole, tu la fais descendre dans tout coeur après la faute, et c'est toi le premier à offrir le Pardon. Mais beaucoup rejettent ce Pardon. Et alors ton Amour devient fou car, brûlant d'ardeur, il veut donner à tous le Pardon et le Baiser de paix!

À cette Parole de pardon, l'enfer tremble et te reconnaît pour Dieu, la nature et tous les hommes sont stupéfaits, et ils reconnaissent ta Divinité, ton Amour inextinguible. Silencieux, ils attendent pour voir jusqu'où cela ira. Et ce n'est pas seulement ta Voix, mais aussi ton Sang et tes Plaies qui crient à chaque coeur après le péché: «Viens dans mes Bras que je te pardonne; le sceau de mon Pardon est mon Sang.» Ô mon aimable Jésus, répète cette Parole à tous les pécheurs. Implore pour tous la Miséricorde divine. Applique à tous les mérites infinis de ton Sang infiniment précieux. Pour tous, continue à calmer la Justice divine. Donne ta Grâce à celui qui, se trouvant dans la situation de devoir pardonner, se sent incapable de le faire.

Mon Jésus crucifié, durant ces trois heures d'Agonie si amères, tu veux tout accomplir, et tandis que, silencieux, tu es sur cette Croix, je vois que dans ton for intérieur, tu veux satisfaire le Père en toutes choses. Tu le remercies à la place de tous, tu satisfais à la place de tous. Pour tous, tu demandes pardon et, pour tous, tu implores la Grâce qu'ils ne t'offensent plus jamais. Et pour obtenir tout cela du Père, tu récapitules devant lui toute ta Vie, du premier instant de ta Conception jusqu'à ton dernier Souffle. Mon Jésus, Amour infini, laisse-moi aussi récapituler toute ta Vie avec toi, avec ton inconsolable Maman, avec saint Jean et avec les saintes femmes.

Mon doux Jésus, je te remercie des nombreuses épines qui ont transpercé ton adorable Tête, des gouttes de Sang versées à cause d'elles, des coups reçus sur elles, des Cheveux qu'on t'a arrachés. Je te remercie pour tout le bien que tu as fait et tout le bien que tu nous as obtenu par tes Prières. Merci pour les lumières et les bonnes inspirations que tu nous as données. Merci pour toutes les fois que tu as pardonné nos péchés d'orgueil et d'amour-propre.

Je te demande pardon au nom de tous, ô mon Jésus, pour toutes les fois que nous t'avons couronné d'épines, pour toutes les gouttes de Sang que nous t'avons fait verser de ta Tête infiniment sainte, pour toutes les fois que nous n'avons pas répondu à tes inspirations. En raison de toutes ces Douleurs souffertes par toi, je te prie, ô bon Jésus, de nous obtenir la Grâce de ne plus jamais commettre de péchés dans nos pensées. Je veux encore t'offrir tout ce que tu as souffert dans ta Tête infiniment sainte pour te donner toute cette gloire que les créatures t'auraient donnée si elles avaient fait bon usage de leur intelligence.

«Louez le Seigneur tous les peuples, fêtez-le tous les pays! Fort est son Amour pour nous, pour toujours sa Vérité. Gloire au Père, ...» (Ps. 118)

J'adore, ô mon Jésus, tes Yeux infiniment saints, et je te remercie pour toutes les Larmes et tout le Sang qu'ils ont versés, pour les piqûres cruelles des épines, les insultes, les dérisions et les hontes supportées durant toute ta Passion. Je te demande pardon pour tous ceux qui se servent de leur vue pour t'offenser et t'outrager, et je te prie, en raison des Douleurs souffertes par tes Yeux infiniment sacrés, de nous donner la Grâce que plus personne ne t'offense par des regards mauvais. Je t'offre tout ce que tu as souffert par tes Yeux infiniment saints pour te donner toute cette Gloire que les créatures t'auraient donnée, si leurs regards avaient été fixés seulement sur le Ciel, sur la Divinité et sur toi, ô mon Jésus.

J'adore tes Oreilles infiniment saintes. Je te remercie de tout ce que tu as souffert tandis que, sur le Calvaire, les canailles t'accablaient les Oreilles par leurs cris et leurs moqueries. Je te demande pardon au nom de tous pour toutes les conversations mauvaises, et je te prie pour que les oreilles de tous les hommes s'ouvrent aux Vérités éternelles, aux appels de la Grâce, et que plus personne ne t'offense par le sens de l'ouïe. Je veux encore t'offrir tout ce que tu as souffert dans ton Ouïe infiniment sainte, pour te donner toute la Gloire que les créatures t'auraient donnée, si de cet organe elles avaient fait un saint usage.

J'adore ton Visage infiniment saint et je lui donne un baiser, ô mon Jésus, et je te remercie pour tout ce que tu as souffert à cause des crachats, des gifles et des moqueries, et pour toutes les fois que tu t'es laissé fouler aux pieds par tes ennemis. Je te demande pardon au nom de tous pour toutes les fois que l'on a osé t'offenser, et je te prie en raison de ces gifles et de ces crachats de faire en sorte que tous reconnaissent, louent et glorifient ta Divinité.

Ô mon Jésus, je veux aller partout dans le monde, de l'orient à l'occident, du midi au septentrion, pour unir toutes les voix des créatures et les changer en autant d'actes de louange, d'amour et d'adoration envers ta divine Personne. Je veux encore, ô mon Jésus, t'apporter le coeur de toutes les créatures, afin que tu remplisses chacun de ta Lumière, de ta Vérité et de ton Amour. Que chaque coeur soit rempli de compassion envers ta divine Personne. Et tandis que tu pardonneras à tous, je te prie de faire en sorte que plus personne ne t'offense, même au prix de mon sang. Je veux enfin t'offrir tout ce que tu as souffert dans ton Visage infiniment saint, pour te donner toute la Gloire que les créatures t'auraient donnée si personne ne t'avait offensé.

J'adore ta Bouche infiniment sainte et je te remercie pour tes premiers vagissements, pour le lait que tu as sucé, pour toutes les Paroles que tu as dites, pour les Baisers embrasés que tu as donnés à ta Très Sainte Mère, pour la nourriture que tu as prise, pour l'amertume du fiel et la soif ardente dont tu as souffert sur la Croix, pour les Prières que tu as élevées vers le Père. Je te demande pardon pour toutes les médisances et les conversations mauvaises des créatures, et pour tous les blasphèmes qu'elles profèrent. Je veux offrir tes saintes Conversations en réparation de leurs conversations mauvaises, la mortification de ton Goût en réparation de leurs gourmandises et de toutes les offenses qu'elles te font par le mauvais usage de leur langue. Je veux t'offrir tout ce que tu as souffert dans ta Bouche infiniment sainte, pour te donner toute la Gloire que les créatures t'auraient donnée si aucune n'avait osé t'offenser par le sens du goût et par l'abus de la langue.

Ô Jésus, je te remercie pour tout au nom de tous, et je t'adresse un hymne de remerciements éternels et infinis. Je veux, ô mon Jésus, t'offrir tout ce que tu as souffert dans ta Personne infiniment sainte, pour te donner toute la Gloire que t'auraient donnée toutes les créatures si elles avaient conformé leur vie à la tienne.

Je te remercie, ô Jésus, pour tout ce que tu as souffert dans tes Épaules infiniment saintes, pour tous les coups que tu as reçus, pour toutes les Plaies que tu t'es laissé ouvrir sur ton Corps infiniment sacré, pour toutes les gouttes de Sang que tu as versées. Je te demande pardon au nom de tous pour toutes les fois que par amour du confort nous t'avons offensé par des plaisirs illicites. Je t'offre ta douloureuse flagellation pour réparer tous les péchés commis avec nos sens, par amour pour les plaisirs sensibles, pour les satisfactions naturelles. Je t'offre tout ce que tu as souffert dans tes Épaules pour te donner toute la Gloire que les créatures t'auraient donnée si, en toutes choses, elles avaient cherché à te plaire à toi seul et à se réfugier à l'ombre de ta Protection divine.

Mon Jésus, je baise ton Pied gauche et je te remercie pour tous les Pas que tu as faits durant ta Vie mortelle et pour toutes les fois que tu t'es fatigué pour aller à la recherche d'âmes. Et je t'offre, ô mon Jésus, toutes mes actions, tous mes pas et tous mes mouvements, dans l'intention de te faire réparation pour tout et pour tous. Je te demande pardon pour ceux qui n'agissent pas dans une intention droite. J'unis mes actions à toutes celles que tu as accomplies dans ton Humanité infiniment sainte pour qu'elles soient divinisées et pour te donner toute la Gloire que t'auraient donnée les créatures si elles avaient agi saintement et avec des buts honnêtes.

Jésus, je baise ton Pied droit et je te remercie pour tout ce que tu as souffert pour moi, surtout en ces heures où tu étais suspendu à la Croix. Je te remercie pour la douleur atroce que te causaient les clous dans tes Plaies qui se déchiraient de plus en plus à cause du poids de ton Corps. Je te demande pardon pour toutes les rébellions et les désobéissances des créatures et je t'offre les douleurs de tes Pieds infiniment saints en réparation de ces offenses, pour te donner toute la Gloire que les créatures t'auraient donnée si en toutes choses elles t'avaient été soumises.

Ô mon Jésus, je baise ta Main gauche infiniment sainte et je te remercie pour tout ce que tu as souffert pour moi, pour toutes les fois que tu as calmé la Justice divine en satisfaisant pour tous!

Je baise ta Main droite et je te remercie pour tout le bien que tu as fait et que tu continues de faire pour tous, en particulier pour les Oeuvres de la Création, de la Rédemption et de la Sanctification. Je te demande pardon au nom de tous, pour toutes les fois que nous avons manqué de reconnaissance pour tes Bienfaits. Pardon pour nos nombreuses oeuvres faites sans une intention droite. En réparation de ces offenses, je veux t'offrir toute la Perfection et la Sainteté de tes Oeuvres, pour te donner toute cette Gloire que les créatures t'auraient donnée si elles avaient répondu à tous tes Bienfaits.

Ô mon Jésus, je baise ton Coeur infiniment sacré et je te remercie pour tout ce que tu as souffert et désiré pour chaque créature, et pour le zèle dont tu as brûlé par Amour pour elles. Je te demande pardon pour nos nombreux désirs mauvais, nos affections et nos tendances mauvaises. Pardon, ô Jésus, pour les nombreuses âmes qui font passer l'amour des créatures avant ton Amour. Et pour te donner toute la Gloire qu'elles t'ont refusée, je t'offre tout ce qu'a fait et continue de faire ton Coeur infiniment adorable.
Réflexions et pratiques

De midi à 13h, Jésus, élevé sur la Croix, reste suspendu sans toucher la terre. Et nous, cherchons-nous à vivre détachés du monde, des créatures et de tout ce qui goûte la terre? Tout doit concourir à former la croix sur laquelle nous devons nous étendre et rester suspendus comme Jésus, loin de tout ce qui est terre, afin que les créatures ne s'attachent pas à nous.

Jésus souffrant n'a d'autre lit que la Croix, d'autre soulagement que ses Plaies et les insultes. Et, par amour pour Jésus, arrivons-nous à trouver le repos dans la souffrance? Tout les choses que nous faisons et vivons, renfermons-les dans les Plaies de Jésus, trempons-les dans son Sang, et nous ne trouverons de réconfort que dans ses Souffrances. Si bien que ses Plaies seront les nôtres, son Sang agira continuellement en nous pour nous laver et nous embellir. Et ainsi nous obtiendrons n'importe quelle Grâce pour nous et pour le salut des âmes. Ayant le Sang de Jésus dans notre coeur, si nous commettons une faute, nous prierons Jésus de ne pas nous garder souillés en sa Présence, mais de nous laver de son Sang et de nous garder avec lui. Si nous nous sentons faibles, nous prierons Jésus de donner une portion de son Sang à notre âme, afin que son Sang nous donne force et courage.

Le doux Jésus prie pour ses bourreaux et même, il les excuse. Et nous, faisons-nous nôtre la Prière de Jésus pour excuser continuellement les pécheurs devant le Père et pour obtenir pour eux, par nos prières, sa Miséricorde, même pour ceux qui nous auraient personnellement offensés?

Tandis que nous prions, agissons et cheminons, n'oublions pas les pauvres âmes qui sont sur le point de rendre le dernier soupir. Portons-leur en guise d'aide et de réconfort les Prières et les Baisers de Jésus, pour qu'il les purifie et leur fasse prendre leur envol vers le Ciel.

Mon Jésus, c'est dans tes Plaies et dans ton Sang que je veux puiser la force de pouvoir reproduire en moi ta propre Vie. Et ainsi je pourrai obtenir pour tous, par mes prières, le bien que tu as fait.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 13h à 14h :
Deuxième heure d'Agonie sur la Croix

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Deuxième Parole: «Aujourd'hui, tu seras avec moi au Paradis.»

Mon Amour crucifié, tandis que je prie avec toi, la force de ton Amour séduisant et de tes Souffrances maintient mon regard fixé sur toi, mais mon coeur se brise de te voir tant souffrir. Tu es torturé par l'Amour et la Douleur, et les flammes qui te brûlent le Coeur sont si intenses quelles sont en train de te réduire en cendres. Ton Amour est plus fort que la mort même et, donnant libre cours à cet Amour, tu regardes le larron à ta droite et tu le dérobes à l'enfer: tu lui touches le coeur par ta Grâce et il devient tout transformé. Il reconnaît que tu es Dieu et, tout contrit, il te dit: «Seigneur, souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume.» Et toi, tu lui réponds sans hésiter: «Aujourd'hui même, tu seras avec moi dans le Paradis!» Tu en fais ainsi le premier triomphe de ton Amour.

Mais je vois que tu ne dérobes pas seulement le coeur du larron, mais que tu fais de même pour de nombreux mourants. Tu mets à leur disposition ton Sang, ton Amour, tes Mérites, et tu te sers de tous tes Stratagèmes et Astuces divins pour toucher leur coeur et les dérober à l'enfer. Mais ici aussi, ton Amour est contrarié! Combien de refus tranchants! Combien de fois on ne te fait pas confiance! Combien cèdent au désespoir!

Je veux, ô mon Jésus, réparer pour tous ceux qui désespèrent de ta divine Miséricorde au moment de leur mort. Mon doux Amour, inspire à tous la confiance en toi, en particulier à ceux qui se trouvent dans les étreintes de l'agonie. Et par cette Parole que tu as dite au larron, accorde-leur la Lumière, la force et l'aide pour qu'ils puissent mourir saintement et s'envoler vers le Ciel. Dans ton Corps infiniment saint, dans ton Sang, dans tes Plaies, place toutes les âmes, ô Jésus. En raison des mérites de ton Sang précieux, ne permets pas que même une seule âme soit perdue! Que ta Voix accompagnée de ton Sang répète à toutes: «Aujourd'hui, tu seras avec moi au Paradis!»

Troisième Parole. Jésus dit à Marie: «Femme, voici ton fils!» et à Jean: «Voici ta Mère!»

Mon Jésus martyrisé, tes Souffrances augmentent de plus en plus. Ah! sur cette Croix, tu es le vrai Roi des Douleurs. Au milieu de tant de Souffrances, aucune âme ne t'échappe: tu donnes à chacune ta propre Vie. Mais ton Amour se voit contrarié et méprisé par les créatures. On ne s'en soucie pas. Et comme il ne peut s'épancher, il devient plus intense. Il te procure des tortures indicibles. Dans ces tortures, il recherche ce qu'il pourrait donner d'autre à l'homme pour le vaincre. Et il te fait dire: «Tu vois, ô âme, combien je t'ai aimée; si tu ne veux pas avoir pitié de toi-même, aie au moins pitié de mon Amour!»

Voyant que tu n'as plus rien à donner aux créatures, leur ayant tout donné, tu tournes ton Regard suppliant vers ta Maman, elle qui, comme toi, se sent crucifiée à cause de tes Souffrances et de l'Amour qui la torture. Mère et Fils, vous vous entendez; et alors tu respires de satisfaction et de réconfort en sachant que tu peux donner ta Maman aux créatures. En associant Jean à tout le genre humain, tu dis à Marie d'une Voix remplie de tendresse: «Femme, voici ton fils!» et à Jean: «Voici ta Mère!» Et, dans un doux Coeur à Coeur, tu poursuis: «Ma Mère, je te confie tous mes enfants. Tout l'Amour que tu ressens pour moi, ressens-le pour eux! Que tous tes Égards et toutes tes Tendresses maternelles soient pour mes enfants. Toi, tu me les sauveras tous!» Et ta sainte Maman accepte.

Je veux ici, ô mon Jésus, réparer les offenses qui sont faites à ta Très Sainte Mère, les blasphèmes et les ingratitudes de tant de gens qui ne veulent pas reconnaître le grand Bienfait que tu as accordé à tous, en nous donnant Marie comme Mère.

Comment pouvons-nous te remercier d'un si grand Bienfait? Nous le ferons, ô Jésus, en t'offrant ton Sang, tes Plaies, l'Amour infini de ton Coeur! Ô Très Sainte Vierge, quel n'est pas ton choc en entendant la Voix du bon Jésus qui te donne à chacun de nous comme Mère!

Nous voulons te remercier, ô Vierge bénie, et pour te remercier comme tu le mérites, nous t'offrons les remerciements mêmes de ton Jésus. Ô douce Maman, sois notre Mère, prends soin de nous et ne permets jamais que nous t'offensions le moindrement. Tiens-nous toujours serrés sur Jésus. De tes Mains, lie-nous à lui, de sorte que nous ne puissions plus jamais nous séparer de lui. Pour tous, je veux réparer les offenses qui sont faites à ton Jésus et à toi, ma douce Maman!

Ô mon Jésus, tandis que tu es plongé dans tant de Souffrances, tu plaides encore plus la cause du salut des âmes. Moi, je ne serai pas indifférente à cela. Comme une colombe, je volerai sur tes Plaies, les baiserai, les soulagerai, et je me plongerai dans ton Sang pour pouvoir m'écrier avec toi: «Âmes, âmes!»

Jésus, je veux soutenir ta Tête transpercée et endolorie pour réparer et pour implorer ta Miséricorde, ton Amour et ton Pardon pour tous. Règne dans mon intelligence, ô mon Jésus, et guéris-la en vertu des épines qui te percent la Tête. Ne permets à aucune défaillance d'entrer dans mon intelligence.

Front majestueux de mon Bien, je te donne un baiser; attire toutes mes pensées à te contempler et à te comprendre.

Yeux infiniment doux de mon Jésus, bien que couverts de Sang, regardez-moi, regardez ma misère, regardez ma faiblesse, regardez mon pauvre coeur, et faites en sorte que je puisse éprouver les effets admirables du Regard divin.

Oreilles de mon Jésus, bien qu'accablées par les insultes et les blasphèmes, vous demeurez tout de même attentives à nous écouter. Entendez mes prières et ne dédaignez pas mes réparations. Oui, ô Jésus, écoute les supplications de mon coeur. Il se calmera quand tu l'auras rempli de ton Amour.

Visage infiniment beau de mon Jésus, montre-toi à moi, afin que de tous et de tout je détache mon pauvre coeur: que ta Beauté me fasse m'éprendre uniquement de toi et me tienne toujours ravie en toi.

Bouche infiniment suave de mon Jésus, parle-moi. Que résonne toujours ta Voix en mes oreilles et que la puissance de ta Parole détruise en moi tout ce qui n'est pas Volonté de Dieu, tout ce qui n'est pas Amour.

Ô Jésus, je tends mes bras vers ton Cou pour t'embrasser. Et toi-même, tends les tiens vers moi pour m'embrasser. De grâce, ô mon Bien, fais en sorte que cet embrassement d'Amour soit si étroit qu'aucune force humaine ne puisse nous dégager l'un de l'autre. Ainsi, j'appuierai mon visage sur ton Coeur, et, avec confiance, je te donnerai un baiser sur tes Lèvres et toi tu me donneras ton Baiser d'Amour. Ainsi tu me feras respirer ton Haleine infiniment douce, ton Amour, ton Vouloir, tes Souffrances et toute ta Vie divine.

Épaules infiniment saintes de mon Jésus, toujours fortes et constantes dans la Souffrance par Amour pour moi, donnez-moi la force morale, la constance et l'héroïsme dans la souffrance par amour pour vous. Ô Jésus, de grâce, ne permets pas que je sois inconstante dans l'amour: partage avec moi ton Immutabilité.

Poitrine enflammée de mon Jésus, donne-moi tes flammes: tu ne peux contenir ces flammes et mon coeur les cherche avec anxiété par l'entremise de ton Sang et de tes Plaies. Ce sont les flammes de ton Amour, ô Jésus, qui te tourmentent le plus. Ô mon Bien, partage-les avec moi. Cela ne te touche-t-il pas de compassion de voir une âme aussi pauvre de ton Amour?

Mains infiniment saintes de mon Jésus, vous qui avez créé le Ciel et la terre, vous voilà réduites à l'immobilité! Ô mon Jésus, continue ta création: ta création d'Amour. Crée en tout mon être une vie nouvelle, la Vie divine. Prononce tes Paroles créatrices sur mon pauvre coeur et rends-le totalement comme le tien.

Pieds saints de mon Jésus, ne me laissez jamais seule, mais faites en sorte que je coure toujours avec vous et que je ne fasse pas un seul pas loin de vous. Jésus, par mon amour et par mes réparations, je veux te soulager des Peines dont tu souffres dans tes Pieds infiniment saints.

Ô mon Jésus crucifié, j'adore ton Sang infiniment précieux. Je baise tes saintes Plaies une à une, voulant leur prodiguer tout mon amour, mes adorations et mes réparations les plus ardentes. Que ton Sang soit pour toutes les âmes lumière dans les ténèbres, réconfort dans la souffrance, force dans la faiblesse, pardon dans la faute, aide dans les tentations, protection dans les dangers, soutien dans la mort. Et qu'il soit les ailes qui transporteront les âmes de cette terre vers le Ciel.

Ô Jésus, c'est à toi que je viens! Dans ton Coeur je veux faire mon nid et ma demeure. De l'intérieur de ton Coeur, ô mon doux Amour, j'appellerai tous les gens à toi. Et si quelqu'un veut s'approcher pour t'offenser, j'exposerai ma poitrine et je ne permettrai pas qu'on te blesse. Au contraire, j'enfermerai cette personne dans ton Coeur, je lui parlerai de ton Amour et je changerai ses offenses en Amour. Ô Jésus, au grand jamais ne permets que je sorte de ton Coeur. Alimente-moi de tes flammes. Par ta Vie, donne-moi la vie, pour que je t'aime comme tu le désires si ardemment.

Quatrième Parole: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?»

Ô Jésus souffrant, tandis que, serrée sur ton Coeur, je m'abandonne en comptant tes Souffrances, je vois qu'un tremblement convulsif envahit ton Humanité infiniment sainte. Tes Membres se débattent comme s'ils voulaient se détacher l'un de l'autre. Et durant ces convulsions, tu cries avec force: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» À ce cri, tous tremblent, les ténèbres deviennent plus épaisses, ta Maman pétrifiée pâlit et se sent très mal!

Ma Vie! mon Tout! mon Jésus! que vois-je? Ah! tu es tout proche de la mort! Tes Souffrances, qui t'ont toujours été fidèles, sont sur le point de te laisser. Après tant de Souffrances, c'est avec une Douleur immense que tu vois que beaucoup d'âmes ne sont pas incorporées à toi. Au contraire, tu vois que beaucoup seront perdues et tu ressens la douloureuse séparation d'avec elles. Et comme tu dois satisfaire la Justice divine même pour ces âmes, tu ressens la mort de chacune et les peines mêmes qu'elles souffriront en enfer. Et tu cries fort à toutes: «Ne m'abandonnez pas. Si vous voulez plus de Souffrances, je suis prêt, mais ne vous séparez pas de mon Humanité. C'est cela la Douleur des douleurs, la Mort des morts. Tout le reste me serait néant si m'était épargnée votre séparation d'avec moi! De grâce, pitié pour mon Sang, pour mes Plaies, pour ma Mort! Ne m'abandonnez pas!»

Mon Amour, combien je suis désolée! Tu t'essouffles! Ta Tête infiniment sainte tombe déjà sur ta Poitrine! La vie t'abandonne! Mon Amour, je me sens mourir avec toi! Moi aussi je veux crier avec toi: «Âmes, âmes!» Je ne veux pas me détacher de cette Croix, de tes Plaies, pour te procurer des âmes. Et si tu le veux, je descendrai dans le coeur des créatures, je les entourerai de tes Peines afin qu'elles ne m'échappent pas. Et si cela m'était possible, je voudrais me mettre devant la porte de l'enfer pour faire reculer les âmes qui s'y présentent et les amener à ton Coeur.

Ô mon Jésus, tu agonises et tu te tais. Et moi je pleure ta mort prochaine. Je compatis avec toi, je serre ton Coeur sur le mien, je lui donne un baiser et je le regarde avec toute la tendresse dont je suis capable. Et pour te donner un soulagement plus grand, je fais mienne la Tendresse divine, et c'est avec elle que je veux compatir avec toi. Je veux changer mon coeur en un fleuve de douceur et le verser dans le tien pour adoucir l'amertume que tu éprouves à cause de la perte des âmes.

Il est extrêmement douloureux, ton cri, ô mon Jésus; plus que l'abandon du Père, ce sont les âmes qui s'éloignent de toi qui font s'échapper de ton Coeur cette lamentation douloureuse: «Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» Ô mon Jésus, augmente en tous la Grâce, afin que personne ne se perde. Que ma réparation soit au profit des âmes qui devraient se perdre, pour qu'elles soient sauvées.

Ô mon Jésus, par cet abandon extrême que tu ressens sur la Croix, je te prie de donner ton aide aux nombreuses âmes aimantes à qui tu demandes d'avoir pour compagnon ton Abandon, ce que tu fais en leur donnant la sensation d'être privées de ta présence, d'être plongées dans les ténèbres -- toi qui les portes pourtant si serrées sur ton Coeur. Ô Jésus, que les souffrances de ces âmes amènent beaucoup d'âmes près de toi et te soulagent dans ta Douleur.
Réflexions et pratiques

Au bon larron, Jésus pardonne avec tant d'Amour que c'est immédiatement qu'il l'emmène avec lui au Paradis. Et nous, prions-nous pour l'âme des nombreux mourants qui ont besoin d'une prière, afin que pour eux se ferme l'enfer et s'ouvrent les portes du Ciel?

Les Peines de Jésus sur la Croix augmentent, mais oublieux de lui-même, il prie sans cesse pour nous. Il nous donne tout, y compris sa Très Sainte Mère, faisant d'elle le don le plus précieux dont disposait son Coeur. Et nous, savons-nous tout donner à Jésus?

En tout ce que nous faisons -- prières, actions, etc. -- avons-nous toujours l'intention d'absorber de l'Amour frais en nous, pour pouvoir ensuite tout redonner à Jésus? Nous devons absorber l'Amour pour le redonner, afin que tout ce que nous faisons porte l'empreinte de Jésus.

Quand le Seigneur nous donne de la ferveur, de la lumière ou de l'Amour, savons-nous nous en servir pour le bien des autres, pour favoriser leur conversion? Ou bien gardons-nous égoïstement pour nous seuls ces Grâces?

Ô mon Jésus, que chaque petite étincelle d'amour que je ressens dans mon coeur devienne un incendie qui consume le coeur de chaque créature et la conduise à ton Coeur.

Quel usage faisons-nous du grand don qu'il nous a fait de sa Maman? Faisons-nous nôtre l'Amour de Jésus, ses Tendresses et tout ce qu'il faisait, afin de contenter sa Maman? Pouvons-nous dire que notre divine Mère trouve en nous le contentement qu'elle trouvait en son divin Fils? Sommes-nous toujours unis à elle comme des enfants fidèles, lui obéissant et imitant ses vertus?

Pour pouvoir donner à Marie le contentement que lui donnait son Fils, faisons nôtre l'Amour que Jésus éprouvait envers sa Mère, la gloire, la tendresse et toutes les finesses d'Amour qu'il lui donnait continuellement, et disons-lui: «J'ai en moi Jésus et, pour te rendre contente et pour que tu puisses trouver en moi ce que tu trouvais en Jésus, je te donne tout. De plus, belle Maman, je veux donner à Jésus tous les contentements qu'il trouvait en toi et, pour ce faire, je veux entrer dans ton Coeur et prendre ton Amour, toutes tes Tendresses et tous tes Soins maternels pour les donner à Jésus. Douce Maman, que tes Mains maternelles soient les douces chaînes qui me tiennent lié à toi et à Jésus.»

Jésus ne s'épargne en rien. Nous aimant d'un Amour suprême, il veut nous sauver tous et, si c'était possible, il voudrait arracher à l'enfer toutes les âmes, même en subissant toutes leurs peines. Cependant, il voit que bien des âmes cherchent à se détacher de ses Bras. Alors, ne pouvant contenir sa Douleur, il s'exclame: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» Et nous, pouvons-nous dire que notre amour envers les âmes est semblable à celui de Jésus? Pouvons-nous dire que nos prières, nos peines et toutes nos actions, même les plus petites, sont unies aux Actions et aux Prières de Jésus pour arracher les âmes à l'enfer? Comment compatissons-nous avec Jésus dans son immense Douleur? Si notre vie pouvait se consumer en un holocauste continuel, cela ne serait pas suffisant pour compatir adéquatement à cette Douleur.

Chaque petite action que nous faisons en union avec Jésus, chaque petite peine que nous vivons en union avec lui peut servir à arracher des âmes des griffes de Satan pour qu'elles ne tombent pas en enfer. Si nous sommes unis à Jésus, nous avons en mains son propre Pouvoir. Et si, au contraire, nous ne faisons pas nos actions en union avec lui, elles ne serviront pas à empêcher ne fût-ce qu'une âme d'aller en enfer.

Mon Amour et mon Tout, tiens-moi serrée sur ton Coeur, afin que je ressente combien le pécheur t'afflige en se détachant de toi, et qu'ainsi je puisse faire ma part pour le ramener à toi. Ô Jésus, que ton Amour brûle mon coeur, afin que je puisse ressentir l'Amour que tu as pour les âmes. Quand je souffre des amertumes, alors, ô Jésus, donne libre cours à ta Justice sur moi et prends la satisfaction que tu veux. Mais le pécheur, ô Jésus, qu'il soit sauvé, et que mes peines soient un lien qui l'attache à toi, et que mon âme ait la consolation de voir ta Justice satisfaite.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 14h à 15h :
Troisième heure d'Agonie sur la Croix
Mort de Jésus

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Cinquième Parole: «J'ai soif!»

Ô mon Crucifié moribond, alors que j'embrasse ta Croix, je ressens le feu qui brûle toute ta Personne infiniment sainte. Ton Coeur bat si fort que, te soulevant les Côtes, il te tourmente de manière déchirante et horrible. Toute ton Humanité infiniment sainte subit une transformation telle qu'elle te rend méconnaissable. L'Amour dont ton Coeur est enflammé, tu ne peux le contenir. Il te brûle et te dessèche tout entier.

Ton Tourment est non seulement celui de la soif corporelle causée par l'effusion de ton Sang, mais bien davantage celui de ta soif ardente du salut de nos âmes. Par l'eau que tu aimerais boire, tu voudrais nous mettre tous en sûreté à l'intérieur de toi. Rassemblant tes forces très affaiblies, tu cries: «J'ai soif!» Ah! cette Parole, tu la dis de tout ton divin Coeur: «J'ai soif de ta volonté, de tes affections, de tes désirs, de ton amour. Il n'y a pas d'eau plus fraîche et plus douce que tu puisses me donner que ton âme. De grâce, ne me laisse pas brûler. J'ai une soif ardente! Non seulement je sens brûler ma Langue et ma Gorge, mais je sens aussi mon Coeur et mes Viscères se dessécher. Pitié pour ma soif, pitié!» Et dans le délire de cette soif, tu t'abandonnes à la Volonté du Père.

Ah! mon coeur ne peut plus vivre en voyant la cruauté de tes ennemis qui, au lieu d'eau, te donnent du fiel et du vinaigre. Et toi, tu ne les refuses pas! Ah! je comprends, c'est le fiel de nos nombreuses fautes et le vinaigre de nos passions non maîtrisées que tu reçois, et qui, au lieu de te restaurer, te brûlent davantage. Ô mon Jésus, voici mon coeur, mes pensées, mes affections, tout mon être, afin que tu te désaltères et donnes un réconfort à ta Bouche brûlée et remplie d'amertume.

Tout ce que j'ai, tout ce que je suis, tout est pour toi, ô mon Jésus. Si mes peines étaient nécessaires pour pouvoir sauver ne serait-ce qu'une seule âme, me voici. Je suis prête à tout souffrir; à toi je m'offre intérieurement. Fais de moi ce qui te plaira davantage.

Je veux réparer la Douleur dont tu souffres à cause des âmes qui se perdent. Je veux réparer la Peine que te donnent les âmes que tu invites à partager ta Tristesse et ton Abandon et qui, au lieu de t'offrir ces souffrances comme soulagement pour ta soif cuisante, te tournent le dos et, ainsi, te font souffrir davantage.

Sixième Parole: «Tout est consommé!»

Mon Bien, tu es sur le point de mourir. L'océan incommensurable de tes Peines, le feu qui te consume et, plus que tout, le Vouloir suprême du Père qui veut que tu meures, ne me font plus espérer que tu puisses continuer à vivre. Comment pourrai-je vivre sans toi?

Les forces te manquent, tes Yeux se voilent, ton Visage se transforme et se couvre d'une pâleur mortelle, ta Bouche est entrouverte, ton Souffle est haletant et intermittent: il n'y a plus d'espoir que tu puisses te ranimer. Au feu qui te brûle, s'ajoute une sueur froide qui te baigne le Front. Tes Muscles et tes Nerfs se contractent de plus en plus à cause de l'âpreté de tes Douleurs et des Blessures des clous; tes Plaies se déchirent encore. Et moi, je tremble et me sens mourir. Je te regarde, ô mon Bien, et je vois descendre de tes Yeux tes dernières Larmes, signes avant-coureurs de ta mort, tandis qu'à grand-peine tu fais entendre encore une Parole: «Tout est consommé!»

Ô mon Jésus, tu as déjà tout épuisé. Il ne te reste rien d'autre. L'Amour est parvenu à son terme. Et moi, me suis-je consumée tout entière par amour? Quels remerciements ne devrais-je pas te faire, quelle ne devrait pas être ma gratitude envers toi? Ô mon Jésus, je veux réparer pour tous, réparer nos manques de retour d'Amour et te consoler des affronts que tu reçois de la part des gens tandis que tu te consumes d'Amour sur la Croix.

Septième Parole: «Entre tes Mains, ô Père, je remets mon Esprit!»

Mon Jésus crucifié, tu en es à tes dernières Respirations, ton Humanité infiniment sainte se raidit, ton Coeur ne semble plus battre. Avec Marie Madeleine, j'embrasse tes Pieds et je voudrais, si c'était possible, donner ma vie pour ranimer la tienne.

Et je vois, ô Jésus, que tu ouvres tes Yeux moribonds et regardes autour de la Croix comme si tu voulais faire ton dernier adieu à tous. Tu regardes ta Maman mourante qui n'a plus de Mouvement ni de Voix, tant sont grandes ses Peines, et tu dis: «Adieu, Maman, moi je pars, mais je te garderai dans mon Coeur. Prends soin de nos enfants.» Tu regardes Marie Madeleine qui pleure, le fidèle Jean et, par tes Regards, tu leur dis: «Adieu!»

Avec Amour, tu regardes tes ennemis et, par tes Regards, tu leur dis: «Je vous pardonne, je vous donne le Baiser de paix.» À ton Regard, rien n'échappe. De tous, tu prends congé. Tu pardonnes à tous. Puis tu rassembles toutes tes forces et d'une Voix forte tu cries: «Père, entre tes Mains, je remets mon Esprit!» Et, baissant la tête, tu expires.

Mon Jésus, à ce cri, la nature est toute bouleversée et pleure ta mort, la mort de son Créateur! La terre tremble et, par son tremblement, elle semble pleurer et vouloir secouer les âmes pour les amener à te reconnaître comme le vrai Dieu. Le voile du Temple se déchire, des morts ressuscitent, le soleil qui jusqu'ici a pleuré tes Peines, a retiré avec effroi sa lumière. À ce cri, tes ennemis s'agenouillent, se frappent la poitrine et disent: «Vraiment, celui-ci est le Fils de Dieu!» Et ta Mère, pétrifiée et mourante, souffre des Peines plus dures que la mort.

Mon Jésus mort, par ce cri tu nous mets nous aussi entre les Mains du Père, pour qu'il ne nous rejette pas. Par conséquent, tu cries fort non seulement de ta Voix corporelle, mais par toutes tes Peines et tout ton Sang: «Père, entre tes Mains, je remets mon Esprit et toutes les âmes!» Ô mon Jésus, avec toi, je m'abandonne aussi entre les mains du Père. Donne-moi la Grâce de mourir complètement dans ton Amour, dans ton Vouloir. Je te prie de ne jamais me permettre, ni en cette vie ni à ma mort, de quitter ta Volonté infiniment sainte.

Et je veux réparer pour tous ceux qui ne s'abandonnent pas parfaitement à ta Volonté infiniment sainte, perdant ainsi ou affaiblissant en eux le précieux fruit de ta Rédemption. Quelle n'est pas la Douleur de ton Coeur, ô mon Jésus, de voir tant de créatures qui s'enfuient de tes Bras et ne comptent que sur elles-mêmes? Pitié pour tous, ô mon Jésus, pitié pour moi. Je baise ta Tête couronnée d'épines et je te demande pardon pour mes nombreuses pensées d'orgueil, d'ambition et d'amour propre, et je te promets que chaque fois qu'il me viendra une pensée qui ne soit pas toute pour toi ou que je me trouverai dans une occasion de t'offenser, je crierai immédiatement: «Jésus et Marie, je vous recommande mon âme!»

Ô Jésus, je baise tes beaux Yeux encore baignés de Larmes et tout couverts de Sang coagulé, et je te demande pardon pour toutes les fois où je t'ai offensé par des regards mauvais ou immodestes. Je te promets que chaque fois que mes yeux seront portés à s'arrêter aux choses de la terre, je crierai immédiatement: «Jésus et Marie, je vous recommande mon âme!»

Ô mon Jésus, je baise tes Oreilles infiniment sacrées, accablées par tant d'insultes et d'horribles blasphèmes, et je te demande pardon pour toutes les fois que j'ai écouté ou fait écouter des paroles qui éloignent de toi. Je te demande pardon également pour toutes les conversations mauvaises faites par les créatures. Je te promets que chaque fois que je me trouverai dans l'occasion d'entendre des conversations inconvenantes, je crierai immédiatement: «Jésus et Marie, je vous recommande mon âme!»

Ô mon Jésus, je baise ton Visage infiniment saint, livide et ensanglanté, et je te demande pardon pour les nombreux mépris, affronts et insultes que tu reçois de nous, viles créatures pécheresses. Je te promets que chaque fois que me viendra la tentation de ne pas te donner toute la gloire, l'Amour et l'adoration qui te sont dus, je crierai immédiatement: «Jésus et Marie, je vous recommande mon âme!»

Ô mon Jésus, je baise ta Bouche infiniment sacrée, desséchée et remplie d'amertume. Je te demande pardon pour toutes les fois que je t'ai offensé par mes conversations mauvaises, pour toutes les fois que j'ai contribué à te remplir d'amertume et à augmenter ta soif. Je promets que chaque fois que me viendra la pensée d'entretenir des conversations qui pourraient t'offenser, je crierai immédiatement: «Jésus et Marie, je vous recommande mon âme!»

Ô mon Jésus, je baise ton Cou infiniment saint, où je vois encore les marques des chaînes et des cordes qui t'ont tyrannisé. Je te demande pardon pour nos nombreux attachements aux créatures, attachements qui ont augmenté les chaînes et les cordes autour de ton Cou infiniment sacré. Je te promets que chaque fois que je me sentirai troublée par des attachements, des désirs et des affections qui ne sont pas pour toi, je crierai immédiatement: «Jésus et Marie, je vous recommande mon âme!»

Mon Jésus, je baise tes Épaules infiniment saintes et je te demande pardon pour les nombreuses satisfactions illicites, les nombreux péchés commis avec les cinq sens de mon corps. Je te promets que chaque fois que me viendra la pensée de me procurer des plaisirs ou satisfactions qui ne soient pas pour ta Gloire, je crierai immédiatement: «Jésus et Marie, je vous recommande mon âme!»

Mon Jésus je baise ta Poitrine infiniment sainte et je te demande pardon pour les nombreuses froideurs, indifférences, tiédeurs et ingratitudes que tu reçois des créatures. Je te promets que chaque fois que je sentirai se refroidir mon amour pour toi, je crierai immédiatement: «Jésus et Marie, je vous recommande mon âme!»

Mon Jésus, je baise tes Mains infiniment sacrées. Je te demande pardon pour toutes nos oeuvres mauvaises ou indifférentes, nos nombreuses actions guidées par l'amour propre, la vanité ou le respect humain. Je te promets que chaque fois que me viendra la pensée de ne pas agir seulement par amour pour toi, je crierai immédiatement: «Jésus et Marie, je vous recommande mon âme!»

Ô mon Jésus je baise tes Pieds infiniment saints et je te demande pardon pour les nombreux pas faits sans intention droite, les nombreuses rues fréquentées pour faire le mal. Pardon pour les nombreuses âmes qui s'éloignent de toi pour aller à la recherche des plaisirs terrestres. Je te promets que chaque fois que me viendra la pensée de m'éloigner de toi, je crierai immédiatement: «Jésus et Marie, je vous recommande mon âme!»

Ô Jésus, je baise ton Coeur infiniment sacré. Je veux m'enfermer en lui et y enfermer toutes les âmes rachetées par toi, pour que toutes soient sauvées, sans aucune exception.

Ô Jésus, enferme-moi dans ton Coeur et fermes-en les portes, de sorte que je ne puisse voir que toi. Je te promets que chaque fois que me viendra la pensée de vouloir sortir de ce Coeur, je crierai immédiatement: «Jésus et Marie, à vous je donne mon coeur et mon âme!»
Réflexions et pratiques

Jésus brûle de soif. Et nous, brûlons-nous d'amour pour lui? Nos pensées et nos affections ont-elles toujours pour but d'étancher sa soif ardente?

Jésus assoiffé, ne pouvant supporter la soif qui le brûle, dit: «Tout est consommé!» Jésus s'est sacrifié tout entier pour nous. Et nous, en toute chose, nous efforçons-nous d'être continuellement consumés d'amour pour lui? Toutes les Actions, Paroles et Pensées de Jésus le portaient vers le sacrifice total de lui-même. Et nous, chacune de nos actions, paroles et pensées nous poussent-elles à nous consumer d'amour pour lui?

Ô Jésus, ma douce Vie, que ton Haleine moribonde pénètre dans mon pauvre coeur pour que je puisse recevoir l'empreinte de ton Sacrifice total.

Sur la Croix, Jésus accomplit en toute chose la Volonté du Père et expire dans un Acte de parfait abandon à cette Volonté infiniment sainte. Et nous, accomplissons-nous en toute chose la Volonté de Dieu? Nous abandonnons-nous parfaitement à son Vouloir sans nous demander s'il nous en vient du bien ou du mal, contents de seulement nous trouver abandonnés dans ses Bras infiniment saints? Sommes-nous toujours disposés à mourir à nous-mêmes par amour pour Jésus?

Pouvons-nous dire que bien que nous vivions, nous ne vivons pas par nous-mêmes, c'est-à-dire que nous sommes morts à tout pour ne vivre que de la Vie de Jésus? Est-ce que tout ce que nous faisons, pensons, désirons, aimons, attire en nous la Vie de Jésus pour que meurent en lui nos paroles, nos pas, nos désirs, nos pensées?

Ô mon Jésus, que ma vie soit une mort continuelle par amour pour toi, et que toute mort que je subis soit une vie que je donne à toutes les âmes.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 15h à 16h :
Jésus transpercé par la lance - Sa déposition

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon Jésus, quand tu as expiré, toute la nature a pleuré ta douloureuse mort, te reconnaissant pour son Créateur. Les anges, par milliers, volent autour de la Croix et pleurent ta mort. Ils t'adorent, toi notre vrai Dieu, et t'accompagnent aux limbes, où tu te rends pour combler de joie tant d'âmes qui, depuis des siècles, te désirent ardemment.

Mon Jésus mort, je ne sais pas comment me détacher de ta Croix, et je ne me rassasie pas de baiser tes Plaies infiniment saintes qui me disent avec éloquence combien tu m'aimes. À voir tes horribles déchirures, la profondeur de tes Plaies, si profondes qu'elles découvrent tes Os, je me sens mourir! Je voudrais tant pleurer sur ces Plaies que je les laverais de mes larmes. Je voudrais tant t'aimer que je te guérirais tout entier par mon amour et que je restituerais à ton Humanité méconnaissable sa Beauté originale. Je voudrais m'ouvrir les veines pour remplir les tiennes de mon sang et te ramener à la vie.

Ô mon Jésus, que ne peut pas faire l'Amour? L'Amour est Vie! Et moi, au moyen de mon amour, je veux te redonner la vie. Et si mon amour ne suffit pas, donne-moi ton propre Amour, et au moyen de cet Amour, je pourrai tout. Oui, je pourrai redonner Vie à ton Humanité infiniment sainte.

Ô mon doux Jésus, même mort, tu veux me témoigner ton Amour et me donner un refuge dans ton Coeur sacré. Poussé par une force suprême, un soldat, pour s'assurer de ta mort, te déchire le Coeur d'un coup lance, t'y ouvrant une Plaie profonde. Et toi, mon Amour, tu verses les dernières gouttes de sang et d'eau que contient ton Coeur embrasé. Ah! combien de choses me dit cette Plaie ouverte par l'Amour! Et si ta Bouche est muette, ton Coeur me parle et me dit:

«Mon enfant, après avoir tout donné, j'ai voulu, par ce coup de lance, ouvrir dans mon Coeur un refuge pour toutes les âmes. Mon Coeur ouvert, criera continuellement à tous: «Venez à moi si vous voulez être sauvés. En moi vous trouverez la sainteté, le soulagement dans les afflictions, la force dans la faiblesse, la paix dans les doutes, la compagnie dans la solitude.

«Ô âmes qui m'aimez, si vous voulez m'aimer vraiment, demeurez toujours dans ce Coeur. C'est ici que vous trouverez l'Amour vrai pour aimer et des flammes ardentes pour vous brûler et vous consumer d'Amour. Tout est concentré dans ce Coeur: c'est là que se trouvent les sacrements, la vie de mon Église, et la vie de toutes les âmes.

«En lui, je ressens aussi les profanations qui se font contre mon Église, les intrigues de ses ennemis, les flèches qu'ils lui décochent, mes enfants qu'ils piétinent. Car il n'y a pas d'offense que mon Coeur ne ressente. Par conséquent, mon enfant, que ta vie soit en mon Coeur. Défends-le, répare toutes les offenses contre lui, conduis-y tous les gens.»

Mon Jésus, puisque par Amour pour moi, tu t'es laissé blesser le Coeur par une lance, alors, de tes Mains, blesse mon coeur, mes affections, mes désirs et tout moi-même. Qu'il n'y ait rien en moi qui ne soit blessé par tes Mains amoureuses. Je m'unis aux Peines navrantes de notre chère Maman, qui, en voyant qu'on te déchire le Coeur, défaille de Douleur et d'Amour. Comme une colombe, elle vole en ton Coeur pour y occuper la première place, pour y être la première Réparatrice, la Reine, la Médiatrice entre toi et les créatures.

Avec ma Maman, je veux moi aussi voler dans ton Coeur afin de voir comment elle y répare les offenses des créatures. Ô mon Jésus, dans ton Coeur blessé, je trouverai la Vie, si bien que, peu importe ce que je ferai, mes actions y trouveront vie. Je ne donnerai plus de vie à mes pensées, mais si elles veulent la vie, je prendrai tes Pensées. Ma volonté n'aura plus de vie, mais si elle veut la vie, je prendrai ta Volonté. Mon amour n'aura plus de vie, mais s'il veut la vie, je prendrai ton Amour. Ô mon Jésus, toute ta Vie m'appartient: c'est ta Volonté.

Mon Jésus mort, je vois que tes disciples se dépêchent de te déposer de la Croix. Joseph et Nicodème qui, jusqu'à présent, étaient tes disciples en secret, eh bien, avec courage, sans craindre quoi que ce soit, veulent maintenant te donner une sépulture honorable. Ils prennent des marteaux et des tenailles pour accomplir le déclouement sacré et si triste, tandis que ta Mère, affligée, étend ses Bras maternels pour te recevoir sur son Sein.

Mon Jésus, tandis qu'ils te déclouent, je veux aider tes disciples à soutenir ton Corps infiniment saint. Au moyen des clous qu'ils t'enlèvent, cloue-moi tout entière sur toi. Avec ta sainte Mère, je veux t'adorer, t'embrasser, puis m'enfermer dans ton Coeur pour ne plus jamais en sortir.
Réflexions et pratiques

Après sa mort, Jésus a voulu, par Amour pour nous, être blessé par une lance. Et nous, nous laissons-nous blesser en toutes choses par Jésus? Ou bien nous laissons-nous blesser par les créatures, par les plaisirs, par l'attachement à nous-mêmes?

Les froideurs, les obscurités, les mortifications internes et externes sont des blessures que le Seigneur présente à notre âme; si nous ne les recevons pas des Mains de Dieu, nous nous blessons nous-mêmes, et nos blessures activent nos passions, nos faiblesses, notre amour-propre et tous nos maux. Si, au contraire, nous les recevons comme des blessures aménagées en nous par Jésus, il y mettra son Amour, ses Vertus et sa Ressemblance, ce qui nous fera mériter ses Baisers, ses Caresses et tous les Stratagèmes de l'Amour divin. Ces blessures seront des voix qui l'appelleront et le contraindront à demeurer avec nous continuellement.

Ô mon Jésus, que ta lance soit le garde qui me défende de toute blessure provenant des créatures.

En quittant la Croix, Jésus est déposé dans les Bras de sa Maman. Et nous, déposons-nous dans les Mains de notre Maman nos doutes, nos anxiétés, nos craintes? Jésus reposa sur le Sein de sa sainte Mère. Et nous, faisons-nous reposer Jésus en nous en faisant disparaître nos craintes et nos agitations? Ma Maman, de tes Mains maternelles enlève de mon coeur tout ce qui pourrait empêcher Jésus de reposer en moi.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
De 16h à 17h :
La sépulture de Jésus

(Commencer avec la prière préparatoire.)

Mon Jésus, la première à te recevoir sur son sein, une fois que tu as été dégagé de la Croix, fut ta Mère affligée. Ta Tête transpercée reposa doucement dans ses Bras.

Ô douce Maman, ne dédaigne pas de m'avoir en ta compagnie et fais qu'avec toi je puisse accomplir mes derniers devoirs envers mon bien-aimé Jésus. Ma Mère pleine de douceur, il est vrai que tu me surpasses dans l'amour et dans la délicatesse pour toucher à mon Jésus, mais moi, je m'efforcerai de t'imiter de mon mieux pour lui plaire en tout. Par conséquent, comme tu le fais si délicatement de tes Mains, je veux moi aussi, de mes mains, extraire toutes les épines qui entourent sa Tête adorée, et je veux unir mes profondes adorations aux tiennes.

Ô céleste Maman, tes Mains enlèvent le Sang coagulé des Yeux de Jésus, ces Yeux qui, un jour, donnaient la Lumière à tout le monde et qui, maintenant, sont obscurcis et éteints. Ô Maman, je m'unis à toi; ensemble donnons à ces Yeux divins un baiser et adorons-les profondément!

Je vois les Oreilles de mon Jésus trempées de Sang, écrasées par les gifles, lacérées par les épines. Donnons, ô Mère, nos adorations à ces Oreilles qui n'entendent plus et qui ont tant souffert, pour éveiller les âmes sourdes et obstinées aux appels de la Grâce.

Ô douce Maman, je vois que ton Visage est baigné de Larmes en voyant le Visage de Jésus, l'Affligé. J'unis ma douleur à la tienne. Ensemble, enlevons-lui la boue et les crachats qui l'ont à ce point déformé, et adorons ce Visage de divine Majesté qui faisait s'éprendre le Ciel et la terre, et qui, maintenant, ne donne plus signe de vie!

Ô douce Maman, donnons ensemble un baiser à la divine Bouche de Jésus qui, par la suavité de sa Parole a attiré tant d'âmes à son Coeur! Ô Mère, c'est avec ta propre Bouche que je veux baiser ses Lèvres livides et ensanglantées. Je les adore profondément.

Ô ma douce Maman, avec toi je veux donner des baisers à l'adorable Corps de mon Jésus, réduit tout entier en une effroyable Plaie. Comme toi, j'utilise mes mains pour remettre en place les morceaux de Chair qui pendent de son Corps. Adorons profondément ce Corps infiniment saint.

Baisons, ô Mère, ces Mains créatrices, qui ont fait tant de prodiges pour nous, ces Mains transpercées, contorsionnées, maintenant froides et raidies par la mort! Ô douce Maman, renfermons en leurs Blessures infiniment saintes le sort de toutes les âmes. À sa résurrection, Jésus les trouvera placées là par toi, et aucune ne sera perdue. Ô Mère, au nom de tous et avec tous, adorons ensemble ces précieuses Blessures.

Ô céleste Maman, te voilà en train de donner des Baisers aux Pieds de Jésus. Comme elles sont navrantes les Blessures de ces Pieds divins! Les clous ont enlevé une partie de la Chair et de la Peau et le poids du Corps infiniment sacré les a déchirés de manière horrible! Donnons ensemble un baiser à ces Blessures et adorons-les profondément. En elles, renfermons tous les pas des pécheurs afin que, quand ils marchent, ils entendent les Pas de Jésus derrière eux, et qu'ainsi ils n'osent pas l'offenser.

Je te vois, ô douce Maman, fixer du regard le Coeur ouvert de l'adorable Jésus. De grâce, ensevelis-moi en ce Coeur sacré. Et comme je posséderai ainsi le Coeur et la Vie de mon Bien-Aimé, j'y resterai cachée jusqu'à l'éternité. Donne-moi ton Amour, ô Maman, pour que je puisse aimer Jésus comme toi. Donne-moi ta Douleur pour que, comme toi, je puisse souffrir et plaider pour tous, et réparer toutes les offenses faites à ce Coeur!

Ô Maman, toi qui prépares Jésus pour l'ensevelissement, c'est de tes propres Mains que je veux être ensevelie avec lui, afin que je puisse ressusciter avec lui. Ainsi soit-il.

Et maintenant, c'est à toi aussi, ô Mère amoureuse, que je veux donner mon tribut filial. Je compatis beaucoup avec toi et, au moyen de toutes les effusions d'amour de mon coeur, je voudrais réunir tous les battements de coeur, tous les désirs, toute la vie des créatures et les déposer devant toi comme autant d'actes d'amour. Je compatis avec toi pour l'extrême Douleur que tu as soufferte en voyant Jésus couronné d'épines, torturé par les coups et les clous; aussi en voyant ces Yeux qui ne te regardent plus, ces Oreilles qui n'entendent plus ta Voix, cette Bouche qui ne te parle plus, ces Mains qui ne te caressent plus, ces Pieds qui ne te suivront plus. Je voudrais t'offrir le Coeur de ce même Jésus débordant d'Amour, pour compatir avec toi comme tu le mérites et pour donner un soulagement à tes Douleurs si cruelles.
Réflexions et pratiques

Jésus est enseveli. Une pierre ferme le tombeau et empêche la Maman de continuer à regarder et admirer son Fils. Et nous, savons-nous nous dissimuler aux regards des créatures; sommes-nous indifférents à ce que tous nous oublient? Dans les choses saintes, sommes-nous dans une sainte indifférence, ne nous opposant à rien de ce que Dieu attend de nous? Notre regard est-il enseveli dans le Regard de Jésus, de sorte que nous ne regardions rien, sauf Jésus et ce qui émane de lui? Notre voix est-elle ensevelie dans la Voix de Jésus, de sorte que si nous parlons, nous ne parlions qu'avec la Langue de Jésus? Nos pas sont-ils ensevelis dans ceux de Jésus, de sorte que quand nous marchons, la seule empreinte que nous laissions soit celle des Pas de Jésus? Et notre coeur est-il enseveli dans celui de Jésus, de sorte que nous n'aimions et ne désirions que ce qu'aime et désire son Coeur?

Ma Maman, quand, pour le bien de mon âme, Jésus se dissimule à moi, donne-moi la Grâce que tu avais quand tu étais privée de sa Présence, afin que je puisse lui donner toute la gloire que tu lui as donnée quand on l'a déposé dans le sépulcre.

Ô Jésus, je veux te prier avec ta propre Voix. Et comme ta Voix pénétrait les Cieux et se répercutait dans la voix de tous, en particulier dans la mienne, que ma voix pénètre jusqu'aux Cieux pour te donner la gloire de ta propre Voix.

Mon Jésus, mon coeur palpite, mais je ne serai pas contente si tu ne le fais pas palpiter avec le tien. Avec tes Battements de Coeur, j'aimerai comme toi tu aimes. Je te donnerai l'amour de toutes les créatures, et nous n'entendrons qu'un cri: «Amour, Amour!» Ô mon Jésus, fais-toi honneur: en tout ce que je fais, mets-y l'empreinte de ton Pouvoir, de ton Amour et de ta Gloire.

(Terminer avec la prière de remerciements.)
 
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APPENDICE
LA DÉSOLATION DE MARIE
Mot de présentation

La pieuse auteure Luisa fait suivre les Heures de la Passion d'autres écrits, dont le premier est une méditation sur la Désolation de la Très Sainte Vierge Marie après la Mort de Notre-Seigneur. C'est la «méditation sur l'Affligée», thème sur lequel ont écrit des centaines d'auteurs et sur lequel, tous les ans, le soir du Vendredi Saint, le peuple rassemblé à l'église devant une représentation de la Vierge Marie affligée au pied du Calvaire, écoute des orateurs sacrés faisant des homélies remplies de compassion envers la Mère de Dieu, profondément affligée et effondrée, privée de son Bien suprême déjà mort! C'est l'un des sujets les plus tendres qui, lors de cette solennité lugubre, émeut tous les coeurs.

La manière de s'exprimer de Luisa sur ce sujet ne se retrouve dans aucun livre et ne s'entend chez aucun prédicateur. Le sujet est traité d'une manière toute nouvelle, selon une inspiration particulière. L'essentiel consiste en ce que la Très Sainte Marie veut s'éloigner du tombeau où gît son Trésor, cela étant la Volonté de Dieu, mais qu'elle est tout à fait incapable de le faire. Pour surmonter cette opposition inexprimable entre la volonté de s'éloigner du tombeau et son incapacité de le faire, la Très Sainte Marie ne trouve qu'un moyen: demeurer spirituellement dans le tombeau avec Jésus, prendre en elle le Corps torturé de Jésus, reproduire en elle, Membre pour Membre, Plaie pour Plaie, toute la Passion de son divin Fils et toutes ses Réparations divines.

La Très Sainte Vierge fait tout cela spirituellement et quitte le tombeau. Voilà l'essentiel de cette méditation. Quant aux termes dans lesquels tout est exprimé, nous pensons que sans une inspiration particulière, un tel travail intime et compatissant n'aurait pu voir le jour. On pénètre dans les fibres les plus profondes des peines maternelles et surnaturelles de la Vierge désolée.

L'apôtre saint Paul dit qu'il nous faut endosser Jésus-Christ et nous en revêtir. C'est précisément ce qu'on retrouve chez la Très Sainte Marie désolée. On la contemple investie intérieurement de Jésus-Christ avec toutes ses Peines, ses Amertumes, ses Angoisses, ses Blessures et ses Réparations. Par suite, l'âme veut se revêtir de Marie désolée elle-même, pour ensuite se revêtir par elle du Bien-Aimé immolé à cause de nos péchés.
À LA TRÈS SAINTE MARIE DÉSOLÉE

«Elles me coûtent trop, les âmes, elles me coûtent la Vie d'un Fils Dieu. Et moi, comme Corédemptrice et Mère, je les lie à toi, ô Croix.»

Maman souffrante, voilà que tu te disposes au sacrifice ultime de devoir donner la sépulture à ton Fils Jésus. Complètement résignée aux Vouloirs du Ciel, tu t'affaires près de lui. De tes propres Mains, tu le déposes dans le Sépulcre. Et tandis que tu arranges ses Membres et que tu es sur le point de lui faire ton dernier adieu et de lui donner ton dernier Baiser, tu sens ton Coeur s'arracher de ta Poitrine! L'Amour te cloue sur ses Membres, et, par la force de l'Amour et de la Douleur, tu te sens t'éteindre avec ton Fils éteint!

Pauvre Maman! Comment feras-tu sans Jésus qui était ta Vie, ton Tout? Et pourtant, le Vouloir de l'Éternel le veut ainsi. Tu es aux prises avec deux puissances insurmontables: ton Amour pour Jésus et le Vouloir divin. Ton Amour te cloue de telle sorte qu'il empêche la séparation, et le Vouloir divin s'impose et veut ce sacrifice. Pauvre Maman, comment feras-tu? Comme je compatis avec toi! De grâce, anges du Ciel, venez la soutenir auprès des Membres raidis de son Jésus, autrement elle mourra elle aussi!

Mais, ô prodige, tandis que tu sembles éteinte avec Jésus, j'entends ta Voix tremblante et entrecoupée de sanglots qui dit: «Fils, ô Bien-Aimé Fils, c'est le dernier soulagement qu'il me reste pour adoucir mes Peines: m'épancher sur les Plaies de ton Humanité infiniment sainte, les adorer, les baiser. Et maintenant, cela aussi, on me l'enlève. Le Vouloir divin le veut ainsi. Et moi, je me résigne. Mais sache, ô Fils, que même si c'est ce que je veux, j'en suis incapable. À la seule pensée de le faire, les forces me manquent et la vie me fuit. De grâce, ô Fils, pour que je puisse avoir la force d'effectuer l'amère séparation, permets-moi de me laisser toute ensevelie en toi et de prendre ta Vie en moi, tes Peines, tes Réparations, et tout ce que tu es. Ah! seul un échange de Vies entre toi et moi peut me donner la force d'accomplir le sacrifice de me séparer de toi!»

Maman affligée, tu penches ta Tête sur celle de Jésus, tu lui donnes des Baisers, et tu enfermes tes Pensées en les siennes. Oh! comme tu voudrais ranimer son Intelligence avec la tienne, pour ainsi lui donner Vie pour Vie!

Maman affligée, je te vois donner des Baisers aux Yeux éteints de Jésus. Oh! comme tu souffres de constater que Jésus ne te regarde plus! Combien de fois, en te regardant, ces Yeux divins te transportaient de joie et faisaient ressusciter ton Coeur! Maintenant qu'il ne te regarde plus, tu te sens mourir. Tu échanges tes Yeux avec ceux de Jésus et tu prends pour toi ses Larmes, l'amertume que lui procuraient les offenses des créatures, leurs insultes et leurs mépris.

Maman affligée, je te vois donner des Baisers à ses Oreilles infiniment saintes. Tu l'appelles et lui dis: «Mon Fils, est-il possible que tu ne m'écoutes plus, toi qui à chacun de mes appels joyeux, accourrais? Maintenant, je pleure, je t'appelle, et tu ne m'entends pas? Ah! l'Amour fortement ressenti est un cruel tyran. Toi, tu étais pour moi plus que ma propre Vie. Et maintenant, comment pourrais-je désormais survivre à tant de douleurs? Ô fils, je laisse mon Ouïe dans la tienne et je prends pour moi ce qu'ont souffert tes Oreilles infiniment saintes. Seules tes Peines et tes Douleurs peuvent me redonner vie.» Et pendant que tu dis cela, la douleur et les serrements que tu ressens au Coeur sont si grands que tu en perds la voix et restes sans mouvement. Ma pauvre Maman, ma pauvre Maman, comme je compatis avec toi! Combien de Morts cruelles ne subis-tu pas!

Maman souffrante, le Vouloir divin s'impose et te met en action. Ainsi tu regardes le Visage infiniment saint de ton Jésus, tu lui donnes des Baisers et t'exclames: «Fils adoré, comme tu es défiguré! Ah! si l'Amour ne m'indiquait pas que tu es mon Fils, ma Vie et mon Tout, je ne te reconnaîtrais pas. Ta Beauté originale s'est transformée en difformités; le teint rose de tes Joues pourprées s'est changé en bleus; la Lumière et la Grâce que transmettait ta belle Figure, qui comblait de joie ceux qui l'admiraient, se sont changées en pâleur de mort!

«Ah! Fils bien-aimé, à quel piteux état as-tu été réduit! Quel horrible ravage a fait le péché sur tes Membres infiniment saints! Oh! comme ton inséparable Maman voudrait te restituer ta Beauté première! Je veux échanger mon Visage avec le tien et prendre pour moi les gifles, les crachats, les mépris et tout ce que tu as souffert dans ton saint Visage. Ah! Fils, si tu me veux en vie, donne-moi tes Peines, autrement je mourrai!»

Ta Douleur est telle, ô Maman, qu'elle te paralyse, te coupe la parole, et que tu est comme éteinte auprès du Visage de ton Jésus. Pauvre Maman, comme je compatis avec toi! Mes saints anges, venez soutenir ma Maman. Sa Douleur immense l'inonde, la suffoque, et il ne lui reste ni vie ni force.

Mais, déchirant ces vagues de souffrances, le Vouloir divin te remet en vie. Tu donnes des Baisers sur la Bouche de Jésus et, ce faisant, tu sens tes Lèvres devenir amères à cause du fiel qui a rempli sa Bouche d'amertume. En sanglotant tu lui dis: «Mon Fils, dis une dernière Parole à ta Maman. Est-il possible que je ne puisse plus entendre ta Voix? Toutes les Paroles que tu m'as dites quand tu étais en vie, eh bien, comme autant de flèches, me blessent le Coeur de Douleur et d'Amour.

«Maintenant que je te vois muet, tes flèches se meuvent dans mon Coeur, me donnent de continuelles morts et me disent: "Tu ne l'entendras plus! Tu n'entendras plus son doux Accent, la mélodie de sa Parole créatrice, qui créait en toi autant de paradis qu'il prononçait de Paroles!" Ah! mon paradis est fini et je n'aurai plus rien d'autre que de l'amertume! Ah! Fils, je veux échanger ma Langue avec la tienne. Fais-moi ressentir ce que tu as souffert dans ta Bouche infiniment sainte, l'amertume du fiel et ta Soif ardente. Fais-moi aussi ressentir tes Réparations et tes Prières. Comme, au moyen de ta Langue, j'entendrai ta Voix, ma douleur sera plus supportable. Ta Mère souffrante pourra vivre par le moyen de tes Peines!»

Maman torturée, je vois que tu te hâtes, car ceux qui sont autour de toi veulent fermer le sépulcre. Alors tu prends les Mains de Jésus dans les tiennes, tu les baises, tu les serres sur ton Coeur, et tu fais tiennes leurs Blessures. Puis, fixant du regard ses Pieds et voyant la torture cruelle que les clous leur ont donnée, tu fais tienne ces Plaies et ces Pieds mêmes, pour courir au moyen d'eux après tous les pécheurs et les arracher à l'enfer.

Maman angoissée, je vois que tu adresses ton dernier adieu au Coeur transpercé de Jésus. C'est ici le dernier assaut que subit ton Coeur maternel, alors que tu le sens s'arracher de ta Poitrine par la véhémence de ton Amour et de ta Douleur. Il sent le besoin de faire sien le Coeur infiniment saint de Jésus, son Amour rejeté par tant de créatures, ses Douleurs, ses Blessures, de même que ses nombreux Désirs ardents non réalisés à cause des ingratitudes des créatures. Tu regardes avec étonnement la grande Blessure de ce Coeur, tu lui donnes des Baisers, tu en touches le Sang et, comme si tu en avais acquis la Vie, tu ressens la force de réaliser l'amère séparation. Et après avoir embrassé ton Jésus, tu permets qu'on ferme le sépulcre!

Maman souffrante, je te prie, en pleurant, de ne pas permettre pour le moment que Jésus soit soustrait à mes regards. Attends que d'abord je m'enferme en lui pour prendre sa Vie en moi. Si tu ne peux pas vivre sans Jésus, toi qui es l'Immaculée, la Sainte, la Comblée de Grâces, moi, je le peux encore bien moins, moi qui suis la faiblesse, la misère, un abîme de péchés. De grâce, Maman souffrante, ne me laisse pas seule. Prends-moi avec toi. Mais dépose-moi d'abord tout entière en Jésus. Et vide-moi complètement, afin que je puisse mettre Jésus tout entier en moi, comme tu l'as mis en toi.

Commence chez moi l'office maternel que Jésus t'a donné sur la Croix. Que mon extrême pauvreté fasse impression sur ton Coeur maternel et, de tes Mains maternelles, enferme-moi tout entière en Jésus, et enferme Jésus tout entier en moi. Enferme dans mon intelligence les Pensées de Jésus, afin que nulle autre pensée n'entre en moi. Enferme les Yeux de Jésus dans les miens, afin que rien ne puisse jamais échapper à mon regard; son Ouïe dans la mienne, pour que je l'écoute toujours et qu'en toutes choses j'accomplisse son Vouloir infiniment saint; son Visage dans le mien, afin que, admirant ce Visage si défiguré par Amour pour moi, je l'aime, je compatisse avec lui et le répare; sa Langue dans la mienne, pour que je parle, prie, et enseigne au moyen de la Langue de Jésus; ses Mains dans les miennes, afin que tout mouvement que je ferai et toute oeuvre que j'accomplirai prennent vie des Oeuvres et des Mouvements de Jésus; ses Pieds dans les miens, afin que tout pas que je ferai apporte la vie, le salut et la force aux créatures.

Maman affligée, permets que moi aussi je donne des baisers à son Coeur, que j'en touche le Sang infiniment précieux. Enfermant son Coeur dans le mien, fais en sorte que je puisse vivre de son Amour, de ses Désirs et de ses Peines. Et maintenant, prenant la Main droite raidie de Jésus, donne-moi par elle ta bénédiction, puis permets qu'on l'enferme de nouveau dans le tombeau.

La pierre ferme maintenant le sépulcre, et toi, torturée, tu la baises et, en pleurant, tu essaies de partir. Mais ta Douleur est si grande que tu restes pétrifiée! Ma Mère torturée et affligée, avec toi je fais mes adieux à Jésus. En pleurant, je compatis avec toi et je te tiens compagnie en ton amère désolation. Je veux me mettre à tes côtés pour donner à chacune de tes Respirations et de tes Douleurs une parole de réconfort, un regard de compassion. Je recueillerai tes Larmes, et si je te vois t'évanouir, je te soutiendrai de mes bras.

Avec un effort surhumain, tu te détaches du sépulcre et entreprends de retourner à Jérusalem par le même chemin que tu as suivi pour venir. À peine as-tu fait quelques pas que se présente à toi la Croix sur laquelle Jésus a tant souffert et est mort. Tu cours, tu l'embrasses, et en la voyant teintée de Sang, une à une se renouvellent dans ton Coeur les Douleurs que Jésus a souffertes sur elle. Ne pouvant contenir tant d'angoisse, tu t'exclames désolée:

«Ô Croix, pourquoi as-tu été si cruelle envers mon Fils? Oh! tu ne l'as épargné en rien! Tu as été inflexible! Tu ne m'as pas permis, à moi, sa Mère souffrante, de lui donner ne serait-ce qu'une gorgée d'eau quand il la demandait, alors qu'à sa Bouche desséchée on donna du fiel et du vinaigre! Ah! je sentais fondre mon Coeur transpercé et j'aurais voulu apprêter pour ses Lèvres mon Coeur liquéfié pour le désaltérer!

«Ô Croix à la fois cruelle et sainte, tu as été sanctifiée et divinisée au contact de mon Fils! Cette cruauté dont tu as fait usage envers lui, change-la en compassion pour les misérables mortels. En raison des Peines qu'il a souffertes sur toi, obtiens par ses Prières et ses Souffrances la force pour les âmes souffrantes. Qu'aucune d'entre elles ne se perde à cause des tribulations et des croix. Elles me coûtent trop, les âmes, elles me coûtent la Vie d'un Fils Dieu. Et moi, comme Corédemptrice et Mère, je les lie à toi, ô Croix, et c'est en te donnant des Baisers que je pars.»

Pauvre Maman, comme je compatis avec toi! À chaque Pas, tu souffres de nouvelles douleurs qui, rendant plus amers les flots qui t'inondent, te noient. Tu te sens mourir!

Et tu parviens à cet endroit où tu rencontras Jésus sous le poids énorme de la Croix, exténué, ruisselant de Sang, avec un faisceau d'épines sur la Tête, lesquelles, heurtant la Croix, pénétraient en dedans, lui donnant des douleurs extrêmes. Alors, rencontrant les tiens, les Regards de Jésus cherchaient de la pitié. Mais, pour vous priver tous les deux de tout soulagement, les soldats bousculèrent Jésus, le firent tomber, lui faisant verser du Sang nouveau.

Tu vois le terrain encore imprégné de son Sang et, comme tu te prosternes à terre et que tu baises ce Sang, je t'entends dire: «Mes anges, venez vous mettre de garde auprès de ce Sang, afin que pas une goutte ne soit foulée aux pieds et profanée.» Maman souffrante, laisse-moi te donner la main pour t'aider à te relever, car je te vois agoniser sur le Sang de ton Fils.

Pendant que tu marches, partout tu trouves des traces du Sang de Jésus et tu te souviens de ses Douleurs. Finalement, hâtant le pas, tu t'enfermes au Cénacle. Moi aussi je m'enferme au Cénacle, mais mon Cénacle est le Coeur infiniment saint de Jésus. Et de l'intérieur de son Coeur, je veux venir sur tes Genoux en cette heure de désolation si amère. Mon âme ne supporte pas de te laisser seule dans une si grande Douleur! Maman désolée, regarde, moi aussi je suis ton enfant et seule je ne peux, ni ne veux vivre. Prends-moi sur tes Genoux et presse-moi dans tes Bras maternels. Sers-moi de Maman, j'ai besoin d'un guide, d'aide, de soutien. Regarde ma pauvreté. Sur mes plaies, verse une de tes Larmes, et quand tu me verras distraite, serre-moi sur ton Coeur maternel et rafraîchis en moi la Vie de Jésus.

Ô Mère désolée, comme je compatis avec toi! Tes Douleurs sont effroyables! Je voudrais changer mon être en langue et en voix pour te dire ma compassion. Mais, pour tes nombreuses Douleurs, mes commisérations sont un néant. Par conséquent, j'appelle les anges et j'invoque la Très Sainte Trinité. Je les implore de mettre autour de toi leurs harmonies, leurs joies, leur beauté, pour calmer tes Douleurs intenses et compatir avec toi. Que les trois Personnes te prennent dans leurs Bras divins et changent en Amour toutes tes Peines.

Et maintenant, ô Mère désolée, en raison de tout ce que tu as souffert, je te demande une grâce toute spéciale. Je te prie, en raison de ta désolation amère, de venir m'assister au moment de ma mort, quand ma pauvre âme se trouvera seule, abandonnée de tous, parmi mille anxiétés et mille craintes. Viens en ce moment pour me tenir compagnie, comme tant de fois je t'ai tenue compagnie durant ma Vie. Viens m'assister, assieds-toi à mes côtés et mets l'ennemi en fuite. Lave mon âme au moyen de tes Larmes, couvre-moi du Sang de Jésus, fais-moi revêtir ses Mérites. Embellis-moi de ses Peines et de ses Oeuvres. Et en vertu des Peines de Jésus et des tiennes, fais que tous mes péchés soient effacés par un pardon total. Et quand mon âme quittera mon corps, reçois-moi dans tes Bras, mets-moi sous ton Manteau, cache-moi du regard de l'ennemi. De ton vol, porte-moi au Ciel et mets-moi dans les Bras de Jésus. Qu'il en soit ainsi, ma chère Maman!

Je te prie aussi de rendre la compagnie que je t'ai tenue aujourd'hui à tous les moribonds. Pour tous, sers de Mère. Ils sont dans des moments extrêmes où ils ont besoin de grands secours. Par conséquent, ne refuse à personne ton office maternel.

Un dernier mot en te laissant, ô douce Maman. Je te prie de m'enfermer dans le Coeur infiniment saint de Jésus. Et pendant que je baise ta Main maternelle, bénis-moi. Ainsi soit-il.
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